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Le triomphe de la vérité

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Le député Guy Mitopkè, invité de « Sous l’arbre à palabres »: « L’opposition actuelle est désorganisée, inexistante, égoïste et refuse le sacrifice »


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Le 115e invité de la rubrique « Sous l’arbre à palabres » de L’Evénement Précis répond au nom de Guy Mitokpè. A 39 ans, il est le plus jeune député de la 7ème législature en cours. Invité à parler à bâtons rompus de l’actualité parlementaire, de l’actualité socio-politique, de la gouvernance de Patrice Talon, de son mentor Candide Azannaï et de bien d’autres sujets, l’homme a volontiers effectué le déplacement du siège du journal à Mènontin où il s’est prêté à l’exercice. Même s’il n’approuve pas la gouvernance du président Talon que son parti politique a contribué à hisser au pouvoir, le secrétaire général du parti Restaurer l’espoir digère mal les hésitations de ses nouveaux alliés à s’engager dans la lutte politique : «Le peuple est déçu du régime Talon, mais n’est pas content de l’opposition», dénonce-t-il. Incisif, Guy Mitokpè n’a pas hésité à tirer à boulets rouges sur la 7ème législature à laquelle il appartient et qu’il accuse de voter des lois ‘’scélérates’’. Interrogé sur le bilan de cette législature, il s’est montré intransigeant, un brin moqueur : « En matière de lois, il y a eu la quantité mais pas la qualité ». Le suppléant au Parlement de Candide Azannaï a profité de son passage « Sous l’arbre à palabres » pour tacler, plus d’une fois, l’opposition béninoise. Pour lui, elle n’existe que de fait et devrait plutôt penser à « mouiller le maillot » sur place. « L’opposition n’est pas à Paris, ni sur les réseaux sociaux. Il faut venir faire le combat ici au Bénin », lancera-t-il d’ailleurs à l’endroit de certains opposants. Appréciant le comportement de ceux parmi les opposants au régime qui n’ont pas encore été interpelés et qui sont restés au pays, il les a appelés à œuvrer pour le retour au bercail de tous ceux qui « sont victimes de la lutte sélective contre la corruption ». Voici en intégralité l’entretien avec le bras droit de Candide Azannaï. Des confidences, des piques, des propositions et surtout les origines de sa fibre militante.

Honorable député Guy Mitokpè, quel est votre bilan depuis deux ans que vous êtes à l’Assemblée nationale?
C’est une question à laquelle j’ai parfois du mal à répondre, parce qu’il me serait difficile de m’évaluer. De 2016 à 2018, j’ai essayé d’être conforme à ce qu’en tant que secrétaire général du parti, je prônais. J’ai essayé d’être conforme à la ligne idéologique du parti et j’ai essayé d’être conforme à ce que j’ai appris auprès du président Candide Azannaï, depuis près de douze ans que je suis à ses côtés. Ce que je peux garder de cette entrée à l’Assemblée aujourd’hui, c’est que je n’ai pas voulu me détacher de ce que nous avons tout le temps prôné. Je n’ai pas voulu me détacher, même si à des moments donnés, cela a été très difficile pour moi, de ce que nous avons enseigné aux militants, aux plus jeunes que nous. Donc, être conforme à ce que nous prônons, être conforme à ce que nous enseignons, est la difficulté du parlementaire. D’une manière exhaustive, je ne peux pas mettre le doigt sur ce que j’ai apporté à cette 7ème législature, mais j’ai essayé, et j’insiste là-dessus, de ne pas me fourvoyer, j’ai essayé de ne pas me laisser impressionner. Il y a des lois ou des projets ou propositions de lois qui ont beaucoup fait parler le Parlement. Il y a par exemple les deux tentatives de révision de la Constitution. Moi-même et un certain nombre de collègues, avons joué notre partition. Il y a des lois assez importantes, comme par exemple le Code électoral et le Code du travail, qui sont des lois qui ont assez fait bouger notre pays et ce sont des lois sur lesquelles nous nous sommes prononcés. Nous avons fait des propositions, nous avons rejeté certaines propositions venant de la part de la majorité, nous-nous sommes exprimés. On a essayé de prendre nos responsabilités. Sur les débats importants, on a essayé de ne pas être silencieux.

En termes de bilan, la 7ème législature n’est-elle pas la plus prolifique en matière de vote de lois?
Naturellement, elle a été prolifique. Souvenez-vous que ceux qui ont pris le pouvoir au niveau de l’exécutif ont prôné la rupture. Mais quand on veut installer une rupture, quand on veut installer un système de réformes, cela se fait avec des lois. Donc naturellement, le parlement va beaucoup travailler et c’est ce qui est. En termes de quantité de lois, cette 7ème législature a beaucoup travaillé, aussi bien dans les commissions qu’en plénière. Et il faut aussi reconnaître que, quoi qu’on dise, il y a eu des tentatives de bousculer les habitudes du côté du régime et cela s’est senti au parlement. Mais il y a à redire sur ces tentatives et nous en parlerons dans la suite des développements.

Si on vous demandait de faire le portrait de cette législature ou si on vous demandait la couleur qu’on peut lui donner, que diriez-vous: blanc ou noir?
Non, c’est gris. En ce sens qu’il y a eu la quantité, mais pas la qualité. Je le dis sans tabous, sans confusion. La quantité, parce ce qu’il y a eu pression, parce qu’il y a eu un nouveau régime qui est installé et qui voulait imprimer son rythme, qui voulait imprimer sa marque. Donc du coup, le Parlement a travaillé. Il y a eu des choses en quantité, il y a eu des choses qui ont été confiées au Parlement comme si cela venait du Parlement mais, dans le fond, c’était des travaux confiés directement à des députés. Mais dans la qualité, le parlement a péché. Cette 7ème législature a péché dans la qualité parce qu’elle n’a pas osé entrer dans ses prérogatives. Elle a joué beaucoup plus le rôle d’un valet, elle a joué beaucoup plus le rôle de quelqu’un qui encaisse. Mais elle n’a pas joué le rôle de quelqu’un qui fait des propositions. La belle preuve est que l’actualité politique actuelle en parle. Car, au nom de quoi vous votez une loi, et dans la mise en application, vous-vous rebiffez ? Cela n’a pas de sens! Donc dans la quantité, le parlement a travaillé, mais dans la qualité, le parlement s’est fourvoyé, le parlement a marché sur ses propres prérogatives et aujourd’hui, nous payons tous.

De quelle actualité parlez-vous?
L’actualité dont je parle est la configuration des blocs, ce qui ne mérite pas logiquement d’être accepté, parce qu’aussi bien dans la Charte des partis politiques que dans le Code électoral, l’expression ‘’bloc’’ ne figure. J’entends tout le monde dire « bloc républicain », « bloc progressiste », mais on parle de quel texte? Les deux textes actuellement en vigueur en République du Bénin ne parlent aucunement de bloc. Vous ne verrez nulle part l’expression « bloc », ni dans le Code électoral, ni dans la nouvelle Charte des partis politiques. Cette expression vient d’où? Je ne sais pas, peut-être que ce sont les textes d’un autre pays qui s’appliquent à nous. Donc cette actualité, nous la vivons et nous voyons les retournements de veste, les hésitations, les pas qui s’alourdissent au fur et à mesure qu’on avance, parce qu’à un moment donné, lorsque ces textes avaient été présentés, les gens se sont laissé griser par autre chose, ils n’ont pas voulu prendre leurs responsabilités. Le président Obama a dit qu’il vaut mieux, pour des nations aussi faibles que les nations d’Afrique, des institutions fortes que des hommes forts. Et quand c’est comme cela, les institutions fortes doivent pouvoir prendre leurs responsabilités. Le Parlement est confiné dans trois grands rôles, voter des lois, consentir des ratifications et contrôler l’action du gouvernement. Et comme je l’ai dit, à ces trois niveaux, nous avons péché au niveau de cette 7ème législature. Ce n’est pas un secret que de mettre l’accent sur cela.

