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Le triomphe de la vérité

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Editorial:Réformes administratives : pschitt !!!


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La semaine nationale du service public s’achève aujourd’hui. Je m’en réjouis. C’est une vaste hypocrisie dans laquelle l’Etat « sensibilise » ses agents pour offrir aux usagers la qualité du service qu’ils sont en droit d’exiger de leur administration. Car, aussi paradoxal que cela puisse paraître, il faut encore supplier les fonctionnaires pour qu’ils fassent le travail pour lequel ils sont rémunérés.

Et c’est donc tout à fait judicieusement que le PNUD a financé l’initiative qui consiste schématiquement à dire aux gens : « N’insultez plus les usagers, venez au service à l’heure, n’alourdissez pas volontairement (ou involontairement) les procédures… » En gros, on tient les agents en une si parfaite inconscience qu’il faut encore les supplier pour qu’ils croient réellement qu’ils sont venus au travail non pas pour détruire leur pays, mais pour participer à sa construction.

Il faut rendre hommage au ministre Martial Sounton et à ses collaborateurs ainsi qu’au PNUD qui ont eu l’initiative d’instituer cette semaine qui, a-t-on dit, n’en est qu’à sa première édition. Bientôt donc, nous aurons droit à la énième édition. Mais alors, combien a-t-on dépensé pour dire aux agents de bien faire leur travail, et rien que ça ? Quelques dizaines de millions, on s’en doute. Le comble, c’est même que pour cela, et rien que pour cela, on ait eu besoin de tendre la main aux fameux PTF, en l’occurrence le PNUD, sans l’appui duquel il ne serait pas facile de dire aux travailleurs d’aller au service àl’heure…

 Nous avons fait du chemin. Il est même certain qu’en perpétuant de tels mécanismes infantilisants, on en ait encore beaucoup à faire pour comprendre le sens du développement. Et je m’étonne, et tout citoyen sérieux peut est surpris : qu’a-t-on encore besoin de « sensibiliser » des agents pour faire consciencieusement le travail pour lequel ils sont payés ? Autrement dit, il est inimaginable que la direction de MTN-Bénin par exemple utilise son argent gagné au prix de l’effort conjugué et combien douloureux de ses agents pour une telle « sensibilisation. » C’est impensable.

L’Etat qui s’y prend de cette manière a des choses à se reprocher en réalité. Lorsque les règles sont connues dès le départ et que les sanctions à appliquer sont effectivement appliquées, personne n’a besoin d’être « sensibilisé ». La chicotte sensibilise bien mieux que toutes les semaines de sensibilisation réunies. Mieux encore, l’exemple et le modèle sont des vecteurs incontestables d’entrainement. Mais lorsque l’autorité elle-même est convaincue de ne pas être un modèle, il s’entiche de formules du genre « semaine du service public » qui ne sensibilise personne.

Elle permet à quelques-uns au contraire d’user de leurs fauteuils pour faire leurs affaires. A qui ferait-on croire par exemple que l’entreprise d’un certain ministre encore en poste n’a pas des intérêts bien visibles dans cette initiative, cependant que l’on parle d’éthique et de professionnalisme ? A qui ferait-on croire que les pratiques de 10% voire de 20% de commission existent partout sauf au MRAI ?

Le Ministère de la réforme administrative est la première administration à avoir besoin d’être réformée, voire même d’être totalement refondé, pour employer le vocabulaire en vogue. Il me revient encore cette mauvaise expérience d’un courrier adressé au ministre courant 2010 et qui a mis environ deux mois avant de parvenir au destinataire qui, à son tour, en a fait des siennes avant de donner les directives nécessaires. Il faut que le ministère nous dise même où en est son projet biométrique dont le but au départ était de limiter les retards et les absences dans l’administration. Le projet, pour n’être pas mort, n’en est pas moins moribond.

Les appareils, un an après, sont déjà entrés dans la longue somnolence d’un projet jeté aux orties, s’attirant par ailleurs les quolibets d’une partie du personnel du ministère. A l’heure des discours officiels, à l’heure où les paroles de convenance abondent jusque sous nos sièges et dans nos pantalons, il est des moments où il faut se demander si les Béninois qui sont d’ordinaire si intelligents, ne comprennent pas le jeu sordide qui se joue au-dessus de leur tête.

Olivier ALLOCHEME

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