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Dr Eric ADJA, Président de l’Agence Francophone de l’Intelligence Artificielle (AFRIA), SOUS L’ARBRE A PALABRE: «Le Bénin a les atouts pour devenir leader de l’intelligence artificielle en Afrique»

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Directeur de l’Agence francophone de l’intelligence artificielle (Afria) depuis 2019, Dr. Eric Adja est l’invité de la rubrique Sous l’arbre à palabre du quotidien L’Evénement Précis. A cette tribune très prisée, le Directeur de l’Afria a exposé aux journalistes les grands enjeux de l’intelligence artificielle, fait le point des actions menées par l’Afria pour accompagner les jeunes dans la recherche de solutions. Dr. Eric Adja a par ailleurs dévoilé ses propositions pour maintenir la dynamique engagée depuis 2016 pour le développement du numérique au Bénin, les défis à relever pour une meilleure politique du numérique au Bénin et les perspectives de l’Afria.

Et si on en parlait

En 2019, vous avez été nommé à la tête de l’Agence francophone de l’intelligence artificielle. Qu’est-ce que l’Afria ?
L’Agence francophone de l’intelligence artificielle est une Fondation internationale basée à Genève, en Suisse, avec des bureaux en France, au Bénin et prochainement à Montréal (Québec), Libreville (Gabon), Abidjan (Côte d’Ivoire) et Hanoi (Vietnam). Le but de l’Afria est de promouvoir l’Intelligence artificielle au service du développement durable. L’Intelligence artificielle c’est de l’informatique avancée. On pense souvent aux robots qui prennent la place des humains et qui deviennent menaçants, comme on le voit dans certains films. En réalité, quand on parle d’intelligence artificielle, on parle du traitement des données grâce à des algorithmes ; il s’agit tout simplement de programmes informatiques avancés, permettant aux ordinateurs d’aider les humaines à traiter de grandes masses de données et à prendre des décisions sur cette base. C’est un type d’informatique poussée à un niveau tel, que les ordinateurs sont considérés comme « intelligents ». Ils arrivent donc à décoder un certain nombre de réalités avec un minimum d’intervention de l’humain. C’est de l’informatique avancée pour le traitement de grandes données pour faciliter un certain nombre d’interventions dans tous les domaines. Vous pouvez, grâce à l’intelligence artificielle, programmer l’arrosage de votre jardin ou de votre ferme. Ainsi, les programmes sont conçus pour que la machine puisse vous remplacer pour accomplir des tâches que vous n’avez pas le temps de faire. L’Afria a pour mission de voir ce qui se passe dans le monde avec l’intelligence artificielle et d’essayer de le proposer aux pays francophones, notamment africains. L’Afria s’informe de ce qui se passe dans le domaine, forme les jeunes et informe les pouvoirs publics afin d’adopter une politique de l’intelligence artificielle, au service du développement économique et social des populations locales.

Quels sont aujourd’hui les grands enjeux liés à l’Intelligence artificielle ?
Il y a trois enjeux : la sécurité, la vie privée et le développement durable. Au niveau de la sécurité, nous remarquons qu’aujourd’hui, il y a déficit de sécurité en ligne. Nous observons de nombreux cas de fraudes au niveau des banques surtout dans les transactions en ligne. L’intelligence artificielle peut aider les pays à sécuriser les banques pour compliquer la tâche aux cyber-délinquants. Mais, cet enjeu entraine celui de la confidentialité. L’intelligence artificielle fonctionne avec de grosses masses de données qui détiennent des informations sur chaque individu. Dans ce cas, on se demande comment protéger la vie privée des personnes. Pour exemple, la Chine a développé un système où, avant de rentrer dans certains établissements publics ou privés, c’est l’ordinateur qui capte votre image et fait une reconnaissance faciale. Ce qui fait que l’accès à cet établissement peut vous être interdit, si nécessaire, notamment pour des raisons de sécurité. Ce qui est grave est que ces données peuvent être utilisées pour contrôler vos déplacements. On a déjà votre visage dans le répertoire et on peut suivre vos déplacements dans des pays comme la Chine où le respect de la vie privée est considéré avec d’autres systèmes de valeurs.
Le respect de la vie privée et de la confidentialité est l’un des enjeux de l’Afria. Il y a principalement trois modèles de pensée autour de l’IA. Les modèles chinois et américains d’une part et le modèle européen de l’autre. Pour les Américains et les Chinois, il n’y a pas de frontière étanche entre la vie privée et les enjeux de sécurité nationale ; nous l’avons remarqué au cours de cette période de la Covid. Les données des malades du Covid sont enregistrées, ce qui fait que dans un quartier, on sait si tel ou tel est atteint du Covid. Comme inconvénient, on peut rapidement vous cibler et vous exclure de la société. L’école américaine essaie de respecter la confidentialité ; la voie européenne, plutôt humaniste dit qu’il est important de respecter la vie privée des citoyens. Ce que défend aussi l’Afria. Le troisième enjeu concerne le développement durable. C’est de faire en sorte qu’il ne s’agisse pas que de technologie, mais comment mettre l’IA au profit de la population et c’est tout le rôle de l’IA. C’est de voir ce qui se fait et ce qui peut être utilisé pour les populations. C’est-à-dire, par exemple, comment rendre plus fertiles nos sols, assurer la bonne gestion des déchets, la reconnaissance vocale ou aussi la création d’applications utiles à l’agriculture. Dans le domaine de la santé par exemple, on peut utiliser l’IA pour la distribution des vaccins et pour beaucoup de choses encore. Le rôle de l’Afria, c’est de travailler sur les enjeux et de pouvoir les mettre au profit du développement des peuples.

Parlez-nous un peu des actions menées par l’Afria pour accompagner les jeunes dans la recherche de solutions
Depuis 2019, nous avons organisé trois types d’activités. Le premier type d’activité qui concerne notre axe prioritaire, c’est la formation. Le deuxième type d’activité, c’est l’accompagnement, nous allons en parler et le troisième type, c’est la communication et la diffusion d’activités que nous menons ici. En termes de formation, nous avons organisé une série de webinaires et de séminaires pour former les personnes, surtout les jeunes. C’était le cas par exemple en septembre 2020 avec la Fondation Adrien Houngbédji pour le numérique, avec laquelle nous avons formé plus de 500 jeunes dans cinq villes du Bénin (Abomey-Calavi, Porto-Novo, Abomey, Lokossa, Parakou) sur ce que c’est que l’IA et sur le principal langage de programmation (appelé Python). Il s’agissait d’une tournée de sensibilisation et de formation, pour pouvoir former les jeunes dans le domaine. En termes de renforcement des capacités, le Bénin a été choisi comme pays pilote et c’est pourquoi en lien avec GSMA (association internationale des opérateurs de télécoms), nous avons accompagnons le ministère de la santé sur les données mobiles massives (mobile big data), pour aider à l’établissement de tableaux de bord pour la lutte contre le Covid 19. C’est une action pratique qui en fait est classée dans l’accompagnement des gouvernants et nous avons commencé avec le gouvernement du Bénin, notamment en partenariat avec les ministères de la santé, de la communication et du numérique. L’enjeu est de conseiller efficacement les pouvoirs publics.
Le troisième aspect, c’est la sensibilisation. Beaucoup ne savent pas ce que c’est que l’intelligence artificielle, ses enjeux. Donc, nous organisons des webinaires, justement pour leur apprendre les notions de base. Le dernier en date a été consacré à comment promouvoir l’emploi dans les secteurs du numérique, notamment le lancement d’une plateforme de recrutement (afria.incognitorh.com), en partenariat avec une entreprise polonaise dénommée Incognito HR.

Au regard de ces activités, dites-nous si votre rôle consiste uniquement à faire la promotion de l’Intelligence Artificielle ?
Notre rôle est de faire la promotion de l’IA comme outil de développement. Comme je l’ai expliqué, nous essayons de voir comment l’IA peut être un facteur de développement, en mettant en valeur les potentialités de l’IA et les mesures pour en réduire les risques. Parce qu’il y a des risques, il faut être objectif ; mais on ne peut pas considérer uniquement les risques et laisser de côté les avantages pour nos pays. Donc il est question de sensibiliser, de former et d’accompagner les gouvernements à se doter de politiques nationales en matière d’IA. Donc, nous pensons que le Bénin peut beaucoup gagner en étant l’un des premiers pays de la sous-région et en Afrique à se doter d’une politique nationale en matière d’intelligence artificielle pour accompagner les efforts qui se font actuellement dans le domaine du numérique. Le Bénin dispose des atouts pour être un leader dans ce domaine, ainsi qu’en matière de cybersécurité, d’internet des objets, etc. Ces atouts peuvent permettre au Bénin d’aller plus loin et pourquoi pas se lancer dans la conquête de l’espace, à l’image d’autres pays comme le Ghana, l’Algérie ou récemment la Tunisie ?

Quelles sont selon vous, les perspectives de l’Afria ?
Trois perspectives principales. La première, est de renforcer ce qui a déjà commencé, c’est-à-dire le renforcement des capacités, la formation, la sensibilisation, la mobilisation des décideurs. Deuxième perspective, nous l’avons déjà commencée, c’est d’accompagner les gouvernements africains en particulier et francophones en général à se doter de politiques nationales en matière d’intelligence artificielle. Notre troisième perspective est de penser à comment l’IA peut participer à la création d’entreprises et d’emplois.
Ainsi, nous envisageons d’installer prochainement au Bénin un incubateur d’entreprises dans le domaine de l’IA en particulier et dans le domaine du numérique en général. Comment accompagner les jeunes qui créent les entreprises ? Dans ce domaine comment trouver des prestataires au niveau international parce que vous pouvez rester au Bénin et avec votre intelligence, et vos capacités, rendre service à des entreprises américaines, françaises, canadiennes et créer de la richesse depuis votre pays sans forcément émigrer. Notre philosophie, c’est d’équiper les jeunes dans ce domaine, qui créent des services et qui deviendront des prestataires à des entreprises à l’international. Voilà en fait quelque chose qui va aider à créer de l’emploi, des entreprises pour des jeunes béninois. Il faut cependant reconnaitre que les jeunes béninois ont d’excellentes capacités en informatique, pour capter rapidement les opportunités et se développer. On doit donc exploiter cette matière grise propice à l’informatique pour que le Bénin ait davantage d’ingénieurs. C’est un peu ce que l’Inde a fait.
Voyez un pays comme l’Inde; ils se sont donné une période de 5 à 10 ans pour former beaucoup de jeunes ingénieurs, afin de les envoyer dans le monde. Ils ont lancé le pari et ils ont formé beaucoup de jeunes Indiens dans tous les domaines de l’informatique. Pendant que la jeunesse africaine essaie de trouver des solutions pour émigrer vaille que vaille, au prix parfois de leur vie, certaines entreprises des pays développés négocient avec le gouvernement indien pour que chaque année, il y ait un contingent de jeunes qui puissent venir dans leur pays. C’est dire que là, ils sont demandeurs. C’est une politique d’immigration intéressante où ce n’est pas l’Inde qui expose ses jeunes aux aléas d’une immigration irrégulière et dangereuse ; mais au contraire, ce sont les acteurs économiques des pays occidentaux qui demandent à recevoir les jeunes dans tel ou tel domaine ; il ne s’agit pas ici de fuite de cerveaux, mais d’une politique d’immigration concertée et innovante, qui consisterait à former les jeunes dans les domaines où les autres sont demandeurs. Ainsi, les pays d’accueil feraient ce qu’il faut pour mettre nos jeunes dans de meilleures conditions et ces jeunes pourraient aller et revenir comme ils le souhaitent, selon une formule de migration dite circulaire.

Quelle appréciation faites-vous de tout ce qui se met en place pour le développement du numérique au Bénin et quelles sont les actions que vous pouvez apporter pour maintenir la dynamique ?
Depuis 2016, effectivement, nous constatons que le gouvernement fait beaucoup d’efforts dans le domaine du numérique. Des efforts innovants dans un contexte de réformes mises en place. Je voudrais rappeler qu’il y a déjà quelques années que nous accompagnons les efforts du Bénin dans sa transformation numérique. Ainsi, j’étais Directeur du numérique au sein de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), lorsqu’en 2016, nous avons accompagné l’Assemblée nationale du Bénin dans la rédaction et le vote du code du numérique, notamment à travers un séminaire que nous avions organisé pour sensibiliser et informer les députés sur les enjeux juridiques et législatifs de l’économie numérique. C’est ainsi une fierté que le Bénin soit devenu ainsi l’un des premiers pays au niveau de la sous-région à se doter d’un code du numérique. Il faut le souligner, c’est le résultat des réformes.
Par ailleurs, beaucoup d’efforts ont été faits en matière d’infrastructure haut débit, de fibre optique, d’administration électronique, de numérisation de l’administration. La délivrance d’actes en ligne et autres sont autant de réussites. Mais comme on le dit, tant qu’il y a à faire, c’est que rien n’est fait et il y aura toujours à faire. L’un des domaines où nous souhaitons encourager le gouvernement c’est de faire en sorte que le numérique soit créateur d’emplois, parce qu’une chose est de mettre en place les réformes pour faciliter l’émission d’actes d’Etat civil et d’éléments électroniques, mais il faut faire en sorte que le numérique favorise l’égalité des chances d’emploi et de réussite au sein de la population. Nous plaidons donc pour le volet social, pour que les jeunes et les étudiants aient un peu plus d’opportunités à travers le numérique. Et l’AFRIA, à travers nos discussions avec le gouvernement, contribuera à ce volet de transformation numérique, mais aussi de transformation. Par ailleurs, le volet social concerne la transformation numérique, mais aussi la plupart des secteurs qui doivent être pris en compte dans la gouvernance actuelle du Bénin.

Est-ce qu’on peut ainsi dire que notre pays dispose de moyens nécessaires pour une démocratisation de l’Intelligence artificielle ?
Sur la base des fondements que nous venons d’évoquer précédemment, nous pensons que le Bénin peut construire le numérique comme une maison et en élever progressivement les murs. Le Bénin dispose des atouts nécessaires pour développer une stratégie efficace d’intelligence artificielle. La preuve, nous avons appris que le ministère du numérique est en train de s’organiser pour commencer les études en vue de l’adoption d’une politique nationale en la matière. L’AFRIA est disposée à accompagner le ministère et le gouvernement béninois dans l’adoption de cette politique nationale de l’Intelligence Artificielle.

Le Bénin envisage de créer une école numérique et même de la fibre optique. Vous pensez que l’AFRIA peut fortement aider le gouvernement dans ce cadre?
Nous félicitons d’abord le gouvernement pour cette initiative parce que la formation demeure la base. Et l’AFRIA a effectivement travaillé avec des partenaires qui ont des projets dans ce domaine. Nous avons actuellement un projet dans ce domaine dont nous avons discuté avec l’Agence de Développement du Numérique (ADN). C’est un projet de formation en entrepreneuriat numérique pour créer une école afin de former 300 jeunes par an. Surtout une école qui ne demande pas grand-chose à ses apprenants et qui vous permet d’être formé à partir du niveau où vous êtes. Nous vous mettons à niveau pour que vous puissiez effectivement rejoindre cette école de l’entrepreneuriat numérique, qui pourrait être un excellent complément de ce que fait le gouvernement dans ses projets afin que le Benin soit un pays pilote de l’AFRIA. Nous travaillons avec le ministère, nous travaillons également avec la Fondation Adrien Houngbédji pour le numérique et ce qui reste à faire c’est de signer des conventions de partenariat, pour que cette collaboration dynamique se matérialise de façon substantielle et juridique.

Et selon vous, quels sont les défis à relever pour une meilleure politique du numérique au Bénin?
Nous avons trois défis. Le premier défi est de faire en sorte que la politique numérique du Bénin ait comme base la jeunesse pour qu’il y ait de l’emploi et des opportunités, quelque chose auquel tous ont accès, sans distinction d’origines sociales et de genre. Il faut que le numérique contribue à l’égalité des chances pour que l’enfant dont les parents n’ont pas assez de ressources puisse accéder au numérique, aux opportunités et créer ses propres emplois et s’enrichir. Cela permet l’ascenseur social. Il faut que le Bénin gravisse les échelons économiques, technologiques et sociaux grâce au numérique et c’est ce que nous voulons contribuer à faire du Bénin.
Donc l’un des défis est de démocratiser le numérique en le rendant accessible aux personnes qui n’ont pas assez de ressources. Le deuxième défi est juridique. Dans ce sens, nous souhaitons que le numérique puisse permettre aux populations d’accéder à leurs droits. C’est-à-dire que le numérique permet aux femmes de se révéler et aux jeunes réussir. Grâce au numérique, il faut que chaque Béninois connaisse les lois de son pays, notamment à travers le code du numérique parce que beaucoup n’ont pas accès aux lois (droits et devoirs). Le troisième défi est celui de l’alphabétisation. Dans les villages, des femmes et des hommes sont encore analphabètes. Nous souhaitons que le numérique règle complètement ce problème d’alphabétisation. Nous pouvons utiliser le numérique pour éradiquer l’analphabétisme en moins de 5 ans dans ce pays, car cela se fait ailleurs et c’est cela la puissance du numérique. On ne peut pas être au XXIème siècle et parler d’Intelligence Artificielle alors que nous avons encore des villageois analphabètes, et que le numérique peut aider à résoudre ce problème.
Est-ce que l’Intelligence Artificielle peut se mettre au service de nos institutions chargées d’organiser l’élection au Bénin?
Il y a des exemples aux États-Unis où l’Intelligence Artificielle permet de faciliter certaines situations comme celui du vote à distance ou à domicile. Avec des logiciels, vous pouvez rester chez vous et exprimer votre suffrage de façon sécurisée sans forcément vous déplacer sur le lieu du vote. Ce sont des programmes en expérimentation, mais en le faisant il faut en même temps avoir les lois qui l’accompagnent pour que cela soit validé. Vous pouvez voter chez vous avec une application. Donc avec l’Intelligence Artificielle, les potentiels sont infinis.

A l’occasion des dernières élections professionnelles au niveau des syndicats, comme les élections consulaires, les élus consulaires ont fait un vote électronique où même les syndicats ont mené une forte résistance, mais finalement ce sont ceux qui s’opposaient à ce vote qui sont sortis vainqueurs. Pensez-vous que cette expérimentation peut être implémentée dans le domaine politique avec les élections communales ou présidentielles au Bénin ?
C’est possible. Nous devons d’abord féliciter la Chambre de Commerce et d’Industrie du Bénin (CCIB) qui a testé avec succès cette expérience de la digitalisation. C’est une étape vers la numérisation des élections au Bénin. Donc l’élection par les voies électroniques paraît inévitable et se généralisera progressivement dans le monde politique. Il suffit d’adapter la loi pour dire que le citoyen depuis chez lui avec son smartphone peut exprimer son suffrage et cela arrive dans les serveurs pour être comptabilisé comme un vote normal. Cela doit réduire les déplacements des populations surtout en période de crise sanitaire, la célérité dans le traitement des résultats et même la fraude.

