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Le triomphe de la vérité

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Edito : Tout commence par Karimama


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La situation de Karimama inquiète sérieusement. Plusieurs écoles y sont fermées, du fait des menaces persistantes des terroristes, après que l’école primaire de Loumbou-Loumbou a été incendiée en septembre dernier.  Il y a quelques jours, le poste douanier de la localité a été incendié par ces hors-la-loi. En avril, c’est le commissariat de l’arrondissement de Monsey dans la même commune, qui a été incendié, les terroristes ayant réussi à abattre un policier. En septembre un chef de village a même été enlevé et est resté introuvable jusqu’à présent. Il est clair désormais que cette partie du Bénin est en proie au chaos terroriste que traverse le Burkina-Faso voisin.

Vendredi, j’ai posé la question au porte-parole du gouvernement sur l’aggravation de la situation sécuritaire dans cette zone. D’autant plus que la semaine dernière, et pour la première fois depuis au moins 30 ans dans ce pays, la prison civile de Kandi, toujours dans le département de l’Alibori a été attaquée par deux fois par les terroristes. Leur intention était claire : libérer certains des leurs qui y sont détenus. L’armée a réussi à les repousser et a du même coup renforcé ses effectifs dans la zone. La population de Kandi, chef-lieu du département de l’Alibori est désormais dans la psychose. Et donc quand j’ai interrogé le porte-parole du gouvernement, sa réponse m’a paru classique : aucune de nos positions n’a été prise par les assaillants, le gouvernement a au contraire consolidé la présence des forces de défense et de sécurité. Et les hors-la-loi seront traqués et rattrapés. J’ai cru entendre les assurances du gouvernement   Kaboré, au début des incursions djihadistes au Burkina-Faso.

Il y a quelques mois, un reportage que je faisais dans cette partie de notre pays m’a montré le niveau d’alerte de nos forces armées. Mais des informations persistantes font état d’un moral bas au sein de la troupe sur place. Les terroristes n’ont aucune peur de la mort et veulent en donner au plus grand nombre possible avant d’y passer eux-mêmes. Ces fous d’Allah sont convaincus que mourir pour leur Dieu, les armes à la main, constitue la plus puissante garantie pour aller au paradis. Là, ils sont assurés d’avoir à disposition 7 jeunes filles vierges, du miel et de la nourriture à gogo, le tout enveloppé d’une musique céleste qui les bercera sans fin. Pour lutter contre ces assassins qui croient en ces enfantillages, il faut travailler au quotidien sur le moral de la troupe. Les responsables sécuritaires le font-ils ? Je me permets de croire que oui.

Une chose est de voir que les militaires béninois n’ont perdu aucune position jusqu’ici, une autre est de constater que nous n’avons pas encore réussi à piéger ces hors-la-loi jusque sur le territoire burkinabè où ils prennent refuge. Il y a bien sûr la question de l’inviolabilité des frontières. Mais ce principe est-il encore d’actualité, lorsque des bandits sans foi ni loi viennent opérer sur notre territoire et vont courir se réfugier de l’autre côté de la frontière ? Il faut à tout prix localiser les bases arrières des terroristes et les détruire une à  une.

Et à ce niveau, la coopération militaire avec le Burkina-Faso est cruciale. Je ne comprends d’ailleurs pas pourquoi jusqu’ici, le Niger, le Burkina-Faso et le Bénin n’organisent pas des manœuvres militaires conjointes et fréquentes, pour déloger ces hors-la-loi. La réalité est que les gouvernements doivent le faire dès maintenant pour anéantir ces gens, avant qu’ils aient les moyens nécessaires pour prendre une localité béninoise. Pour le moment, nous voyons comment le Burkina se bat pour échapper à l’emprise des terroristes. 40% du territoire est hors de contrôle du gouvernement. Les changements successifs de régimes n’y ont rien pu faire. Samedi dernier, 13 militaires burkinabè ont été tués par les terroristes à l’Est du pays. Ils étaient tombés dans une embuscade. Le décompte macabre continue son triste refrain.   Il fallait tuer le mouvement dans l’œuf, dès le départ, au moment où les terroristes n’avaient pas encore pu s’installer, en menant des opérations conjointes.

Que faut-il faire ? Je ne crois pas en une action solitaire des Etats. Actuellement, des milliers d’écoles sont fermées au Burkina-Faso, laissant à la maison ou sur les routes de l’exil des milliers d’élèves et d’enseignants. Au Bénin, Karimama a commencé à enregistrer ce début de chaos qui annonce le déluge. C’est une alerte qui doit être prise très au sérieux.

Par Olivier ALLOCHEME

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