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Le triomphe de la vérité

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Edito: Se faire prendre au piège


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Je n’aurais jamais pensé que l’opposition béninoise finirait par tomber aussi facilement dans le piège du pouvoir.  Elle s’est fait avoir comme un garnement, là où n’importe qui de sensé ferait attention.

Intrinsèquement en effet, l’opposition est faite pour rester adversaire du pouvoir. Un opposant sait dès le départ qu’il est la cible du pouvoir. Sous Yayi, j’ai vu des cameras cachées placées pour surveiller discrètement des opposants. J’en ai vu  aussi qui étaient surveillés  en permanence par deux ou trois agents de renseignement qui contrôlaient tous leurs mouvements. Je ne parle pas encore des mails piratés, des agents doubles utilisés pour piéger et dynamiter les partis de l’intérieur, de la mise à mort financière des opérateurs économiques proches de l’opposition ou encore de l’ostracisme systématique qui frappait les journalistes imprudents aperçus en compagnie des opposants. C’était la conception patrimoniale du pouvoir selon Yayi, celle qui veut que le pouvoir politique soit d’essence divine et serve avant tout à faire ce que l’on veut. Mais, apparemment, ces errements du passé n’ont pas servi de leçon aux FCBE mêmes devenues membres de l’opposition.

A l’heure de l’enregistrement des partis, le parti est resté absent à la CENA, surpris au dernier moment par la décision de la Cour Suprême qui s’est déclarée incompétente pour connaître en première instance de la plainte que ses responsables ont déposée. Mais le drame, c’est que ce parti créé il y a un an, a eu six mois pour se mettre en règle. L’ironie du sort, c’est que et FCBE et Restaurer l’Espoir se soient présentés même à la CENA, en retard. Oui, en retard !

Dans le processus, ce retard ultime est le signe le plus patent de l’amateurisme et de l’inorganisation dans lesquels baigne l’opposition. Les FCBE et RE auraient pu ne pas venir du tout à la CENA qu’on aurait compris qu’il s’agit d’une stratégie politique de contestation. Mais le retard en ce jour fatidique est l’erreur de trop. Ils sont descendus bien bas.

Leur première erreur était déjà de passer du temps à animer la galerie contre la loi au lieu de s’en approprier. Une loi votée et promulguée est exécutoire par essence. Prendre le risque de continuer la contestation d’une loi votée, c’est comme s’empêcher de la comprendre pour appliquer les subtilités qu’elle contient. La polémique politique a donc eu raison de la lucidité de ces partis qui auraient dû prendre des juristes compétents depuis six mois pour prendre en charge leurs dossiers de conformité. Ils ont mal lu la loi et s’y sont pris avec légèreté.

La deuxième erreur, découlant de la première, c’est le temps mis pour s’occuper de ces dossiers. Même si tous les partis ont eu ce problème, l’opposition devrait être aux avant-postes dès le départ pour se mettre à l’abri de toute manœuvre politicienne. Elle a attendu les derniers jours, se comportant comme si une deuxième lecture de la charte des partis et du code électoral était encore possible. Il est vrai qu’il y a à peine deux semaines, quelques ténors de l’opposition réclamaient même de nouvelles lois électorales. Un peu comme s’ils ignoraient les règles fondamentales des textes législatifs régissant les élections et qui imposent que les lois électorales soient adoptées au moins six mois avant le scrutin.

Mais il y a en dépit de tout une erreur stratégique de grande ampleur : la rencontre de lundi. C’est la troisième erreur. Elle a fait le jeu de Talon et permis au Chef de l’Etat d’administrer une leçon magistrale de droit basique aux partis de l’opposition. A suivre cette rencontre, il y a lieu de penser que l’opposition béninoise croyait que Patrice Talon, à force de cris et autres débordements, allait finir par démordre et courber l’échine. Azanaï connaît peut-être Talon, mais il ignore jusqu’à quel degré il est tenace.

Mais la quatrième et dernière bourde, la pire de toutes, est probablement le retard d’hier. Je manque de mots pour dire ma surprise. On verra bien RE et FCBE défendre les couleurs de l’opposition hors du parlement. Pour le moment, la voie de la disparition est la perspective la plus plausible qui s’offre à eux. Bien sûr la question politique est celle-ci : comment continuer à exister dans ces conditions sans inciter à la violence?

Par Olivier ALLOCHEME

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