Est-ce qu’un politicien au lieu d’être sur le terrain, peut, à travers les réseaux sociaux accroitre sa popularité en période électorale ?
En fait, il ne faut pas confondre le virtuel et le réel. Comme l’a dit l’autre, «la politique ne se fait pas en haut ». De la même façon, le développement, ne se fait pas uniquement sur WhatsApp. Le politicien doit être sur le terrain, poser des actes, impacter sa base ou ses populations pour plus de visibilité. Il y a le fait qu’on puisse exprimer ses opinions sur les réseaux sociaux, passer des informations, mais le vrai travail se fait sur le terrain avec l’électorat. A travers les groupes WhatsApp, certains se montrent très actifs ; mais il faut également convaincre le citoyen avec un projet de société. Il faut travailler sur le terrain pour que les populations soient convaincues. Il faut aussi remarquer que sur les réseaux sociaux, il y a des incitations à la violence. Le code du numérique est clair là-dessus et il faut éviter les propos injurieux, invitant à la violence, les propos racistes, le régionalisme, les propos séditieux etc. Juste pour dire que le numérique est un support, mais l’humain reste humain. Maintenant, il faut que l’humain utilise le support à bon escient pour que l’outil qu’est le numérique contribue au bien public plutôt qu’à la destruction.

Le Bénin investit dans le numérique et souhaite que cet outil accompagne son développement à une période où son économie est essentiellement basée sur l’agriculture encore à l’étape traditionnelle. Comment opérer ce changement ?
C’est une excellente question et pour vous répondre, je vous dirai que le Bénin n’a pas le choix. Avec le numérique, le monde est devenu un village planétaire. Le numérique intervient dans tous les domaines aujourd’hui même dans l’agriculture. Donc nous ne pouvons pas rester indéfiniment dans l’agriculture traditionnelle et ignorer ce qui se fait au niveau du monde, au risque de laisser nos enfants et petits-enfants démunis. C’est comme le développement industriel. Nous avons raté la révolution industrielle et aujourd’hui, nos populations sont considérées comme sous-développées parce qu’on n’a pas su créer la richesse au moment de la révolution industrielle. L’électricité est un fruit de la révolution industrielle, ainsi que l’eau potable, les appareils électroménagers, les voitures, etc. Donc, nous sommes des consommateurs parce qu’au XIXème siècle, nous n’avions pas pu prendre le pas. Ce sera pareil si nous ne prenons pas le pas maintenant avec la révolution numérique du XXIème siècle. Nous courrons le risque de rester d’éternels consommateurs, alors que nous ne sommes pas moins intelligents, mais moins bien organisés, moins entreprenants, moins méthodiques, etc.
Donc, c’est maintenant que nous devons prendre le pas et ce qui est intéressant, c’est qu’avec le numérique, pas beaucoup d’investissements nécessaires. Vous pouvez en ligne, suivre la même formation dans une université qu’une autre personne en France, aux Etats-Unis, au Canada, etc. Par exemple, il suffit d’aller sur internet, de cliquer sur Google et beaucoup d’informations et de formations apparaissent, en fonction de votre recherche et de vos centres d’intérêt. On peut avoir aujourd’hui des méthodes de formation pour lesquelles avant, il faudrait d’abord prendre un avion, aller s’inscrire dans une université à Harvard, faire neuf mois, un an, plusieurs années, alors que maintenant, depuis chez vous, avec une bonne connexion internet, vous pouvez sur internet chercher et trouver ce que vous voulez. Donc, nous n’avons pas le choix si nous voulons évoluer avec le monde.

Quels sont les moyens de l’AFRIA pour accompagner les jeunes aujourd’hui dans la formation sur le numérique ?
Les moyens existent. C’est d’informer, de sensibiliser les élèves et les étudiants de ce que l’information est à leur portée. Que tout est en ligne et que l’intelligence artificielle n’est plus un secret. Comme je le disais tantôt, la formation n’est plus seulement dans les quatre murs d’une salle ou d’un amphithéâtre. Aujourd’hui, c’est ce qu’on appelle la formation tout au long de la vie. En Anglais, on parle de « long life learning ». Vous pouvez être à Agbangnizoun, à Savè, Parakou etc., une fois que vous avez une connexion internet, vous pouvez vous former au même niveau que l’étudiant de l’université de Harvard parce que les universités maintenant mettent leurs cours en ligne et c’est à la portée de tous. On doit alors s’estimer heureux de vivre pendant cette période alors qu’avant, il fallait beaucoup de formalités, beaucoup d’argent alors qu’actuellement, pour la même formation, on peut l’avoir gratuitement. Vous allez constater que beaucoup de jeunes sont devenus des spécialistes dans certains domaines sans suivre une longue scolarité. Ils ont appris des choses complexes par internet.

Faut-il faire les mathématiques pour être intelligent en intelligence artificielle ?
C’est une excellente question. On n’a pas besoin de faire les mathématiques. C’est vrai qu’aujourd’hui il y a de moins en moins d’étudiants en mathématique. Mais, il y a un langage de programmation qu’on appelle Python. Ce langage n’a pas besoin d’un grand niveau en mathématique. Par contre, celui qui veut enseigner la programmation doit bien entendu avoir de bonnes notions en mathématiques. Celui qui veut juste utiliser n’a pas besoin de toutes ces formations parce que ça a été déjà préprogrammé. C’est comme la création de sites internet, qui demandait autrefois la maîtrise des langages et du codage HTML. Aujourd’hui, vous n’avez pas besoin d’être spécialiste avant de créer une page ou un site web. On parle de la société de l’information et de la connaissance. La connaissance n’est plus un problème de nos jours. Mais, nous devons nous organiser pour puiser ces connaissances. Grâce à internet, on peut mettre en place des centres technologiques pour créer des applications, des jeux… Même pour créer des usines, il y a des plans et stratégies en ligne. Il suffit d’avoir la volonté et un peu de ressource. Un étudiant en fin de formation en agronomie peut créer sa propre usine de transformation de tomate ou de noix de cajou tout en ayant les informations et plans sur internet. C’est comme ça que certains pays qui ont vite compris sont devenus meilleurs en technologie. Il faut avoir de la vision.

Vous êtes rentré au pays tout récemment. Qu’avez-vous remarqué à votre descente à l’aéroport et dans le pays ?
Le pays se développe. J’ai remarqué qu’il y a un vrai changement en matière d’infrastructure. Il serait honnête et équitable de féliciter le gouvernement pour l’effort qui est fait. Surtout dans les rues secondaires des quartiers réputés pour être des lieux d’inondation. Je veux citer par exemple, Agla, Akogbato etc. Il faut être objectif, il y a de façon visible du progrès, des résultats et aussi des défis à relever.

Vous êtes un Béninois de la diaspora. Mais ce n’est pas ce qu’on entend dire à Paris….
Nous les invitons à prendre l’avion pour venir constater et se faire leur propre opinion.

C’est de la politique que vous faites ou bien c’est la réalité ?
Le changement est visible. C’est vrai que, de mauvaise foi, certains vous diront que les routes et les pavés ne se mangent pas, mais il ne faut pas oublier qu’on a besoin de routes et de pavés pour rentrer chez soi en sécurité et en bonne santé.

Vous avez suivi de loin la gouvernance du Président Talon. Quelle appréciation faites-vous de ce quinquennat qui s’achève ?
Dans l’ensemble, comme je viens de le dire, les progrès sont appréciables. Il y a des réformes qui portent leurs fruits et d’autres pas encore. De façon objective, nous pouvons suggérer que ces réformes puissent contribuer à davantage de création de richesses et de répartition en faveur du panier de la ménagère. Je sais que c’est aussi une préoccupation du Président de la République et de son gouvernement. En effet, ce dernier a voulu d’abord assainir les recettes publiques et instaurer une gestion plus rigoureuse des finances publiques. Maintenant, le souhait des populations est que le résultat de ces réformes puisse être de plus en plus largement partagé par les Béninois, notamment les plus pauvres. Nous souhaitons que les prochains mois puissent donner l’occasion de la mise en œuvre d’une politique économique plus généreuse, pour que les Béninois sentent que les sacrifices consentis commencent à porter des fruits dans leur vécu quotidien et dans la satisfaction des besoins fondamentaux des familles.

Ça vibre fortement dans les réseaux que nous sommes dans un pays de dictature. Vous êtes venus faire le constat ?

Nous sommes en démocratie et c’est normal que les gens expriment leur point de vue. Ils expriment leur état d’âme. Aujourd’hui, il est clair qu’il y a une nouvelle façon de gouverner le pays, plus rigoureuse et plus cartésienne. Il y a une nouvelle façon de conduire les affaires de l’Etat à laquelle les gens n’étaient pas habitués. Et cette nouvelle gouvernance peut être diversement appréciée. Nous pensons que pour qu’un pays se développe, des réformes, des sacrifices et des efforts sont nécessaires, de la part des populations et des dirigeants. Les pays développés ont dû faire ces efforts pour se retrouver là où ils sont. Cependant, une fois que ces efforts ont été consentis, il serait juste et équitable qu’ils bénéficient au plus grand nombre.

Carte d’identité: Un militant et un professionnel

Décembre 1973. Eric Adja naît dans une petite localité de l’ouest de la Côte-d’Ivoire, de parents béninois émigrés là-bas. Il passe ainsi l’essentiel de son cursus scolaire en terre ivoirienne. CEP en 1985, BEPC en 1989, Bac C en 1992. De 1992 à 1996, il poursuit ses études au Département des sciences du langage et de la communication (DSLC) de l’Université d’Abomey-Calavi et soutient en 1997 son mémoire de maîtrise à cheval entre la Belgique et le Bénin, grâce à une bourse de l’Agence universitaire de la Francophonie. Mais avant, en avril 1996, pendant son année de licence, il est élu président de la Fédération nationale des étudiants du Bénin (Fneb), le principal syndicat universitaire d’alors. Après la maîtrise, et toujours grâce à la Francophonie, il est retenu en 1998 pour un Diplôme d’études approfondies (DEA) en Information scientifique et technique (IST) en co-diplomation entre Genève en Suisse et à Marne-la-Vallée en France. Recruté en 2001 comme directeur d’une Organisation internationale non gouvernementale dénommée Innovations et Réseaux pour le Développement à Genève, il y travaille tout en préparant sa thèse de Doctorat décrochée en novembre 2005 à l’université de Paris 7 Denis-Diderot en France. Elle portait sur une étude ethnolinguistique de la transmission des savoirs par la médiation des proverbes chez les Fon du Bénin. L’année suivante, en 2006, Docteur Eric Adja est appelé à travailler à la Fédération internationale de la Croix rouge à Genève et au Bureau de Cotonou. Quelques mois plus tard, en juillet 2007, l’ancien Chef de l’Etat lui fait appel au Palais de la Marina comme Assistant du Président de la République avec rang de Conseiller technique, président du Comité de suivi des recommandations du Forum national sur l’emploi des jeunes et point focal Diaspora à la Présidence de la République. Ces responsabilités l’ont amené à préparer à distance un Master en Gouvernance et développement international (GODI) obtenu en 2010 à l’Université Pierre Mendès-France de Grenoble. C’est en décembre 2011 qu’il a été nommé Directeur général par intérim de l’Observatoire international des transferts de fonds des migrants (OITFM), un organisme rattaché au Bureau mondial de coordination des pays les moins avancés (PMA) auprès des Nations unies à New-York. A partir de 2007, il donne des cours en tant qu’enseignant-chercheur à l’Université d’Abomey-Calavi et intervient également au CNRS (Paris). Nommé au poste de Directeur de la Francophonie numérique en novembre 2014 par Abdou DIOUF, il a travaillé pendant plusieurs années à mettre en œuvre la stratégie de la francophonie numérique adoptée par les Chefs d’Etat au sommet de Kinshasa, en 2012. Intitulée « Horizon 2020 : Agir pour la diversité dans la société de l’information », cette stratégie visait à rénover la vision francophone dans le domaine des technologies de l’information et de la communication, notamment à travers l’innovation de l’économie numérique, de la jeunesse et de l’entrepreneuriat. En mars 2017, il est nommé par l’ex-Secrétaire Générale de l’OIF, Michaëlle Jean, Directeur du Bureau Régional pour l’Afrique de l’Ouest à Lomé (BRAO). Le BRAO couvre 12 pays (Bénin, Burkina Faso, Cap Vert, Côte d’Ivoire, Ghana, Guinée, Guinée Bissau, Mali, Mauritanie, Niger, Sénégal et Togo.). En 2019, il prend la tête de l’Agence Francophone de l’Intelligence Artificielle (AFRIA). Mais ce riche parcours professionnel a été entrecoupé d’un engagement politique. Elu Conseiller communal de Toffo et Chef de l’Arrondissement de Sèhouè en 2008 sous la bannière des FCBE, il conserve un ancrage dans sa commune, malgré ses responsabilités internationales. « J’ai eu la grâce de rencontrer sur mon chemin des hommes et des femmes qui ont eu confiance en moi et qui m’ont aidé », déclare Eric Adja, reconnaissant, avant d’ajouter : « J’ai connu également de grandes difficultés et des échecs. Mais par la foi, la prière et le travail, je les ai surmontées. » Quand on lui demande les raisons de son engagement politique, il rappelle ses longues années de militantisme au sein d’associations de jeunes, dans le scoutisme, à la Croix Rouge et au sein de la FNEB. Et d’avancer : «Pour moi, s’engager en politique, c’est apprendre à aider davantage son prochain, parce que j’aime servir les autres.»

Intimité: Père attentionné au goût culinaire sobre

Marié et père de trois enfants, Docteur Eric Adja apprécie surtout chez son épouse sa forte conviction. « C‛est vrai qu‛il n’y a pas que cet aspect qui m‛a séduit, mais cela a compté pour moi », affirme-t-il tout sourire. Athlétique, il dit tenir sa forme de feu son père qui fut chef d’une exploitation forestière en Côte-d‛Ivoire. Ses goûts de table sont simples : igname pilée avec sauce d’arachide, accompagnée d’un bon jus d‛ananas frais et d’eau gazeuse. « Pour ce qui est de la bière, du vin ou du champagne, je me contente du service minimum », dit-il.

LA REDACTION

La Ministre de L’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique, Eléonore Yayi Chikani Ladékan « Sous L’Arbre à Palabre » à L’Evénement Précis : « Beaucoup de réformes courageuses et indispensables ont été faites »

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Eléonore Yayi Ladékan, Ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique

La Ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique, Eléonore Chikani Yayi Ladékan était Sous l’Arbre à Palabre ce 03 avril 2021. Les échanges ont permis de faire le bilan des avancées enregistrées dans ce sous-secteur au cours du quinquennat de Patrice Talon. Les questions liées aux conditions de vie des étudiants, aux élections rectorales et à l’adéquation de la formation avec les demandes des entreprises n’ont pas été occultées.

Et si on en parlait

Madame la Ministre, qu’est-ce qui peut nous permettre aujourd’hui de dire que l’enseignement supérieur et la recherche scientifique se portent mieux qu’il y a cinq ans ?
Nous sommes dans un secteur stratégique pour le chef de l’État, le secteur de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique. C’est un secteur qui forme les cadres de l’administration. Il occupe le pilier 2 et l’axe 5, le pilier 2 qui est la restructuration de l’économie à travers la formation des ressources humaines de qualité. Il faut aller méthodiquement pour voir ce qu’on a fait. Nous avons deux domaines : le domaine de l’enseignement, l’autre la recherche scientifique et les innovations. Dans l’enseignement, nous avons quatre programmes. Le premier est celui qui s’occupe du pilotage du secteur, le deuxième de l’enseignement, le troisième de la recherche et le quatrième le social (la vie de l’étudiant).
Beaucoup de choses ont été faites. C’est un secteur vaste au point où tout n’est pas visible.
La première réforme est celle de la restructuration de la carte universitaire publique faisant ainsi passer le nombre d’universités publiques de sept (7) à quatre (4). C’est la première réforme qui n’a pas du tout été facile. Chacun selon ses intérêts, selon sa région veut quand même une université dans sa région. Parce qu’effectivement, il faut le reconnaître, l’université est un pôle de développement. Lorsqu’une région reçoit une université, la région là peut se développer très rapidement. C’est normal qu’il y ait des réticences au niveau des régions dans lesquelles on devrait fermer ces universités. Ça n’a pas été facile avec les élus, les députés, les parents, les apprenants et même les enseignants. Nous avons désormais quatre universités : Deux universités pluridisciplinaires (Abomey-calavi au Sud et l’Université de Parakou au Nord) et deux universités thématiques (l’Université nationale des sciences et technologies industrielles et de mathématique à Abomey et l’Université nationale d’agriculture). Ainsi les recrutements sont faits au profit des universités pour mieux stabiliser le mouvement un peu coordonné des enseignants d’une université à une autre sans nécessairement épuiser les quotas horaires. Cela générait également des frais de missions assez colossales sur les ressources limitées des universités.
En dehors de ça, nous avons des produits qui sortent du système et qui aujourd’hui sont de plus en plus critiqués par les entreprises. Elles estiment que ces produits ne sont pas suffisamment qualifiés pour leurs besoins. Cela nous amène à faire des réformes pour arrimer le type de formation aux besoins des utilisateurs de nos apprenants.
Nous avons aujourd’hui et grâce à la vision éclairée du chef de l’Etat, un Conseil National de l’Education rénové, une structure transversale aux ministères en charge de l’éducation ; une instance qui a des missions d’orientation, d’organisation, de suivi évaluation et de décision. Ça également, a été une grande bataille. Nous sommes partis du constat qu’à chaque ordre d’enseignement, ses pratiques et en même temps ses conséquences qui ne restent pas nécessairement au niveau de cet ordre d’enseignement mais qui se répercutent sur d’autres. Il y avait un conseil de l’éducation bien avant. Ce conseil a fait ce qu’il pouvait dans le temps, mais était confronté à des difficultés de taille. Avec l’avènement de la Rupture, il y a eu une restructuration afin que ce conseil ait des missions précises et les moyens de pouvoir assurer correctement ses missions. Le CNE est installé et travaille correctement. À partir de ce moment-là, il n’est plus question de prendre des textes isolés. Aucun texte ne sera pris dans un ordre d’enseignement sans que cela ne reçoive la validation du CNE. Pareil pour le mouvement des personnes, c’est-à-dire les nominations de cadres. On peut aussi ajouter qu’au niveau de la gouvernance, le CNE aura un œil sur les responsabilités au niveau des entités, l’application des textes. Il y a tellement de réformes que je peux continuer à en citer.
L’autre réforme importante, c’est le mode de recrutement. En effet le mode de recrutement a connu une modification et s’est ouvert à tous les Béninois où qu’ils se trouvent. Une phase de présélection suivie d’un entretien devant un jury. Ainsi, 279 assistants recrutés dont 95 en 2016 et 184 pour le compte des années 2017 et 2018. Le processus enclenché en 2018 pour le compte de 2019 a été rattrapé par un certain nombre d’irrégularités qui expliquent la revisitation de tout le processus pour le débarrasser de toute subjectivité et opacité. Dès lors que le processus est transparent, les ressources seront aisément mobilisées avec un impact plus important.

