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Le triomphe de la vérité

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Edito du 15 mai 2023: Les dernières transhumances


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Comme au bon vieux temps, la transhumance bat son plein. Et c’est le moment le plus approprié : avant ou après les élections. On a vu la semaine dernière Sylvanus Aïssi et les siens déposer le tablier FCBE. Dans le même sillage, Laurent de Laure Faton a fait ses bagages de l’ancien parti LNA pour rejoindre le Bloc Républicain. Je parle d’ancien parti pour un parti créé en mars 2022 et dissout en septembre, son président ayant choisi de le saborder au sein de l’UP-R.  Mais l’ancien ministre Théophile Yarou pensait probablement être candidat dans sa circonscription électorale pour le compte des législatives de janvier dernier. Il n’a pas été positionné. Je l’ai entendu soutenir qu’il n’était ni opposant ni mouvancier…C’était avant qu’il ne fasse le grand saut dans le vide. Mais depuis ses déconvenues, il s’est emmuré dans le silence le plus épais. En attendant peut-être d’être nommé quelque part.

La transhumance n’est plus un sujet nouveau. A la différence qu’aujourd’hui, ceux qui s’y adonnent ont moins de scrupule qu’hier. La transhumance s’est démocratisée. Elle est devenue sexy à partir du moment où les Béninois ont compris que la politique est après tout un business. On y entre pour gagner son argent et quand ça ne marche pas, on change. C’est du moins ce que plus de trois décennies de démocratie ont appris à la majorité d’entre nous. Ceux qui s’accrochent dans une posture contre vents et marrées, ont souvent des bénéfices invisibles. Ou plutôt non avoués : un désir de vengeance, un égo inassouvi, une volonté de puissance sur le groupe que l’on dirige, une vision à long terme des bénéfices futurs. Jean-François Bayard appelle « politique du ventre » cette conception alimentaire de la politique en Afrique. On dira qu’il s’agit de pragmatisme. D’accord !

Hier, un jeune était un des chantres de Talon. Ne voyant pas venir assez vite les fruits de son engagement (on se comprend ?), il balance dans l’opposition. C’est lui qui forme des unions sacrées de la jeunesse par-ci, porte-parole des jeunes par-là, activiste tirant sur tout ce qui bouge…Je me rappelle en ces temps-là, lorsque vous écriviez un édito qui était par trop favorable au régime Talon, c’était des injures qui vous tombaient : « Eh Olivier, tu as pris combien pour écrire ton chiffon d’hier là ? » On les a vus aux avant-postes lors des émeutes de 2019 et de 2021. Exil, retour, visite de quelques personnalités de la mouvance, et puis…retournement de veste en 2021, après les présidentielles. L’approche des législatives a fait penser aux positionnements. Et effectivement, certains partis de la mouvance ont pensé qu’avec la notoriété des ex-opposants, ils pouvaient servir à quelque chose au plan électoral. Ceux qui ont voté en 2023 n’ont pas vraiment voté pour des individualités. A l’arrivée, il n’y a aucun transhumant à l’Assemblée nationale aujourd’hui. Personne ne prend un transhumant au sérieux. Sa veste toujours prête à être retournée, il n’inspire pas confiance. Et surtout, sa crédibilité prend un coup, à force de pirouettes et de girouettes. On ne peut faire confiance à quelqu’un qui ne croit pas en ses propres choix.

Mais il faut dire la vérité. Le fonctionnement  de nos partis est à questionner. Ce sont des groupes où les leaders prennent les décisions à la place des membres. On a changé le leadership de l’UP-R sans aucun vote démocratique. Idem pour les positionnements lors du choix des candidats aux législatives. Ce qui prévaut souvent, c’est le jeu des relations avec les leaders. C’est eux qui décident, la masse suit le mouvement. Comme des moutons. Ce type de fonctionnement opaque engendre des frustrations qui alimentent les inimitiés, les incompréhensions et la révolte.

Que dire d’un parti comme le MPL ? Il illustre la mésintelligence entre les principaux responsables sur les questions financières. Ceux qui crient et destituent ont le sentiment que l’argent envoyé par « des partenaires » a été mal utilisé par les responsables du parti. Si l’argent est le nerf de la guerre, il est la principale source de frustration au sein des partis. Ceux qui ont l’argent, ce sont ceux qui commandent. Le reste n’est que bavardage. Et quand vous arrivez dans un tel environnement de requins, la démission et la transhumance sont rapides.  

Je veux dire qu’en réalité on a beau voter des lois, la transhumance est ancrée dans notre système politique. Pour en sortir…Est-ce que quelqu’un veut même en sortir ?

Olivier ALLOCHEME

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