Vous voulez dire que vous n’avez pas eu l’occasion de contrôler l’action du gouvernement ?

Le gouvernement ne s’est pas laisser contrôler. Vous savez, il y a eu des tentatives de notre part qui ne sont pas allées à terme. Quand on parle de contrôle de l’action gouvernementale, il ne s’agit pas uniquement des questions adressées au gouvernement. Il y a les commissions d’enquêtes, les pétitions, beaucoup d’autres choses que le Parlement peut prendre comme initiatives pour amener l’exécutif à comprendre que nous sommes dans un système démocratique et que, quand on est dans un système démocratique, il y a des normes qu’il faut observer. Mais quand le gouvernement donne l’impression de vous suivre et parce qu’il a la majorité au Parlement qui devient une caisse de résonance, en ce moment précis, chacun fait des grimaces et on ne sait pas véritablement si chacun joue son rôle. Et, véritablement, personne ne joue son rôle.

Vous faites partie des députés qui ont rejeté le dernier rapport du président Houngbédji. Pour quelles raisons avez-vous rejeté ce rapport?
C’est une suite logique de notre prise de position depuis le rejet, le 4 avril 2017, de la proposition de révision de la Constitution. Je le dis ainsi parce que votre question est une question à deux volets. Le premier volet, c’est ce que je pense de sa présidence. Le président Houngbédji fait partie de nos meilleurs intellectuels politiques. Le dire aujourd’hui, ce n’est pas lui jeter des fleurs fanées, c’est être en phase avec ce qui est. Il a été très tôt magistrat, très jeune avocat, ensuite très tôt président de parti politique, premier ministre, etc. Donc, il fait partie des hommes politiques de notre pays qui ont un parcours politique assez élogieux, assez pourvu. Mais, entre cela et ce que nous constatons aujourd’hui à l’Assemblée nationale, il y a un grand fossé. Un adage dit que « celui qui n’a pas encore traversé l’autre rive ne doit pas se moquer de celui qui se noie ». Je n’ai pas encore son expérience, je n’ai pas encore géré l’Assemblée nationale, par contre, je peux me prononcer sur ce que j’ai vécu. Ils se sont fait nommer bloc de la majorité parlementaire, Bmp, ce qui est encore une fois de plus une violation de nos textes, parce que le règlement intérieur de l’Assemblée nationale reconnait l’existence des groupes parlementaires, des réseaux parlementaires, mais ne reconnait pas l’existence d’un bloc partisan. C’est une violation de nos textes mais, contre l’avis de l’opposition qui a dénoncé, en son temps, l’existence d’un tel bloc. Les uns et les autres ont fait la sourde oreille et ont évolué. Donc ce Bmp, cette majorité parlementaire, est celle qui a conduit aussi bien le président Adrien Houngbédji que le bureau de l’Assemblée dans le décor. Je vais citer des faits. Il y a environ un an, quand j’ai été porte-parole de l’opposition parlementaire au pupitre, je devais prononcer un discours. Mais, au nom de l’outrage à l’autorité, j’ai été viré comme un vil individu et invité à rejoindre ma place, et la séance a été suspendue. C’est une négation de la démocratie. C’est un déni de démocratie en ce sens que le meilleur endroit où les politiques peuvent s’exprimer pour dire ce qu’ils pensent, dire ce que vivent les populations, c’est bel et bien au sein de l’hémicycle. Et l’outrage ici n’est pas vérifié. Est-ce un outrage que de dire que la commission des lois s’est agenouillée devant le ministre de la Justice? Je ne pense pas. Lorsque je dis que le chef de l’État a convoqué des séances de travail qui ont pris l’allure de séances folkloriques, est-ce ce que nous pouvons appeler outrage ? Je ne comprends pas non plus. Je pense que nous savons tous faire la différence entre dénonciation et injure. Aucunement dans cette prise de parole de l’opposition, nous n’avons injurié. Nous avons dénoncé des faits. C’est vrai qu’étant humain, la dénonciation fait mal, ça pique. Mais ce n’est pas parce que cela vous fait mal que c’est une injure. Donc à des moments donnés, il y a des choses qui font mal, mais la personne qui dénonce ne vous a pas injurié. Elle n’a fait que dénoncer. Donc, nous avons été dans ce cadre. Le président Adrien Houngbédji, vu son expérience, ne doit pas être une déception pour nous. Donc, aujourd’hui, c’est inadmissible pour moi, qu’au nom de cette expérience, l’on s’arroge tout ce passé et se comporte comme ce que nous sommes en train de voir au niveau de l’Assemblée nationale. Personnellement, je trouve que c’est une déception.
Cette déception ne doit pas se détacher du comportement du bloc. Le Bloc de la majorité parlementaire est le plus grand poison qu’a connu la 7ème législature. La plus grande bêtise politique qu’ont commis aussi bien le régime que ceux qui soutiennent le régime, c’est l’existence du Bmp.

Au départ les députés étaient unanimes pour la relecture des lois électorales. Qu’est-ce qui s’est passé pour que vous ayez une autre position ?
Nous ne faisons pas une opposition de façade, ni une opposition tout de go, c’est-à-dire sans même chercher à comprendre qu’on est opposant. Ce n’est pas de ça qu’il s’agit. Lorsque les propositions sont faites et que nous comprenons ensemble qu’on peut dialoguer, échanger, laisser l’autre, accepter les propositions, en ce moment, on se dit que le climat pour qu’il y ait dialogue, existe. En réalité, le bénéfice dans un système démocratique comme le nôtre et dans un milieu comme l’Assemblée nationale est qu’il faut se battre afin que le climat de dialogue puisse exister. L’opposition parlementaire a réussi à faire exister ou a réussi à faire pérenniser le climat du dialogue politique. Et lorsque vous rentrez dans ce dialogue avec ceux de la majorité parlementaire, ils se comportent comme des automates. C’est une majorité mécanique compte tenu de la manière dont les députés qui la composent se comportent, c’est-à-dire « telle proposition, comme elle vient de l’opposition, il faut la rejeter ». En ce moment bien précis, le climat de dialogue n’existe pas.
Pourtant, nous avons travaillé pour que le climat de dialogue politique existe ou se pérennise. Et ce climat de dialogue, à des moments donnés, lorsque vous constatez que ce n’est que des façades, vous êtes obligés de prendre vos responsabilités. Lorsque les gens vous disent, « faites des propositions, ne soyez pas seulement des opposants de fait, ne soyez pas seulement des personnes qui, tout de go, rejettent tout ce qui vient de la majorité parlementaire », en ce moment précis, vous vous dites que ce qu’ils disent est raisonnable. Ce n’est pas parce que vous êtes opposant que tout ce qui vient de la mouvance doit être rejeté. Mais, vous vous rabattez sur ses propos, vous croyez en leur bonne foi pour faire des propositions. Lorsque ces propositions ne sont jamais prises en compte, alors qu’elles ont leur pertinence, en ce moment précis, vous vous dites que vous êtes en train d’être instrumentalisés.

