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Le triomphe de la vérité

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Idrissou Yaya, maire de la ville de Djougou invité de ”Sous l’arbre à Palabre”: « Grâce au Président Talon, Djougou va beaucoup changer »


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Idrissou Yaya fait un an de bilan en termes de réalisation

“Djougou continue de souffrir d’électricité”

Il y a un an déjà  que  s’installait Idrissou Yaya, à la tête de la ville de Djougou   dans une atmosphère de tension et d’intrigues. Aujourd’hui, tout semble redevenir calme au sein du conseil communal.  Plus soudé que jamais, les conseillers communaux de  Djougou doivent t affronter les défis liés au développement de la commune. Invité de la rubrique «Sous l’arbre à Palabre» de l’Evènement Précis, Idrissou Yaya fait le bilan à mi-parcours. A l’arrivée, beaucoup de réalisations à son actif, mais aussi de grosses difficultés liées à la fourniture d’énergie électrique au profit des habitants de la ville. Membre du bureau politique du BR,  Idrissou Yaya n’a pas manqué  d’évoquer les préoccupations du citoyen à la base quant aux réformes politiques en cours. Lisez plutôt.

Le Maire Idrissou Yaya au siège de l’Evènement Précis

Votre installation avait suscité quelques remous à l’époque. Un an après, est-ce que le Conseil communal est apaisé ?

Vous savez, le maire est comme un chef. Et chaque fois qu’il y a installation des chefs, c’est normal qu’il y ait des contestations. Donc, mon installation n’a pas fait exception à la règle. Il y a eu effectivement des remous. Mais, Dieu merci, nous avons su quand même gérer. Aujourd’hui, tout le Conseil est quand même unanime. Nous travaillons en symbiose. Il n’y a plus de problème. Il n’y a plus de vote sanction. Les décisions sont prises unanimement. On regarde l’objectivité de la gestion. Aujourd’hui, le Conseil se porte bien.

Malgré la présence d’une Secrétaire exécutive (SE) qui a pris tous les pouvoirs ?

Là, vous abordez un autre point. Le point des réformes. La Secrétaire exécutive, c’est elle qui est l’ordonnatrice du budget, ça fait que nous en tant que maire, nous sommes en marge de ces dispositions. Mais, on s’entend bien avec la Secrétaire exécutive. Chacun reste dans son couloir sans qu’il y ait entrave. Je ne me mêle pas du tout de ses prérogatives et à son tour, elle exécute. Quand je lui demande des tâches qui relèvent de mon pouvoir, elle exécute sans problème. Donc, entre la SE et le maire, il n’y a pas du tout de problème.

Le courant passe bien, bien que vous n’ayez pas la signature des chèques ?

Oui, j’aurais voulu l’avoir, mais malheureusement la réforme est passée par là. Je ne m’en plains pas. Ce n’est pas sa faute à elle. C’est la réforme qui l’a voulu ainsi.

Et quel bilan faites-vous en terme de réalisations personnelles depuis un an ?

