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Le triomphe de la vérité

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Editorial: La marche


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Comme Boni Yayivers la fin de son deuxième mandat, Patrice Talon se croit incompris des travailleurs. Comment, après avoir fait tout ce qu’il a pu faire, les syndicalistes osent encore marcher ? Regardez la belle avenue de la Marina, le beau palais de la République, regardez donc toutes ces routes construites et qui font la fierté du Bénin, tous ces beaux marchés jamais vus depuis 1960 ! Mais que diantre n’ont-ils pas vu la belle place de l’Amazone, ces travailleurs manipulés ! Comment peuvent-ils oser crier leur faim, alors que l’année dernière seulement le gouvernement a procédé à des augmentations salariales ? D’abord, il faut que le préfet interdise toute cette pagaille !

Et donc aussitôt dit, aussitôt fait ! Comme Boni Yayi en fin de mandat, il s‘est créé un mur irréconciliable entre le peuple et son président. Ce mur d’incompréhension s’est matérialisé samedi avec une interdiction qui sonne comme la goutte d’eau de trop. Contrairement à ce que l’on pensait, les travailleurs ne reculeront pas. La marche sera reprogrammée et sera même répétée. Si tous les présidents avaient réussi à dompter la force syndicale, il est clair que le régime de la Rupture n’aurait jamais vu le jour. Tôt ou tard, le peuple aura raison comme il a eu raison des autres régimes qui avaient pensé le bâillonner. Alors, pourquoi provoquer le chat qui dort ?

C’est là où je n’ai vraiment pas compris la stratégie du Chef de l’Etat. Depuis 2016, les leaders syndicaux ont semblé collaborer avec son régime. On les disait achetés, liquidés, définitivement avalés par la machine présidentielle. La marche de samedi était comme un réveil pour sortir de cette image de traitres que le grand public leur a collée. Mais pour de vrai, c’est la stratégie du gouvernement qui a permis de pacifier les relations entre les deux parties. Les cadres de négociation gouvernement-syndicat ont régulièrement fonctionné, les revendications ont souvent été portées par l’autorité qui ne manque pas d’y donner des suites. Il ne s’agit pas ici de dire qu’il y avait entente parfaite. Pas du tout. Objectivement, les sessions de négociation gouvernement-syndicat ne se soldent pas généralement par des positions irréconciliables. Il n’y a qu’à voir la plateforme revendicative de la marche de ce samedi. Le mot d’ordre c’était la vie chère, une préoccupation partagée par tous les Béninois de toutes les couches sociales. Que les syndicats la brandissent pour enfin montrer qu’ils ne sont pas inféodés au gouvernement, je ne vois pas ce qu’il y a de si dangereux pour qu’on en arrive à interdire leur marche. Pourquoi veut-on que forcément tous les corps de la nation chantent et clament leur soutien à Talon ?

Provocation inutile, démonstration de force totalement incongrue. Zéro pointé. Je ne parle pas de démocratie, je parle du simple bon sens. Si nous enterrons les syndicats dans notre pays, si nous les bâillonnons en faisant de leurs leaders des godillots à la solde d’un pouvoir, nous enlevons à tous ceux qui le veulent la profondeur de leur engagement auprès du régime de la Rupture. Là où on n’est pas libre de s’opposer, être pro-régime est une preuve de lâcheté.

Je vois certains affidés du gouvernement qui, pensant le moment venu pour montrer leur attachement au régime, se lancer dans des attaques contre les syndicats. Bien sûr il y a dans ce pays des activistes qui sont de tous les régimes, prompts à sauter d’un régime à l’autre, habiles dans l’art des changements de veste. C’est eux qui montent sur les médias, stipendiés pour cracher leur venin. Il faut même se demander s’ils croient faire du bien à Patrice Talon en le défendant contre tout bon sens. Les clowns de service, ceux qui se faisaient appeler autrefois les fous du roi, ces bouffons donc ont repris leur travail de sape. Et quand c’est eux qui entrent dans la danse, on sait déjà qu’on les utilise pour faire la sale besogne.

Patrice Talon a réveillé les syndicats.  Et si l’interdiction de samedi se répète encore, il y a de fortes chances que le bras de fer se répande dans le pays. C’est en comprenant les risques de l’excès que les leaders syndicaux appréhendés ont été vite libérés. Le gouvernement a reculé et les travailleurs ont compris la leçon : ils iront plus loin encore. 

Par Olivier ALLOCHEME

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