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Le triomphe de la vérité

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Edito: La grève générale


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logoC’est bien la première fois depuis une décennie au moins. Le Bénin va connaitre demain sa première grève générale de l’ère Yayi en annonçant du coup le durcissement du bras de fer permanent entamé entre gouvernements, centrales et confédérations syndicales depuis au moins quatre ans.
La goutte d’eau qui a fait déborder le vase, c’est bien la violente répression de la marche pacifique des travailleurs le 27 décembre 2013, avec, à la clé, des revendications fortes que le pouvoir aura encore plus de mal à satisfaire. Avant cette datte, les syndicats ne parlaient que d’une marche pacifique réclamant, entre autres, la liberté d’expression, la sécurité, l’annulation des concours frauduleux, etc. Cette fois, ils réclament ni plus ni moins le limogeage du préfet de l’Atlantique-Littoral et du commissaire central de Cotonou. A comparer les deux catégories de revendications, on se rend simplement compte que les plus difficiles à satisfaire sont bien celles qui interviennent maintenant. Les centrales ne commettront pas l’erreur de renoncer à leurs doléances avant d’avoir obtenu entière satisfaction.
Il n’y a rien que le gouvernement puisse faire dans cette situation sans perdre la face. Il a montré, par le passé, des capitulations retentissantes. Mais, cette fois, sa chute sera encore plus lourde. Pourquoi ?
Parce que le gouvernement ne voudra pas reculer. Il ne limogera ni Placide Azandé ni Pierre Agossadou. Il s’attachera même à montrer que « le pouvoir invisible » comme dirait Barthélémy Kassa, est à l’œuvre au sein des centrales et confédérations syndicales, en vue de discréditer leurs leaders. A force de tirer sur cette ficelle, le leadership du chef de l’Etat, déjà bien mal en point, va prendre un nouveau coup terrible. Les Pascal Todjinou, Paul Essè Iko, Dieudonné Lokossou et autres Chadaré saisiront la balle au bond pour envenimer la situation. L’escalade subséquente ne serait alors que la résultante d’une stratégie d’affrontement.
D’un autre point de vue, on peut entrevoir déjà la mort du dialogue social. Dans ce contexte de crise exacerbée, l’apaisement viendra peut-être des confessions religieuses. Il est évident qu’une fois encore, elles seront sollicitées. Mais la problématique de leur utilisation dans la régulation sociale reste encore d’actualité. En clair, faire constamment recours aux dignitaires religieux est le signe le plus évident de la faillite de la gouvernance au Bénin. Au demeurant, le Chef de l’Etat est-il encore prêt à recourir, aujourd’hui, à une solution dont il a usé et abusé par le passé ? La question reste posée.
Tout compte fait, la grève générale qui démarre demain posera un jalon de plus dans la crise multidimensionnelle qu’enregistre le régime Yayi. En plus de sa majorité parlementaire qui s’effrite sous ses yeux, Boni Yayi doit maintenant savoir négocier ferme pour ne pas créer l’enlisement le plus total du pays. Enfoncé comme il est dans l’autoglorification permanente, il ne verra pas venir le danger qu’il y a pour un régime de voir partir en fumée sa majorité parlementaire en même temps qu’il doit affronter la houle syndicale. La solitude, voilà ce qui l’attend.
Le recours aux foules hilares et ignares payées pour faire foule ne fera qu’empêcher le Chef de l’Etat de voir la réalité en face. C’est une opération d’aveuglement volontaire. Il l’empêchera d’entendre les cris qui se cachent derrière ces manifestations de mécontentement. Et se retrouvera bien vite en face d’une grève générale illimitée, à force de durcir sa position.
Mais, l’autre question est également de savoir quel retentissement le débrayage de demain pourra vraiment avoir. La politisation outrancière des centrales et confédérations syndicales les confrontera demain face à leurs propres turpitudes. Elles ont passé ces dernières années à agiter des revendications ouvertement politiques. Au point de se discréditer auprès d’une frange importante de la population des travailleurs qui les considère comme des appendices bruyants des partis d’opposition dont ils reprennent souvent les thèmes (trop souvent en fait).
Le premier signe de cette perte de crédibilité, c’est l’échec enregistré à la journée pays mort du 31 décembre dernier, même si elle est passée relativement inaperçue. L’heure de vérité ayant sonné, il est évident que ce sont, surtout, les travailleurs du service public qui respecteront le mot d’ordre de grève. Quant aux artisans, commerçants et autres travailleurs du secteur privé, seul demain nous dira si les arguments des syndicalistes les ont convaincus.

Par Olivier ALLOCHEME

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