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Le triomphe de la vérité

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Edito : Des adolescents malades


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Le bilan est sorti ce week-end. 623 cybercriminels ont été arrêtés du 1er janvier au 31 mai 2023. Côté matériel, 34 voitures, 57 motos et 89 millions de FCFA ont été saisis. Derrière ces chiffres se cache une lutte âpre et sans merci mais qui pose le problème de l’éducation reçue par ces milliers de jeunes qui décident de vivre du vol.

Lorsque j’en parlais ici il y a quelques mois, je ne savais pas que ma propre famille était concernée. J’avais évoqué des voisins dans mon quartier, mais j’ignorais que l’un de mes neveux faisait aussi partie de ces bandes qui écument le pays. Aujourd’hui, presque chaque famille fait l’amer constat de la cyberdélinquence d’un ou plusieurs de ces membres, jeunes ou adolescents. Ce n’est plus seulement à Cotonou, Porto-Novo ou Parakou. Elle est désormais présente jusque dans les villages. Certains parents qui en bénéficient finissent par croire que c’est la seule manière pour leurs enfants de s’en sortir. D’autres sont résignés. Les plus embêtés appellent simplement l’OCRC contre leurs propres rejetons. Mais pour le moment, on n’assiste pas encore à la révolte de ces délinquants. Pour le moment…

Parce que ce qui se passe actuellement en France s’apparente au résultat du pourrissement longtemps toléré des jeunes et surtout des adolescents. Le drame de Nahel, enfant de 17 ans malencontreusement abattu par un policier, est exploité pour faire entendre la voix de tous ces adolescents qui rêvaient d’anarchie et de chaos. Nahel avait 17 ans, l’âge des études, l’âge aussi des révoltes pubertaires. Le voilà pourtant au volant d’une voiture, sans permis ni assurance. Le coup de feu du policier est l’autre versant du drame. Quand les émeutes éclatent, je me suis rappelé les mises en garde de l’un de mes amis. Il me disait il y a quelques années de ne jamais envoyer mon enfant en France avant l’âge réel de maturité. Et pour cause, disait-il, la plupart des adolescents français sont récupérés par les milieux de la drogue qui les utilisent pour la distribution de la marchandise. Les mineurs étant pénalement irresponsables, ils ne sont pas vraiment inquiétés par la justice. Et c’est comme ça que beaucoup d’entre eux font l’expérience de l’argent facile. Avec cet argent, ils s’achètent des biens que nous autres ne   pouvions pas nous permettre à ces âges-là : voitures, motos, portables, bijoux de grande valeur, fringues, etc. Etait-ce le cas de Nahel ? Il faut croire que oui.

Tous ses camarades, jeunes et moins jeunes, qui se sont soulevés dans toute la France s’attaquent aux symboles de l’ordre et de la nation. A tout  ce qui les empêche de se livrer à leurs petits trafics et de gagner leur argent. Les pillages et autres saccages entrent dans ce lot. Il y a longtemps que la France vit cette espèce de guerre civile à bas bruit, comme le dit l’écrivain Michel Onfray. Une frange importante de la population vit en marge de l’Etat, des zones, des quartiers ou même des villes où l’apparition de la police est vue comme  une provocation. Elle attire immédiatement les jets de pierre des adolescents et des jeunes. On a atteint un Etat d’anarchie dans une partie de la France où la police n’entre presque jamais. Et dans ces zones, la violence est permanente, la drogue circule au grand jour : c’est la définition même des ghettos.

Quand on fait un parallèle avec le Bénin, on ne peut que s’inquiéter. L’expansion de la cyberdélinquence finira par nous amener tôt ou tard à ce genre de dérives. Il est vrai qu’aujourd’hui l’OCRC est partout salué pour ses résultats. Mais la persistance du fléau me pose un véritable problème. L’autre jour, un de mes voisins au quartier est passé supplier mon épouse d’aller parler à ses enfants. Ils ont laissé les études et se sont convertis dans la cybercriminalité. Mais le problème, c’est que ce sont les revenus qu’ils gagnent qui font vivre la famille. Le père lui-même a beau se plaindre, il leur doit ses propres repas quotidiens.

En France comme au Bénin, la violence et l’inconscience des adolescents sont les fruits directs de l’irresponsabilité des parents.  

Par Olivier ALOCHEME

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