Chaque année il y a des départs massifs à la retraite dans les universités publiques mais les recrutements d’enseignants se font rares depuis 2018. Ne craignez-vous pas une asphyxie de nos universités avec des formations bâclées ?
C’est vrai que les départs massifs à la retraite créent un problème de formation de relève de qualité et en même temps de projections mal faites en vue d’une bonne anticipation. Cependant les diligences ont été faites avec la décision de reclassement des enseignants promus au CAMES en 2019 et en 2020 afin de les maintenir un peu plus au poste en attendant la mise en place très prochainement de dispositifs structurant pour le recrutement d’assistants et la constitution d’une base de ressources humaines à consulter en cas de besoin pour éviter de telles déconvenues à l’avenir.

Et c’est ça qui amène à l’aspiranat?
L’aspiranat est destiné à identifier ceux qui aspirent réellement à cette fonction d’enseignant. C’est pour dire qu’il adresse ceux qui aiment réellement l’enseignement et qui ne veulent pas l’exercer de façon accidentelle. On ne devient pas enseignant du supérieur parce qu’on a son doctorat mais plutôt parce qu’on aime enseigner car c’est un sacerdoce et une grande responsabilité de former quelqu’un ! Préparer son cours, l’actualiser régulièrement en se documentant n’est pas chose facile surtout avec le développement des TIC et le faire pour le rendre intéressant pour les apprenants est une chose extraordinaire qui n’a pas de prix. On le fait parce qu’on aime la chose.

Quelles sont les autres réformes que vous avez menées ?

Aujourd’hui, grâce à une bonne gestion des perturbations créées par le COVID19 dans le déroulement du calendrier académique, nous avons mis en place la plateforme e-learning qui a été d’un grand recours durant la période critique. Inutile de vous rappeler que le Bénin est l’un des rares pays africains à avoir pu organiser les examens et finir l’année universitaire en beauté.
Je pourrai aussi vous ajouter que depuis que nous sommes là nous avons procédé:
au renforcement du dialogue social entre les différents acteurs et à la définition d’un cadre cohérent et équitable pour la gestion des affaires disciplinaires ;
à la mise en place des organes de contrôles et d’orientation tels que des conseils d’administrations (UNSTIM, UNA,) ; comité interministériel d’audits et des gestions des risques ;
à la revue du processus de recrutement des assistants et de promotion des enseignants admis au CAMES ;
à la construction et à l’équipement d’importantes infrastructures administratives et pédagogiques et laboratoires au profit des quatre universités publiques (8 amphis, 8 laboratoires, 7 blocs administratifs, et 03 écoles types) . Au total plus de 7 110 places assises déjà mises à dispositions dont 1650 à l’UAC, 1160 à l’UP, 3300 à l’UNA et 1000 à l’UNSTIM.
la connexion de 10 centres universitaires grâce au Réseau Béninois d’Enseignement et de Recherche RBER, avec l’appui du Ministère du numérique et de la digitalisation, et l’adhésion du Bénin au réseau WACREN qui permet d’être en liaison avec les grandes universités au plan mondial en rendant facile la consultation des bases de données, les bibliothèques numériques, etc.
la mise en route de trois centres d’excellence sur financement du Bénin et de la Banque Mondiale après une compétition internationale ;
la transformation digitale (dématérialisation et numérisation) de plusieurs services et procédures pour l’office du BAC, les examens et concours au niveau de la DEC , etc.
C’est dire que beaucoup de choses prouvent à suffisance que l’enseignement supérieur se porte mieux qu’en 2016.

Vous avez institué les examens nationaux de Licence et de Master pour les établissements privés d’enseignement supérieur. Pourquoi une telle option ?
Nous avons fait cette option parce qu’avant c’était la co-signature, et à un moment donné on a estimé qu’on prenait trop de risques. On ne peut pas continuer à cosigner ce qu’on ne maitrise pas. D’où l’idée d’organiser les examens nationaux pour pouvoir contrôler désormais la qualité des apprenants formés par les EPES. Et aujourd’hui ça marche. Après trois ans de mise en œuvre desdits examens, nous sommes passés à leur pérennisation, tout en continuant d’accompagner les établissements privés performants à aller à l’homologation de leurs diplômes.
Il faut aussi préciser que nous avons procédé à :
la prise des mesures institutionnelles pour la pérennisation desdits examens
l’actualisation de l’architecture des «Diplômes Nationaux» en conformité avec le LMD et pour la sécurisation ;
la poursuite du processus d’assainissement des établissements privés de l’enseignement supérieur (EPES) notamment
Signature de 19 agréments aux EPES ;
Signature de 9 502 attestations dont 8 635 pour la Licence et 867 pour le Master pour les années académiques 2016-2017 ; 2017-2018 ; 2018-2019 au profit des candidats admis pour les examens nationaux ;
15 EPES ont reçu un avis favorable pour l’agrément et pour lesquels l’enquête de moralité est en cours.

Le privé intervenait également pour accompagner le public. Depuis longtemps ces universités privées travaillent de façon isolée. C’est-à-dire que le ministère central n’a pas un œil assez critique dans ce qui se fait dans les privés. Mais il faut reconnaitre que certains établissements privés disposent de matériels et équipements plus importants que ceux des établissements publics, et par contre les enseignants proviennent en général des universités publiques : d’où la complémentarité de qualité qu’il faut rechercher entre le privé et le public. La recherche de qualité qui motive l’organisation de ces examens sera étendue aussi aux établissements publics.

Quelles sont aujourd’hui les grandes conclusions qu’on peut tirer de ces examens ?
Les examens ont été un succès parce qu’ils ont permis à beaucoup de Béninois d’avoir un diplôme reconnu. Avec ce diplôme, ils ont pu passer des tests et concours sans que rien ne leur soit reproché. Avant, les diplômes des EPES sont soumis à l’équivalence de diplômes, ce qui créait beaucoup de désagréments. Maintenant une fois que c’est un examen national reconnu par l’Etat central, vous n’avez plus besoin de recourir à une équivalence. Cette réforme a permis de déceler des établissements clandestins ou irréguliers qui délivrent des attestations qui ne seront jamais reconnues par l’Etat, alors que les parents n’en savent rien. Maintenant la publication des établissements agréés est faite pour éclairer les parents dans les choix des établissements à leurs enfants. Il faut reconnaitre le travail important et complémentaire que font ces privés aux côtés des établissements publics qui ont une capacité d’accueil assez limitée.
En termes de grandes conclusions, nous pouvons dire que les EPES ont compris l’enjeu de ces examens et accompagnent très bien le processus.

Avec la pandémie du Coronavirus, le E-Learning s’est accéléré. Comment a été conçu le projet ?
La pandémie n’a pas pu écarter le secteur de l’éducation. Le gouvernement a permis aux étudiants de terminer l’année et ceux qui ont fini très vite ont pu bénéficier des opportunités de bourses. Nous avons pu mettre en place ce dispositif grâce au leadership et à l’appui du chef de l’Etat son excellence le président Patrice TALON qui a instruit le Ministre du Numérique et de la digitalisation et moi aux fins de procéder dans un bref délai à la mise en place de cette plateforme pour permettre la poursuite des cours à distance pour les entités à gros effectifs afin d’éviter la propagation du virus. Nous avons réussi à installer ce dispositif qui nous a beaucoup aidé. Cependant les gouvernement grâce à l’appui de l’AUF se penche déjà sur la recherche des poches d’exclusion que cet outil pourrait induire dans sa mise en œuvre. Cela nous permettra de trouver des solutions durables aux difficultés d’accès des bénéficiaires.

Mais les étudiants ont organisé des grèves !
Ils ont effectivement fait des grèves sur un mois. La communication et le dialogue n’étaient pas difficiles à établir. Nous avons donné des instructions aux autorités universitaires et aux enseignants pour s’asseoir pour se comprendre. Ce n’était pas uniquement le E-learning qui était le problème. C’était un ensemble de malaises. Il s’agit également du retard dans la délivrance des actes administratifs, les frais de sorties pédagogiques…Ils n’étaient pas informés eux-mêmes. Avant, on n’avait pas autant d’étudiants. A l’UAC, on avoisine 80000. Quand on prend toutes les universités, c’est autour de 100.000. C’est normal que les grilles des tarifs pratiqués connaissent de modification mais cela ne devrait pas se faire à l’insu des bénéficiaires que sont les étudiants.

Néanmoins, sa mise en œuvre a été confrontée à beaucoup de difficultés, notamment l’indisponibilité de la connexion internet à haut débit. Comment y avez-vous remédié et quels sont les défis liés à ce service ?
Oui vous savez le début de toute chose est difficile. Il fallait tenir compte de ce que tous les apprenants ne disposent pas de moyens pour se connecter tout le temps. Tous n’ont pas d’ordinateurs ou de smartphone pour pouvoir suivre ses cours à distance. Bref ils n’étaient pas tous habitués à suivre les cours par visioconférence. Les enseignants non plus n’étaient pas tous suffisamment outillés pour faire les cours à distance. Nous avons compris très vite cela, et avec la collaboration des réseaux GMS, nous avons mis en place le zéro rating pour les apprenants pour leur permettre de se connecter à zéro franc. Le Ministère du Numérique et de la digitalisation à ouvert ses points numériques communautaires aux étudiants de certaines localités pour leur de se déplacer pour suivre les cours dans ces centres. Toujours pour faciliter les échanges, nous avons initié plusieurs formations à l’endroit des enseignants et des points focaux ceci pour leur permettre de mieux exploiter la plateforme.
Mais nous sommes conscients des difficultés actuelles des étudiants et des enseignants et c’est pourquoi la décision de revenir au cours en présentiel dans le respect des mesures barrières est prise par le gouvernement afin de s’assurer que les étudiants reçoivent la formation équitable. Cette mesure a été suivie d’un accompagnement du gouvernement à travers la décision du gouvernement de payer les heures supplémentaires dûment générées par la constitution de plusieurs groupes pédagogiques du fait du respect des mesures de distanciation dans les amphi.

Votre département a organisé récemment une réflexion sur le problème de l’inadéquation entre la formation et l’emploi. Quelles sont les pistes d’actions qui en sont issues ? Le système LMD qui professionnalise la formation impose que des professionnels eux-mêmes viennent animer ces formations. On les implique dans les curricula de formation.

Effectivement les 25 et 26 février 2021, nous avons organisé au Novotel Orisha de Cotonou, la table ronde de réflexion entre universités, entreprises et décideurs sur le thème : « Formation et employabilité au Bénin et dans la sous-région ». Le principal objectif de cette grande rencontre est d’évaluer l’efficacité externe des offres de formations universitaires béninoises et de la sous-région. Plus spécifiquement, il s’est agi de :
identifier les causes liées à l’inadéquation formation-emploi au Bénin et dans la sous-région ;
sensibiliser les acteurs des Universités sur les besoins et les priorités du secteur privé et des décideurs ;
inventorier les nouveaux métiers à l’ère du numérique et des grands projets prioritaires du gouvernement.
Pendant les deux jours, il a été clair pour tous les participants, qu’apporter des réponses aux questions de formation et d’employabilité serait une construction d’ensemble et qu’il est primordial et urgent que les trois catégories d’acteurs travaillent en synergie face aux nouveaux défis de développement. Pour cela, il va falloir définir des passerelles de collaboration très précises. Ainsi des séries de recommandations ont été adressées aux universités, aux acteurs du secteur privé et enfin aux décideurs.
Pour que les universités béninoises jouent pleinement leur rôle dans le nouveau paradigme et face aux nouveaux enjeux de développement, elles ont fortement besoin d’être accompagnées par les décideurs et les acteurs du secteur privé. Ces universités doivent, entre autres :
oser remettre en cause la mise en œuvre de certaines filières (faire une pause ou les améliorer) ;
donner la priorité aux formations techniques et professionnelles en qualité et en quantité ;
concevoir les curricula de formation en tenant compte des besoins de main d’œuvre de notre économie ;
être impliquées dans le système d’orientation des élèves au niveau du secondaire, tout au moins ;
promouvoir des formations à la carte et des formations en alternance ;
intégrer des valeurs dans le système éducatif pour la transformation de l’être en s’inspirant du modèle « Déprogrammation-Reprogrammation et connexion à l’intelligence et à l’innovation entrepreneuriale de l’UAC ;
mettre en place des offres qualifiantes de court terme sous forme de certificat ;
développer des incubateurs pour former les jeunes à l’auto-emploi ;
renforcer toutes les stratégies et dispositifs d’accompagnement des apprenants pour leur insertion professionnelle et en rechercher d’autres plus innovants ;
promouvoir des offres de formation pour les métiers du digital ;
promouvoir l’intelligence artificielle, big Data, E-Learning, etc. dans le monde qui utilisent des profils tels que les littéraires, les mathématiciens, juristes, sociologues, responsable du système d’information etc. ;
opérer un choix de financement innovant (les entreprises ont un grand rôle à jouer) ;
organiser une table ronde ou un séminaire entre universitaires et les autres acteurs pour le partage d’expériences afin de construire un modèle de formation plus performant, plus dynamique et surtout en phase avec les exigences des entreprises et les orientations de l’économie nationale ;
faire un plaidoyer auprès du gouvernement pour accompagner les universités à faire face à ce changement de paradigme (financement des laboratoires, du plateau technique, des infrastructures, etc.) ;
renforcer l’intégration des universités aux réseaux internationaux de la qualité ;
ouvrir les formations universitaires aux structures nationales et internationales qui œuvrent dans le domaine du développement technologique.

En ce qui concerne les acteurs du secteur privé, nous avons noté que la création d’emploi leur incombe beaucoup plus. Pour qu’une main d’œuvre qualifiée soit disponible pour une économie de création de richesse, les acteurs du secteur privé doivent :
mettre en place des dispositifs permettant de compléter la formation initiale des diplômés issus des universités (les entreprises sont tenues de faire cette formation complémentaire, afin que cette main d’œuvre soit adaptée à leur appareil productif) ;
promouvoir la formation continue pour les employés ;
créer et développer des emplois dans les domaines prioritaires;
promouvoir les métiers du digital ;
procéder à la restructuration du secteur privé pour répondre favorablement au changement de paradigme (numérique, digital, tourisme, BTP, Energie, agriculture, etc.) ;
développer les métiers de proximité pour les jeunes (utiliser par exemple les TIC pour promouvoir le tourisme et en faire un métier, etc.) ;
œuvrer pour la formation des employeurs afin de les doter des capacités de négociations avec les partenaires internationaux ;
développer le marché des industries culturelles et créatives qui utilisent également une diversité de compétences (psychologie, informatique, etc).

Les décideurs (Etats, structures publiques parapubliques, les collectivités locales, les partenaires techniques et financiers, etc.) ont un rôle privilégié à jouer aux côtés des universités et du secteur privé dans la lutte contre le chômage et le sous-emploi. En effet, pour un système adéquat de formation et d’employabilité, il faudrait transformer l’économie de redistribution en une économie de création de richesse.

Pour y arriver, les décideurs doivent :
créer un cadre de concertation regroupant tous les acteurs chaque année, par exemple avant la fête du 1er mai (A l’ occasion de ces rencontres, il sera question d’identifier des besoins des universités et des entreprises compte tenu du dynamisme de l’économie) ;
capitaliser toutes les stratégies de réussite au Bénin et dans la sous-région en termes d’employabilité des diplômés d’enseignement supérieur (approches par le développement local, centre d’affaire des jeunes, les chaines de valeur, les incubateurs, Leadership Talk Séries, etc.) ;
promouvoir l’investissement dans l’enseignement supérieur et spécifiquement dans la recherche & développement et les formations professionnelles et techniques ;
repenser le système d’orientation des élèves depuis le secondaire
capitaliser l’existant en termes de formations professionnelles et techniques dans les universités (SEME-CITY, Universités thématiques, les écoles, etc.) ;
créer un cadre institutionnel (Conseil d’Administration, observatoire National de l’emploi et de la formation, plateforme, etc.) de collaboration dont les modalités de création et de fonctionnement seront définies ;
promouvoir la transformation digitale ;
renforcer et améliorer (capitaliser) tous les dispositifs existants dans les universités;
mettre en œuvre un système d’information sur le marché du travail ;
mettre en place un plan Marshall pour l’enseignement supérieur ;
poursuivre et renforcer la mise en œuvre des politiques et programmes de développement du gouvernement pour régler les problèmes de main-d’œuvre qualifiée (financement des infrastructures de formation, de la formation des formateurs, etc.) face au changement de paradigme ;
mettre en place des stratégies ou des dispositifs pour la reconversion des stocks de diplômés, non encore utilisés par l’appareil productif de notre économie.

Les participants ont souhaité que le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique (MESRS), en collaboration avec les autres acteurs, élabore un plan d’actions et de suivi des recommandations de la table ronde.

Depuis votre nomination en septembre 2019, vous avez mis un accent particulier sur la valorisation des résultats de recherches. Quels sont donc les résultats et les perspectives de votre action à ce niveau ?
Effectivement nous avons dans le domaine de la recherche entrepris de nombreuses actions telles que :
l’élaboration des textes statutaires de création de l’Agence Béninoise pour la Recherche et l’Innovation ;
la finalisation du processus d’élaboration de la politique nationale de la Recherche Scientifique et de l’Innovation (en instance d’adoption en Conseil des Ministres) ;
la mise en place d’un comité d’experts dans le cadre de la gestion de la lutte contre la COVID -19 ;
la construction et l’équipement des laboratoires à l’UP et à l’UAC ;
la mise à disposition d’un centre de calcul de haute capacité à l’IMSP de Dangbo pour l’exécution rapide des opérations scientifiques complexes (avec l’appui de la Banque Mondiale) ;
l’installation d’une bibliothèque de référence en sciences mathématiques et Informatiques à l’IMSP de Dangbo pour combler le déficit lié à l’accès aux ouvrages modernes scientifiques (plus de 1000 livres et des abonnements en ligne de plus de 70.000 ouvrages) ;
l’amélioration de la capacité d’innovation des inventeurs par l’Agence béninoise de valorisation des recherches et de l’innovation.
le financement par le Fonds national pour la recherche scientifique et l’innovation des projets au profit des laboratoires de recherches pour un montant d’environ huit cent millions de francs CFA.

En 2020, certains enseignants béninois ont été privés de leurs diplômes à cause du non-paiement des frais d’inscription au CAMES qui s’élevaient à 1.400.000FCFA. Pourquoi le Bénin contrairement aux autres pays veut-il faire payer aux enseignants chercheurs les frais de leurs évaluations ?