Quelle est la proposition pertinente que vous avez faite ?
Je donne l’exemple de la Charte des partis politiques. Il y a la charte de 2003 qui régissait la vie des partis politiques. Cette charte n’a jamais été véritablement mise en application. Elle a existé, mais nous ne l’avons pas appliquée véritablement parce qu’elle donne des indices. Lorsque nous disons qu’il y a plus de 250 partis politiques pour 11 millions d’habitants, c’est une exagération qui tend vers la démagogie. Si on appliquait les exigences de la charte de 2003 aux partis politiques existant en République du Bénin, vous n’en trouverez pas plus de 20. Et ce que je dis, c’est à partir des études d’une des structures étrangères, plus précisément une structure allemande en République du Bénin qui a décidé de mettre en exergue comme elle peut, cette charte en vue de la tester sur les partis qui existaient. Elle s’est retrouvée avec 20 partis qui seraient viables ou qui respecteraient les contraintes exigées par la charte de 2003. Donc c’était la première proposition de l’opposition, celle d’appliquer la charte de 2003. Cela devait nous permettre de voir quels sont les partis qui respectent les exigences. La charte-là, par exemple, dit : « lorsqu’un parti politique ne concourt pas à deux élections législatives de manière successive, il disparait ». Ça n’a jamais été appliqué. Au cours du débat, j’ai même dit qu’on peut améliorer cette charte si on veut. On peut ajouter que si quelqu’un crée un parti et que ce parti est épinglé comme n’étant pas en règle vis-à-vis de la charte, il ne peut plus créer un autre parti sur 10 ans ou sur 20 ans. Du coup, cela obligerait ceux qui créent les partis à se discipliner.
Au niveau du Code électoral, on a fait pas mal de propositions. Lorsqu’on a reçu le projet brut du Code électoral, le montant qui avait été exigé comme caution pour l’élection présidentielle, initialement, c’était 25 millions FCFA. En commission j’avais été le premier à dire, pourquoi voulez-vous que nous passions de 15 millions à 25 millions dans un contexte où le pouvoir d’achat du citoyen lambda n’a pas été amélioré. Mais, un collègue dont je tais le nom a levé la main et a dit : « moi je propose 250 millions ». J’ai commencé à rire pour dire qu’il faut qu’on cesse de blaguer.

Mais c’est cela qui a été retenu…

Juste à côté de lui, un autre, toujours de la mouvance, a proposé 500 millions. A partir de là, j’ai compris qu’ils s’étaient déjà concertés avant de venir en commission. Et finalement, ce sont les 250 millions qui ont été retenus.
Donc, lorsque les choses se déroulent de cette manière, à un moment donné, l’opposition a l’impression qu’elle n’est pas écoutée, que le débat n’est pas franc, ni sincère. Et tant que le débat ne sera pas franc et sincère, acceptez qu’à des moments donnés, on se rebiffe. Parce que si nous devons être perçus comme des faire-valoir, à des moments donnés, nous devons pouvoir prendre nos responsabilités parce qu’il s’agit de la nation. Sur les questions nationales, je pense et je crois qu’il faut être sérieux.
Nous évoluons dans un contexte où la théâtralisation des affaires les plus importantes du pays a atteint un niveau alarmant. Et quand c’est comme ça, chacun est obligé de prendre ses responsabilités. Donc pour moi, l’opposition ne se rebiffe pas. Elle a fait des propositions et continue de faire des propositions. La belle preuve est que nous sommes dans la période de la session budgétaire où nous faisons des propositions. Il est alors hors de question qu’on continue de faire croire que cette opposition ne fait pas de propositions et a décidé de rester dans son couloir. Je ne crois pas.

Vous avez fait votre entrée au Parlement en 2016, après la nomination de votre mentor, Candide Azannaï. Lorsqu’on vous suit dans les débats, on constate que l’élève, dans ses frondes, est devenu plus piquant et plus acerbe que son maître. Comment expliquez-vous cela ?

Il n’y a pas de frondeur. Le président Azannaï et moi-même ne sommes pas des frondeurs. Nous ne faisons pas de coup de gueule. On a nos tempéraments. On a nos manières de comprendre les choses par rapport aux normes démocratiques. Le président Azannaï est un philosophe et moi, un géographe. Je voudrais mettre l’accent sur le fait qu’aussi bien le président Azannaï que moi-même, ou d’autres cadres du parti, avons tout le temps mis l’accent sur un certain nombre de choses. Moi je vous dis, lorsque j’avais eu l’information que je rentrais au Parlement, l’une de mes premières prières à Dieu était de ne pas jeter l’opprobre sur ce sur quoi nous avons tout le temps travaillé. Et mon père toutes les fois que je l’appelle me dit quelque chose dont il a l’habitude : «Tu n’as pas le droit de salir mon nom qui en réalité n’est pas mon nom. C’est le nom de mon père qui l’a hérité de son père. Donc, tu n’as pas le droit de jeter l’opprobre sur ce nom. C’est un travail difficile.» Mais je dis à mon père : « Je peux comprendre que tu parles de l’éducation, de la notion des valeurs, mais dans un milieu politique, n’importe qui peut, à n’importe quel moment, m’adresser une injure que peut-être que je ne mérite pas, ou bien m’accuser de quelque chose dont je ne suis pas responsable. Donc, ça, ça ne manquera pas. Mais du plus profond de ma personne, je ferai l’effort de ne pas être une honte pour ton nom. »
C’est des choses avec lesquelles nous vivons. Lorsque le parti a demandé au président Azannaï de démissionner, j’ai reçu un coup de fil de la Côte d’Ivoire et c’était mon père. Il m’a dit : «J’ai appris que ton patron a démissionné du gouvernement et que désormais vous serez à l’opposition. Mon fils ne le lâche jamais». C’est pour vous dire que c’est une affaire de principe. Ce n’est pas d’abord le matériel. Moi je comprends que c’est une décision du bureau et que je ne peux pas m’y dérober sans raison.

Donc, tout ce que vous dites au Parlement, c’est le bureau qui vous le dicte ?
Non. Je reste dans un canevas. Le bureau ne me confie pas des expressions. Il ne me donne pas, non plus, des injonctions sur les mots que je dois utiliser. Mais je reste dans l’esprit de ce qui doit être.

On ne vous rédige par exemple pas des Tdr ?
Non. Nous avons par exemple la conférence des cadres du parti tous les jeudis à partir de 20 heures au cours desquelles nous travaillons sur des thèmes techniques et sur la politique nationale. En dehors de moi, d’autres cadres du parti ayant véritablement fonctionné depuis 12 ans au sein du parti auraient probablement le même comportement. Maintenant, l’habillage, c’est l’éducation de chacun. Ce n’est rien d’autre que la formation de chacun. Les terminologies que j’emploierai en tant que géographe ne seront pas les mêmes qu’emploierait un médecin ou un juriste. C’est ce qui est. Mais dans la vérité, il faut dire qu’au niveau du parti Restaurer l’espoir, nous ne voyons pas notre comportement au sein du Parlement comme une fronde. Nous voyons cela comme la meilleure manière de rester en phase avec ce que nous disons. Par contre, c’est très difficile, le travail que nous faisons. Parce que je me souviens que j’avais déjà rendu ce témoignage sur une radio de la place, lorsque nous avions commencé les démarches de l’opposition contre la tentative de révision de la Constitution. Il y a l’honorable René Bagoudou qui m’a dit ceci : « Honorable, j’ai davantage de respect pour vous et pour le président Candide Azannaï. Vous savez pourquoi ? » Je lui ai dit non, que je ne sais pas. Il a dit : « Moi j’ai été élu en 2015 et j’ai commencé le Parlement avec le président Azannaï en 2015 et l’élection présidentielle a eu lieu en 2016. Lorsque les tractations avaient commencé pour que les députés puissent porter leur choix sur un candidat ou un autre, j’ai été approché par le président Candide Azannaï. Mais lorsqu’on parlait, à un moment donné de nos échanges, il m’a dit : « Si je soutiens Patrice Talon et que nous gagnons, et qu’à un moment donné, je constate que ce qui se pratique n’est pas ce sur quoi nous-nous sommes entendus, je démissionnerai. » René Bagoudou m’a dit : « J’avais pris cela pour une parole politique du fait qu’il avait besoin de mon soutien et qu’il voulait que je puisse venir avec lui. Et je me suis dit qu’il n’avait pas ce courage. » Mais, c’est à la 4ème ou 5ème tentative de démission que finalement, le bureau lui a donné l’accord. Oui parce que personnellement, il avait exprimé le désir de démissionner depuis un certain temps, mais le bureau résistait. Le bureau du parti disait : « Non, on peut encore discuter. Non, on peut encore négocier. » Mais a un moment donné, on a compris qu’il fallait le libérer.