Bon, je viens de faire un an. C’est trop peu pour qu’on puisse faire le bilan de façon digne. Mais en réalité, lorsque je suis venu et que j’ai fait le diagnostic, il y avait des priorités. La première, c’était comment faire pour booster un peu la mobilisation des ressources. Ça, on a réussi un peu quand bien même cela n’a pas atteint le niveau que je voulais. La consommation aussi de ces ressources, ça trainait. On a évolué un tout petit peu. Quand on compare sur le plan national, je crois qu’on n’est pas les mauvais élèves. On est tout juste au milieu. Sur le plan exécution même au niveau de la commune, nous avons entrepris de faire une campagne d’ouverture des voies. Ce qui nous a obligés à voter le budget. On a mis une ligne de 800 millions pour faire l’ouverture des voies. C’est le premier aspect. Le deuxième aspect, comme je suis un peu chanceux, j’ai bénéficié de plusieurs projets qui nous aident à faire ces ouvertures de voies. J’ai un projet qu’on appelle « Cohésion sociale » dont le troisième arrondissement a bénéficié, pour un montant d’un milliard pour faire de la Cohésion sociale. Pour ces 1 milliard, on a mobilisé près de 400 millions pour faire des ouvertures de voies, ne serait-ce que dans cet arrondissement. Et comme le bonheur ne vient jamais seul, nous avons plaidé auprès du Haut conseil à la sédentarisation, avec l’appui du ministre d’Etat et il nous a donné encore deux arrondissements dont les arrondissements 1 et 2 qui bénéficient aussi d’un milliard chacun. Ça fait que dans chacun de ces arrondissements, on a aussi mobilisé 400 millions pour faire l’ouverture des voies et surtout l’extension d’électricité. Par rapport à ça, je crois qu’on est en bonne voie, quand bien même des activités proprement dites n’ont pas encore commencé. Après cela, nous avons un autre projet qui est financé par MCA qui veut faire le bitumage des voies. On a plusieurs kilomètres linéaires qui sont pris en charge. On est là avec la deuxième phase du projet asphaltage. Djougou bénéficie et je crois que d’ici un an quand vous allez revenir à Djougou, vous allez méconnaitre Djougou.

Donc, le gouvernement de Talon n’a pas abandonné Djougou ?

Non, mais au départ, il faut avouer qu’on a pleuré un peu parce qu’on n’avait pas bénéficié de la première phase de l’asphaltage. Ça fait qu’avec la population, il y a eu des remous. Avec la deuxième phase où on nous a inséré, tout le monde s’est calmé. J’oubliais, nous avons la construction de la cité administrative. On a plus de 400 bureaux dont on a entamé la construction. Il y a le marché central de Djougou qui a été construit. Ils sont pratiquement à la fin à plus de 98%. Avec tout ça, je crois que Djougou va connaitre un éclat formidable.

Monsieur le Maire, Djougou connait un problème en ce qui concerne la distance entre les arrondissements. Comment vous arrivez à coordonner avec les Chefs d’arrondissement ?

Pour une anecdote, j’étais avec le président Atrokpo pour une inauguration qui a eu lieu à près de 70km de Djougou centre. Lui-même, il était surpris. Effectivement, on a un problème de distance. La mobilité, ce n’est pas là le problème qui se pose. Le problème qu’on a, c’est le contrôle effectif de nos frontières. Les autres régimes n’ont pas su implanter des infrastructures au niveau des frontières pour vraiment assurer leur responsabilité. Cela a fait que les autres communes grignotent et on a toujours ces conflits. Soit c’est avec la commune de N’Dali, soit c’est avec Copargo. Donc c’est plus dans ce sens que je trouve le problème de la grande distance qu’il y a entre le chef-lieu et les autres arrondissements. Mais en son temps, les chefs d’arrondissement avaient bénéficié de moto, ces motos sont amorties aujourd’hui et malheureusement on revient à ce que le maire n’a plus le pouvoir et les SE ne sont pas disposés à doter les chefs d’arrondissement de moto. Mais le plaidoyer continue.

Quels sont les problèmes qui demeurent encore non résolus à Djougou à la date d’aujourd’hui ?

Effectivement il y a toujours des problèmes qui demeurent. Le premier sur la ligne, c’est le problème d’électricité. Si vous connaissez Djougou, il suffit de quitter un peu le goudron et vous allez voir que ce n’est que des toiles d’araignées partout. Ce problème est récurrent. On a rencontré le haut-commissaire à l’énergie au niveau de la présidence qui nous a fait des promesses mais jusqu’ici rien n’est fait. En plus de cela, il y a que Djougou s’est trop étendu, ce qui a fait qu’il y a baisse de tension. Après les enquêtes, on a compris qu’il nous fallait des transformateurs. Nous avons fait une demande de transformateurs et ce n’est pas encore arrivé. Donc cela fait qu’au niveau de l’énergie à Djougou, on a de problème. Le second problème est que le marché central est construit mais il est étroit. Aujourd’hui, Djougou a besoin d’un marché international. Nous avons de l’espace. On a au niveau du conseil identifié deux espaces. Il y en a au niveau de la mairie sur la voie de Ouaké. Le second espace est l’aérodrome de Djougou qui est aujourd’hui au centre de la ville. On a écrit à l’ANATT pour qu’il nous autorise à utiliser cet aérodrome pour le marché. Pour le moment, on a vraiment un problème de marché. Je peux dire que ce sont les deux problèmes qui demeurent toujours à Djougou.

