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Le triomphe de la vérité

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IAJP/Débat sur la coopération sous-régionale, le terrorisme et l’insécurité: Des experts analysent les fondements et exposent des perspectives


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L’Institut des Artisans de Justice et de Paix (IAJP) de Cotonou a initié  des discussions, le jeudi 15 Février 2024 au Chant d’Oiseau, sur la problématique de la coopération sous-régionale, du terrorisme et de l’insécurité. Ce débat a réuni les panelistes à savoir : les députés Célestin Nounagnon HOUNSOU, Nassirou BAKO ARIFARI et l’Ambassadeur Rogatien BIAOU.

Photo de famille au terme du débat

« La coopération sous-régionale et les problèmes du terrorisme et d’insécurité au Bénin ». C’est le thème de ce débat initié par l’Institut des artisans de justice et de paix (IAJP),  qui a connu la participation d’éminentes personnalités politiques et scientifiques. A l’entame des discussions, les trois panélistes ont exposé leur appréciation de l’état des lieux  de la coopération sous-régionale depuis les années 60. Cette coopération, selon les explications de l’honorable Nassirou BAKO, a été marquée ; d’une part, par la lutte anti-impérialiste et d’autre part, par la continuité avec l’ex-puissance coloniale. C’est qu’avant l’avènement de la CEDEAO, l’espace de coopération a été assez léger. Avec la mise en place de cette communauté, les conflits inter-Etatiques ont été moins visuels, sauf le cas entre le Mali et le Burkina-Faso, mais qui par la suite, a été vite maîtrisé. Puisque, souligne-t-il, la CEDEAO a permis d’organiser des fronts de riposte avec sa force Ecomog. « La coopération sécuritaire sous-régionale lorsqu’elle existe permet de limiter les effets d’insécurité », fait-il savoir. Poursuivant ses explications, il note qu’il faut retourner en 2012 pour constater une sorte de déficit de leadership et de vaste recul sous le pouvoir de Goodluck Jonathan parce que c’est le Nigéria qui tenait le lead dans l’espace. Allant dans le même sens, l’ancien ministre et Ambassadeur, Rogatien BIAOU a justifié que cette coopération a bel et bien existé même bien avant la CEDEAO. Il cite à titre d’exemple, le Conseil de l’Entente, l’UAM etc. Par contre, le député Célestin Nounagnon HOUNSOU pense que la coopération sous-régionale s’est aujourd’hui dégradée. Pour lui, les organisations ne jouent plus leur crédibilité mais leur existence.

Terrorisme

Interrogé sur la question du terrorisme qui secoue le Sahel et qui s’étend vers les pays du golfe de guinée, l’honorable Nassirou BAKO a, dans son développement, attiré l’attention sur le déficit de solidarité au niveau des Etats côtiers qui n’ont pas pu soutenir les Etats du Sahel dans cette guerre. Seulement que le Bénin a fait l’exception. N’étant pas membre de la Commission du bassin du lac Tchad CBLT, il a décidé de participer à l’opération. « C’est une manière de protéger notre pays. La CEDEAO n’a pas organisé la solidarité sécuritaire. C’est ce déficit qu’après l’attaque du Mouvement National de libération de l’Azawad, que l’attitude d’incurie que nombre de gouvernements de la sous-région avait eu à l’égard », fait-il savoir. Soutenant cet argumentaire, le député HOUNSOU a déclaré que les organisations sous-régionales sont à repenser. Non répond l’Ambassadeur, Rogatien BIAOU. « L’intégration est un processus. Au lieu de repenser et de récréer, il faut penser à appliquer effectivement les dispositions des traités de la CEDEAO », a-t-il martelé. Le diplomate sera soutenu par le député BAKO qui dit : « Nous ne pouvons pas considérer le terrorisme comme une manifestation résiliente de dynamique géostratégique qui oppose deux visions du monde. Une vision réformatrice de nos Etats et une vision de déstructuration et structuration et de reconstruction de nouvelles entités étatiques ».