Qu’est-ce qui n’a pas marché pour que vous qui avez, avec votre mentor, travaillé pour l’avènement de Patrice Talon, le lâchiez ainsi?
Je voudrais revenir sur une image. L’expression «lâcher» n’est pas adéquate. Ce n’est pas adéquat, parce qu’il n’est pas en difficulté. Talon a été lâché lorsqu’il a été poursuivi. Lorsqu’il avait des problèmes avec Yayi, tout le monde l’avait lâché. Il n’avait plus d’amis. Il n’avait plus de parent. Personne ne se réclamait de lui lorsqu’il était pourchassé par Boni Yayi. Lorsqu’il était en exil, il n’a trouvé personne. Que le premier béninois qui a, en ce moment, apporté son soutien à Talon lève le doigt. Il n’y en a pas. C’était nous, c’était Candide Azannaï, c’était le parti Restaurer l’espoir. Il n’y avait personne. On a animé des conférences de presse à Bénin Marina Hôtel un certain nombre de fois. Vous étiez là, vous devez vous en souvenir, puisque vous êtes des journalistes. Lorsqu’il était seul, il n’avait vu personne. On ne lâche pas un ami lorsqu’il est fort. Lorsqu’un ami est fort et qu’on décide de rebrousser chemin, c’est qu’on a décidé de prendre ses responsabilités. Ce n’est pas un abandon, c’est une responsabilité. Dire que c’est un abandon donne une connotation négative. Lorsqu’une personne est souffrante et qu’on l’abandonne, c’est normal qu’on dise qu’on l’a lâchée. Mais ce n’est pas ce qui s’est passé. La personne était au summum de son pouvoir, de sa puissance lorsque nous avons dit que ce qui se fait ne cadre pas avec les valeurs et les principes sur lesquels nous fonctionnons, et surtout au niveau de notre parti Restaurer l’espoir. Donc sur cette base, nous devons comprendre qu’un certain nombre de choses devaient arriver.

Quelles sont ces propositions ?
Nous avions dit par exemple que lorsque vous voulez déguerpir des populations dans une ville comme Cotonou, il faut prendre un arrondissement pilote. Sur les 13 arrondissements, prenez par exemple le 9ème. Vous voyez comment je le dis sans tituber, c’est parce que c’est ce qui a été conçu. Prenez par exemple le 9ème arrondissement, déguerpissez les gens à ce niveau. Ensuite faites ce que vous voulez faire à Cotonou, dans cet arrondissement. Quand cela sera fait, ce sera plus facile pour les populations. Faites ce que vous voulez faire aussi bien dans le sens du dédommagement, dans le sens de la reconstruction que dans le sens des projets. Vous bousillez 13 arrondissements et après trois ans pratiquement, tout soit el l’état. C’était donc cela notre proposition sur le déguerpissement.

En dehors du déguerpissement ?
En dehors du déguerpissement, il y avait une question majeure, celle de la révision de la Constitution. Le président Azannaï a démissionné le 27 mars 2017 et la tentative de révision a eu lieu le 04 avril 2017. Les résultats n’ont pas démenti. Donc, c’est pour mettre l’accent sur le fait que nous ne sommes pas en train de jouer.

Sur la révision, quels sont les points sur lesquels vous ne vous êtes pas entendus ?
Sur la révision, il y a beaucoup de points sur lesquels on ne s’est pas entendus. Je suis d’accord que nous avions fait campagne sur la révision. Mais sur les termes de la révision, nous n’avons pas été consultés. Je le répète, sur les termes de la révision, nous n’avons pas été consultés. Ce n’est pas parce qu’on a fait campagne sur la révision que lorsque le produit arrive, il faut y aller sans consulter. C’est le moment de prendre nos exigences, mais on n’avait pas été consultés. L’autre chose, c’est la question des 10%. C’est une question que nous avions rejetée dès la base, en ce qui concerne les élections législatives. Parce que nous avions dit que nous ne sommes pas un Etat fédéral. Nous ne sommes qu’une République unitaire. Les 10% s’appliquent souvent dans des Etats fédéraux. Prenez par exemple le Nigéria, il y a le parlement fédéral et le parlement des Etats. Vous avez la possibilité d’être député dans l’Etat de Lagos, dans l’Etat de Jos ou dans l’Etat de Kano, et ne pas être député au niveau fédéral. Donc, à ces niveaux-là, on peut stratifier. Dans une République unitaire de 11 millions d’habitants, on ne peut pas demander que le suffrage qui compte soit le suffrage national. Je dis que c’est une incongruité. On ne peut pas, à des moments donnés, sur des questions aussi importantes qui concernent la République, faire du théâtre.

Est-ce que vous pensez que la lutte contre la corruption est du théâtre ? Ou bien c’est la lutte contre les opposants ?

La lutte contre la corruption, lorsque vous dites que c’est du théâtre, je pense que c’est peu dire. Je dirai même que ça prend l’allure d’un film d’Hollywood, parce que le théâtre, c’est encore bas par rapport à ce que nous vivons. Ce qui se passe dans la lutte contre la corruption, c’est d’abord que cette lutte est utilisée désormais comme une épée de Damoclès. Dans une démocratie, on doit pouvoir comprendre l’importance de la lutte contre la corruption. Lorsque vous comprenez l’importance d’une lutte, vous la menez mieux. Lorsque vous comprenez l’importance d’une lutte, vous la menez de manière raisonnable. Mais la lutte contre la corruption au Bénin, c’est une lutte qui est utilisée, comme je l’ai dit tout à l’heure, comme un objet de chantage. Parce que tous ceux qui sont, pour ne pas dire la quasi-totalité de ceux qui sont pourchassés, sont sous pression, sont issus de l’opposition parlementaire. Et, c’est le moment pour moi de leur rendre hommage. Je rends hommage au ministre Dossou Simplice Codjo, au ministre Agossou Djènontin Valentin, je rends hommage à Idrissou Bako, je rends hommage à tous les autres qui sont persécutés dans la minorité parlementaire. Donc, pour moi, cette lutte n’est pas en train d’être menée comme il se doit, parce qu’ils ne sont pas les seuls anciens ministres députés. Il y a des anciens ministres députés qui, au parlement, lorsque vous appelez leurs noms, vous faites allusion à des matériaux. Mais ces ministres sont aujourd’hui tranquilles, ces ministres n’ont aucune pression. Quand ça se passe comme ça, devant quels partenaires voulez-vous dire que vous faites des réformes pour qu’il n’y ait plus de corruption? La corruption, c’est à tous les niveaux et c’est pour cela que nous ne devons pas faire de la complaisance avec cette lutte. Cette lutte doit être véritablement équilibrée. Je ne suis pas fier et les propos que je prononce aujourd’hui, sont des propos qui doivent permettre aux uns et aux autres de savoir que nous sommes dans le sérieux. Nous voulons la lumière sur le scandale du bâtiment du siège de l’Assemblée Nationale ; nous voulons la lumière sur Maria-Gléta, nous voulons la lumière là-dessus sur le Fonds d’aide à la culture. Nous voulons la lumière sur pas mal de dossiers qui existent mais, parmi ceux qui avaient été des éléments clés dans l’exécution de ces projets, beaucoup ont aujourd’hui fait des salamalecs au régime. Et c’est ce que je dis. Pour moi, c’est un règlement de comptes. Comme le dirait l’autre, c’est simplement la chasse aux sorcières.