Le parti Br a-t-il une forte implantation à Djougou?

Djougou est le fief du BR et personne ne peut nous discuter cela. Cependant aux dernières élections, on a été un peu surpris par Les Démocrates. Mais c’est un phénomène national. Il ne faut pas se le cacher, le pouvoir central a pris certaines décisions en son temps qui ne nous ont pas été du tout favorables. C’est ce qui a fait que Les Démocrates nous ont surpris. Si non Djougou est le fief du BR et on va tout faire pour qu’aux élections prochaines, les Démocrates ne puissent même pas avoir un élu à Djougou.

Le parti a soutenu le code électoral modifié que la Cour Constitutionnelle vient de valider. Comment appréciez-vous les amendements apportés qui suscitent tant de contestations dans le rang des opposants ?

Il y a eu la relecture du code électoral avec les amendements. C’est normal que les opposants s’agitent. Mais en ce qui nous concerne, on croit que c’est une très bonne chose parce que ça va permettre aux partis de devenir très forts. Il n’y aura plus de transhumance. Aucun député ne peut laisser son parti pour aller ailleurs. Donc c’est déjà un acquis. Et aussi le fait d’augmenter le pourcentage, cela fait que ce sont les partis forts qui vont exister. Les plus faibles disparaissent au profit des plus forts. Donc c’est ce qui va se passer. On adhère à cela et on va se battre pour faire partie des plus forts pour pouvoir gagner plus.

Le parti BR n’a pas pu décrocher un nombre conséquents d’élus députés aux dernières législatives, étant frappé dans plusieurs circonscriptions par la condition des 10% pour lever un siège au plan national. La dose est corsée avec le nouveau code électoral qui porte le seuil à 20% dans chaque circonscription électorale. Le BR pourra-t-il s’en sortir?

A première vue, on dira que le Br aura des difficultés mais en réalité, ce qui s’était passé était un problème interne au Br qui a amené à cela. A Parakou par exemple, on a pratiquement rien eu. C’est parce qu’au niveau des leaders Br, il y avait un problème. La base a fait toute sorte d’appels pour que ces problèmes puissent être résolus mais au niveau de la hiérarchie cela n’a pas suivi. C’est une leçon que nous devons apprendre. C’est une leçon qu’ils ont apprise au niveau de la hiérarchie et prochainement les positionnements seront faits de manière que les vrais militants soient positionnés et vous allez voir que tout ira mieux.

D’aucuns appellent le Br à fusionner avec l’UPR pour se mettre à l’abri d’éventuels désagréments lors des élections générales de 2026. Quel est votre avis?

Je crois qu’on n’en parle même pas au niveau du code électoral. C’est à nous de nous battre pour nous imposer, comme je le dis. On n’a pas besoin d’alliance. Le Br est un parti national. Avec une bonne organisation, le Br va s’en sortir sans problème. Le problème d’alliance n’est pas à l’ordre du jour.

Le parti Br a connu des réformes à l’interne avec l’avènement de Bio Tchané. Quels sont les fruits qu’on peut déjà en tirer?

