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Le triomphe de la vérité

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Edito: Participer ou périr


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Des voix de plus en plus persistantes demandent à l’opposition de boycotter les prochaines élections législatives. Ou plutôt de les subordonner à la libération de tels ou tels prisonniers, ainsi qu’à l’abrogation des lois électorales actuelles. Certains y vont plus fort, en exigeant la participation de l’opposition radicale à l’élaboration du fichier électoral.

Comme je l’ai fait en 2019, je m’en vais dire un mot à cette frange de l’opposition : elle se trompe. Ce que tu n’as pas pu obtenir avec les armes, ce n’est pas avec les larmes que tu l’obtiendras. Les alliés du pouvoir de la Rupture attendent précisément cette posture pour réitérer l’Assemblée nationale monocolore qui est actuellement à Porto-Novo. Sans état d’âme. Il est vrai que personne ne souhaite que les graves précédents de 2019 se répètent au point de déboucher sur un parlement sans opposition. Mais croyez-moi, si les exigences qui commencent à fuser finissent par devenir des conditions de participation au scrutin, les mouvanciers se frotteront les moyens : ils se partageront les sièges à l’Assemblée et rien ne se passera.

La situation actuelle recommande même beaucoup plus de prudence qu’en 2019. Il y a trois ans en effet, les discours radicaux, les postures guerrières avaient cours parce que personne ne savait jusqu’où Talon était capable de tenir. Aujourd’hui, on sait qu’il ne reculera devant aucune pression politique. Sauf à améliorer le système mis en place. Il est resté inébranlable surtout après avoir réduit les velléités des opposants radicaux. Les plus durs ont été emprisonnés, d’autres ont dû fuir le pays. Le front politique est plus calme que jamais. Et il le demeurera tant que certaines têtes seront gardées en prison. Je ne vois pas Patrice Talon libérer un Joël Aïvo ou une Réckya Madougou dans l’optique d’un apaisement du climat politique. Politiquement,  il les a déjà écrasés : avec les condamnations opérées par la CRIET, ils ne seront candidats à aucune élection, sauf s’ils finissaient par bénéficier d’une bien improbable loi d’amnistie. Cette perspective est d’autant plus improbable que Talon n’est pas homme à abandonner un moyen efficace  de dissuasion : la prison. Si les opposants commencent à ne plus avoir peur de la CRIET, il faut s’attendre à la répétition des perturbations similaires à celles de 2019.

On sait aussi que, contrairement à 2019, Patrice Talon a une côte de popularité en nette progression. Non seulement il a réussi à faire taire tous ses challengers les plus sérieux, mais en plus les grands chantiers de l’Etat sont déjà visibles. Contrairement à 2019 où l’on parlait plutôt de gouvernement-maquette, il est loin le temps où les Béninois ne voyaient rien des réalisations de la Rupture. Les maquettes sont sorties de terre et bien visibles. Seuls les plus irréductibles gardent leur posture anti-Talon.

Il est vrai que l’inflation dans les marchés laisse voir une certaine crispation de l’opinion publique. Mais il ne faut pas se fier aux apparences : ceux qui ont brûlé les pneus sur les voies publiques en 2019 ou 2020 n’en imputent pas tous la responsabilité au gouvernement.

Pire, celui qui pouvait donner le change à Talon dans certaines régions du pays, Yayi Boni, s’abrite désormais dans un lourd mutisme depuis qu’il a rencontré le  Chef de l’Etat. A quelques mois des législatives, le président d’honneur du parti Les Démocrates est même soupçonné d’avoir conclu un accord avec Patrice Talon, accord qui lui permet d’attendre la mise en œuvre de certaines revendications. Tout ce monde marche sur des œufs. Dans ces conditions, ne nous leurrons pas. Boycotter les élections ne tuera même pas une mouche. Les partis politiques le savent bien.  Ne pas aller aux élections compromet leur existence légale. Le risque majeur est la disparition pure et simple, compte tenu des exigences du code électoral en vigueur aujourd’hui.

Par Olivier ALLOCHEME

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