Vous avez appelé le nom de Djènontin, Bako et consorts mais il y a aussi Komi Koutché. Pensez-vous que c’est un choix judicieux de fuir ?
Ma thèse aurait une faiblesse si Komi Koutché avait fait allégeance au régime. Ou ma thèse aurait davantage de faiblesse si Fatoumata Amadou Djibril avait fait allégeance au régime. La seule personne qui a fait allégeance au régime et que, aujourd’hui les mouvanciers citent comme un cas qui pourrait expliquer ou justifier l’impartialité dans la lutte, c’est Dayori. Mais nous savons déjà qu’il y avait un désamour. Le deuxième cas qu’ils citent c’est celui d’Atao. Il me sera difficile de le comprendre, même si on le qualifie de fou. Il me sera difficile de juger de la pertinence de sa position. Mais, ce que nous vivons aujourd’hui, c’est que cette lutte n’est pas équilibrée, c’est une lutte qui n’est pas impartiale. Tant que ça se passera tel que nous le voyons aujourd’hui, nous continuerons de dire que c’est un règlement de comptes.

Mais vous n’avez pas répondu à la question parce qu’on vous a demandé si partir est la solution lorsqu’on a un contentieux avec la justice, puisque les Djènontin sont partis, mais vous non ?
Non, je ne suis pas parti, parce que je ne suis pas encore interpellé. Il n’y a pas de raison que les mis en cause ne puissent pas utiliser les armes qui sont à leur portée.

Oui mais la justice est là…
C’est une question dont vous connaissez la réponse. La justice dont vous parlez, c’est une justice aux ordres. Pour mettre la justice aux ordres, il a fallu décapiter d’abord le Conseil supérieur de la magistrature. Même les juges aussi, il y a une épée de Damoclès qui plane sur leurs têtes. Donc, tout le monde est mis sous pression et quand les gens sont sous pression de cette manière, c’est parce qu’en réalité, on voudrait faire des passages en force. Et moi, je dis que ce n’est pas un troc que le peuple a réclamé avant que Talon ne soit président. Le peuple n’a jamais dit : « Venez remplacer notre démocratie par le développement. » Le peuple a dit : « Nous sommes démocrates. Nous ne reprochons véritablement pas grand-chose à cette démocratie mais nous voulons être développés ». Ce n’est pas un troc. Ce n’est pas pour que quelqu’un vienne nous dire aujourd’hui : « MM les Béninois, Mmes les Béninoises, moi je vous propose un deal. Je vous reprends vos droits démocratiques et en retour, je vous donne le développement. » Ce n’est pas de cela qu’il s’agit. Il s’agit pour nous, d’aller au développement, tout en restant dans un système démocratique fort où toutes les institutions auront leur mot à dire, où toutes les institutions fonctionneront comme il se doit. Nous ne voudrons pas être dans un système démocratique où on dit : « Je vous conduis vers la terre promise, mais en retour, je prends tout ce que vous avez comme libertés. » Non, personne n’a demandé cela. Le peuple tient à sa démocratie. Si nous n’avons pas été conduits au développement, je ne crois pas personnellement qu’il y ait véritablement beaucoup à dire sur la qualité de notre démocratie. Je crois que la corruption y est pour beaucoup, la complaisance y est pour beaucoup, les copinages à la tête de l’Etat y sont pour beaucoup. Par contre, si nous voulons conduire ce pays au développement, nous devons pouvoir faire la part des choses.

Que reste-t-il de la tentative de réconciliation entre Yayi et Azannaï ?
Je vous remercie pour cette question. C’est vrai que je faisais partie de l’équipe qui, avec les Fcbe, a montré le niveau de médiation des médiateurs au peuple béninois. Je voudrais vous avouer aujourd’hui qu’entre ce moment et aujourd’hui, il y a eu l’intervention des loups. Beaucoup de loups se sont interposés. Mais, au niveau de Restaurer l’espoir, nous ferons tout pour que l’opposition ne puisse pas connaitre une défaite. Les loups qui interviennent pour que l’opposition ne puisse pas s’unir, nous les laisserons au besoin. La démarche avait été menée par des médiateurs de leur propre chef. Il y a eu un certain nombre de personnes qui ont fait la médiation afin que les deux personnalités puissent se rencontrer. Pendant un moment, il y a eu de la résistance entre les deux hommes mais, ils ont ensuite décidé d’aller de l’avant. Mais, après la déclaration d’Azalai, il y a eu l’intervention des loups mais elle n’empêchera pas le parti Restaurer l’espoir de continuer dans le sens qui est le nôtre.

Qui sont ces loups ?
Les prochains jours nous édifieront mais, à notre niveau, nous ne serons pas le maillon faible de l’opposition. La médiation est une initiative des médiateurs. Après la sortie d’Azalai, nous avons entendu plein de commentaires, comme quoi Azannaï et le parti Restaurer l’espoir rejoignent les Fcbe. C’était des commentaires biaisés. Au cours de cette sortie, j’avais insisté sur le fait que ce n’était pas un appel des Fcbe et de Restaurer l’espoir. C’est une rencontre entre les deux personnalités. Ceux qui ont fait la médiation avaient parlé d’une négociation et après, les cadres des deux partis allaient, après analyses, voir s’il y a possibilité d’un rapprochement politique des deux partis. C’est ce qui était dit dès le départ.

Les contacts ont-ils repris après la déclaration d’Azalai ?
Après Azalai, il y a eu une évolution des débats et l’intervention des loups. Je dis et je le répète, nous ne serons jamais le maillon faible de l’opposition. C’est vrai que le peuple est déçu de ce régime, mais le peuple n’est pas pour autant content de l’opposition. La seule opposition qui existe est l’opposition parlementaire. L’opposition actuelle à ce régime est une opposition désorganisée, inexistante, égoïste qui refuse le sacrifice. Les seuls qui sont aujourd’hui les vrais opposants, ce sont les députés de la minorité à qui je rends hommage. Je rends un vibrant hommage plus à ceux qui sont encore dans le pays qu’à ceux qui sont sortis. La politique ne peut pas être tout le temps un jeu de mesquinerie, de querelles de coépouses. Alors que le peuple réclame l’union de l’opposition, nous assistons à une opposition de calculs.

Comprenez-vous l’étonnement des populations quand vous avez annoncé la tentative de réconciliation des deux personnalités, alors qu’il y avait eu des attaques virulentes de Candide Azannaï contre Boni Yayi ?

Je suis un peu témoin de l’histoire. Nous n’avons pas été les premiers à dégainer. On a juste répliqué à une attaque.

