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Le triomphe de la vérité

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Editorial: La CEDEAO se plonge


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C’est ce que je disais la semaine dernière. L’armée nigériane a publiquement annoncé samedi qu’elle recevait des appels incessants pour renverser le président Tinubu à cause de sa volonté d’intervenir militairement au Niger. Ne soyons pas dupes. Il s’agit probablement d’une orchestration du haut commandement militaire pour menacer Tinubu de putsch au cas où il ne changerait pas de position sur le Niger. Cette fumée, pour banale qu’elle puisse paraitre, annonce le grand feu à venir. J’avais dit ici la semaine dernière qu’au cas où la CEDEAO privilégierait la solution militaire, Patrice Talon n’a qu’à se préparer à un coup d’Etat. On en voit les prémices au Nigeria.

Après le sommet de jeudi à Abuja, je suis convaincu que la désapprobation généralisée a obligé les Chefs d’Etat de la sous-région à privilégier la voie diplomatique. Le reste n’est que de l’agitation pour faire croire à la France et aux Etats-Unis que l’on s’active pour la démocratie à Niamey. Les deux pays disposent de bases militaires au Niger et tiennent à leur présence sur place pour des raisons géostratégiques. Il faut coûte que coûte contrer l’avancée russe dans le Sahel. La perte de Niamey, après la débâcle malienne, sonnerait pour la France comme le signe définitif de sa perte d’influence en Afrique. D’où un déploiement sans précédent de stratagèmes pour obliger les Chefs d’Etats de la CEDEAO à intervenir à Niamey.

Je suis même surpris de ce que j’entends sur les médias français chaque jour à propos du Niger. Ces gens sont convaincus que le salut de ce pauvre pays est de leur ressort. Les Français sont plus déterminés à réinstaller Bazoum que les Nigériens eux-mêmes. Ce qui est intéressant, c’est que l’avalanche d’enfantillages que l’on entend sur ces médias a fini par retourner l’opinion publique de nos Etats contre la France. 99% des gens que je croise, de ceux qui commentent les informations de ces mêmes médias sur les réseaux sociaux, sont désormais vent debout contre la France. Il y a un virage historique qui a lieu sous nos yeux : le rejet généralisé de la politique africaine de Paris d’abord et de Washington ensuite. Disons-le : les erreurs de ces deux Etats n’ont jamais été aussi lourdes. Dans un contexte de montée en puissance de la Russie au sahel, ces erreurs et ses fautes auront de lourdes répercussions sur l’avenir. Les médias français peuvent faire l’apologie d’une intervention militaire au Niger, ils ne réussiront pas à changer l’image prédatrice de la France désormais répandue dans les villages les plus profonds d’Afrique. La crise nigérienne a généralisé le sentiment anti-français dans toute la région. Nous sommes à l’orée d’une prise de conscience historique.  

Ce samedi, des manifestations ont eu lieu à Kano, au nord du Nigeria pour dire non à une intervention de la CEDEAO au Niger. Les manifestants dénonçaient surtout la main occidentale derrière les positions de l’institution. Et là-dessus, c’est l’une des rares fois où la CEDEAO fait l’objet d’une manifestation populaire pour la conspuer. Elle a raté une occasionessentielle pour redorer son blason. La voilà accusée de conspiration avec l’ennemi. Il n’y a pas pire déconvenue pour une institution censée défendre les intérêts d’un peuple.

Dans tous les cas, il faut être aveugle pour ne pas voir que Mohamed Bazoum ne peut plus se faire réinstaller président de la République. La voie diplomatique que tout le monde appelle, est la seule capable de lui sauver la vie. Les gens oublient vite. On oublie que c’est dans ce même Niger que Ibrahim BaréMaïnassara a été assassiné en avril 1999  alors qu’il était encore au pouvoir. Les éléments de la force en attente de la CEDEAO peuvent bien atterrir à Niamey s’il plait à la CEDEAO de n’écouter personne, de ne rien respecter, y compris ses propres textes qu’elle foule aux pieds allègrement. Mais il ne faut pas demander à la garde présidentielle ni à l’armée nigérienne de rester sourdes à la raison comme elle. Et cette raison qui relève d’une logique élémentaire m’amène à me poser une question simple : quel sera le sort de Mohamed Bazoum et de sa famille au milieu d’une intervention militaire où les militaires qui le tiennent risquent leur vie ?

Par Olivier ALOCHEME

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