.
.

Le triomphe de la vérité

.

Lettre ouverte au Président de la République: Raouf Affagnon réclame des arriérés salariaux  et appelle Talon au secours


Visits: 626

L’ancien dirigeant syndical, Consultant en éducation et en dialogue social, Raouf Affagnon, a adressé une lettre ouverte au Président de la République, Patrice Talon pour dénoncer une « double injustice » dont les enseignants retraités du primaire et du secondaire ont été victimes avant et pendant le premier mandat, de 2016 à 2021. A cet effet, il a formulé une plainte contre le Ministre de l’Economie et des Finances (MEF), pour des arriérés salariaux non encore liquidés, dus à certains enseignants retraités, depuis plus de cinq ans. Dans sa lettre,  il a demandé la réparation de l’injustice et a fait des propositions.


Lettre ouverte au Président de la République, Chef de l’Etat et Chef du Gouvernement
Cotonou
Objet : Plainte contre le Ministre de l’Economie et des Finances (MEF), pour des arriérés
salariaux non encore liquidés, dus à certains enseignants retraités, depuis plus de cinq ans,
demande de réparation de l’injustice et propositions
Monsieur le Président de la République,
Je viens par la présente, attirer votre attention sur la double injustice dont les enseignants
retraités du primaire et du secondaire ont été victimes avant et pendant votre premier mandat,
de 2016 à 2021,et même jusqu’à ce jour, et vous prier d’aider à mettre fin à ce chemin de la
croix que vivent des femmes et des hommes qui ont servi l’Etat avec patriotisme et
dévouement, pendant une trentaine d’années. En effet, Monsieur le Chef de l’Etat, le 5 août
2011, votre prédécesseur, le Président YAYI Boni a pris un décret portant institution d’un
coefficient de revalorisation des indices de traitement des agents de l’Etat. Conformément aux
dispositions de l’article 2 dudit décret, le coefficient de revalorisation de 1,25 de l’indice de
traitement est appliqué aux personnels Agents Permanents de l’Etat (APE) et Agents
Contractuels de l’Etat (ACE), en service au Ministère de l’Economie et des Finances, pour
compter du 1er janvier 2011. Il faut lire l’article 3, pour apprendre que « l’application de ce
coefficient de revalorisation… s’étendra progressivement, sur une période de quatre (04) ans,
aux personnels APE et ACE des autres ministères et institutions de l’Etat, sur la base des
indices acquis au 31 décembre 2011. Autrement dit, la revalorisation du point indiciaire dont
le gouvernement a pris la décision en 2011, prend en compte les enseignants du secteur public,
à partir de 2012. A la grande surprise de ces derniers, leurs salaires n’ont connu aucune
augmentation de 2012 à 2015. Ont-ils été entre temps déchus de leurs statuts d’APE et d’ACE,
sans notification ? Rien n’est moins sûr ! A ce premier coup, s’est ajouté un second, lorsque
le 21 novembre 2015, le gouvernement du Président YAYI a procédé à la signature de deux
décrets, l’un pour les enseignants du premier degré et l’autre pour ceux du second degré. La
grande surprise introduite dans les deux décrets, ce sont les dispositions des articles 70 et 81
pour le primaire et 198 et 224 pour le secondaire, et qui stipulent que les enseignants de ces
ordres d’enseignement bénéficieront de la revalorisation du traitement indiciaire,
2
précédemment annoncée pour 2012, à partir du 1er janvier 2016. En d’autres termes, les décrets
sont venus effacer la dette contractée par l’Etat, vis-à-vis des enseignants concernés, de 2012
à 2015. Quel crime ont commis ces enseignants pour mériter, après des décennies de services
loyaux au profit de l’Etat, des préjudices de cette ampleur ? Tout porte à croire que la démarche
du gouvernement défunt est un filoutage, pour emprunter l’expression du politologue français
Richard BANEGAS, « à pas de caméléon ».
Il a fallu attendre la fin du mois de mars 2017, pour constater, grâce à la vigilance de votre