Cette réplique est restée dans la mémoire des gens qui s’étonnent de la réconciliation des deux personnalités.
Nous avons annoncé l’évolution de la médiation par respect pour le peuple. Le niveau de ce moment assez compliqué était élevé, mais vous ne pouvez pas atteindre un tel niveau sans informer le peuple, et vouloir que les deux personnalités se donnent la main. Sur les réseaux sociaux, on a vu Guillaume Soro aller faire l’accolade à Simone Ehivet Gbagbo, à l’occasion du décès d’Aboudramane Sangaré. Vous avez lu les commentaires des gens qui ont parlé de « 3.000 morts pour ça ? ». Parce que le peuple qui s’engage à vos côtés a besoin, à des moments donnés que vous le respectiez, que vous lui donniez certaines explications. C’est compte tenu de toute cette bataille que nous avons jugé bon d’aller informer le peuple qui, en son temps, a pris des risques. Il ne serait pas respectable que demain le peuple voie Azannaï et Yayi se donner la main, sans explication. Il fallait qu’on informe le peuple parce que certains sont intervenus. Lorsque vous menez une telle démarche et que des loups s’interposent, on continue.

Les loups se sont interposés et cela a été rejeté ?
Non, mais nous continuerons de jouer notre partition.
Au niveau du parti Restaurer l’espoir, nous continuons de vaquer à nos activités quotidiennes. Retenez que nous ne serons pas la faiblesse de l’opposition. Désormais, en République du Bénin, personne ne va pouvoir prendre le pouvoir par procuration. Il y a des gens qui pensent qu’en politique, il ne faut pas parler, et qui évoluent par leur procuration. En politique, il faut parler, il faut prendre des risques, des engagements. Les paroles que je prononce aujourd’hui seront les mêmes qui seront tournées et dirigées contre moi demain. Je suis conséquent avec moi-même. C’est lorsque les gens prennent le pouvoir par procuration qu’ils se disent qu’ils n’ont aucun compte à rendre. Moi, j’ai des comptes à rendre, puisqu’aujourd’hui je combats l’arbitraire et la corruption. Mes propos seront tournés contre moi demain. Ceux qui sont sur les réseaux sociaux ont aussi leur opposition en face d’eux. Il faudrait que les gens sortent pour parler et prendre leurs responsabilités. Aujourd’hui, l’opposition n’existe pas. Il n’y a aucune opposition qui parle aujourd’hui en république du Bénin. Ce que je dis n’est pas de l’abstrait. C’est des choses réelles. A part les députés de la minorité parlementaire qui se battent pour que les lois scélérates ne soient pas votées, dites-moi quel opposant y a-t-il ?
Les gens restent à Paris pour donner des ordres à Cotonou. L’opposition ne doit pas être à Paris mais plutôt à Cotonou. Ils restent à Paris pour fragiliser les accords pris à Cotonou.

Quand vous dites que certains restent à Paris pour donner des ordres, vous pensez à qui?

Il y a certains députés qui ont quitté le pays. Je les encourage et je dis que nous ferons cette bataille pour que justice soit faite. Ce n’est pas d’eux que je parle, je leur rends hommage. Dans le même temps, je dis que nous ne sommes pas en train de nous amuser. Nous parlons des affaires du peuple. C’est tellement sérieux que personne ne doit se dire opposant sur les réseaux sociaux. Ils doivent mouiller le maillot. Il faut savoir reconnaitre l’odeur de la sueur. Beaucoup veulent le pouvoir, mais fuient les batailles de l’opposition. C’est quand l’opposition remportera de grandes victoires que justice sera rendue à ceux qu’on a poussés injustement à quitter le pays. Ce n’est pas le moment de faire les querelles de cocher, l’opposition doit s’unir et ceux de Paris doivent nous faciliter la tâche.

Un peu comme vous le faites

Je ne serais pas ici si je ne mouillais pas le maillot. Je suis venu vous parler, je fais des émissions. Le parti parle, prend des positions, s’exprime sur les affaires du pays. Le président Azannaï a récemment parlé et il parle. Quel que soit ce que le président Talon fait aujourd’hui, il nous sera très difficile de retrouver aujourd’hui une ancienne vidéo, un ancien audio, un ancien écrit dans lequel il (le président) faisait la promotion de la démocratie, avant d’être président. Nous avons fait des marches à Cotonou contre le régime Yayi à la place Lénine, à la place des Martyrs, sur la place de l’Etoile Rouge, etc. Nous connaissons l’odeur de la sueur, mais il y a des gens qui n’ont jamais sué et ne la connaitront jamais. Je suis dans la logique de ce que chacun doit pouvoir prendre ses engagements vis-à-vis du peuple. Quand vous prenez des engagements, vous savez que vous avez des limites et des contraintes. Mais quand vous ne prenez aucun engagement et que par des concours de circonstances, vous venez par des jeux de couloirs et des procurations, vous n’aurez aucun compte à rendre. Nous avons aujourd’hui un idéal. Le Rwanda qui n’est pas un exemple sur le plan démocratique, donne aujourd’hui des leçons sur le plan économique. Les jeunes doivent pouvoir prendre leurs responsabilités. Regardez la France aujourd’hui avec la grève des « Gilets jaunes», c’est l’échec des politiques. Lorsque la politique échoue, le peuple prend ses responsabilités. Mais dites-moi au Bénin, quelle opposition se bat pour que les valeurs démocratiques puissent exister ? Nous n’en avons vraiment pas. Nous avons beaucoup plus des opportunistes. Ce peuple est déçu du régime mais n’est pas non plus content de l’opposition. Car cette opposition est amorphe, égoïste, calculatrice. L’opposition doit pouvoir prendre ses responsabilités. A part l’opposition parlementaire qui fait ce qu’elle doit, qui prend des risques, qui refuse le vote des lois scélérates, l’opposition est inexistante, égoïste et refuse de prendre ses responsabilités et de faire des sacrifices.

Vos militants le disent ?
Les militants de Restaurer l’espoir font partie du Bénin. Et ce que je dis n’est pas forcément une question partisane, c’est avant et après tout une question nationale. Au moment où les gens parlent et on les chasse du pays, tout ce qu’il fallait faire était de dire que sans le retour de ceux-là, pas d’élections. C’est l’attitude normale que l’opposition devrait avoir. Ces personnes en question sont pourchassées et sans leur retour, pas d’élections. Donc, nous notre rôle devrait être que l’opposition se réveille pour dire que sans le retour d’un certain nombre de personnalités, pas d’élections en République du Bénin. Mais, les gens ne disent rien de cela. Ce qu’ils font, c’est de vous appeler pour des calculs de positionnement. Sinon comment comprendre que des collègues députés soient pourchassés et certains membres de leur parti prient pour qu’ils ne reviennent pas de sitôt, afin qu’eux puissent prendre leur place. C’est dommage, voire regrettable.