J’ai parlé tantôt des problèmes internes que le parti avait eus. La solution c’est ça qu’on a commencé par implanter. Maintenant, on a un président du parti fort qui peut s’imposer, qui connaît son électorat. Donc en son temps, il saura qui est qui, celui qu’il faut positionner et celui qu’il ne faut pas. Aujourd’hui, les maires font partie du bureau politique. C’est la base. Si le maire est à la décision, il faut vous dire que les décisions qui seront prises vont refléter les désidératas de la base. Avec ces réformes, le Br va se porter très bien. Les réformes ont apporté des solutions à nos problèmes. Si le Br n’est pas dans tous les villages, je ne pense pas qu’on aurait le nombre de conseillers dont nous disposons aujourd’hui. Au niveau du conseil communal, avec les défections et autres, on est 32. Et sur les 32 conseillers, le BR a 29. Ce qui veut dire qu’on couvre tout le territoire de la commune de Djougou. A ce niveau il n’y a pas de problème.

Quelle appréciation faites-vous de la gestion de Bio Tchané  à la tête du Br ?

Ce qu’il faut retenir, c’est comme on dit, dans la cour royale, il y a toujours des intrigues. Et les polémiques concernant la gestion du président Bio Tchané font partie des intrigues de la cour royale. Pour moi, Abdoulaye Bio Tchané tient bien la barque. Il a du vécu et est un leader qu’il faut pour mener la barque BR. Avec ABT, il avait récolté seul près de 10% des suffrages. C’est une chance de l’avoir et il importe qu’on fasse tout pour l’aider à réussir sa mission. Il peut fédérer toutes les forces si nous l’aidons vraiment.

Qu’est-ce qui a véritablement changé selon vous depuis 8 ans que Patrice Talon est au pouvoir?

En général, quand on parle de Patrice Talon, tout le monde voit la rigueur. Mais, quand on parle aussi de lui, il faut voir le changement qu’a connu Cotonou en termes d’infrastructures. Aujourd’hui, qui n’est pas fier d’être Cotonois ? Quand on quitte aujourd’hui Cotonou pour aller par exemple chez moi à Djougou, il n’y a plus de soucis à se faire en ce qui concerne l’état de la route. Ça aussi, c’est Patrice Talon. La voie est bien faite. Et ce n’est pas cette route seule. Nous avons tout cela comme acquis qu’il ne faut pas perdre de vue. Il y a aussi les réformes. Je ne suis pas sûr qu’il y aura un autre président qui mettra en cause ces réformes. Il y a des choses sur lesquelles on ne peut pas revenir. Aujourd’hui, nos enfants vont dans les écoles publiques sans inquiétude. Avant son arrivée, personne n’osait mettre son fils dans une école publique parce qu’on doutait de la qualité du travail et aussi des grèves qui s’enchaînaient. Et on s’échinait pour les frais de scolarité dans les écoles privées. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas. Les enfants vont régulièrement dans le public. Et ceci grâce au président Talon. Nous le remercions d’ailleurs pour avoir osé. On ne pensait pas que c’était aussi possible.

Il y a beaucoup d’autres choses. Prenons par exemple les cantines scolaires. J’ai été le directeur général du programme des cantines scolaires. Quand je devenais directeur des cantines scolaires, seulement 5 écoles étaient prises en compte à Djougou. Aujourd’hui, c’est pratiquement toutes les écoles. C’est aussi un acquis qu’on ne peut pas ne pas mentionner. Grâce à ça, les enfants ont au moins un repas par jour dans les écoles et c’est important pour les maintenir dans le système éducatif.

Sur le plan de la sécurité, il y a eu beaucoup d’avancées également. Aucun policier n’arrête plus abusivement sur les voies. Avant vous pouvez être arrêtés par plusieurs postes de police quand vous quittez Djougou pour Cotonou vice-versa. Il n’y a plus rien de tout ça.

Djougou, c’est 90% de fidèles musulmans. Comment est-ce que vous gérez la crise sécuritaire liée à la présence des groupes djihadistes près des frontières avec le Burkina-Faso?