gouvernement, les améliorations salariales qui accompagnent l’augmentation du point
indiciaire. Par cet acte, votre gouvernement a donné une preuve que nous sommes à l’ère de
la rupture. Mon souhait le plus ardent est que ce geste s’étende à tous les autres secteurs de la
vie nationale. Pour résoudre entièrement les problèmes liés à l’augmentation du traitement
indiciaire accordée aux enseignants concernés, le MEF, de janvier 2018 à janvier 2021, a
régulièrement inscrit au budget de l’Etat, équilibré en recettes et en dépenses, le
remboursement des quatorze (14) mois d’arriérés salariaux. Malheureusement, malgré toutes
ses compétences professionnelles qui lui valent des louanges partout dans le monde, le MEF
a été incapable, tout au long de votre premier mandat, et jusqu’à ce jour, de combler le fossé
entre le faire et le dire. Pendant ce temps, les enseignants retraités concernés sont en train de
subir des préjudices d’ordre moral, corporel et d’agrément. Pourtant, notre Constitution nous
rappelle, article 26 nouveau, 3
e
alinéa, que l’Etat « porte assistance aux personnes porteuses
de handicap ainsi qu’aux personnes âgées ».
Monsieur le Président de la république, vous le savez autant, sinon mieux que moi, qu’aucun
citoyen béninois ne sera capable de lire ou d’écrire un texte en français, notre langue officielle,
sans l’encadrement d’un enseignant. Priver ce dernier des moyens auxquels il a droit pour
satisfaire ses besoins, c’est une transgression consciente et volontaire de la loi divine. Pour
éviter à votre gouvernement de continuer à commettre un péché d’une gravité aussi
remarquable, je vous prierais, Monsieur le Président de la république, d’aider le MEF à gérer
la dette intérieure avec un peu plus de rigueur, en remboursant les arriérés salariaux dus aux
enseignants retraités concernés, dans les meilleurs délais possibles. Vous le savez mieux que
moi, Monsieur le Président de la république, dans les pays développés, ce type de
remboursement prend en compte les intérêts générés par la dette. Les calculs sont faits sur la
base du taux en vigueur à la banque et, plus le débiteur tarde à payer ses dettes, plus le
3
créancier gagne. Heureusement ou malheureusement, notre législation nationale est encore
silencieuse sur ces aspects des droits économiques de l’homme. Monsieur le Chef de l’Etat,
sauf erreur de ma part, il semble que votre gouvernement ne s’est pas beaucoup penché sur la
question du paiement des arriérés salariaux liés au coefficient de revalorisation accordé à tous
les APE et ACE par votre prédécesseur. Je pense que puisque l’administration est régie par le
principe de la continuité, en réglant ces problèmes, votre gouvernement va améliorer ses
performances, en matière de gestion du social.
A l’heure du bilan, ce geste fera pencher la balance, en faveur de votre équipe
gouvernementale. Enfin, Monsieur le Chef du gouvernement, j’ai ouï dire que votre
gouvernement ne se préoccupe pas beaucoup du paiement des salaires correspondant aux
avancements et promotions des agents encore en activités. Donc, les personnels avancent ou
connaissent des promotions, de façon théorique. Dans la pratique, les augmentations ne
suivent pas. C’est un choix suicidaire qui ne peut que décourager et démotiver les agents de
l’Etat. Je suis persuadé que vous ne pouvez pas vouloir d’une chose et de son contraire. Partout
au monde, il est prouvé qu’un agent motivé est plus productif qu’un agent démotivé. Il est
encore temps de corriger ces insuffisances, liées à la gestion des carrières, pour remettre les
pendules à l’heure.
Je vous prie d’agréer, Monsieur le Président de la république, l’expression de ma plus haute
considération.
Raouf AFFAGNON,
Ancien Dirigeant Syndical,
Consultant en Education
et en Dialogue Social

Reviews

  • Total Score 0%



Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

You cannot copy content of this page