Restaurer l’espoir va-t-il se fondre avec les Fcbe ?
Je ne suis pas fondamentalement contre les grands rassemblements. Mais au moment opportun, je voudrais bien que nous puissions avoir un peu de retenue de part et d’autre. Je parle à tous les responsables des partis de l’opposition aujourd’hui. Il faut prendre de la hauteur et ne pas être gourmand et cupide. Il ne faut pas se présenter comme des vautours. Et nous n’avons pas fini de faire la bataille de 2019. L’opposition a le devoir de se mettre ensemble pour être forte. Mais il faut une opposition véritablement raisonnable. Je ne donnerai pas certains détails, mais je voudrais insister sur un fait et vous dire que l’opposition en République du Bénin aujourd’hui, doit savoir que le Bénin est un pays, une nation. Et tant que nous n’avons pas considéré notre pays comme une nation, nous ne serons pas vus comme une nation. L’opposition aujourd’hui en République du Bénin, ne se comporte pas comme une opposition en face d’un régime qui marche sur tout. Je disais que la situation en France aujourd’hui était l’échec des politiques. Parce que lorsque les uns décident de faire ce qu’ils sont en train de faire, c’est que quelque part, d’une façon indirecte, ils sont en train de dire que l’opposition n’a pas à cœur leurs préoccupations. C’est donc partout que ça se passe. Ici, par exemple quelle est la position de l’opposition sur la loi sur l’embauche par exemple ? Elle est restée silencieuse là-dessus, dans un pays où qu’il n’y a que des CDD et plus de CDI. L’opposition doit se prononcer et insister sur cela. Mais dommage. Si vous êtes employé dans une structure, et qu’à un moment donné, pour des raisons humaines et non professionnelles, le directeur n’est plus d’avis avec vous, il vous remercie, la loi dit que le plus lourd plafond qu’il donnera comme indemnité de dédommagement, c’est neuf mois de salaire. Si vous êtes malheureusement une belle dame, et que le directeur fait pression sur vous et que vous ne faites pas d’ouverture, à tout moment, il peut vous remercier. Je ne trouve pas l’opposition de mon pays conséquente envers elle-même. L’exemple du président Azannaï que vous prenez, vous devez savoir qu’il n’est pas un damné. Il ne doit pas tout le temps prendre la parole à la place des autres. Nous faisons le combat que nous pouvons. Et je dis, combien d’entre eux peuvent accepter de rester avec un régime et 11 mois seulement après, décider de prendre de cette façon leurs responsabilités ? Dites-le moi. Ils sont combien à pouvoir le faire ? A la limite, les plus courageux parmi eux le feront à deux mois seulement de la fin du mandat. Et nous pensons que la récompense ne sera pas seulement une récompense à titre posthume. C’est pour cela que moi, je me suis donné l’engagement de dénoncer cette manière des opposants de procéder par procuration. On reste ensuite dans un coin et on guette. Des opposants guetteurs…

A quand la constitution du bloc de l’opposition ? Est-ce qu’il faut s’attendre à une coalition des forces de l’opposition ?
La coalition n’est pas permise par les nouveaux textes. Ces derniers disent qu’il faut former un parti politique. Je voudrais insister sur le fait que nous, Restaurer l’espoir, nous ne ferons rien pour déstabiliser cette opposition. Nous mettrons tout en œuvre pour que l’opposition soit une force.

Pensez-vous vraiment à 2019 ?
Je vais vous dire quelque chose qui va vous surprendre. Moi, j’ai cette habitude, de ne pas être en phase avec les conséquences de mes luttes. Cela rentre dans le cadre de la sincérité de ma personne. Parce que je dis que ce que mon père m’a enseigné et ce que ma foi m’enseigne, c’est que si je suis honnête, je ne serai jamais confus. Je fais l’effort d’être honnête. Et j’exprime mon intégrité. Je n’approuve pas que tout le temps, on fasse de petits calculs. Quand on doit faire de petits calculs tout le temps, on ne donne pas de marge à Dieu. Je crois fondamentalement en Dieu et je ne suis pas un chrétien de façade. Donc je pense que quand on s’engage dans un processus, on ne fait pas trop de calculs. Je suis d’un parti qui décidera de mon positionnement ou non aux prochaines législatives. Je suis un disciple du parti. Le reste ne m’empêche pas de faire ce que je dois faire. Moi, j’ai pris l’engagement pour ma part d’être tout le temps honnête avec les jeunes et ceux de ma génération. C’est vrai que nous sommes des hommes faillibles, mais il faut faire l’effort d’être honnête.

Les réalisations salutaires de Talon depuis 2016
Depuis 2016, Talon a fait beaucoup de promesses. Si je dois dire ce qu’il a véritablement fait de bien, c’est d’abord d’avoir instauré la psychose. Et cette psychose a un rapport entre le bien et le mal. Cela empêche les gens de voler et de prendre des initiatives. Donc la psychose est positive comme négative. Mais je reconnais qu’on peut être positif grâce à la psychose. Dans un ministère, on voulait nommer à un poste de financier, mais tous les cadres fuyaient. Personne ne voulait occuper ce poste de financier, simplement parce qu’à tout moment, tu peux te retrouver à la prison civile de Cotonou. Cette psychose est déjà une bonne chose et un bon départ. Mon rôle n’est pas aussi de raconter ce qui est bon chez le gouvernement. Mon rôle est de rappeler au gouvernement les engagements qui ont été pris à un moment donné. Si mon rôle était de relever ce qui est bon, je serais mouvancier.

Les chantiers annoncés
En Juin 2017, le ministre Romuald Wadagni nous avait entretenu au Parlement dans une de nos sessions. Et il nous disait qu’en octobre 2017, le Bénin abritera de grands chantiers. Je me dis que c’est encore en route. Voilà. Moi, je dis que quand on a le pouvoir, on doit penser à dire : « Voilà ce que j’ai fait et non voilà ce que je ferai. » C’est l’opposition qui doit avoir ce langage. Mais quand tu as déjà le pouvoir, tu ne dois donc plus t’exprimer en termes de voilà ce que je ferai ou de ce que je suis en train de faire. En 2016, lorsqu’ils étaient arrivés, le budget était à 1400 milliards FCFA, en 2017, on est passé à 2010 milliards FCFA, en 2018, on est à 1800 milliards FCFA. Quand vous faites le point, ça fait 5200 milliards FCFA. Soyons conséquents avec nous-mêmes ! Dites-moi une seule action qui est entrée dans son effectivité depuis la mise en œuvre de ce PAG. Une seule œuvre palpable dont les populations sentent les effets ou les impacts.

On a les réformes dans la santé. Par exemple, la fermeture de beaucoup de cabinets illégaux, la lutte contre les faux médicaments etc.
La lutte contre les faux médicaments, évidemment, c’est un bon acte. Mais il va falloir auditer l’efficacité de cet acte dans l’acte lui-même

La fusion de la police et de la gendarmerie ?
Non ! La police et la gendarmerie désormais ensemble, c’est un des actes qui offrent la psychose. Ce n’est pas un acte dont nous pouvons juger aujourd’hui l’efficacité.

Que dites-vous du renforcement du plateau technique des hôpitaux avec la remise effective des matériels ?
Je voudrais insister sur le fait que pour ces actes-là, il faut attendre un peu. Quand on pose un acte, il y a ce qu’on appelle les effets et les impacts. Les effets sont dans l’immédiat et les impacts, très souvent, c’est à long terme. Donc attendons de voir un peu. Mais je continue de dire qu’il y a beaucoup à faire. Parce que lorsque le chef de l’État a dit qu’il y aura 4000 logements chaque année et qu’en 5 ans on aura 20.000 logements, montrez-moi les premiers 8000 logements. Moi je ne sais pas où c’est construit. Parce que nous, au Parlement, nous avons voté cette ratification. Donc tous les sous qu’ils souhaitent, ils les ont. Et nous serons bientôt à 3 ans.