Le terrorisme c’est une réalité et Djougou est prédisposé du fait du nombre important de la population qui s’adonne à la religion musulmane. Ce qui est souvent un terreau favorable à la progression des groupes terroristes. En dehors de ça, il y a qu’à Djougou, le taux de chômage est élevé. C’est aussi une condition qui peut favoriser l’émergence des terroristes. Mais depuis qu’on est là, on a mis un système de surveillance en place. On ne va pas étaler notre stratégie ici. Mais je voudrais dire que nous faisons l’effort d’un suivi régulier du mouvement des populations. Pour le moment, ça marche et s’il plaît à Dieu, on aura gain de cause.

Il y a aujourd’hui la répression pour le non port de casque. Djougou aussi mène le combat?

Ça se passe à Djougou comme si c’est à Cotonou. Le port de casque est obligatoire à Djougou. Tous ceux qui ne le respectent pas sont systématiquement dépossédés de leur moto. Quelqu’un m’a dit d’ailleurs que sa moto a été arraisonnée parce qu’il portait un casque qui sert de protection sur les chantiers.

Vous savez, on ne peut pas manger des omelettes sans casser les œufs. Le port du casque est pour notre sécurité. Quand il y a accident, ce n’est pas agréable de voir des crânes fracassés. Souvent, les populations n’attachent pas du prix au port du casque. Mais s’il y a quelqu’un pour nous obliger à le faire je crois que c’est bien.

 Un mot sur Les Panthères Fc de Djougou?

Les Panthères, c’est une équipe de la mairie de Djougou. Le gros problème qui se pose à cette équipe est que la mairie n’a pas les moyens nécessaires pour les conduire véritablement. Heureusement il y a un opérateur économique qui a pris l’équipe comme l’a souhaité le gouvernement. Pour le moment, ça n’a pas encore pris parce que l’opérateur économique ne met pas encore les moyens comme il le faut. A Djougou, il y a les éléments. Il y a beaucoup de centres qui forment les jeunes.

Lors du vote pour ou contre la révision de la constitution, on a constaté que le député de Djougou a voté contre…

Effectivement, nous avons tous constaté qu’il y a eu défection d’un député de Djougou. C’est lui seul qui connait les raisons qui l’ont poussé à prendre cette décision.

Comment la population a accueilli cela ?

Il faut avouer que nous tous, on est surpris. On est abattu parce qu’aujourd’hui, il faut reconnaitre que tout ce qu’on doit faire pour sortir Djougou, c’est le président Talon qui a la baguette. C’est lui qui a le pouvoir et les moyens de le faire. Si on s’amuse à le fâcher, je crois qu’on risque de subir sa colère. En cela, ça a fait que toute la grande majorité de la population était vraiment déçue par ce comportement. Et comme je le dis, c’est l’acteur seul qui peut nous expliquer cela.

Donc, vous n’aviez pas encore d’explication ?

Non, pour le moment, nous n’avons pas encore d’explication par rapport à ça.

Djougou est l’une des villes du Bénin où il y a un grand nombre de transporteurs. Avec la fermeture de la frontière Bénin-Niger et autre, quelles sont les dispositions que Djougou prend ? Est-ce qu’il y a des échanges avec les transporteurs ?

Effectivement Djougou, c’est une ville de transporteurs. Avant l’avènement non seulement de la fermeture du Niger, il y avait aussi la fermeture de la frontière du Burkina qui a d’abord freiné toutes les activités économiques de la ville. Ça fait partie de ce qui a amené les Démocrates à avoir un député à Djougou. Je tiens à faire cette confidence. C’est les transporteurs qui ont voté pour eux pour manifester leur mécontentement. Donc, au niveau de la mairie, on a tout fait pour essayer de converser avec eux. Et vous voyez, il y avait eu le dépôt des pierres sur les routes du soja. Ça les a fâchés aussi. Mais avec nos actions conjuguées, on a amené quand même le président à libérer la commercialisation de soja pour les amener à avoir accès à leur activité qui est le transport. Petitement, on est en train et je suis sûr que le gouvernement va prendre davantage de mesures pour alléger leurs souffrances. Sinon, il faut avouer que ça a un impact très sérieux sur la ville.