Vous savez chaque Etat membre du CAMES paye les frais de solidarité en fonction des effectifs. Le Benin en le faisant affiche son soutien de taille à la promotion de ses cadres au CAMES. Pour le concours d’agrégation, depuis l’année 2019, les frais de séjour et de voyage sont également payés. Il ne reste que les frais d’inscription qui soient imputés au candidat individuellement depuis deux ans. Mais après échanges, on s’est rendu compte de quelques incompréhensions qui ont tendance à démotiver les enseignants. C’est pourquoi il a été pris une décision pour clarifier la position du gouvernement, à savoir que l’état prend en charge une fois le candidat pour chaque grade, en espérant qu’il réussira. Aucun gouvernement dans le souci de l’évolution de ces cadres, ne va jamais bloquer la promotion aux grades de ses cadres.

A quand le retour des élections rectorales dans les universités ?
Très prochainement, on aura une bonne connaissance des modalités d’organisation ou d’encadrement de ces évènements dans les universités. Les statuts des universités le préciseront.
Les activités académiques ayant été lancées vaillamment par les équipes rectorales actuelles dans le contexte assez contraignant de la COVID-19, la décision de leur maintien au poste pour cette l’année en cours s’en est suivie.

Quelles sont les actions sociales faites en faveur des étudiants ?
Toutes les réformes précitées, ont pour finalité de favoriser les conditions de travail des étudiants. Le transport pourrait connaitre un décollage avec le secteur privé que le gouvernement a voulu impliquer dans ce domaine. Il faut confier certaines prestations aux spécialistes pour avoir une meilleure efficacité en temps et en impact. Quant aux allocations, elles ont connu un succès puisque qu’elles sont payées par le Trésor public au même titre que les salaires. Cela prépare mieux les étudiants à l’auto-entreprenariat puisqu’ils disposent leurs comptes pour d’autres opérations bancaires. Dans le domaine de la santé, avec l’appui des partenaires : UNFPA, Croix rouge, etc, les étudiants sont mieux pris en charge. Parlant des résidences universitaires, il faut mettre les étudiants dans de bonnes conditions. Les échanges sont assez poussés avec les partenaires chinois, turques et arabes pour la constructions des nouvelles résidences universitaires respectueuses de normes telles que cela s’observe dans les pays anglophones.

Qu’en est-il des organisations estudiantines ? Elles sont dissoutes ou suspendues ?

Là également, ça n’a pas du tout été facile de choisir l’organisation qui est à même de parler au nom des étudiants. Nous avons deux organisations les plus représentatives, l’UNSEB et la FNEB. Et la troisième qui n’a pas pu réunir le taux, c’est l’UNEB. C’est une façon de renvoyer les organisations estudiantines à leurs responsabilités. Et là il y a quelques jours que nous leur avons remis des matériels sportifs et culturels pour le bon fonctionnement de leurs activités. C’est dire que lorsque le jeu est transparent et responsable on est tous gagnant. Chacun joue sa partion.

Madame le ministre, le président talon est-il populaire dans le monde universitaire ?
Il est inévitable que c’est l’un des Président qui aura marqué toute la communauté universitaire car incompris au départ, il devient résolument l’homme de toutes les attentions ; C’est un homme d’engagement, un réformateur. Il est adulé par les jeunes qui épousent son ambition pour eux à travers la qualité de la formation à leur donner pour une insertion de qualité. Puisqu’ils ont compris qu’il n’y a plus d’autres alternatives de développement que ce que nous avons. Il est ouvert à tout le monde. Personnellement, je n’ai pas eu de difficultés en milieu universitaire compte tenu de l’écoute que je leur fais et de ma détermination à rechercher les solutions aux problèmes. Et quand les acteurs voient que la ministre est accessible, ils font un peu plus confiance à tout le gouvernement, notamment à son Chef.

A quel chantier le prochain Chef d’Etat doit-il s’attaquer pour relever les défis du secteur ?

Les chantiers sont nombreux tout en reconnaissant que la plupart ont été déjà visités et lancés par le Gouvernent sous le leadership du Président de la République. Toutefois, nous pensons qu’il faudra :

La mise en place et la fonctionnalité des organes de gouvernance administrative, académique et financière ;
La poursuite de la mise en place des infrastructures administratives et pédagogiques et de recherche au profit des universités ;
L’achèvement des négociations pour la mobilisation des ressources nécessaires à la construction des résidences universitaires au profit des étudiants, et l’implication du privé dans les œuvres universitaires et sociales pour un impact plus grand.
Le repositionnement de la recherche scientifique et de l’innovation technologique à travers l’Agence béninoise pour la recherche et l’innovation ; et la validation de la politique nationale de la recherche scientifique et de l’innovation ; 
la mise en route des Instituts universitaires d’enseignements professionnels ( IUEP) dans le cadre du développement des filières de formations professionnelles de courte durée 
la poursuite de l’accompagnement des EPES pour un partenariat performant et durable ;
La poursuite de la digitalisation des opérations de service à la communauté et l’interconnexion des universités du Bénin ;

Que diriez-vous pour conclure cet entretien ?

Je ne peux que vous remercier parce que vous m’avez permis de passer un merveilleux moment. Ça fait longtemps que je n’ai eu le temps d’être écoutée comme ça, de répondre à toutes les questions qui viennent de partout. J’ai passé de bons moments et je dois dire que notre pays le Bénin est un merveilleux pays. Nous sommes très riches en matière de culture et de réflexions. Ce qu’il nous faut, c’est un peu plus d’acceptation des uns et des autres, que nous puissions nous faire un peu plus confiance. Faisons-nous confiance, pour renforcer le patrimoine commun, et en faire vraiment un pôle de développement. Au niveau du ministère de l’enseignement supérieur, je peux dire que c’est un très bon ministère qui mérite d’être bien accompagné. Je ne dis pas que les autres ministères sont moins bons, au point de susciter d’autres débats mais je veux simplement relever son caractère stratégique résidant dans sa mission de former des ressources humaines de qualité qui seront capables de trouver des solutions durables aux problèmes des populations. C’est ce que le Président Patrice Talon a bien compris en le positionnant à une place de choix dans son gouvernement et en nous appelant à de profondes réflexions pour nous sortir de nos pauvretés. Sa rigueur et sa fermeté face à la résolution d’un grand problème font de lui un grand homme. C’est un homme d’engagement, de défis et d’ouverture. C’est pour cela que j’appelle les uns et les autres à lui faire confiance.

Dr Marie AKPOTROSSOU, Déléguée nationale chargée des Structures Décentralisées de l’UDBN, SOUS L’ARBRE A PALABRE: «A l’UDBN, on a de bonnes raisons de renouveler notre confiance à Patrice TALON»

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La Déléguée nationale chargée des structures décentralisées du parti UDBN, Dr. Marie Akpotrossou

Mois de mars abondant pour les femmes Sous l’arbre à palabre à l’événement précis. A la suite de l’Honorable Chantal Ahyi, première femme politique invitée au titre de l’année 2021 dans la rubrique Sous l’arbre à palabre, une autre femme, représentante personnelle de la présidente du parti UDBN prend place le jeudi 11 mars 2021 au siège du journal dans la rubrique très prisée sous l’arbre à palabre.. Il s’agit de la Déléguée nationale chargée des structures décentralisées du parti UDBN, Dr. Marie Akpotrossou, Enseignante à l’Université de Parakou. A bâtons rompus, Dr. Marie Akpotrossou, représentante de la présidente Claudine Afiavi Prudencio a abordé avec les journalistes de la rédaction plusieurs sujets d’intérêt dont notamment les idéaux du parti, la gouvernance du Président Patrice Talon et la présidentielle d’avril 2021. Dr. Marie Akpotrossou, qui a saisi l’occasion pour faire des aveux à l’événement précis sur son engagement politique : « Grâce aux bonnes capacités managériales de Mme Claudine Afiavi PRUDENCIO, je suis à l’UDBN ». Satisfaite du bilan du président Patrice Tolon, l’invité de l’événement précis est convaincue que le prochain président du Bénin au soir du 11 avril, sera sans aucun doute le candidat du parti UDBN, Patrice Talon.

Et si on en parlait

L’Evénement Précis : Nous sommes dans le mois de mars. Le 08 mars est passé il y a quelques jours et nous continuons de vivre la ferveur de la Journée Internationale de la Femme. Selon vous, quel est le symbole de cette célébration?

Je pense qu’il est avant tout utile de situer la Journée Internationale de la Femme du 08 mars dans son contexte. Parce que la JIF est une journée de diagnostic, de l’évolution de la situation de la femme. Comment est-ce que les textes et les conventions sont appliqués ? Est-ce qu’il y a eu un ascendant par rapport à la situation de la femme ? Je pense que l’essentiel est que la journée du 08 mars n’est pas une journée de folklore pour se retrouver et manger, mais c’est une journée de réflexion. Et c’est cette compréhension que l’UDBN avait depuis toujours. C’est cela qui nous a amenés à faire un atelier de réflexion au cours duquel nous avons essayé de répartir les femmes en sous-groupes et par corporation où nous avons demandé aux femmes d’exprimer librement leurs besoins et de dire les maux qui entravent leur épanouissement. Les femmes se sont exprimées et nous avons ensemble identifié les stratégies et les moyens que nous devons adopter pour sortir la femme de l’ornière, de la conception et des préjugés qu’on fait de la femme et qui maintiennent toujours la femme dans l’asujétion totale.

Vous avez organisé un atelier au cours duquel il y a eu des réflexions sur la condition de la femme. Est-ce que de façon particulière vous avez un message à l’endroit des femmes béninoises ?
Je dirai aux femmes de cesser de passer pour des passagers clandestins. Les femmes ont de belles idées au fond d’elles, mais compte tenu des pesanteurs sociologiques selon lesquelles on dit que la femme doit être soumise et qu’elle n’a pas droit à la parole, cela fait que quand bien même elles ont de belles initiatives elles n’osent pas s’extérioriser. Donc je voudrais dire aux femmes d’avoir confiance en elles, d’être fières de leur situation de femmes, de continuer par se battre pour se hisser au plus haut tel que le fait notre Présidente Madame Claudine Afiavi PRUDENCIO que je tiens à remercier très sincèrement pour son dévouement et son endurance.

Pourquoi Madame Claudine Afiavi PRUDENCIO est la seule femme, Chef de parti politique au Bénin ?
Une femme-chef de parti politique est un cas d’école. Aujourd’hui à travers le monde, nous avons une dizaine de Chefs d’État qui sont des femmes. Même si au Bénin, nous n’avons pas encore atteint ce stade, je me rends compte que de grands pas sont en train d’être franchis. Une femme Présidente de parti ne peut donc être qu’une source de fierté, de confiance en la lutte pour l’égalité et l’équité menée par des femmes depuis les temps immémoriaux. Contrairement à ce que pense le commun des mortels, l’UDBN n’est pas un parti des femmes, mais un parti de la jeunesse, des hommes et des femmes dirigé par une femme. Le choix de Madame Claudine Afiavi PRUDENCIO comme Chef de parti politique, n’est pas anodin. Ce choix n’est pas dû au hasard ou à sa condition féminine. Madame Claudine Afiavi PRUDENCIO cumule en elle, les qualités de leadership, de management. Ayant développé sa capacité d’écoute qui fait d’elle la femme la plus proche des aspirations du peuple, des militants quelle que soit leur catégorie, elle cumule donc les qualités intrinsèques et extrinsèques qui ne sont plus à démontrer. Je ne peux qu’être fière d’appartenir à l’UDBN et d’avoir une Responsable de cette envergure. Elle a su s’imposer par sa bravoure et son endurance dans un monde fait de femmes et d’hommes.

Quel est l’idéal politique de l’UDBN ?
L’idéal politique de l’UDBN est de promouvoir le bien-être commun, le respect des droits de l’Homme, l’égalité des chances pour un développement équilibré du territoire. L’UDBN part des besoins et aspirations du peuple pour mettre en œuvre des stratégies appropriées qui permettront une croissance économique soutenue dans un environnement socio-économique et politique de paix, de justice pour un avenir meilleur.

Vous étiez dans l’arène politique depuis des années. Comment avez-vous vécu la réforme du système partisan ?
Il n’est de secret pour personne que le système politique, avant l’avènement du régime de la Rupture présentait de nombreux maux dont le plus dangereux était la création tous azimuts des clubs électoraux basés sur le sectarisme, le régionalisme et des intérêts égoïstes de quelques-uns. La réforme du système partisan s’impose alors comme une solution d’assainissement de l’espace politique. Une telle initiative ne peut que recevoir l’onction, l’accompagnement et la bénédiction de tout acteur politique épris de justice et d’unité nationale. L’objectif poursuivi n’est pas la « disparition des partis politiques », mais une mutualisation des forces sous la bannière de grands regroupements d’envergure nationale. Ce sont ces nouvelles entités organisées qui peuvent s’arroger le titre et la qualité de parti politique. Le parti UDBN a bien accueilli et d’ailleurs approuvé ces réformes. A titre illustratif, c’est l’un des premiers partis à s’y conformer.

Pourquoi avez-vous refusé en 2018-2019 de vous fondre dans l’un des blocs de la mouvance présidentielle ?
L’UDBN est un parti de la mouvance présidentielle. C’est l’un des grands partis de cette mouvance au sens de la nouvelle Charte des partis politiques. Donc avec une envergure nationale reconnue comme telle par les structures compétentes. L’UDBN au plan technique n’a donc plus besoin de se fondre dans les autres blocs dont vous parlez. Ce n’est donc pas le sens de la réforme du système partisan.

Avez-vous le sentiment aujourd’hui d’avoir eu raison ?
Nous avions la conviction que nous sommes dans le champ d’application de l’esprit et de la lettre de la réforme du système partisan. L’évolution de la situation politique actuelle vient nous conforter dans cette conviction. Vous n’êtes pas sans savoir que l’un des participants surprise au troisième congrès ordinaire de l’UDBN, son Excellence le Président Patrice TALON, leader charismatique de la mouvance présidentielle a affirmé, je cite : « j’ai [dans ce rôle] œuvré au changement de l’arène politique. Et j’ai fait avec beaucoup de détermination ce qu’en mon âme et conscience j’ai jugé bon pour réformer le pays en vue de son développement réel. J’y ai cru, en toute sincérité, j’y ai cru avec foi […]. Mais Amazones que vous êtes, soldats que vous êtes d’une cause, celle du Bénin nouveau, vous avez pensé que dans votre singularité vous pouvez contribuer à l’émergence d’un Bénin nouveau. C’est tout à votre honneur. Je n’ai pas abandonné mon idée, je n’ai pas abandonné la cause, je n’ai pas abandonné l’objectif de la réforme. Mais je sais que l’objectif peut être atteint différemment. Je sais que reconstruire la classe politique béninoise, œuvrer à son regroupement d’un autre genre peut s’opérer sans que tout le monde soit forcément dans la même maison. Je sais prendre acte de ce qui s’impose à moi. Et comme je sais aussi que je ne peux avoir la vérité absolue en toute occasion et en toute chose, et que je ne peux pas prétendre avoir tout le temps raison […] je n’ai pas seulement pris acte, j’ai fini par adhérer ». Cette affirmation du Chef de l’État en dit long.

Vous avez réussi à participer aux élections communales de 2020, mais vous n’avez pas pu avoir de conseiller, et ceci, du fait des 10% exigés par le code électoral, comment le parti a-t-il vécu cet échec ?
Le défaut des 10% aux élections communales en ce qui concerne l’UDBN n’est pas un échec, mais un point d’encrage pour des victoires retentissantes. Nous sommes sur le terrain politique et rien n’est définitivement acquis ou perdu. J’ai espoir que le meilleur reste à venir.

Aujourd’hui, vous êtes en campagne pour TALON alors que l’UDBN a des leaders qui ont la carrure de candidater. N’avez-vous pas le sentiment que la réforme du système partisan devrait permettre à tout le monde de se porter candidat ?
À la date d’aujourd’hui la campagne n’est pas officiellement lancée. Ce que vous assimilez à la campagne électorale n’est rien d’autre que l’animation de la vie politique. La réforme du système partisan est un ensemble de règles, d’obligations à respecter. L’UDBN étant un parti de développement qui poursuit la satisfaction de l’intérêt général, a porté librement son choix sur la personne de Patrice TALON. Ce choix est le résultat d’un processus. Dans une approche participative, les délégués et cadres de l’UDBN ont fait le bilan de la gouvernance actuelle, c’est-à-dire celle du régime de la Rupture au cours de l’Université d’été du 21 août 2020. Il ressort de ce bilan, que la quasi- totalité des actions prévues dans le Programme d’Actions du Gouvernement (PAG) ont connu une exécution très satisfaisante. Eu égard à ce bilan, l’UDBN a opté pour la continuité en portant son choix sur le candidat du développement conformément aux idéaux et aux textes du parti. Ce choix a été entériné par le 3ème Congrès ordinaire de l’UDBN. La réforme du système partisan n’empêche personne d’être candidat. Il suffit de remplir les conditions au regard des textes en la matière.

Parlons de la gouvernance du Président Patrice TALON, cinq ans après son accession au pouvoir. Quel bilan faites-vous ?
Le document phare qui gouverne les interventions du régime de la Rupture est le Programme d’Actions du Gouvernement (PAG). Faire le bilan du quinquennat en cours revient à mesurer les résultats obtenus par rapport à ce qui est prévu, de dégager l’écart et pondérer la performance au regard des indicateurs pilier par pilier, domaine par domaine. Il convient alors de se demander :
Qu’est-ce qui est prévu ? Qu’est-ce qui est fait ? Qu’est-ce qui est en train d’être fait ? Et qu’est-ce qui reste à faire ? Lorsqu’on répond à toutes ces questions, on constate qu’on a de bonnes raisons de renouveler sa confiance au Chef de l’État. Ainsi, au niveau du Pilier 1 : Consolider la démocratie, l’État de droit et la bonne gouvernance, en matière de bonne gouvernance, la lutte contre la corruption est aujourd’hui une réalité. Au plan politique, des réformes certes difficiles, mais salutaires sont opérées : le découpage territorial, les préfets sont désignés, etc. Il existe aujourd’hui beaucoup d’effectivité et des actes de courages sont posés. Au niveau du Pilier 2 : Engager la transformation structurelle de l’économie. Les différentes performances réalisées au plan économique, reconnues par des institutions sous régionales, régionales et internationales en disent long. Malgré la crise sanitaire, la longue durée de la fermeture des frontières du Nigéria, le contexte économique peu favorable, le Bénin réalise des performances. En ce qui concerne le Pilier 3 : Améliorer les conditions de vie des populations. La réalisation de la carte biométrique avec ses avantages, le soutien financier fait aux entreprises dans le cadre de l’atténuation des effets de la Covid-19, les microcrédits accordés aux femmes, les performances au plan sportif (la qualification des Ecureuils en quart de finale de la dernière CAN), la construction des infrastructures routières, des stades, des marchés, des écoles, des hôpitaux, des ponts, l’aménagement des berges lagunaires, les réformes du secteur de la santé, le vote des lois de protection de l’environnement, etc., font partie des nombreuses réalisations du régime de la rupture.