Aujourd’hui, on peut dire que la question de coupure intempestive du courant électrique est réglée, parce que depuis une heure que vous êtes assis, on n’a pas encore coupé le courant.
Quand vous posez la question de cette manière, ça biaise un peu ma position. Parce que notre position de départ n’est pas de peindre le régime en noir. Notre position de départ, c’est de dire ce qu’ils promettent et qu’ils ne font pas. Notre position de départ, c’est de dire qu’ils ne sont plus crédibles parce qu’ils donnent des dates qu’ils ne respectent plus. Notre position de départ, c’est qu’ils sont des menaces sur un certain nombre de faits. Maintenant vous dites que depuis qu’on est assis ici, il n’y a pas encore eu de coupure, je ne voudrais pas entrer dans ces détails. C’est des faits concrets. C’est vrai. Mais l’autre question que je vais poser, c’est à quel prix ? Nous, nous n’avons pas encore fait d’enquête jusqu’à ce niveau. Donc ce n’est pas aussi simple qu’on le dit. Dans un pays sérieux, c’est vrai qu’il y a disponibilité de l’énergie électrique mais on irait plus loin en disant : « ça nous coûte combien ? Ça revient à combien au contribuable dans un pays sérieux ? » Donc nous voulons que ce pays soit sérieux. Moi j’aspire à ce que mes enfants et mes petits-enfants puissent vivre dans un pays qui a les mêmes normes qu’un pays développé. C’est ce pour quoi nous nous battons.

Quelles sont alors vos propositions pour améliorer le gouvernement actuel ?
D’abord, la première des choses que je dirai, c’est que ce n’est pas mon rôle. Mais au nom de la Nation, au nom de notre engagement, nous ferons des propositions. Et la première proposition est que le régime ne puisse pas être une menace sur les acquis démocratiques. Et cela dit, toutes les réformes qui ont remis en cause l’esprit de la Conférence des forces vives de février 1990, sont de mauvaises lois parce que c’est l’esprit de cette conférence qui a permis et qui permet d’ailleurs les alternances. C’est ce qui permet l’organisation des élections régulières. On ne peut pas, au nom d’une petite réforme, remettre en cause un soubassement fort. L’autre proposition que je donnerai, c’est que dans le domaine par exemple de l’emploi des jeunes, ce qui attire par exemple les investisseurs, ce n’est pas le fait de montrer qu’on peut martyriser son peuple par des lois abjectes ou par des lois qui ne tiennent pas la route. C’est de montrer qu’on a du potentiel chez nous. C’est de montrer que nos institutions sont des institutions fortes. C’est de montrer que notre peuple peut se mettre au travail. C’est de montrer que notre peuple peut respecter les normes. Ce n’est pas de montrer que je peux martyriser, que je peux lever le droit de grève, je peux chosifier les jeunes ou de montrer qu’on n’est pas dans un état de droit, et bien d’autres choses. Donc sur ces questions, on a des propositions et on les fait souvent mais mon rôle principal, c’est un rôle de veille.

 

Carte d’identité

Un chrétien en politique

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Etre si naïf et faire la politique. Lorsqu’on écoute l’honorable député Guy Dossou Mitokpè, la seule question qui achève les réflexions est celle-ci : comment peut-on être si foncièrement et si profondément sincère et aller jouer dans la mare aux requins qu’est la politique ? A bientôt 40 ans, ce n’est pas la jeunesse qui définit ce député mais plutôt son engagement au service des autres, malgré les vices du monde politique. Il le reconnaît lui-même, lorsqu’il affirme : « J’ai parfois la force d’être honnête, un peu bavard parfois. Donc j’ai ce comportement. Je ne sais pas si c’est une qualité ou un défaut en moi. » Il ajoute plus loin : « C’est pour cela que je dis qu’il y a un peu de naïveté dans ma position, parce qu’elle n’est pas véritablement politique de haut niveau. La politique de haut niveau, ce n’est pas trop le mélange d’émotions et de raisons. C’est une ligne qu’on adopte et suivant laquelle on marche. Mais j’ai fait mes premiers pas vers la politique parce que je me suis dit qu’on peut changer les choses. » Secrétaire général du parti Restaurer l’espoir, le député ne manque pourtant pas de cran. Son passé militant depuis le lycée nous dit la profondeur de sa vision. Né à Bouaké en Côte-d’Ivoire, un certain 10 juin 1979, Guy Dossou Mitokpè fait partie des Béninois qui ont fait une bonne partie de leur scolarité à l’extérieur. Il vit en Côte-d’Ivoire avec son père photographe et sa mère ménagère, avec une fratrie de 10 garçons et 5 filles. De cette famille, il garde la rigueur du père et l’affection de la mère. Ces qualités lui ont été nécessaires pour jouer le rôle de secrétaire général adjoint de l’association Jeunesse entente des ressortissants de Logozohè à Bouaké, alors qu’il n’était qu’en classe de troisième. Il milite aussi au sein du mouvement estudiantin et scolaire de Côte-d’Ivoire aux heures chaudes de la Fesci (Fédération des étudiants et scolaires de Côte-d’Ivoire) et après contre la Fesci. Mais avec le Bac série D en 2001, il fallait revenir au pays. Inscrit à l’Université d’Abomey-Calavi, il n’hésite pas à se lancer dans le militantisme estudiantin. Il est vite remarqué par ses camarades qui l’élisent premier vice-président de la Fédération nationale des étudiants du Bénin (Fneb), puis président en 2005. Au cours de la campagne électorale pour la présidentielle de 2006, le jeune syndicaliste étudiant est identifié par Candide Azannaï qui l’appelle à ses côtés. Il entre donc en politique avec une certaine idée de ce qu’il entend y faire, car, dit-il « on peut changer les conditions des autres… » Il continue pourtant ses études et décroche sa maîtrise en Géographie puis un Master en Innovation et Entreprenariat obtenu à Sfax en Tunisie. Chrétien adventiste du septième jour, il définit son rôle en politique en considérant la part de Dieu qui s’y trouve. «Il y a Dieu dedans », répète-il. Mais il n’occulte nullement la haute main de son mentor Candide Azannaï, celui qui l’a coopté et dont il a été le suppléant aux législatives de 2015. « Il m’a détecté quand il n’y avait aucun regard sur moi», confie-t-il. Et d’ajouter : « Il m’a aussi aidé quand j’avais besoin d’aide, ce n’est pas forcément matériel, mais il me donnait beaucoup de conseils et il le fait encore aujourd’hui plus qu’hier. » Ceci ne va pas sans une certaine fermeté. En 2008, Candide est nommé ministre de l’Industrie dans le gouvernement de Boni Yayi. Il choisit le secrétaire général de son parti pour être son assistant, mais l’avertit fermement dans son bureau un jour. « SG, lui dit Candide Azannaï, je vous ai nommé assistant mais je vais vous dire quelque chose. Si vous trempez dans n’importe quoi vous aurez de problèmes. SG, je vous parle comme je parlerai à un fils. Si vous vous mêlez de quelque chose qui n’est pas propre, je ne vous défendrai pas ». Face aux adversités et aux pressions corruptives qui ne manquent pas lors des échéances cruciales à l’Assemblée nationale, ces paroles ainsi que les constantes invitations de son père à la vertu, le suivent partout. « Je voudrais dire aux jeunes que les miracles existent, mais qu’il n’y a que les valeurs et le travail qui changent le monde… Les valeurs sont pour moi à la base de tout », dit le député.

Intimité

Passionné de bodybuilding

L’honorable député Guy Dossou Mitokpè est un chrétien adventiste du 7ème jour fervent et pratiquant. Marié et père de trois enfants, il tente d’inculquer à ceux-ci les valeurs chrétiennes qui l’habitent. A table, il ne prend ni alcool, ni viande de porc. Par contre, il affectionne le poisson et adore le riz et l’attiéké. En termes de boisson, il préfère les jus de fruits et beaucoup d’eau. Et pour maintenir sa forme, il aime le foot et surtout la gym. Il s’adonne beaucoup au bodybuilding, ce qui lui conserve des allures de sportif. « C’est un peu ma drogue», dit-il.

 

 

 

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