Pour finir, nous allons parler de la réforme territoriale. Les SE sont arrivés. Ensuite, on annonce l’arrivée des SA. Est-ce que vous ne sentez pas une diminution de vos prérogatives en tant que Maire ?

Il faut dire que les Maires ont déjà leurs prérogatives diminuées. Ce n’est pas l’arrivée des SA qui va changer grand-chose. Au contraire, ça va aider à faire un bon travail. Moi, je suis pour l’arrivée des Secrétaires Administratifs parce qu’on a au niveau des arrondissements actuellement des secrétaires qui ne peuvent même pas écrire une phrase. C’est-à-dire le niveau est très très bas. Avec l’arrivée des SA, ça va relever le niveau et permettre au travail de se faire normalement. Par rapport aux Secrétaires Exécutifs, je suis sûr qu’il y aura une réforme de la réforme parce que sincèrement, ça bloque beaucoup de choses. Comme je vous l’ai dit tantôt, il n’y a pas une seule commune au Bénin où on peut dire que le taux de mobilisation a augmenté. Il n’y a pas une seule commune où on va dire que le taux de consommation des crédits a augmenté. Alors qu’on a beaucoup de crédits. Quand je prends Djougou, on a des milliards qu’on ne peut pas consommer.

Qu’est-ce qui explique cela ?

C’est la réforme. Par exemple le RAF, la PRMP, tout ceux-là, c’est des cadres. Chacun est dans son coin. Il n’y a pas synergie entre eux.

L’équipe de rédaction du journal L’Evènement Précis et l’invité

Et le maire ne peut rien ?

Tu n’as pas le droit de parler normalement. Ça, ce n’est pas ton domaine. Tu n’as pas le droit. Moi à Djougou, j’étais obligé à un moment donné de les réunir et de les réconcilier. C’est vrai, je suis passé outre mes attributions, mais ça allait dans tous les sens. Ce qui a fait qu’aujourd’hui, il y a un semblant de cohésion mais chacun est campé dans son domaine. Quand tu prends le RAF, les dossiers, c’est lui seul et il n’y a pas de personnel pour les aider. Et eux-mêmes, ils ont mis à l’écart les autres cadres qu’ils sont venus trouver. Ils ne leur font pas confiance ou quoi, je ne sais pas. Mais, de toute façon, ils collaborent très peu avec ces cadres si bien qu’eux seuls, ils ne peuvent pas. Même s’ils ont la volonté, ils ne peuvent pas. Comme la situation est générale, je suis sûr que le pouvoir central suit et ils vont trouver les moyens.

Est-ce que de ce point de vue, la décentralisation a encore de sens ?

De ce point de vue, la décentralisation est en train de faillir parce que le pouvoir n’est plus décentralisé. Le pouvoir est aux mains de certains cadres qui en réalité des fois ne connaissent pas le terrain. Ça fait que quand ils trébuchent, ils reviennent. Ça ne va pas du tout.

Votre mot de la fin ?

Une fois encore, je vous remercie pour m’avoir donné cette opportunité. Le gouvernement du président Patrice Talon fait beaucoup pour ma ville Djougou. Mais comme on le dit, tant qu’on n’a pas assez, on continue toujours à demander. Avec le PAG 2, nous avons la chance d’avoir quelques linéaires, mais cela ne nous suffit pas encore. Sur le plan de l’électrification, franchement, si le président Talon peut vraiment nous aider, ce serait bon, parce que Djougou continue de souffrir énormément par rapport à l’électrification. Il y a aussi la cité administrative qui est en construction et là, on voit que jusqu’à présent, les Chinois qui en ont la charge trainent le pas. Le dernier conseil des ministres a également annoncé le bitumage de la voie Djougou-Pehunco. Au nom de la population de Djougou, je remercie le président Patrice Talon pour tous les projets déjà réalisés dans la commune depuis qu’il dirige le Bénin. On en demande encore plus et je suis sûr que dès que tous ces projets seront exécutés, Djougou va changer énormément.