Qu’est-ce qui au contraire n’a pas bien marché durant ce premier quinquennat ?
C’est essentiellement le déficit d’information. Et ça, c’était au début du quinquennat. Le fait, pour le Chef de l’Etat, de ne pas vouloir beaucoup communiquer autour de ses réalisations, avait fait croire à une certaine opinion que rien ne se faisait. Cela a été corrigé. Ce déficit n’a pas permis de faire comprendre tôt le sens des réformes au plus grand nombre. Aujourd’hui, avec les nombreuses réalisations dans tous les domaines, le peuple est convaincu que le régime de la rupture est sur le bon chemin.

Certaines candidatures ont été recalées. Ne pensez-vous pas que la démocratie béninoise est menacée par la question du parrainage ?
La question du parrainage découle de la volonté du peuple à travers le vote de la loi électorale par la représentation nationale.
Même s’il est vrai que certains citoyens ont la perception que le parrainage vient déranger les habitudes, il n’en demeure pas moins vrai que l’instauration du parrainage est la suite logique du vote de la Charte des partis politiques. Il témoigne de la dynamique politique et de la vivacité.

Ne pensez-vous pas que les candidatures féminines comme celle de Réckya MADOUGOU devraient être soutenues au-delà de toute appartenance politique ?
Je ne veux pas personnellement me prononcer sur la candidature de Réckya MADOUGOU et les événements subséquents. Cependant, j’aimerais rappeler que cette candidature n’est pas validée par les structures compétentes pour défaut de parrainage comme la candidature de beaucoup d’autres citoyens et citoyennes. Aussi, la condition féminine ou le genre n’est pas le critère retenu par le législateur pour être candidat.

Comment l’UDBN compte-t-elle faire campagne, seule ou en coordination avec les autres forces de la mouvance présidentielle?
L’UDBN est un parti de la mouvance. Son candidat, c’est le Président Patrice TALON. Il se fait que le même candidat est soutenu par d’autres partis politiques. En tant que parti politique, l’UDBN a ses stratégies propres à elle pour convaincre l’électorat et susciter l’adhésion du peuple. Mais je peux vous assurer que l’équipe de campagne du duo Talon-Talata est très bien structurée. Les partis soutenant le Président Talon y sont représentés. Vous verrez qu’il y aura une belle synergie d’action sur les aspects qui relèvent d’actions transversales. Mais l’UDBN a son équipe de campagne du niveau national jusqu’aux structures décentralisées. Les Amazones et Soldats UDBN sont prêts pour assurer la victoire dès le premier tour à notre duo Talon-Talata. L’UDBN est prête à mettre ses compétences, toutes ses structures, toute son énergie et son expérience au service de la réélection du Président Patrice TALON au premier tour, avec un taux de participation élevé le 11 avril 2021, sous la direction de l’équipe de campagne mise en place par le Chef de l’État avec la présence remarquable de deux cadres de l’UDBN, sans oublier les équipes nationales, départementales, communales que nous avons mises en place.

SOUS L’ARBRE A PALABRE AVEC CHANTAL AHYI: «Le parrainage a été tout à fait libre»

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La Députée du parti Bloc républicain, Chantal Ahyi

A quelques mois de la présidentielle du 11 avril prochain, les acteurs politiques rivalisent dardeur sur le terrain et même sur les questions dactualité comme la question du parrainage. Une réforme que beaucoup se réjouissent de voir le Bénin adopter pour rehausser sa démocratie. LHe députée à lAssemblée Nationale, Dédévi Eugénie Chantal Ahyi, qui est du même avis, sétonne de voir la polémique qui senfle autour du parrainage. Invitée de la rubrique « Sous LArbre à Palabre » de LEvénement Précis, elle donne plus de précision sur la gestion dudit parrainage au niveau de son parti, le Bloc Républicain. LHe Dédévi Eugénie Chantal Ahyi, sest également prononcée sur le processus électoral en cours, la prorogation du mandat du Chef de lEtat Patrice Talon conformément aux nouvelles réformes, la gouvernance du Président Talon ainsi que la gestion du parlement sous le mandat du président Vlavonou à la tête de lAssemblée nationale.

Et si on en parlait

Nous sommes en plein dans le processus électoral de la présidentielle davril prochain. Comment appréciez-vous lévolution de ce processus ?
Le Bénin nest pas à un coup dessai. Les gouvernants actuels sont dans la préparation dune troisième élection, même si celle-ci est majeure. Le processus électoral se déroule dans le strict respect des dispositions légales en vigueur au Bénin. La Cena, le COS LEPI, la Cour Constitutionnelle, les acteurs politiques et les autres parties prenantes sont aux taquets ; chacun dans ses prérogatives. Les conditions dorganisation des différentes élections sont clairement édictées dans les fondamentaux de nos textes de lois librement adoptés.

Ne voyez-vous pas que lopposition sera écartée du processus ?
Argumentaire pour argumentaire, lopposition est dans son rôle. Elle a beaucoup à prouver à ses sympathisants, ses partenaires et autres bailleurs qui pour avoir mis les moyens en attendent des résultats. Pour être plus précis, il plait bien à lopposition de se déclarer marginalisée. Un parti pris citoyen les compromettrait visiblement.
Nous comprenons très bien le couloir que lopposition a décidé de se donner. Mais ce que nous ne comprenons moins, cest cet amas dintelligences et dexpériences qui devrait savoir lire et appliquer les lois dont la république quil aspire à gérer dans un futur bien lointain sest dotées. Un ancien chef dEtat, un ancien garde des sceaux, un ancien vice-président de lAssemblée et que sais-je encore pour niveler le débat aussi bas et plat est regrettable. En clair, nos athlètes de lopposition ne sont nullement écartés, cest le niveau de la compétition qui est trop élevé.

Comment le parrainage a-t-il été géré au niveau du Bloc Républicain ?
Il faut rappeler que le parrainage est une disposition légale. Il a été proposé et introduit au parlement béninois bien avant la huitième législature. La première fois où Jen ai entendu parler, dailleurs, nous étions en 2005, par le président Eric Houndété. On est heureux de savoir que le Bénin, à linstar des autres pays, adopte cette règle. Partout ailleurs, le parrainage est accepté ; pourquoi pas au Bénin ?
Pour en venir à la gestion du parrainage au Bloc Républicain, il nous a été demandé lors du retrait que chacun signe le formulaire avant réception. Comme toute organisation sérieuse, une discipline était bien nécessaire quant à lutilisation du précieux sésame. Mus par la conscience du mandat, lappartenance à une bannière politique, les députés par cet acte quest le parrainage font grand témoignage du respect dû aux citoyens béninois dignement représentés. Et cela naltère en rien la conscience du caractère non impératif de notre mandat. Le parrainage, pour finir, est une concrétisation de notre participation au processus démocratique. Le parrainage a été tout à fait libre. Il a été géré avec intelligence et dans le respect de linstitution parlementaire représentée au Bloc Républicain par une brochette de trente-sept (37) députés. Pour ainsi dire, chaque parrain aura parrainé le duo candidat de son choix.

Vous en êtes sûre ?
Il faut dire que 118 parrainages pour le duo TALON TALATA, duo candidat de la mouvance est tout à fait normal. Comment pouvait-il en être autrement ? Ce duo nest-il pas celui de la mouvance BR et UP ? La logique partisane aurait à raison voulu que tous les parrainages aillent dailleurs à ce duo candidat.

Pour abandonner lopposition ?
On oublie carrément dans le débat la participation des maires FCBE. Lopposition nest pas en nombre suffisant sur la ligne de départ du parrainage, mais ma foi, à larrivée Démocrates et FCBE se retrouvent bien alignés pour sêtre conformés aux règles. Toute analyse faite, nous savons ce que le pays attend de nous. Pour ma part, personne naura été abandonné. Nous, députés avons été sans exagération abusés pour avoir attendu des demandes de parrainage sérieusement et officiellement formulées qui ne sont jamais venues.

Vous attendiez que lopposition vienne vers vous ?
Il fallait bien donner le parrainage à des candidats qui en auraient fait la demande. Pour lheure, les duos candidats qui se sont conformés sont connus, toutes tendances confondues et cest cela la démocratie. Cest une question de responsabilité. Il est à souhaiter que les acteurs de lopposition fonctionnent en intelligence avec les textes de la République, au bénéfice du citoyen.

A qui avez-vous accordé votre parrainage ?
Mon parrainage est allé au duo candidat de mon choix.

Avez-vous été vraiment libre ?
Totalement libre. Lhistoire vous permettra de vous rendre compte que chaque député de la mouvance a été libre de parrainer qui il voulait.

Mais votre collègue Gbadamassi a déclaré quil était porteur dun message de mobilisation de certains de ses collègues BR pour apporter le parrainage nécessaire à une candidate. Vous qui êtes défenseure de la promotion de la gent féminine, vous partagez cette idée ?
Jusquà nouvel ordre, nous vivons lanimation de la vie parlementaire pleinement et sans procuration. Par rapport à la dynamique qui sest installée à lintérieur même de linstitution parlementaire et au regard de la sympathie partisane, il est tout à fait loisible aux collègues de porter leur choix sur un mode opératoire, soit ensemble ou individuellement, et ce nest pas une malfaçon, encore moins une faute. Quant au féminisme béat, je ny comprends rien. Je ne ferai jamais le lit à un féminisme qui instrumentalise la femme, un féminisme qui finalement se sert de la femme comme un moyen pour arriver à une fin. Cest dune autre époque, ce nest pas moi qui le dis.

Seulement 3 duos de candidats retenus par la CENA. Pensez-vous que le scrutin présidentiel sera une fête démocratique comme la voulu le Chef de lEtat ?
La seule tâche dhuile à déplorer au niveau de cette élection est la pandémie de la Covid-19. Et donc ce sera absolument une foire des idées. Qui dit foire, entend, diversité, pluralité, qualité, mosaïque et finalement que choisir, si ce nest la voix de la continuité dont les réalisations imposent respect comme gladiateur dans une arène. Avis aux compétiteurs. Il va falloir déclamer les différentes intentions dans le respect des mesures barrières, à la recherche de ladhésion des populations. La Rupture a géré les législatives, les communales et ensemble avec les autres duos et toutes les forces politiques devra gérer cette élection présidentielle dans la paix.

Ne craignez-vous pas que les populations se montrent réticentes à participer réellement à cette élection ?
Je fais partie des personnes qui pensent quil faut arrêter en Afrique dinfantiliser les populations quand il sagit du fait politique. Il devient certes nécessaire de tracer le profil de lélecteur béninois, mais le principal intérêt devrait être perceptible à travers des projets de société que malheureusement très peu lisent ; soit par manque de temps ou de supports incitateurs de curiosité. Il faut dire que les populations sont très impliquées dans la dynamique de développement actuellement enclenchée.

Le Président Talon a prêté serment le 06 avril 2016 selon la constitution de 1990, à quelle date prend fin son mandat ?
En effet, le Président Talon a prêté serment le 06 avril 2016 et selon la constitution de novembre 2019 il est à la charge jusquà la prestation de serment du prochain président de la République élu.

Le Professeur Holo nous a informé de ce que cest lui qui a reçu le serment du Président Patrice Talon. Et selon le serment pour lequel il lui a donné acte, son mandat de 5ans qui a démarré le 06 avril 2016 prend fin le 05 avril 2021 à 00h…
Je nose pas croire que le Président Holo, une grande figure du droit constitutionnel de notre pays, soit bloqué en 1990. Mais je suis sûre quil s’est mis à jour depuis.

Le mandat ayant démarré en 2016, et cest en 2019 quil y a eu modification de la constitution, quest-ce qui presse le gouvernement à vouloir continuer avec la nouvelle constitution ?
Quest-ce qui aurait justifié également que ces nouvelles dispositions naient pas été respectées ? On serait à faire le débat dans le sens contraire en ce moment. Nous sommes dans la légalité, nous sommes dans la bonne marche de la démocratie parce que respectant les textes de la république. Nous ne sommes pas dans une vue parcellaire de la logique démocratique, loin sen faut. Quand les textes semblent obsolètes, il faut en étudier les axes de progression au bénéfice dune adaptation à la réalité. Ce qui est dune époque révolue, lest par définition. La principale motivation de la Rupture nest rien dautre que le développement équitable de nos régions.

Beaucoup dacteurs politiques notamment ceux de lopposition tiennent au respect de la date du 06 avril, que leur répondez-vous ?
Il est temps pour eux de prendre le train de la réforme, duser de toute leur expérience politique pour servir les populations. Sil y en a qui nous ont donné envie de mettre le pied à létrier, il est impérieux quils sapproprient les textes et prennent parti pour la postérité. Ils devront avoir à cur de marquer les esprits de ceux qui croient encore en eux de la justesse de leur engagement. Pour finir, il me plait de rappeler que la République du Bénin sest dotée de nouveaux textes dont les articulations sont claires.
Il peut y avoir des dérapages autour du 05 avril, ne craignez-vous pas quelque chose ?
Il est à souhaiter que nous nayons plus à créer des conditions telles que nous avons dû les vivre en 2019. Jen appelle au patriotisme et à la responsabilité des acteurs. Je compte sur la maturité des populations pour ne pas céder à la peur et qu’elles se sentent libres de poser les vraies questions là où elles peuvent avoir de vraies réponses. A mon sens, les Béninois nont pas besoin de se faire la guerre. Le Bénin est un état souverain qui a su et saura prendre les dispositions nécessaires à la pleine expression et respect de ladite souveraineté. Nous avons bien amorcé ce chemin là et il est important de garder fermement le gouvernail.

Mais on ne vous voit pas souvent poser des questions orales ou même écrites au gouvernement. Dites-nous pourquoi.
Briller par le silence, ce nest pas rien. Quand autour dune table très animée, tout le monde parle on entend finalement celui qui ne parle pas. Membre du bureau du groupe parlementaire de la minorité Bloc Républicain, membre de commission, participer aux travaux en commissions est une bonne occasion de comprendre et danticiper la compréhension des sujets débattus en plénière. Rassurez-vous, le micro ne mimpressionne pas beaucoup, je ne parle pas, jétudie et je vote les lois. Silence, on travaille !

Et vous faites quoi concrètement ?
Parlementaire normale de la huitième législature, par exemple. Jassiste aux plénières, je fais des travaux en commission, et surtout jétudie et vote les lois, à lécoute des populations.

Et, vis-à-vis de vos mandants ?
Concrètement je partage du mieux que je peux le quotidien de mes mandants. Une permanence est animée quotidiennement au cur même de la circonscription avec une disponibilité pleine en milieu de semaine. Nous nous attelons à être au fait des besoins des populations béninoises, tout le long du mandat. Quand simposent des descentes sur le terrain, nous le faisons également. Tout ceci orchestré par une équipe bien rodée.

Que dites-vous devant vos mandants, de laction du gouvernement que vous soutenez ?
La 16ème circonscription électorale est impactée qualitativement par les réalisations du gouvernement car bénéficiant dun plan dassainissement communément désigné sous le vocable dasphaltage et autres commodités en infrastructures. Laction du gouvernement nest, certes pas terminée, mais elle est visible. Pour le coup, il nest point besoin de la leur narrer. Visitez Agla aujourdhui et vous verrez. Offrez-vous une balade éclairée et sécurisée en fin de journée et vous verrez. Les marchés secondaires sont en construction pour nos femmes. La circonscription est la vitrine pour tout visiteur étranger et même pour le Béninois. Les gouvernants actuels ont promis le développement aux citoyens béninois et sen donnent les moyens. Ceci dit, des attentes subsistent.

On va rester dans ce sillage si vous le voulez bien pour parler un peu du bilan de Patrice Talon ces cinq dernières années avant daborder les défis du nouveau président. 
Les identités à même de défendre le bilan de ce quinquennat restent les acteurs de lexécutif. Nous sommes législateurs et notre rôle est de doter lexécutif de moyens en votant des lois et en contrôlant son action.

Justement, mais vous venez dapprécier lasphaltage qui est un pan du bilan du quinquennat, que pouvez-vous ajouter dautre ?
Nous sommes élus de la 16è circonscription électorale qui sétend du 7ème au 13ème arrondissement de la ville de Cotonou. Nous sommes donc des administrés du maire Luc ATROKPO que je salue. A ce titre, nous sommes à même dapprécier lévolution de notre environnement socio-économique. Habitante de la ville de Cotonou et fière de lêtre.

Il y a eu dautres actions de lexécutif qui vous ont certainement impacté en dehors de lassainissement, non ?
Les efforts de la Police Républicaine à travers la sécurité ; la modernisation de la mobilité urbaine et lorganisation de la collecte des déchets solides et ménagers sont des preuves palpables de laction gouvernementale. Nous nallons pas occulter la maitrise du délestage, la volonté du gouvernement dassurer lautonomie énergétique. Il me plait dajouter le PSIE (Programme spécial dinsertion pour lemploi) qui constitue aujourdhui une plateforme qui règle le problème de léquilibre entre la formation qui est donnée à nos jeunes et lemploi ; cest un réel programme dinsertion professionnelle. Nous noublions pas par ses temps de covid la dématérialisation de lobtention de certaines pièces administratives et le bond qualitatif du numérique avec la floraison des e.services.

Je reviens alors sur la question qui concerne les premiers chantiers ou les défis du nouveau président qui sera élu en avril prochain

Jévoquais tantôt lemploi et je suis heureuse de la référence faite au PSIE qui pour moi, va relever qualitativement le niveau demployabilité de nos jeunes. Quant au projet ARCH, il connaîtra une envergure telle que les populations à la base pourront en profiter. Il y a également la loi sur la décentralisation qui pourra permettre de faire un réel transfert de compétences et de ressources au niveau local pour que nos régions soient développées de façon équitable.

Deux ans déjà que vous êtes au parlement, comment appréciez-vous la gouvernance du président VLAVONOU ?
Le président VLAVONOU est une force à la tête du parlement, cest une vraie main de fer dans un gant de velours. Il avance doucement, met de la fermeté et de lordre dans la gestion de linstitution qui lui a été confiée. Je pense quil a une gestion à visage humain de la chose parlementaire.

A la date daujourdhui, quelles sont les réformes majeures à mettre à son actif ?
Autant dire tout de suite quil y en a une que, personnellement, je suis pressée de voir prendre corps. Cest de doter lAssemblée Nationale dune chaine de télévision. Vous ne pouvez pas imaginer le bonheur qui est le mien de voir cette télévision dédiée à lAssemblée Nationale, de voir que la Radio Hémicycle va sortir de ses limites pour être captée partout. Ensuite, le président Vlavonou a engagé des réformes sur le plan de lassainissement des finances de linstitution, la dynamisation de ladministration parlementaire et la célérité dans le traitement des dossiers. Il y a eu ladoption dune résolution portant révision du Règlement intérieur, la mise en place au sein du Secrétariat général administratif dune Direction des services de l’information et de la communication et dune Cellule daudit interne rattaché directement au Président avec les démembrements que ces nouvelles structures impliquent, il y a aussi linternalisation du cadre juridique de la comptabilité des matières et la mise en uvre des outils de gestion du patrimoine non financier de lAssemblée nationale. Cest la première fois dans lhistoire du parlement béninois que le service de la communication est érigé en direction pour répondre efficacement aux besoins de communication et dinformation. Notons aussi la création de la Cellule de contrôle des marchés publics (CCMP) et la Personne responsable des marchés publics (PRMP). La création de ces deux organes chargés de la gestion des marchés publics répond à la volonté de la 8ème législature dassainir les finances de linstitution parlementaire et de surmonter les difficultés liées à la passation des marchés publics.

