.
.

Le triomphe de la vérité

.

Editorial: Le modèle Obama


Visits: 0

C’est avec une certaine appréhension que tous les observateurs voient venir le 1er août 2013. Dans une semaine en effet, le Chef de l’Etat béninois fera son traditionnel discours à la nation dans le cadre de la fête de l’indépendance. Et surtout, il pourrait bien s’offrir l’une de ces interviews incendiaires qui, il y a un an, ont failli briser le pays en mille morceaux. Si seulement il pouvait suivre l’exemple de Barack Obama dans le cas Trayvon Martin !!!
Il y a un an, en effet, Boni Yayi  avait commis une interview incendiaire. Il disait des choses apparemment sérieuses (graves même) mais sur un ton survolté qui en avait  inquiété plus d’un. Et naturellement, des phrases impardonnables étaient sorties de sa colère toute présidentielle. Parmi elles, quelques-unes font encore frémir pour un pays comme le nôtre aux identités composites. Parlant, par exemple, de la chaine de télévision Canal 3 qu’il dit avoir été achetée à 50% par son ennemi juré, Patrice Talon, Boni Yayi avait déclaré : «Quel que soit le lien d’amitié, même si cela doit me valoir toutes ces injures, mêmes de ces enfants de Canal 3, ils n’ont pas l’âge de mes enfants et tous les matins, ils m’injurient. On les paye et ils m’injurient. Je suis peut être leur père, j’ai 62 ans et je suis le président de la République du Bénin. Même mes pauvres enfants les écoutent. N’ai-je pas les moyens de leur faire du mal ? Mais je ne le ferai pas, j’ai dépassé ça. » Quant à ses opposants, le même champ lexical de l’affrontement est revenu : « Ils sont trop petits. C’est le peuple avec Dieu qui m’a mis ici. Je vais leur montrer que moi aussi, j’ai du monde derrière moi dans le Bénin profond et ils vont s’affronter. » Ou encore ceci : «  Moi même je vais réagir. Je suis Béninois. Je ne suis pas étranger. Ils parlent comme si je n’ai pas mes partisans dans le Bénin profond. Ils n’ont qu’à réunir leurs gens, je vais faire autant et ils vont s’affronter. Je les attends. »
Ce furent des propos d’un chef d’Etat en colère, dans une situation tendue.
Comparons-les maintenant à ce que le pPrésident américain Barack Obama a pu dire vendredi, au lendemain des manifestations de colère ayant accueilli l’acquittement de George Zimmerman. Ce vigile blanc  avait tué l’année dernière un adolescent noir du nom de Trayvon Martin, parce qu’il se disait en position de légitime défense alors que la victime n’était pas armée. Pour les Noirs américains, c’est évidemment un racisme intolérable, un déni parfait de justice en plein XXIème  siècle, d’où leur colère légitime. Lors d’une apparition surprise dans la salle de presse de la Maison Blanche, M. Obama avait  salué « l’incroyable dignité » des parents de Martin, qui ont appelé au calme. « Lorsque Trayvon Martin a été abattu, j’ai dit qu’il aurait pu être mon fils. Une autre façon de le dire, c’est qu’il y a 35 ans, j’aurais pu être Trayvon Martin », a-t-il déclaré. Il a alors souhaité que  des leçons soient tirées du drame, avant d’ajouter : « Si je vois que des violences se déroulent, alors je rappellerai que cela déshonorerait ce qui est arrivé à Trayvon Martin et sa famille ».
Arguments feutrés, volonté tenace de servir de modèle à la nation, à la jeunesse, art maitrisé du leadership responsable. Voilà ce qui surnage des propos extraordinairement mesurés mais tout aussi puissants du président américain. En même temps, personne ne peut dire que Barack Obama n’était pas en colère. Le choix méticuleux des mots pour exprimer cet épanchement a pu éviter des débordements. On était, en effet, au bord d’une insurrection populaire semblable aux violences raciales des années 1950 et 1960. Tout le monde a pu observer qu’il n’en est rien parce qu’il y a un leadership responsable. Le tout se trouve dans la manière.
Bien que disant  des choses sensées sur la gestion de la filière  véhicules d’occasion, sur le port ou la filière coton, il était inacceptable qu’un président de la République incite ouvertement son peuple à l’affrontement.
A une semaine d’une autre interview présidentielle pour le 1er août, il faut souhaiter qu’il tire leçon du modèle d’Obama en ces temps de crise aiguë.

Par Olivier ALLOCHEME

Reviews

  • Total Score 0%


Plus sur ce sujet

1 thoughts on “Editorial: Le modèle Obama

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

You cannot copy content of this page