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Le triomphe de la vérité

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Editorial:Bon dernier


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La croissance économique du Bénin pour cette année est la plus faible de toute l’UEMOA. C’est du moins ce que révèle une étude de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) rendue publique en début du mois. Je m’attendais à un violent démenti du gouvernement, mais jusqu’ici, rien. Parce que si ces chiffres se confirment, ils constituent le signe palpable de la nécessité de changer de cap.

A dire vrai, personne n’est surpris. En 2011, le Bénin avait enregistré une croissance de 3,1% de son PIB, ce qui en fait l’avant-dernier dans la zone UEMOA, si l’on exclut la Côte-d’Ivoire qui a connu une décroissance du fait de la guerre. La même Côte-d’Ivoire est créditée d’un bond de 8,5% selon les prévisions de 2012, c’est-à-dire qu’elle est désormais, et comme jadis, le moteur de la zone.

Le Niger quant à lui s’emballe carrément grâce à son uranium et surtout à cause de son pétrole mis en exploitation l’année dernière. Il passe de 2,3% en 2011 pour 8,5% de taux de croissance. Le premier est devenu le dernier. Ce pays qui a longtemps émargé sur la liste des Etats abonnés à la famine voit s’ouvrir un nouvel horizon après des décennies de misère exacerbée. Il enregistrera donc la même performance que la Côte-d’Ivoire. Il y a seulement quelques mois, personne n’aurait parié sur ce Niger en plein renouveau. A qui rendre hommage ? A Dieu, simplement.

Le cas du Bénin est donc le plus préoccupant. Même un pays déstructuré comme la Guinée Bissau devrait connaître en 2012 une croissance de 4,5%. Cité l’année dernière dans la liste rouge des pires économies africaines, le pays devient simplement un cas curieux dans l’arène sous régionale. Il faut en effet se demander pourquoi avec un économiste chevronné à la tête du pays, épaulé par un premier ministre tout aussi réputé économiste, la situation de l’économie du Bénin continue de se maintenir au bas de l’échelle ouest-africaine.

La question a l’air saugrenue, mais renferme les contradictions de notre équipe dirigeante. Ce ne sont plus des économistes en réalité mais des politiques totalement subjugués par les réalités d’une arène sauvage complexifiée par les compétitions électorales. Ceci explique peut-être l’incohérence des discours et des actions qui visent d’abord l’efficacité des manœuvres stratégiques et tactiques avant d’intéresser leur efficacité pratique auprès du pays réel.

Ceci explique peut-être le tâtonnement des réformes et l’accumulation des incertitudes sur le port. Ceci explique peut-être aussi l’environnement des affaires réputé exécrable. La situation des affaires au Bénin a été rendue si difficile qu’il vaut mieux investir ses deniers dans des pays en guerre comme l’Irak ou l’Afghanistan qu’ici chez nous.

Tout ceci s’explique surtout et avant tout par une gouvernance économique fiévreuse, menée avec peu d’assurance et beaucoup d’amateurisme. Le cas le plus récent en est la situation du PVI, situation dans laquelle le gouvernement fait deux pas en avant et cinq en arrière. Les féroces luttes d’influence en cours au sein de la mouvance pour 2016 ne sont peut-être pas étrangères à ces manœuvres apparemment contradictoires mais parfaitement corrélées aux ambitions politiques des uns et aux manœuvres de blocage des autres. Le Bénin de nos rêves n’est pas le petit pays plat et sans ressources où les politiques font la loi à l’économie. Le Bénin de nos rêves, c’est avant tout un pays de croissance où l’économie fait le fondement de la politique.

Il est vrai, la croissance économique à elle seule ne saurait conduire au progrès. En cela, l’inflation maîtrisée à une moyenne de 2,6% environ consolide les résultats obtenus au plan de la croissance. Mais la croissance reste une condition impérative au développement. Et c’est pourquoi, en occupant le bas de l’échelle dans la sous-région, le Bénin s’éloigne considérablement de ses objectifs de développement.

Les méthodes employées un peu partout sur le continent consistent dans ce contexte à multiplier les grands projets structurants propres à faire tourner la machine économique. Dans ce contexte, il ne faut pas préjuger des luttes d’influence qui font rage au sein de la mouvance et qui paralysent à petits feux les initiatives courageuses capables de conduire le pays vers des lendemains meilleurs.

Olivier ALLOCHEME

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