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Le triomphe de la vérité

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Edito: Il pouvait le gifler


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Imaginons le pire. Que se passerait-il à la Marina si Mathurin Nago s’était présenté à la rencontre de lundi ayant accouché des déclarations de Batoko ? Il s’en serait sorti avec des paires de gifles, des coups de savates dans l’arrière-train, et peut-être même un début de Dangnivo bis. Connaissant l’homme, on sait bien pourquoi le président de l’Assemblée nationale n’a pas osé mettre son nez à la Marina. Son absence transforme pourtant  les déclarations de Batoko en une farce de campagne.

         Qui n’a pas compris que c’est le scénario prévu de conciliabule en conciliabule qui est en train d’être déroulé avec une harmonie parfaite ? Le fait est qu’en acceptant de jouer les oiseaux de mauvais augure, Ousmane Batoko se prête au jeu mis en branle depuis des mois pour faire reporter les élections et aboutir à un couplage propice à tous les dérapages.  Le fait est aussi que ce faisant,  le président de la Cour suprême s’est transformé en porte-parole du Gouvernement. Il s’est vassalisé, au lieu de demeurer dans la splendeur institutionnelle que lui confère la Constitution. Son mandat devant être renouvelé au plus tard en février 2015, on comprend les calculs abscons qui ont abouti aux gymnastiques                                                                     par lesquelles il s’est retrouvé dans le rôle que l’on a vu.

         Mais il n’y eut point de Nago, point de Nago et point d’autres membres de son bureau pour assister à la séance. La deuxième institution de l’Etat n’a pas participé à cette concertation pratiquement dotée de l’autorité de la chose jugée. Il n’y aura pas d’élections en 2014.               Et il n’y en aura probablement pas avant mars 2015. Puisque même si la LEPI provisoire projetée par le COS-Lepi à fin novembre, il faudra bien un dédoublonnage qui prendra au minimum deux semaines. Son affichage pourrait se concrétiser pour le 15 janvier 2015, de sorte que la correction et la publication de la liste définitive interviendraient fin janvier 2015.  Et si nous retenons qu’au terme de la loi, les élections ne devraient se tenir que deux mois après cette liste définitive, nous nous retrouverons bien à fin mars 2015 où la possibilité du couplage sera ouverte.

         Mais, connaissant la complexité de cette  solution de couplage, il est fort à parier que les partis opteront pour un report sine die des communales. Les législatives, réputées incontournables et inscusceptibles de toute possibilité de report, auraient alors lieu en        avril, conformément aux prescriptions constitutionnelles.

         Il est inconcevable que le pouvoir prenne sur lui seul toute la responsabilité des compromis politiques nécessaires à ce calendrier chargé et difficile à exécuter, surtout si le contexte en vient à devenir tendu. C’est en cherchant à éviter ce  face-à-face dangereux que Boni Yayi a convoqué la concertation de lundi. Mais l’absence du président et de tout le parlement en ses représentants que constitue le bureau, pose problème. Tout comme pose problème la légitimité même de ce cercle institutionnel sans valeur constitutionnelle. Elle n’a pas vocation à remplacer le compromis politique que seul le personnel politique lui demande avec insistance.Lorsque je parle ici de personnel politique, j’évoque en réalité les partis de l’opposition. Ils devraient être consultés avant toute nouvelle stratégie allant dans le sens du report. Faite dans les conditions que l’on voit, la consultation de lundi n’aura qu’un résultat : braquer l’opposition contre le projet quel que puisse être la pertinence du chronogramme choisi. Et cette méfiance se remarque déjà avec les premières déclarations de l’opposition. A bon droit, elle relèvera que la concertation  interinstitutionnelle n’est qu’un leurre. Et comme Boni Yayi est généralement plus boulanger que n’importe quel acteur politique béninois, il ne lui sera accordé que ce qu’il mérite : une méfiance redoublée.

         La question de fond demeure toutefois : à qui profitent les reports successifs ? Ou encore à qui profite le couplage ? C’est un jeune chantier qu’on explorera bientôt.

Par Olivier ALLOCHEME

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