CARTE D’IDENTITE

De New-York à Kolokondé

Idrissou Yaya est d’abord un enfant de Djougou. Né un 02 novembre 1963 à Kolokondé, dans la commune de Djougou, il a fait l’école primaire de son village et l’ironie du sort a voulu qu’il soit à l’époque responsable de la cantine de son école, lui qui sera plus tard Directeur général de l’Office de gestion du Programme alimentaire mondial chargé des cantines scolaires. CEP en 1975, BEPC en 1979 et Bac scientifique en 1982, il descend à l’université nationale du Bénin. Après deux ans en Sciences juridiques, il part au Canada où il fait une licence en administration. Il décide alors de faire l’informatique, mais aux Etats-Unis. Idrissou Yaya débarque à New York où il fait des études en informatique. Devenu ingénieur en informatique, il décroche son premier travail. « C’est en ce moment que la fibre optique a commencé, se rappelle-t-il. On a fait le câblage de la fibre optique à New York centre. » Au plan politique, le maire de Djougou a commencé la vie politique même en entrant au collège. « Quand j’étais au collège, au Ceg 1 de Djougou, dit-il, Houdou Ali était préfet de l’Atacora et il avait créé ce qu’on appelait le Mouvement scolaire révolutionnaire (Msr). J’ai été président de la seconde section, de seconde jusqu’en Terminale. On était déjà à couteaux tirés avec les professeurs. » Quand il revient des Etats-Unis, il est convaincu par l’Honorable Assan Séibou de reprendre ses activités politiques dans sa commune. Mais il se fait que le député de Copargo était dans l’opposition. C’était sous le régime Yayi et toutes les manœuvres orchestrées par le camp au pouvoir pour le récupérer ont été vaines. Il suit donc son ami depuis lors, sous la férule d’Abdoulaye Bio Tchané. « Je suis resté toujours dans l’ombre de Assan. On a travaillé, il faut avouer que nous avons beaucoup travaillé, murmure-t-il. Dans le Bénin, il n’y a pas ce coin dans lequel, on n’est pas parti, du nord au sud, de l’est à l’ouest. » Avec l’avènement du régime de la Rupture, le voilà nommé Directeur général de l’Office de Gestion du PAM (2016 -2018). L’OGPAM était chargé entre autres de la gestion du programme des cantines scolaires. La présidence de la République décide de reprendre pour son compte la gestion des cantines et crée à cet effet une agence dédiée. L’OGPAM disparait. Idrissou Yaya retourne à Kolokondé son village. Plus simplement, il retourne au champ. « Je suis redevenu paysan, dit-il. J’allais régulièrement au champ. J’exploitais près de 30 hectares à Djougou. J’y cultive à ce jour le maïs, le mil et surtout le soja. » Les jeunes de Kolokondé étaient surpris de voir un ingénieur en informatique formé à New-York revenir cultiver la terre qu’ils méprisent. Sur ses conseils et grâce à son soutien, une bonne partie d’entre eux l’ont imité en retournant au champ. « Quand je regarde mon parcours, je me sens fier de moi-même, admet le maire de Djougou. J’ai fait ce que je devais faire et ce qui m’intéresse le plus aujourd’hui, c’est servir. »

INTIMITE

Toujours jeune

Idrissou Yaya a un physique inchangé depuis des décennies, alors qu’il a déjà bouclé soixante ans. Ce trait physique, il l’attribue à des caractères génétiques, lui qui n’a pas une alimentation particulière. Sport ? De temps en temps la marche, mais pas du tout régulier. Marié et père de cinq enfants, il adore son igname pilée traditionnelle. Comme boisson, jamais l’alcool, à peine le bissap et le jus de gingembre.

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