De l’historique des problèmes d’insécurité

Suivant l’intervention du député Bako, la position géostratégique de la bande Sahélo sahélienne, c’est la zone tampon entre l’Orient Arabo-musulman et une Afrique côtière d’orientation de type occidental. La plupart des entreprises impériales dans la bande sahélo sahélienne ont toujours l’ambition de descendre vers la côte. Quand on prend l’empire du Mali, la dynamique a été soutenue par une idéologie politico-religieuse articulée autour de l’Islam. Ensuite l’empire Songhaï s’était organisé autour d’une logique similaire qui tentait de descendre vers les pays côtiers. Les théocraties peulhs du 18è et 19è siècle se sont dirigés également vers la conquête de l’espace en direction des zones côtières jusqu’à Ilori. Le député cite le nord Bénin, Togo, Ghana, Nigeria qui ont des orientations de mouvance de la bande sahélo sahélienne. Ce qui fait de ces Etats, des Etats à double orientation. D’un autre côté, la guerre Israëlo-Arabe a largement mobilisé les pays du Moyen Orient et consort autour de la problématique palestinienne. Ces éléments géopolitiques et géostratégiques sont en lien avec la crainte que ces pays du golfe ont vis-à-vis des Républiques Arabes d’orientation dictatoriale qui à l’époque étaient des mauvais exemples comme la Lybie, la Syrie, l’Irak. Aujourd’hui, nous sommes engagés dans une dynamique de démocratisation. Quand ces pays ont d’inquiétudes par rapport à certaines visions du monde dont certains systèmes politiques, ils sont dans une logique conservatrice et de résistance. Dans la bande sahèlo-sahalienne, au Soudan et consorts, le peuple est complice par rapport à cette problématique.

Sur la responsabilité de la CEDEAO

Mais, qu’en est-il de la CEDEAO en Afrique de l’Ouest ? « Nos Chefs d’Etat se limitent aux coups d’Etat militaire, mais il y a d’autres coups d’Etat », dénonce l’Ambassadeur BIAOU qui pense que c’est une lecture restrictive des textes de l’organisation. Et pour faire revenir ces pays qui n’empruntent pas la voie de la démocratie à la raison, des sanctions sont appliquées. Pour Célestin HOUNSOU, les impacts  de ces sanctions sont désastreux. A en croire le député BAKO, en février 2012, un protocole additionnel a été adopté par les Chefs d’Etat contre les Etats contrevent au traités de l’organisation. C’est de là que sont prévues les sanctions économiques ou de la fermeture des frontières. Il apprend qu’en décembre 2023, la CEDEAO a décidé de débloquer l’équivalent d’un milliard de francs par pays Niger, Mali et Burkina-Faso comme contribution à l’effort de guerre. Ce qu’il déplore comme erreur dans le mécanisme, ce sont les difficultés de libre circulation des personnes et des biens, le gel des avoirs d’un pays et l’intervention militaire récemment brandit pour le cas du Niger. « La CEDEAO a mal trébuché », s’indigne l’ancien ministre Rogatien BIAOU.

Perspectives

Les panélistes ont souhaité une action concertée et surtout la prise de décision conformément aux aspirations des populations. Il faut discuter, négocier et dialoguer avec les pays sahéliens qui ont décidé de quitter l’organisation. Même si pour certains, la suspension du Mali, Burkina-Faso et Niger ont suscité leur départ de l’organisation, l’he BAKO souligne qu’il faut que l’Etat existe d’abord avant d’appartenir à une communauté. Selon les textes de l’organisation, il est tenu d’observer une période transitoire d’un an avant qu’un Etat ne se retire. Mais le Mali et le Burkina-Faso ont voulu se retirer avec effet immédiat parce que l’échéance pour les élections dans leurs pays est arrivée à terme. Du coup, en se retirant, ces pays évitent la demande de la CEDEAO pour créer l’AES. « Ce dispositif de l’AES ne peut pas s’isoler en Afrique de l’Ouest », a laissé entendre le député BAKO.

Alban TCHALLA

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