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Le triomphe de la vérité

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Editorial:Le PVI, mort ou vif


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Ce qui n’était qu’une sombre rumeur est en voie de passer à la réalité. Le Chef de l’Etat a entrepris de démanteler les fondements du Programme de vérification des importations de nouvelle génération (PVI). Loin de moi l’idée de défendre ou de combattre cette initiative souveraine d’un Chef de gouvernement qui a tout le droit d’agir selon son bon vouloir. Loin de moi aussi l’idée de dire que le PVI est d’une absolue nécessité pour le Bénin. Après tout, le Bénin a vécu jusqu’à une date récente sans PVI et sans qu’il n’y ait aucune catastrophe. Seulement, une question se pose : pour quoi nous prend-t-on ?

Jusqu’à une date récente encore, le même Président de la république avait chanté ici même les mérites du programme que son gouvernement avait eu le mérite de mettre en œuvre. Il y a à peine quelques mois, les douaniers, soupçonnés d’être des entraves au programme avaient été violemment pris à parti, tancés par toute la république. Ils étaient vus comme les ennemis du développement du pays. On se souvient qu’une intense campagne gouvernementale avait été mise en branle à cet effet, doublée d’une série de sorties des affidés du pouvoir pour soutenir leur Chef.

Ventilé dans tous les hameaux, le PVI passait pour une initiative louable et les rares douaniers encore résistants comme de dangereux apatrides. Tant et si bien que plus aucun Béninois ne peut croire aujourd’hui que le PVI n’est pas une bonne chose pour le Bénin. Même s’il y a en effet quelques difficultés d’allumage, l’on reste convaincu que l’investissement consenti permettra de renflouer les caisses de l’Etat et de redynamiser le port.

Les congestions monstres de gros porteurs enregistrés dans l’espace portuaires ont du reste confirmé ces difficultés de démarrage. La spectaculaire opération du Chef de l’Etat qui a dû se rendre en personne au port pour mettre fin à la pagaille est apparue comme une initiative volontariste ayant permis plus tard de mettre un terme à ce problème.

Il faut donc se demander comment, après tant de discours serinés de commune en commune, de village en village et de quartier en quartier, le même gouvernement puisse venir dire exactement le contraire de ce qu’il avait défendu il y a quelques mois à peine. Dans son apparente banalité, la question ainsi posée met en lumière les graves incohérences du régime Yayi dans un contexte où les feux de la contestation sont allumés partout. Passe encore pour les dommages causés à un opérateur économique ayant investi des milliards dans une initiative qui chavire à pleine vapeur.

Passe encore pour les douaniers dénigrés, ils jubilent sans doute aujourd’hui de voir revenir une manne autrefois enlevée. Mais l’autorité et la souveraineté de l’Etat ne sont-elles pas menacées lorsque des décisions graves sont prises au pied levé, annulées de la même manière, comme sur un coup de tête, ou réhabilitées plus tard pour des motifs plus ou moins saugrenues.

Les alibis employés par le ministre de l’économie maritime pour justifier le retour de l’escorte à la douane sont encore une autre paire de manche. Que l’on parle au XXIème siècle d’une certaine communauté internationale qui serait prête à venir auditer la gestion d’une société nationale, me semble relever d’un manque total de goût et d’une absence notoire de mémoire : il y a longtemps que le Bénin a dépassé cette étape. C’est saugrenu. Et c’est pourquoi il faut interroger l’honnêteté des cadres dans un contexte où, visiblement, le Chef de l’Etat lui-même perd ses repères, impuissant à discerner le faux du vrai. Mais le pourrait-il lorsqu’il est sur tous les fronts à la fois, président tout terrain, homme de tous les conflits, avide de crise et pressé ?

Le plus curieux, c’est que cette fois-ci les jeux se font sans que l’on ne se préoccupe d’aller faire la même campagne qui a vu l’organisation tapageuse et à grands frais des tournées gouvernementales.

Que voulons-nous ? D’une véritable République dont le Président ne se banalise pas. Et si tel est le cas pour tout le monde, il n’est pas possible que l’on nous enseigne aujourd’hui le contraire de ce qui fut professé hier. Il n’est pas pensable que le peuple béninois puisse accepter cette énième caprice.

Olivier ALLOCHEME

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