Le candidat du Bloc Républicain, cest le Président Talon. Est-ce que le Bloc Républicain fera cavalier seul pour battre campagne ou bien il se mettra ensemble avec les autres forces de la mouvance pour porter plus haut le Président Talon ?
Cest vrai que le duo TALON-TALATA est porté par le Bloc Républicain et lUnion Progressiste et soutenu par le PRD, lUDBN et MOELE-Bénin. Et je me réjouis de voir une synergie de stratégies au niveau de ces cinq forces politiques, synergie de stratégies qui nest pas à confondre avec une unicité dactions. Attention, parce que dans cette assiette de la mouvance, les identités demeurent puisque les idéologies ne sont pas les mêmes. Pour cette campagne, il faut y voir, une diversité de pensées au profit dune même ambition. Chacun évolue de ses énergies et de son organisation sur le terrain, avec pour objectif de faire élire, de fort belle manière le duo candidat TALON – TALATA. Cest à cela quil faut travailler.

Quelles sont les chances pour votre duo de gagner ces élections ?
Jai presque envie de dire que notre principal atout reste dabord madame Chabi Talata, la première Vice-présidente de lAssemblée nationale. Nous avons une population à charpente démographique basée à peu près sur 53% de femmes. Les femmes ont toujours crié leur volonté et leur détermination à participer à la prise de décision : nous y voilà ! Cest un gros challenge pour les femmes. Nous pensons que nous avons lopportunité de justifier les presque 53% que nous faisons de la population. Ensuite, les deux Blocs ne sont pas seuls. Sans vouloir céder à quelques calculs mathématiques qui additionnent les pourcentages dassiettes politiques, je men tiens au bilan de la rupture qui augure de belles perspectives dans la continuité.

En parlant des femmes, je pensais que vous vouliez nous parler un peu des femmes que vous avez réunies autour de la première dame … Ces femmes sont où maintenant, cest le Bloc Républicain ou lUnion Progressiste ?
La Rupture, fille du Nouveau Départ retrouve ses bases élargies par ces femmes-là, de vraies petites mains. La discrétion qui caractérise Madame Claudine Talon, première dame de la République est agissante. A voir le niveau de déconfiture auquel on était en 2016, cinq ans ne suffiront jamais pour arriver à bout de la pauvreté. Ces braves femmes sont toujours autour delle, plus fières que jamais, dautant plus que le principal liant est le Président de la République qui résolument uvre à assainir et développé lenvironnement socio économique de ces femmes.

Une situation rare sest produite il y a quelques jours, la tentative dassassinat du candidat Galiou Soglo. Je m’en voudrais de vous laisser partir sans dire un mot sur cela, parce qu’on na jamais vu au Bénin, un candidat agressé, permettez-moi de dire mes encouragements à Monsieur Martin Assogba qui vit au quotidien avec des balles dans son corps Il est inacceptable dattenter à la vie dun être humain. Nul na le droit dôter la vie à son semblable. Monsieur le ministre Galiou Soglo fort heureusement sen est sorti et nous en rendons grâce à Dieu. Laffaire étant pendante devant la justice, nous en attendons lépilogue.

S’il vous était donné de conclure ces échanges, que diriez-vous ?

Notre pays, le Bénin est entrain de grandir. Le développement du pays est la seule alternative qui s’impose à nous en tant que citoyens. Je voudrais revendiquer la fierté d’être Béninoise, revendiquer la fierté d’être parmi les artisans de ce Bénin qui grandit, de ce Bénin qui est vu d’un bel il à l’international, de ce Bénin qu’à lessor économique visible. Ensuite, un message de paix, de remerciement à tout le peuple béninois pour la confiance et la conscience dont il fait montre en portant avec abnégation et perspicacité la vision du Chef de l’Etat. Ma juste gratitude à lendroit de la presse pour lobjectivité, la célérité et le professionnalisme mis au service du peuple malgré les restrictions liées au covid. Quant à l’Evènement Précis, recevez ma profonde admiration pour votre engagement sans faillir à informer, éclairer et éveiller les consciences au Bénin et au-delà de nos frontières.

CARTE DIDENTITE: Une identité hybride

Dédévi Eugénie Chantal Ahyi, la cinquantaine bien entamée est ingénieure en markéting et communication publicitaire. Dun père originaire d’Agoué et dune mère dIgolo, avec des grands parents dAbomey, de Bassila, elle est parfaitement polyglotte. Chantal AHYI parle une demi-douzaine de langues nationales béninoises. Ecole primaire à Abomey et Djougou, collège au CEG1 de Djougou et le lycée à Notre Dame des Apôtres à Cotonou où elle obtient un Bac A1. Inscrite en faculté de droit au Bénin, elle part en Côte-dIvoire pour des raisons professionnelles et devient personnel navigant commercial, communément appelé hôtesse de lair dix ans durant, dans la compagnie multinationale Air Afrique. Elle avait appris très tôt de sa grand-mère paternelle qu’une femme se bat, travaille afin dimpacter son cadre de vie. « Cest loccasion pour moi de rendre tous les hommages à mon amazone ADJATOUN GLELE MARIE GUEVENOU », confie le député. Tout en travaillant à Air Afrique, elle était inscrite à l’Université Houphouët-Boigny où elle fait une licence en psychologie. Première Directrice de la Télévision commerciale Canal 3, elle monte une chaîne d’information à dominance langues nationales avec des émissions qui alliaient humour, information et politique. Manager de plusieurs agences-conseils à limage et en stratégies, elle a été candidate aux législatives de 2011. Elue député en 2019 sous la bannière du parti Bloc Républicain dans la 16ème circonscription électorale, Chantal AHYI nest quau début dune carrière politique prometteuse.

INITIMITE: Jamais d’alcool

Chantal AHYI a un compagnon et un garçon de 14 ans. Pour être à ses côtés, son homme a un savant dosage de patience et de compréhension. Mais elle admet volontiers quau-delà de tout, ce qui lattire chez un homme, cest son intelligence. Si vous linvitez à table, elle préfère la pâte de maïs à la sauce tomate et au fromage peuhl (wagachi). Mais jamais dalcool. Amoureuse du chocolat, elle est aussi une passionnée de lecture et une férue de scrabble. Mais elle adore également le silence et le décontracté chic. Couleur préférée le bleu. Son temps libre, elle le met au service des associations de bienfaisance.

Déclarations de MOUKARAM A.M. BADAROU, Sous l’Arbre à Palabres: «Talon fait des merveilles pour le pays… l’opposition n’est pas à la hauteur»

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Les invités se bousculent aux portes de la rubrique « Sous L’Arbre à Palabre » de L’Evénement Précis. Après le député du parti Bloc Républicain, Assan Seibou, c’est son confrère de la mouvance présidentielle et membre de l’Union Progressiste, Moukaram Badarou, qui s’est prêté aux questions des journalistes, en ce début d’année. La présidentielle d’avril prochain, l’application de la loi sur le parrainage, la posture de l’Opposition après le rejet de la candidature de ses alliés à la présidentielle d’avril prochain, l’agression de l’ancien ministre Galiou Soglo, sont entre autres sujets qui ont meublé les échanges de cette rencontre à bâtons rompus avec l’ancien Préfet des départements de l’Ouémé-Plateau, dans la rubrique phare de L’Evénement Précis.

Et si on en parlait

Comment vous sentez-vous à la veille de la présidentielle de 2021 ?

Je me sens très bien. Je me sens comme dans la peau d’un combattant, dans la peau d’un citoyen, d’un acteur politique, dans la peau de quelqu’un qui rêve pour son pays avec beaucoup d’hommages aux pères fondateurs de notre indépendance, de notre renouveau démocratique, et pour tout le travail qui doit être fait pour pérenniser ce qui se fait actuellement. Nous sommes à la veille d’une élection capitale. Le 11 avril, notre peuple se rendra une septième fois aux urnes pour élire celui qui présidera aux destinées de notre pays. C’est pour cette raison que ça bouge dans toutes les chapelles politiques du pays et c’est bien parce que nous sommes dans un pays de démocratie. C’est avec sérénité que nous nous préparons à notre niveau pour aborder ces échéances.

Inscrivez-vous l’agression de Galiou Soglo au rang des crimes politiques ?
Il n’y a plus de crimes politiques dans notre pays. Il faut se rendre dans certains pays pour se rendre compte de ce que c’est qu’un crime politique. Nous avons eu la chance ou la malchance de vivre dans des pays comme le Congo Brazzaville et le Congo Kinshasa et nous avons une idée très forte de ce que c’est qu’un crime politique. Même dans la période révolutionnaire nous devons nous remercier de ce qui s’est fait puisqu’on a vu pendant cette période de parti unique, ce qui s’est passé dans d’autres pays. Et depuis l’avènement du Renouveau Démocratique, nous sommes à l’abri de tout ceci. Je dis ma compassion à Galiou Soglo, à son frère Lehady et à ses parents. Ce qui est arrivé à Galiou Soglo arrive parfois à un certain nombre de nos compatriotes. Il faut attendre que la Police Républicaine et les instances légales puissent élucider ce qui s’est réellement passé. En attendant, il ne faut pas tomber dans le piège de ceux qui avancent des mots et phrases concernant Galiou Soglo.

L’intéressé même évoque qu’il se rendait dans sa ferme et que c’est en forçant un barrage que le drame est survenu. Pensez-vous que c’est un braquage ou une agression politique ?
Quand chacun sort et revient, Dieu seul sait ce que chacun fait. Quand vous êtes d’une qualité sociale donnée, d’un nom donné ou d’un statut donné, cela traduit beaucoup de choses au plan de la responsabilité. Et comme je le disais, la Police Républicaine s’est chargée du dossier et nous avons confiance en cette police qui arrive à bout de ses analyses judiciaires, de ses enquêtes. Je voudrais encore une fois faire confiance en notre Police Républicaine. J’avance prudemment. Il est très facile de parler d’agression politique ou d’avancer des termes forts et peut-être qu’il n’en est rien si ce n’est pas du banditisme ou de la voyoucratie ordinaire. Dans l’un et l’autre des cas, ceux qui sont assermentés et qui n’ont rien à cacher, travaillent déjà sur le dossier et vont éclairer la lanterne de chacun, d’ici à là. En attendant, c’est de souhaiter un prompt rétablissement à notre compatriote Galiou Soglo et dire toute notre compassion à sa famille.

Nous sommes à deux mois des élections du 11 avril. Pensez-vous que c’est un scrutin inclusif ?
C’est un scrutin inclusif puisque tout se fait selon les lois et règlements de la République. Nous avons assisté au dépôt de 20 dossiers de candidature et c’est déjà inclusif. On a vu des gens passer à la CENA pour faire du buzz. On parle d’une élection présidentielle, c’est-à-dire de celui qui aura l’onction non seulement populaire, mais aussi divine de présider aux destinées de notre pays. Celui-là ne devrait pas être le fruit du hasard, il doit être quelqu’un qui devrait se préparer à assumer la fonction. Certains que j’ai vu passer à la CENA pouvaient nous faire économie de cela. Il y a des endroits indiqués pour faire des réclamations politiques. Ce n’est pas le jour du dépôt des dossiers qu’il faut faire des revendications. On peut le faire au moment où la loi a été engagée. Je prends l’exemple de la loi Schengen en France ou la loi sur le pacs. Jusqu’à la veille du vote de cette loi, c’est tout l’Etat qui était ébranlé. Les sondages donnaient 51 et 49%. Dès que la loi est passée à 51%, chacun s’est mis aux pas. Si nous voulons copier, copions réellement et totalement. Une fois qu’une loi est votée, sa constitutionnalité vérifiée, promulguée par le Chef de l’Etat, elle devient une loi qui s’applique à tous. On peut se battre pour chercher à corriger la loi au niveau politique. Mais, ce n’est pas le jour du dépôt des dossiers de candidature à l’élection présidentielle qu’on viendra faire des réclamations farfelues.

N’avez-vous pas peur pour votre candidat ?
Non. On n’a pas peur. Je peux vous affirmer que le travail a été fait au peigne fin. J’appartiens à l’Union Progressiste qui répond aux nouvelles normes votées à l’Assemblée nationale qui exigent le regroupement de plusieurs partis politiques, de plusieurs mouvements et personnalités de notre pays. Nous appartenons à la mouvance présidentielle et au regard du travail qui se fait, l’aveugle est tenté de vous dire qu’il voit et le sourd, qu’il entend. Tout au moins, le sourd constate qu’il y a moins de coupure d’électricité dans sa maison. Un enfant qui va à l’école constate aujourd’hui qu’il a une année scolaire pleine. Si quelqu’un avait un problème au niveau de la justice, il constate aujourd’hui que cela ne s’aggrave pas du fait des grèves intempestives. Si aujourd’hui un parent va au Cnhu, il constate la présence des médecins, même si à ce niveau, je peux constater des poches de résistance. C’est un travail sérieux qui se fait dans le pays. Gérer un pays, ce n’est pas gérer la boutique de la maman ou de la grand-mère. C’est gérer les institutions, gérer les hommes. Au regard de tout ce qui se fait, nous avons porté notre choix sur Patrice Talon pour être candidat à sa réélection pour les 05 prochaines années à la tête de notre pays. Nous n’avons pas peur.

Sur les 20 candidatures, seulement 3 duos ont pu réunir les pièces nécessaires. N’est-ce pas une manœuvre pour empêcher l’opposition de battre le candidat Talon ?
Au regard de ce qui est, Patrice Talon lui-même a eu 118 parrains et ceux qui s’annoncent au niveau des FCBE avec près de 20 parrains. Et vous avez vu le cafouillage, le méli-mélo qu’il y a eu au sein de l’opposition. Moi j’ai été opposant une fois dans ce pays. Nous avons porté la parole de l’opposition dans ce pays et nous nous sommes battus dans ce pays au titre de l’opposition. Donc on est en mesure d’apprécier ce qui se fait aujourd’hui par nos amis de l’opposition et nous constatons qu’il y a trop de distraction, trop de complaisance et de paresse politique au niveau de ce qu’il y a aujourd’hui comme opposition dans le pays. L’opposition est un gouvernement aussi, sauf qu’elle est de l’autre côté. Vous vous préparez à venir prendre fonction. C’est-à-dire que vos avis comptent au niveau de l’économie, de l’ensemble sectoriel des affaires de l’Etat. Vous devez être présents en position de dire ce que fait le gouvernement est bien, mais il faut faire mieux. C’est ça être un opposant. Vous avez entendu certains dire qu’ils ne demanderont pas de parrainage, d’autres dire qu’on en a voulu, mais ils n’ont pas le courage de nous l’accorder. Ils ont peur. C’est du cafouillage. Quand je prends Les Démocrates, on a eu sept personnalités de ce parti dans cette activité aujourd’hui. Moïse Kérékou, Bio Sawé et son colistier, Corentin Kohoué, Irénée Agossa, Réckya Madougou et Patrick Djivo sont tous des Démocrates. Ils sont tous mes amis, on se connait. Mais ça c’est un constat. Au niveau d’un parti qui veut prendre le pouvoir, le minimum c’est la posture de plus du sérieux que ce qu’on a. Il ne faut pas prendre les Béninois pour des briques de 15.

Votre frère Joël Aïvo aussi tient le même discours. Qu’en dites-vous ?
Moi je ne veux pas parler des individualités, mais de ce qui se passe dans l’opposition. Je parle des responsables du parti les Démocrates. Joël Aïvo n’est pas du parti les Démocrates, il n’a pas de parti. Mais il est aussi de l’opposition. Je parle de cafouillage en disant ceci : quand l’opposition dit qu’il faut absolument appliquer une soi-disant décision de la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples, j’appelle ça comme ça, parce que notre pays est un pays souverain et toute décision supra doit en tenir compte. J’ai parlé tantôt de nos pères fondateurs. Quand on demande d’appliquer dans ces conditions, les décisions de la Cour africaine, ça veut dire que depuis que la Constitution révisée est là et toutes les décisions qui en sont issues, qu’est-ce qu’on en fait ? Est-ce que l’Assemblée nationale du Bénin n’est pas souveraine ? Est-ce que la révision de la Constitution n’a pas respecté les différentes étapes qu’il faut. Et quand on dit ça, vous êtes candidat en appliquant une partie de la Constitution et du Code électoral, c’est-à-dire que vous venez en duo, mais au même moment vous dites que vous contestez la Constitution. Vous dites qu’il faut installer le nouveau président le 6 avril, mais au même moment vous êtes candidat à une élection dont le corps électoral est convoqué pour le 11 avril. Puisque s’il faut installer le président le 6 avril, il faut avoir un premier et un deuxième tour éventuellement bien avant. Mais c’est de l’incohérence politique. Moi dans une opposition, je me serais arrangé pour ne pas être dans une telle posture. Etre opposant, c’est faire du sérieux et vous vous préparez à prendre la place de celui qui est en fonction. Donc vous vous préparez dans toutes ces dimensions.

Voulez-vous dire qu’il n’y a rien en face ?
Je suis tenté de le dire aujourd’hui, et croyez-moi sur parole, je vous parle avec beaucoup de conviction. Au lendemain des années 1990, nous avons eu le Président Soglo, ancien Directeur exécutif de la Banque Mondiale, premier ministre qui a fait ses preuves. Il a sorti notre pays de l’ornière. Ceux qui ont vécu 1988-1989 peuvent savoir de quoi je parle. Il prend le pouvoir en 1991, mais il avait en face le Professeur Tévoédjrè, ancien Directeur adjoint du BIT. Donc, une personnalité forte aussi. Il y avait à l’époque un journal appelé, Le Bâtisseur. Chaque jour que Dieu faisait, tout ce que faisait le Gouvernement Soglo était défait avec des propositions. Dieu merci, il y en a parmi eux qui ne sont pas encore morts. Je parle de Gratien et Alfred Pognon, Gnonlonfoun et j’en passe. Voilà ce qu’on avait au cours de la première mandature 1991-1996. Puis, vient le Président Kérékou où le Président Adrien Houngbédji devient opposant. Vous savez aussi les prouesses du Parti du Renouveau Démocratiques à l’époque. Quand vous prenez ce qui est là aujourd’hui avec tout ce que le Président Talon est en train de faire, on peut apprécier au moins ce qui se fait, puisque désormais, le coton est passé à 700 mille tonnes. On était à 350 mille tonnes. Les Burkinabè nous avaient insultés ici disant que le Bénin cultive le coton à la télévision. Aujourd’hui, nous sommes à près de 60% d’indépendance énergétique. Aujourd’hui, on n’a plus de coupure intempestive du courant. S’il n’y a pas le courant, sachez qu’ils ont un problème technique quelque part. Aujourd’hui, dans le domaine de l’agriculture, ce n’est plus que le coton. C’est aussi le riz, l’ananas etc. On a un gouvernement soudé et des formations politiques soutenant les actions du Chef de l’Etat soudées également. Mais pour faire face à ça, il faut que vous aussi vous soyez sérieux ou tout au moins que vous fassiez presque la même chose. L’opposition d’aujourd’hui n’est pas à la hauteur. Ce n’est pas une question de sentiment. J’ai plein d’amis parmi ceux que je viens de citer. Aïvo, c’est mon frère et ami, Kohoué, c’est mon frère, Irénée Agossa aussi, Réckya Madougou, c’est ma sœur. Donc pour la plupart, ce sont mes frères et amis. Mais quand il s’agit de la République, il faut plus du sérieux et d’abnégation.

