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Le triomphe de la vérité

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Edito du 04 février 2013 : La bataille de l’Ouémé


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Je m’y attendais un peu, mais le geste de Pascal Irénée Koupaki jeudi dernier a confirmé toutes mes appréhensions. L’Ouémé sera au cœur de la géostratégie de 2016.

        En rendant visite au Président du PRD, Pascal Irénée Koupaki que l’on sait présidentiable, prépare en effet le terrain pour 2016. Il a pris la juste mesure des bouleversements en cours au sein du Parti du renouveau démocratique (PRD). Le parti de Me Houngbédji se retrouve, en tout cas pour le moment, sans aucune tête d’affiche pour la prochaine présidentielle. En aurait-il même choisi un que celui-ci aurait du mal à se construire une étoffe de la taille de celle du leader du PRD avant   2016. Il y a finalement comme un désert de leadership au sein de cette formation politique. Ce qui, du reste, a encouragé des mouvements de repli, tel celui d’un certain Atao Hinnouho qui s’est très tôt désaffilié pour créer son propre mouvement et bientôt son propre parti.  Il faut s’attendre, dans le futur, à d’autres départs tous aussi retentissants, capables de déstabiliser le parti. Pour parer à cette déconfiture, Me Houngbédji a le devoir de faire sentir sa présence. Et c’est, sans doute, l’une des raisons qui expliquent la fronde du maire de Porto-Novo. Il lui faut maintenir une fermeté absolue pour espérer encore rester le primus inter pares qu’il a toujours été.

Si l’on se réfère à l’histoire, c’est la première fois depuis plusieurs décennies, que le département de l’Ouémé n’aura pas un leader de taille pour des élections présidentielles. Jusqu’en 1972, ce fut Sourou-Migan Apithy qui incarna le leadership de ce département stratégique.  Puisant d’abord dans ses relations avec le Père Francis Aupiais, Apithy a régenté la vie politique nationale jusqu’en 1959, année où, les jeux d’alliance aidant, Hubert Maga parvint à lui prendre la tête du pays. A la faveur des troubles politiques d’octobre 1963, il est revenu sur les devants de la scène pour être président en janvier 1964 et s’éclipser fin 1965, renversé par un coup d’Etat. Après plusieurs années de turbulences aggravées, l’homme est encore sollicité en 1970 pour constituer le Conseil Présidentiel dont le glas a été sonné en octobre 1972. Et chaque fois, sa première bannière fut « sa » région du sud-est devenue plus tard l’Ouémé. Et un même parti, le PRD.

C’est donc dans cette continuité historique que se situe Adrien Houngbédji resté maitre sans partage de l’Ouémé depuis 1991 et surtout avec les législatives de 1995 et la déconfiture du NCC de Tévoédjrè.  Il détient donc un gisement de voix qui sera déterminant pour tous les candidats de 2016. A lui seul, l’Ouémé a représenté 436 509 voix en 2011, mieux  que Cotonou ou même le Mono et le Couffo réunis.

Si le poids stratégique du département est établi, il reste à savoir qui de Koupaki, de Bio Tchané ou même de Nago aura les faveurs de Me Houngbédji, surtout au second tour ?

Koupaki, ancien directeur de cabinet de Me Houngbédji du temps où celui-ci était premier ministre, a visiblement la faveur des pronostics. Il est vrai qu’entre 1996 et 2016, il se serait écoulé au moins 20 ans. Il est tout aussi vrai que le détachement habituel du Premier Ministre en fait un homme très éloigné des effusions capables de créer de grands amis. Mais sa longue durée au pouvoir lui a, sans doute, donné une marge de manœuvre nécessaire pour créer les conditions du rapprochement.

Mathurin Nago, quant à lui, avait compris depuis longtemps le parti qu’il pouvait tirer de la position actuelle de Maitre Houngbédji. En juin 2012, il était déjà, chez lui, à grands coups médiatiques, contrairement à la discrétion du Premier Ministre. De son fauteuil de Président de l’Assemblée nationale, il peut toujours user pour des rapprochements utiles. La proximité parlementaire comme d’ailleurs la possibilité pour le Président de leur faire bénéficier de quelques facilités  constitue des atouts non-négligeables au moment de la décision finale.

En ce qui le concerne, Abdoulaye Bio Tchané dispose de solides amitiés dans la ville capitale. Il y a fait une partie de ses études secondaires et son staff le plus rapproché compte des personnes originaires de la région. De là à dire qu’il aura les faveurs de Houngbédji, il y a bien un fossé.

Dans tous les cas, il est évident que Me Houngbédji n’apportera pas son appui s’il n’a rien à obtenir en retour. A ce niveau, comme disent les amateurs, les paris sont ouverts…

Olivier ALLOCHEME

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