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Le triomphe de la vérité

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EDITORIAL: Le boubou blanc de Yayi


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Le Chef de l’Etat est devenu pour l’opposition et une bonne frange de la société civile, un objet de dérision particulièrement payant. Dictateur à la tête d’un gouvernement fantôme ou d’un gouvernement ventilateur, il anime le forum des injures sur Internet où on lui administre quelques noms d’oiseau en profitant de l’anonymat de la toile. Certaines chansons de la geste oppositionnelle parlent déjà du Bénin énervant et non émergent, et la  clameur publique ironise sur la corruption des ministres qui s’en mettraient plein les poches. Hier encore, on pouvait lire en manchette d’un quotidien de la place le résumé assaisonné de l’intervention de Me Houngbédji à la télévision, manchette clamant que Boni Yayi est bien ” complice et coupable “, en contrepoint à la formule d’excuse de Boni Yayi disant qu’il est responsable mais pas coupable du scandale de la CEN-SAD. L’un dans l’autre, nous atteignons immanquablement à la vitupération contre le pouvoir et notamment contre le Chef de l’Etat. Le gouvernement est perçu comme la poubelle du peuple, et reçoit nombre de moqueries qui avaient pourtant disparu quelque peu aux premières heures du changement. Il faut entendre à cet égard la réaction des syndicalistes outrés par la dernière sortie du Chef de l’Etat leur rappelant leur devoir de gouvernance interne. Leurs déclarations aussi acerbes qu’outrés, laissent transparaître une volonté d’en découdre avec le Chef de l’Etat. Il est clair que Boni Yayi n’avait pas, en tant que Président de la République, à s’intéresser en cette période de tension sociale à la gestion de nos centrales. Mais ce qui crève l’œil, c’est l’illégitimité de la plupart des secrétaires généraux donneurs de leçons prompts à marcher pour la bonne gouvernance qu’ils ne peuvent assurer dans leurs propres structures. J’imagine que dans deux ans, ils seront là à souhaiter l’alternance au pouvoir, une perspective qu’ils n’ont pas réalisée dans leurs propres mouvements puisqu’ils ne tiennent leurs congrès ordinaires qu’au gré de leur volonté flottante.  Lorsqu’ils parlent du Président de la République, on a juste l’impression qu’ils parlent d’un sombre garnement qui a osé  dire ce qu’il ne fallait pas.
Le syndicalisme se pare même de nos jours d’une certaine vulgarité permettant de manipuler à souhait la foule des travailleurs lors des meetings. Pour qui connaît les effets de foule, la contagion est immédiate : le gouvernement et son Chef sont vite vilipendés le long des rues pour obliger l’autorité à réagir face aux revendications. C’est une arme de combat syndical récupérée du reste par les acteurs politiques. Peint comme jouant la comédie dans sa lutte contre la corruption, on prête à Boni Yayi  une mauvaise foi apparente sur ce registre où l’attendait le peuple en l’élisant en 2006. Mercredi, il a été traité de ” Président sans vision, qui  navigue à vue “, ” Président absent, fantôme, absorbé par sa campagne électorale précoce, qui ne contrôle rien, ne sait rien, ne décide rien… ” L’Honorable Wallis Zoumarou, chaud partisan du très pondéré Bio Tchané est connu pour ses grossièretés sur Boni Yayi, transformant les plus sérieuses discussions en séances d’insanités déversées sur le premier magistrat du pays. Ce déluge de moquerie, ce registre de la dérision s’exerce sur un homme qui a été élu à 75% des voix par son peuple.
En d’autres temps, avant de proférer de telles injures, on pourrait considérer avant tout qu’il s’agit d’un cadre supérieur de notre pays et non pas d’un vulgaire badaud. En d’autres temps aussi, on pourrait se dire que le pouvoir ne doit jamais être la poubelle qu’il est aujourd’hui, qu’il soit exercé par Yayi ou par Houngbédji. Et que tout homme ou toute femme qui l’exerce mérite d’abord le respect dû à son rang et non pas les sarcasmes abjects déversés sur lui pour mieux le détruire. Car, seul, il n’a que cinq années à passer au pouvoir ou, tout au plus, dix. Il ne fait que passer. Le pouvoir, lui, est éternel, comme le Bénin est éternel. L’enlaidir aujourd’hui pour l’occuper demain, c’est saccager la voie qui mène à la rivière. C’est salir et déchirer le boubou que l’on est appelé à porter.
Olivier Djidénou

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