Comment quelqu’un comme Aïvo peut-il arriver à ce que vous appelez de l’incohérence ?
Il n’y a qu’une seule chose. C’est le constat. J’ai fait malheureusement le constat de ce qu’il y a de l’incohérence au niveau des positions de l’opposition. Je viens de vous démontrer le pourquoi. Le pourquoi, c’est quand on respecte en partie une loi électorale. Il y a incohérence. Une loi est entière.

Est-ce que derrière ça, il n’y a pas une volonté de semer le désordre pour créer une nouvelle République ?
Vous savez, quand vous êtes avec un homme politique, soyez sur le qui-vive. En politique, l’homme politique peut vous dire que le verre est à moitié plein ou à moitié vide. Il ne leur a pas menti, mais il peut orienter le débat ou les faits autrement contre sa propre déclaration. Ces derniers temps, vous avez vu de hauts juristes, mais qui ont parlé plus politique que du droit. On a méconnu un certain nombre de personnalités. Quand on dit par exemple qu’il y aura un vide juridique à partir du 6 avril prochain, on fait la politique. On ne dit pas le droit. Ils ont parlé de vide. On n’a pas besoin d’être un juriste pour le savoir. Et en matière juridique, quand on dit qu’il y a vide juridique, c’est que rien n’est prévu. Et ça on n’a pas besoin d’être un licencié ou un docteur en droit pour le savoir. Que personne ne vienne vous influencer. Dites-lui non. Tous autant que nous sommes, nous avions dénoncé dans ce même pays le coût moral, matériel et financier de nos élections. Chaque un an et demi presque, on est en élection. Comment faire pour regrouper les élections ? C’est désormais fait. On aura une année électorale dès 2026. Pour y arriver, il fallait faire des analyses intellectuelles et politiques. C’est tout ça qui est mis ensemble dans la Constitution révisée. C’est pour ça que les prochains députés de 2023 feront trois ans. Les conseillers communaux qui sont là, ils ont 6 ans à faire. Et il est précisé désormais à quel moment on installe le nouveau Chef de l’Etat : le troisième dimanche du mois de mai. Et face à toutes ces précisions, la Constitution qui couvre notre pays dit dans sa phase transitoire que le Président en exercice reste en fonction jusqu’à l’installation du nouveau Président. Ça veut dire que la période est couverte. Ce qui veut dire qu’il n’y aura pas de vide. Si rien n’avait été prévu, là d’accord. Mais ce n’est pas le cas aujourd’hui.

Holo a dit qu’on peut toutefois voter une loi dérogatoire sur le parrainage. Qu’en dites-vous ?
On n’en est qu’à des propositions. Le Professeur Holo était dans ce même pays quand la loi sur le parrainage a été votée à l’Assemblée nationale. Quelles étaient son opinion et sa position ? La loi a été votée et promulguée. Ce n’est pas maintenant qu’on se retrouve nez-à-nez avec son application qu’il faut rechercher des stratagèmes. Un pays, ce n’est pas un ghetto, ce n’est pas de l’amusement. On a souhaité quelque chose, une meilleure organisation du système partisan, c’est devenu une loi. Ce n’est pas à sa première application qu’il faut déjà chercher à remettre en cause. Et le parrainage c’est quoi ? Nous avons le parrainage en France, au Sénégal et en Côte d’Ivoire par exemple. Moi j’ai l’habitude de dire que le parrainage est un acte républicain. Je n’ai pas besoin d’être de votre parti avant d’avoir votre parrainage. Sinon Marine Le Pen ou Jean-Luc Mélenchon ne seraient jamais candidats en France. Tant que nous allons copier des choses, prenons toutes nos responsabilités en allant les prendre. Puisque ça se fait ailleurs. Le parrainage n’est pas une invention béninoise. C’est-à-dire que vous qui souhaitez présider à notre destinée, venez au moins un peu de quelque part, que quelques-uns d’entre nous soient déjà d’accord avec votre projet et votre personnalité. On peut demander ça. Il y a le parrainage au Sénégal, en Côte d’Ivoire, je le rappelle.

Au Bénin, nous n’avons pas encore une loi qui organise le fonctionnement du parrainage, n’est-ce pas ?
La loi qui a été votée, c’est une loi. C’est dans le Code électoral. Ce n’est pas pour rien qu’on l’a dit. C’est pourquoi il y a un support juridique qui dit que pour avoir le parrainage, il faut au moins 16 maires ou 16 députés ou encore 16 députés et maires. Le support juridique qui l’a institué était prévu par la loi et nos amis le savent. Le Président Talon est allé chercher les réformes constitutionnelles et politiques dans l’ensemble de toutes les premières réflexions. Kérékou avait voulu ça, même Yayi avait parlé de démocratie Nescafé, mais c’est Talon qui a réussi à passer à l’acte, au concret et désormais nous sommes en face de la réalité. On peut ne pas être d’accord avec le gouvernement, mais admettons qu’il y a mis du concret. Si une loi peut être là et qu’une partie de la population refuse de l’appliquer, je ne sais pas ce que le pays va devenir. Au jour d’aujourd’hui, certains n’ont pas voulu que le parrainage soit là, c’est leur droit citoyen, mais c’est désormais la loi et nous sommes déjà en plein le processus électoral. Tous ceux qui disent le contraire en ce moment jouent contre le pays, ils jouent avec la sécurité de nos populations.

Quand vous prenez tout à l’heure l’exemple de la Côte-d’Ivoire, vous n’êtes pas sans savoir que le parrainage citoyen tel qu’il est appliqué là-bas a exclu du jeu Mamadou Coulibaly, l’ancien président de l’Assemblée nationale de Côte-d’Ivoire. Et si on regarde ici avec le parrainage des élus, on va assister à l’exclusion de Rékya Madougou, Joël Aïvo. Est-ce que ce n’est pas une disposition crisogène?
Vous voyez des gens, qui pendant 5 ans n’ont jamais dit un mot sur la gouvernance du pays, ni sur ce qui marche et ce qui ne marche pas dans le pays encore moins sur les soucis de nos populations. Mais 5 ans après on prend le sac pour se présenter comme candidat. Il faut se méfier de ces gens de candidatures. Chaque pays choisit son format, le format ivoirien n’est pas synonyme du format sénégalais. Et le Bénin est venu avec sa copie. « Si j’étais à votre place, je me battrais pour être candidat », Vous vous rappelez de cette phrase ? Au temps des élections législatives, Talon a presque dit à ses adversaires qu’ils s’y prennent mal. Je suis tenté de dire la même chose ici parce que si vous voulez vous présenter, venez en duo. Des gens que vous avez vus, à qui vous avez certainement accordé un certain crédit et qui ne le méritent certainement pas, mais qui se présentent en duo c’est-à-dire en respect de la loi de notre constitution et qui refusent d’aller jusqu’au bout, respectent juste une partie de la loi. On ne respecte pas une partie de la loi, mais on respecte toute la loi. Ça, c’est s’amuser avec le pays. Vous venez en duo et donc en application de la constitution révisée.

Vous êtes de l’Union Progressiste. Est-ce que vous y allez seul soutenir Patrice Talon ou vous organiser avec les autres composantes de la majorité présidentielle ?
Il n’y a pas que l’UP et le BR, mais le Président Patrice Talon est soutenu par les forces politiques de la mouvance présidentielle. Vous avez vu comment c’est soudé, c’est ça être un chef. Quand vous voyez le sérieux de l’Union Progressiste bardé de plusieurs personnalités, au niveau du Bloc Républicain, du Parti du Renouveau Démocratiques et les autres, le sérieux, la manière dont ils sont soudés et il y a le Chef de l’Etat, je vous assure que c’est très important. Et c’est face à cela que vous avez la panoplie de l’autre côté. On ne va pas remplacer dans notre pays l’ordre par le désordre. Ce n’est pas un pays mal organisé que nous voulons laisser à nos enfants. Mais il s’agit du pays du Président Maga, Apithy, Ahomadégbé et ce sont des gens qui se sont beaucoup battus pour que notre pays soit. Il faut aller dans les cachots de nos rois, le combat qu’ils ont mené à l’époque pour qu’on ait l’indépendance et le Renouveau démocratique, ce n’est pas ça que nous allons saboter à travers ce que j’observe. Patrice Talon, humainement et au-delà de ce qui est humainement possible, je pense qu’il gouverne le pays avec beaucoup d’ardeur.

Comment avez-vous vécu la décision du PRD de se maintenir dans l’arène après tous les coups que vous lui avez donnés aux élections communales, en le soupçonnant de ne pas être de la mouvance ?
J’aime la cohérence dans tout ce que je fais. C’est le minimum qu’on puisse demander à un homme ou à une formation politique. Le PRD est au moins resté cohérent dans son choix. Le PRD nous a dit depuis Ifangni qu’il serait désormais de la mouvance présidentielle. Le PRD soutient donc le Président Patrice Talon, jusqu’à la veille du scrutin, le PRD n’avait jamais fait une analyse contraire et n’a pas pris une position officielle contraire. Un autre choix du PRD donnerait le sentiment d’une certaine incohérence, donc il est resté cohérent en choisissant le candidat Patrice Talon. Il peut ne pas être content sur un certain nombre de points, soit. Je peux vous dire tout mon bonheur de constater que le PRD est resté cohérent, c’est-à-dire qu’ils appartiennent à la mouvance présidentielle et ils ont choisi comme candidat le leader de la mouvance.

Vos collègues ont reconnu que le PRD a reçu des coups parce que c’est vous qui étiez sur le terrain donc comment vous vous êtes senti sur le terrain ?
Il y a des faits politiques qui parfois vous arrangent parfois non. Mais qu’est-ce qu’on peut attendre d’un homme et d’un homme politique, si ce n’est que la parole. Au niveau de l’Union Progressiste (UP), nous travaillons déjà dans les villages, quartiers, villes et hameaux. Nous sensibilisons à divers niveaux. Pendant que les autres n’ont pas fini de résoudre le problème de leur candidat, nous, nous avons fini avec ça. C’est le terrain qui commande et nous, nous sommes déjà sur le terrain. Moi particulièrement au niveau de l’Ouémé à Porto-Novo, dans ma circonscription, je travaille et à beaucoup d’autres endroits.

Quel est le sentiment des Porto-noviens ?
Ils sont aujourd’hui très heureux. Je suis un fils de Porto-Novo du premier arrondissement en plus. Je sais ce qu’il y a dans cette ville depuis des moments et je vois ce qui est en train de changer. Nous ne sommes qu’à la première phase des trois phases prévues au titre d’asphaltage. Donc vous comprenez que Talon n’est pas à laisser partir. Avec les réalisations de Talon à Porto-Novo, vous vous perdez parfois bien que vous soyez de la ville et dans la ville. Vous êtes surpris du changement de la ville. Et je peux vous assurer que beaucoup de choses vont changer encore. C’est le lieu de lui dire encore une fois merci. Il a fait sa tournée dans les 77 communes du Bénin en voiture, ce que j’encourage parce qu’il faut être sur le terrain pour en connaître le prix de santé, le prix mental. Et c’est ce qu’il a fait à travers sa tournée. A sa descente à Porto-Novo, il a dit qu’il souhaite longue vie à chacun de nous, c’est-à-dire les trois prochaines années au moins, pour que nous puissions vivre les choses qui vont changer, c’est-à-dire ses réalisations.

D’aucuns estiment que Talon a instauré un régime de terreur dans le pays avec la CRIET
J’ai eu la chance d’avoir été préfet de département, et nous envions des pays du fait que ces pays sont basés sur des principes, et sont gouvernés par des lois. Vous allez en Chine, en France, ou aux Etats Unis, on les envie du fait de ce que des principes gouvernent ces pays-là, du fait que les lois gouvernent ces pays et que l’autorité de l’Etat est en place. J’ai rarement l’habitude de citer certains hommes politiques. Quand le président Houngbédji dit que le pays était un Etat fragilisé, un Etat banalisé, un Etat descendu de son piédestal, il ne pouvait pas mieux dire et moi, je peux vous confirmer que c’était vrai. Il fallait restaurer l’autorité de l’Etat dans le pays. Le directeur de cabinet qui manque de respect au ministre, le ministre qui manque de respect au Chef de l’Etat, de simples journalistes manquent de respect au Chef de l’Etat et ainsi de suite. Pour vous dire que l’autorité de l’Etat était en souffrance. La preuve, Gérard Agognon et toute son équipe de l’Evénement Précis, vous êtes ici, vous travaillez de façon professionnelle. Personne n’est jamais venu vous chercher et vous n’avez jamais été inquiété ? C’est ce que je dis à des amis. Si vous faites bien votre travail, personne ne viendra vous prendre. Travaillez sur les dossiers. Fouillez. Je fouille, je fouille et je sors les faiblesses de la chose. Personne ne peut vous incriminer. Si vous en connaissez un, dites-moi.

Joël Aïvo a dit que nous sommes dans un régime de dictature, parce qu’il n’y a pas la liberté.
Pas vrai. Pour la simple raison qu’il a fait sa tournée itinérante et il n’a jamais été inquiété. Dans un régime de dictature, ce n’est pas faisable. Dans un régime de terreur, il ne peut pas faire ça. Nous avons la possibilité des lectures et avec le peu d’âges que j’ai, nous avons la chance de voir ce que c’est que la dictature. Il dit ça parce qu’il a été empêché à certains endroits. Mais vous convenez avec moi que pour tenir des réunions, il y a des conditions à remplir. Il a fait près de 50 communes, avait-il dit. Donc s’il y a des endroits où il y a eu des ratés, il peut s’en prendre à ses équipes qui lui préparent le terrain pour son arrivée. Ça n’a rien à voir avec ce qui se passe au niveau de la gestion du pays. Que vous ne soyez pas d’accord, on le comprend, mais on ne peut pas demander à tout le monde d’être d’accord avec le président Talon. C’est des choses qu’il faut concéder, mais dans la justesse des choses. Dire ce qu’il y a. C’est-à-dire que vous pouvez faire bien, mais moi je viens avec mon background pour fouiller, chercher les cheveux et sortir des choses que personne n’avait vues. Je donne un exemple, quand Tévoédjrè officiait en tant qu’opposant dans ce pays, et que l’épouse du président Soglo avait des difficultés sanitaires et qu’elle devrait être évacuée, Tévoédjrè avait dit ceci : « J’ai suivi le dossier, j’ai fouillé, fouillé et je suis allé prendre le pan qui m’intéresse. Lequel ? C’est-à-dire que c’est le ministre Vieyra, alors ministre d’Etat chargé de la défense, c’est lui qui vient en, je me suis alors attaqué à eux. Depuis quand la défense concerne la santé ? Deux, il est le beau-frère du Chef de l’Etat. Je me suis attaqué à ces deux pans-là pour dénoncer le dossier. » Il a tellement dénoncé qu’à un moment donné, le président Soglo était dérangé. Voilà le rôle d’une opposition et quand vous faites ça, personne ne vous interpelle. Plein de gens le font aujourd’hui. Je connais plein de journalistes sur Sikka TV qui le font et bien d’autres dans les journaux, mais ils n’ont jamais été interpellés. L’essentiel, c’est que vous dites ce qu’il y a. Mais quand vous vous mettez à insulter un chef d’Etat, quand vous vous mettez à porter atteinte à la sûreté de l’Etat, vous serez inquiété. Aucun Etat n’accepte cela et aucun régime de terreur ne s’est encore installé au Bénin. Quand les gens le disent puis après ils rentrent chez eux, c’est qu’il n’y a pas un régime de terreur. Puisqu’il a dit ça et il est parti à la maison. Allez dire ça en Corée du Nord. Allez dire ça dans les pays où il y a vraiment de dictature et on verra. Allez dire ça au Congo de Mobutu de l’époque ou de Sékou Touré de l’époque. Vous finissez de le dire, mais vous ne rentrerez pas à la maison. C’est ça un régime de terreur. Il ne faut pas qu’on s’amuse avec les vrais débats. Je suis très heureux et il était temps. Je suis tenté de vous dire que Talon ne fait pas encore autant qu’il le faut sur le sujet. L’autorité de l’Etat doit être restauré et totalement.

C’est à combien de pourcentage actuellement selon vous ?
Le peu qui est fait est acceptable. Nous avons aujourd’hui les mentalités qui bougent du fait de la rigueur installée, c’est une bonne chose. C’est vrai que si tu veux éduquer un enfant, il faut y aller doucement. C’est ce qui se passe et je le concède. Donc, on est à un niveau relativement bas, mais il faut aller un peu plus. Je vous donne un exemple. Prenez vos voitures, prenez vos motos et allez sur nos carrefours voir ce qui se passe. On est dans un pays où le respect du code de la route n’est pas encore total. On est des hommes et non des animaux. Est-ce qu’on a besoin de conduire comme on le fait dans la ville ? Ce n’est pas encore fait. Mon frère et ami le Préfet Toboula, le travail qu’il a fait, vous voyez comment les bonnes dames reviennent déjà occuper les trottoirs ? Donc nous sommes à un niveau loin de ce que veut le président Talon, mais il fait avec. C’est l’eau et le sang qui coulent dans ses veines. Ce n’est pas qu’il n’entend pas ni ne voit ce qui se passe ou ce que les gens disent. Si nous sommes dans un pays apaisé, vivable avec des capacités de développement que nous allons laisser à nos enfants, il faut restaurer l’autorité de l’Etat. Quand j’arrive dans un ministère, le patron à ce niveau, c’est le ministre. Moi j’ai entendu un directeur de société sous tutelle du ministère dire à côté de son ministre : « Je rendrai compte au Chef de l’Etat ». Et le ministre était là. Vous trouvez que c’est normal ? Il était temps. Le pays est vaste oui, mais il doit y avoir un couvercle. Ce n’est pas un régime de terreur si ce n’est de respecter les lois, de restaurer l’autorité de l’Etat. Je ne pense pas. Je vous assure, j’ai un grand souhait. Que Dieu donne la santé à Patrice Talon et lui permette d’avancer un peu sur le plan de la restauration de l’autorité de l’Etat.

En dehors de la restauration de l’autorité de l’Etat, sur quels autres chantiers vous estimez que le chef de l’Etat a réussi ?
Nelson Mandela avait déjà dit : « Si vous voulez assassiner un pays, ne prenez pas les armes. Prenez leur éducation, leur culture. » Et, ce n’est pas faux. C’est pour ça que sur ce chantier, le Chef de l’Etat a pris tout son temps. Il a fallu près de deux ans avant qu’on accouche le Conseil national de l’éducation. Allez voir ce qui se passe à leur niveau. Désormais, nos enfants vont à l’école toute l’année scolaire. Alors qu’avant, presque trois ou quatre mois, on en arrive à des grèves et finalement, on est obligé de sauver l’année. L’année suivante, on sauve, l’année qui suit, on sauve et finalement, les enfants ont un CEP sauvé, ils ont le BEPC sauvé et le BAC sauvé. Quel pays construit- on comme ça ? Aujourd’hui, c’est quelque chose de réglé. Les enfants du privé comme du public vont à l’école toute l’année. Ce qui n’était pas le cas avec les cours publics, car c’est seulement ceux dont les parents ont un peu de moyen qui vont à l’école toute l’année avec les cours privés.
Dans le domaine de la santé, c’est la même chose. Ceux qui ont les moyens peuvent aller dans les cliniques dans les zones urbaines. Mais nos parents qui viennent de Kétou, de Zagnanado, de Cana, de Nikki ou de Ségbana, même avec l’argent en poche, quand ils viennent au CNHU, le médecin a ses « klébés » qui vont leur dire : « Il n’est pas là hein, est-ce que vous n’allez pas carrément aller dans sa clinique ? Il ne viendra plus ici aujourd’hui apparemment ». Désormais, ce problème est réglé aussi. La justice, il y en a qui font un mois de plus en prison parce que la justice est en grève. Il y avait tellement de choses qui se passaient qu’on a fini par s’habituer au désordre. On ne voyait pas la gravité de ce qui se passait. Ça fait trois secteurs. J’ai parlé de la santé, de la justice et de l’éducation. Trois secteurs essentiels dans un pays, qui étaient malmenés.
Aujourd’hui, tout se passe normalement. Nos pays, leur lendemain meilleur dépend de l’agriculture comme l’avait dit le président Houphouët-Boigny. Je vous ai dit tantôt que Soglo avait fait un travail merveilleux. On tournait autour de 400.000 tonnes de coton de 1991 à 1996. Yayi a mis tous ses efforts dans le panier, mais on tutoyait les 350.000 tonnes. Mais aujourd’hui, le paradigme a changé, c’est-à-dire que les choses sont reparties dans les mains du secteur privé et c’est ça l’essentiel du succès du coton aujourd’hui. C’est-à-dire que les gens sont mieux motivés à travailler. Nous sommes à 700.000 tonnes. Nous sommes devenus premiers. Le riz, nous sommes à 600.000 tonnes et le gouvernement a pour ambition d’aller vers le million.
La sécurité, mes chers amis. Acceptons que, quelque chose a changé. Vous êtes à moto ou à véhicule, reconnaissez que les policiers ne vous gênent plus comme avant. Il ne faut pas avoir peur de dire certaines choses. Avant, presque à tous les carrefours, il y avait un policier. C’est-à-dire que quand son épouse a envie de prendre un poulet, il prend son sifflet et va à un carrefour puis commence par arrêter les gens. Ce n’est plus ça aujourd’hui. J’ai dit quelque chose aux bonnes dames de Dantokpa il y a quelques jours. J’ai dit : « Nous sommes en période de fin d’année et il n’y a pas eu un seul braquage dans la zone de Dantokpa ni de Missèbo. C’est une réussite et donc, la sécurité est de mise. » Il n’y a pas la sécurité ou l’insécurité zéro, mais on peut constater l’effort qui est fait.
On peut parler de l’énergie. Le ministre Houssou m’a dit que depuis 1960, tous les fils conducteurs du courant électrique n’ont jamais été changés. Avec ça, comment peut-on avoir le courant électrique en continu. On devait au Nigéria et on n’arrivait pas à rembourser et ils nous coupaient régulièrement. Le gouvernement a tout payé. Désormais, c’est le Nigéria qui appelle le Bénin pour proposer de lui vendre le courant électrique. Vous avez vu tout le bruit qu’il y a eu autour de Maria Gléta. Nous sommes désormais à 60% d’indépendance énergétique et nous clignotons en direction de l’indépendance totale. L’autre mérite que Talon a, est de savoir mettre celui qu’il faut à la place qu’il faut. Vous savez d’où est venu le ministre de l’énergie, de l’EDF en France. Il est venu avec une somme d’expérience et les résultats sont au rendez-vous. Vous voyez, je suis en train de citer les mérites du gouvernement Talon et il faut que je vous parle aussi des réformes politiques. Vous voyez un cadre politique, il est nommé, deux voire trois semaines après, il a un parti politique. Pour bouffer les sous de la cellule de communication du ministère, il crée deux ou trois journaux. Il dope les frais de communication du ministère. Parce qu’il met beaucoup et il prend ça par-derrière. Avec ça, les journaux professionnels comme le vôtre sont asphyxiés parce qu’il va vouloir travailler avec les journaux qu’il a fait créer. Le jour où il est enlevé du gouvernement, il abandonne les journaux et ceux qui les dirigent deviennent des mercenaires. Voilà les dirigeants auxquels on avait eu droit. Aujourd’hui, cette pratique aussi est du passé.
Au niveau du secteur des infrastructures : A l’heure où on parle, le nombre de stades, on le sait. Le nombre de marchés, on le sait et les infrastructures routières. Comme l’autre le disait, la route du développement passe par le développement de la route. Regardez l’épaisseur des pavés, des goudrons qui se font depuis quelques années et dès que c’est fini, vous avez les trottoirs qui suivent et les lampadaires solaires qui accompagnent pour l’éclairage la nuit. Je peux vous dire que ce n’est pas les sous qui ne sortaient pas avant, mais le travail complet n’est pas fait.

Le prix démocratique payé par le Bénin dans le but de ces réformes avec les massacres de 2019, à Savè, Tchaourou, Cotonou etc. La Résistance est revenue sur tout ça dans un communiqué pour mettre en garde. Vous ne pensez pas que le gouvernement en a fait un peu trop ?
Vous savez, les gens s’amusent avec des jeux de mots. On s’amuse avec les mots. Vous savez ce qu’on appelle massacre ? D’abord nous sommes dans une démocratie et on parle de Résistance. C’est des mots mal choisis. Les combats se mènent avec les mots qu’il faut, les attitudes qu’il faut, les habitudes qu’il faut, les pensées qu’il faut. Nous, nous avons eu la chance malgré notre âge de suivre les acteurs politiques du continent. Je veux parler de Ben Bella, de Laurent Gbagbo, je veux parler d’Abdoulaye Wade, … Je veux parler des pays occidentaux, je veux parler des pays de l’Asie….. Je peux continuer la liste…Nous les avons vus travailler politiquement. On le dit avec beaucoup de conviction. C’est vrai qu’autant que nous sommes aujourd’hui, on lit moins, on apprend moins, on se lève seulement et on parle. Non. Allez vérifier la lutte menée par ces gens et comment ils l’ont menée pour arriver pour certains au pouvoir. Pour d’autres mourir dans l’honneur comme Etienne Tchissékédi au Congo Démocratique qui s’est battu jusqu’à sa mort. Et comme la nature, je vous l’ai dit tout à l’heure ne vend rien à crédit, c’est son fils qui préside aujourd’hui les destinées du pays. La nature ne fait rien au hasard, rien. Je ne vois pas de résistance quand c’est un jeu démocratique. On dit d’être rationnel, on dit d’être avisé, vous refusez tout ça, vous pensez qu’il y a une résistance dans un pays, vous connaissez ce qu’on appelle résistance ? Les mots sont utilisés abusivement, pas de massacre. Il n’y a pas eu de massacre. Parce que s’il y avait eu de massacre on ne parlerait pas que de dame Amoussou. Paix à son âme.

La Résistance demande que les auteurs et commanditaires de ces actes soient jugés
La justice est saisie et elle fait son travail. Mais quand il veut y avoir atteinte à la souveraineté de l’État, l’État réplique. Il n’y a pas de demi-mesure. Si vous voulez mener de luttes politiques, vous menez de lutte politique. Mais si vous voulez jouer à la résistance, si voulez attenter à l’État, l’État répond. Moi je suis en train de faire une recherche aussi pour passer le doctorat en science politique qui m’amène à me rendre compte du coût social difficile payé par les Français pour que la France soit. Cela n’a jamais été une tasse de thé, le développement d’un pays. Il y a du travail à faire. Au jour d’aujourd’hui, qu’est-ce qu’on demande à nos compatriotes ? Celui qui n’est pas d’accord avec Talon, qu’il se prépare, qu’il mobilise. Ce n’est pas ce que moi je vois là, pour vous dire la vérité. On pense que quand on a fini de boire son café, quand on a aligné des mots forts, on pense que le gouvernement est défait. C’est faux. Quand on a fini de prendre sa bière ou de panaché, on fait des déclarations et on pense que le gouvernement est défait, mais est-ce qu’on a besoin de dire ça ? Quand j’ai fini de faire ça, cela me donne quoi ? Je dois constater que depuis que Patrice Talon est là, je suis tenté de dire que tout lui réussit.

Et qu’est-ce qui ne lui a pas réussi ?
C’est une grosse question. Et je reviendrai un peu à ce que j’ai dit. Je ne parle pas en tant que tel d’échec. C’est-à-dire quoi ? L’autorité de l’Etat, ce n’est pas encore complet dans le pays. L’irrespect d’un certain nombre de choses, d’un certain nombre de faits administratifs ; l’irrespect d’un certain nombre de comportements sociaux, c’est encore là. Il vient de faire cinq ans, cela ne peut pas changer du jour au lendemain. Sinon pour la plupart de ce qu’il touche, ça lui marche et il faut le lui souhaiter davantage. Les paradigmes d’un certain nombre de choses ont changé. Quand le pays s’ajuste, il y a un certain nombre de secteurs qu’il faut actualiser. Chacun doit actualiser un certain nombre de choses à son niveau pour pouvoir aller dans les normes qu’il devrait aller pour le bon et pour le mieux. Donc je suis tenté de vous dire qu’en moyenne tout ce à quoi il touche lui marche.

Que doit faire le prochain Président du Bénin pour réussir son mandat ?
Un : continuer à travailler sur le chantier de la restauration de l’autorité de l’Etat. Deux : continuer par aider le secteur privé à actualiser ses données, à s’arrimer au nouveau paradigme. Au niveau du secteur public, il y a beaucoup de plis aujourd’hui du fait que les paradigmes ont changé et chacun veut continuer à opérer comme avant. Du coup c’est difficile. C’est-à-dire de travailler à ce que les gens réussissent à travers la sensibilisation, d’une manière ou d’une autre pour que les gens s’adaptent aux nouveaux paradigmes et que le secteur privé soit plus vivant et plus producteur. L’économie d’un pays, c’est d’abord le secteur privé. C’est ce que l’expérience démontre depuis un bon moment. Ce qu’il doit faire, c’est continuer ce qui se fait déjà au niveau de l’agriculture. Nous devons réussir. Vous imaginez que les tomates et les oignons que l’on mange ici nous viennent du Burkina-Faso ! Nous, on a assez de terres arables. Tout simplement parce que le faux ayant pris le dessus, chacun veut aller dans le faux et les terres sont délaissées. C’est le lieu de rendre hommage ici à Dossouhoui Gaston. Il n’y a pas à avoir peur des mots. C’est l’un des meilleurs agronomes que nous avons dans le pays. Et c’est lui que Talon a dépêché pour faire renaître l’agriculture et nous avons des résultats. C’est de continuer par faire ce qui se fait pour que quand on dit que nous sommes à six cent mille tonnes de riz, que désormais on passe à un million et un million cinq cent mille tonnes. Au niveau de l’ananas, si on travaille un peu là aussi, il faut qu’on en produise beaucoup plus. Le coton en est à 700 mille tonnes, pourquoi ne pas aller à un million, cela ne doit pas être impossible. Bref, faire de l’agriculture, un des centres pour le socle majeur du développement de notre pays. Continuer sur le plan de la sécurité. Il y a un fait évident, c’est que Talon venant du secteur privé, ayant peut-être eu le temps de tout voir ou tout pratiquer presque, est intervenu dans tous les domaines. Il n’y a pas de domaine qui n’ait pas été touché. Il a presque touché à tout. C’est pour cela que ça a été très lourd au départ. J’ai entendu parler de gouvernement maquette. Les gens s’en moquaient. Pour les gens, cela ne donnerait rien, c’était comme un rêveur qu’on est allé jeter au palais de la Marina. Aujourd’hui, il faut faire un tour au Palais de la Marina. Vous aurez envie d’y travailler. Aujourd’hui, le travail qui se fait est largement au-dessus de la moyenne. Il ne faut pas faire la langue de bois ici, le prochain que moi je souhaite, c’est Patrice Talon. C’est d’ailleurs pour ça que j’ai dit que TALON 2 s’impose. A juste titre. C’est-à-dire que pour moi, on ne peut pas avoir fait tout ce que j’ai dit plus haut et dire maintenant qu’on va faire un saut dans l’inconnu. On est envoûté ?

Et vous faites quoi concrètement de façon personnelle ?
J’avais déjà dit tantôt que sur le terrain nous travaillons. Nous nous approchons de l’échéance électorale. Nous nous rapprochons de nos parents, nous allons vers nos collectivités, nous allons vers des amis, nous allons vers des populations à la base pour expliquer. Parce qu’il y a beaucoup de vendeurs de vent. Il y a beaucoup de vendeurs d’illusions qui veulent montrer que le pays ne va pas, il n’y a pas ci, il n’y a pas ça. Mais pourtant, la dame voit, le monsieur il voit. Il faut que nous allions porter le message de ce qui se fait. Il faut que nous allions expliquer le pourquoi de certaines difficultés parce qu’on ne peut faire d’omelette sans casser des œufs. Non, le déguerpissement, beaucoup ne savent pas qu’il était utile pour les fibres optiques à mettre pour renforcer la capacité de l’internet. Aujourd’hui, si vous voulez avoir votre casier judiciaire, si vous êtes né à Djougou ou à Abomey là-bas et vous êtes à Cotonou ici, vous tapez sur votre téléphone et vous avez votre casier judiciaire. Je l’ai vérifié, chapeau ! C’est pareil pour le BAC. Il fallait aller forcément à la DOB : tapez votre téléphone et vous avez vos résultats ou vos attestations du Bac. Il fallait qu’il y ait un débit de l’internet qui facilite des recherches à chacun de nous. Aujourd’hui, c’est ce qui facilite la communication. Mais à l’heure où on cassait, c’était seulement du bruit sans savoir qu’il y avait des objectifs à atteindre. A quoi cela peut servir à Talon de faire du mal à une bonne dame qui a installé son commerce quelque part ? Non ! Mais pour les besoins de la République, pour faciliter le développement de ce pays, pour faciliter la vie tout simplement, il était utile.

Le travail que vous faites sur le terrain, êtes-vous convaincu que si l’élection est inclusive Talon va gagner ?
D’abord l’élection l’est déjà au titre de l’inclusivité de la chose. Deuxième chose, de tout ce que je viens de citer, moi je ne vais pas dire que dans la vie par votre compétence, par votre aura, lorsque vous avez le minimum de chance, les choses vous marchent. Je suis tenté de dire que c’est le cas de Talon parce qu’en face il n’y a pas grand-chose et il n’y a que du maïs, comme le dit mon ami Blé Goudé. Vous voyez ce qui se passe aujourd’hui, même si tu es opposant, si tu n’es pas convaincu dans les propos de ce que tu veux dire à une dame ou à un homme contre Patrice Talon, ils ne te croiront pas. Puisqu’il passe désormais très bien sur une voie. Que d’heureuse surprise aujourd’hui dans nos communes au plan des infrastructures. Ce qui se passe à Cotonou se passe à Porto-Novo et ce n’est pas que dans ces deux communes-là. Cela se passe à Lokossa, cela se passe à Abomey, cela se passe partout. J’ai quelqu’un qui est revenu de Parakou hier. Et pour vous dire la vérité, il est quelqu’un qui n’aime pas trop le gouvernement qui est là. Et il est venu me faire des aveux. Maintenant il veut nuancer ça en disant : « Mais est-ce que c’est Talon qui a fait ça ou c’est Yayi Boni qui faisait ça? »

Pour vous qui avez manœuvré dans l’ancien régime, on sait que c’est le gouvernement Yayi qui était votre premier soutien…
Yayi a fait ce qu’il a pu pour le pays, Nicéphore Soglo a fait ce qu’il a pu pour le pays et Patrice Talon, aujourd’hui, est en train de faire des merveilles pour le pays.

Yayi a posé toutes les pierres
Oui, oui, moi je ne sais pas mentir. J’aime dire ce qui est. Il avait des premières pierres qui étaient les dernières pierres. Bien sûr, il en a fait à Porto-Novo, un peu partout. C’est vrai que la volonté ne manquait pas. Mais toujours est-il qu’aujourd’hui, je n’ai vu Talon poser une seule première pierre, mais pourtant, vous avez des réalisations. Vous avez vu Maria Gléta, vous avez vu tout ce qui allait se faire avant au titre de délégation ministérielle, présidentielle. Même le jour de mise en service, Patrice Talon n’y était pas.

Ils ont dit qu’à la table ronde de Paris, les bailleurs de fonds avaient déjà mobilisé les fonds.
C’est trop facile de dire ces choses-là. Les preuves sont à différents niveaux. Vous allez dire même le coton qui est passé à 700 mille tonnes là que c’est Yayi qui avait déjà fait ça ? Vous allez dire que le palais qui est rénové là que c’est Yayi qui avait fait ça ? L’épaisseur des pavés, non, chacun fait ce qu’il peut au regard de ses propres compétences, de son naturel, de sa vision.

Le Bénin est énormément endetté à cause de ces chantiers
Vous savez le Président Houphouët-Boigny qui est quelqu’un pour qui j’ai beaucoup de respect parce qu’ayant construit la Côte-d’Ivoire, le Président Houphouët Boigny a dit ceci : « Tous les pays africains qui ne vont pas s’endetter pour se développer, le regretteront ». Aujourd’hui nous avons un taux minimal au niveau de la sous-région, c’est 70%. Le Bénin en est encore très loin. Nous sommes autour de 45-50%. De quel endettement parle-t-on ? L’endettement si c’est pour construire les fondements d’un développement durable, il vaut mieux le faire. Moi je suis un économiste financier. Par exemple pourquoi nous militons pour la micro finance ? C’est parce ça contribue de beaucoup pour aider les gagne petits. Pendant qu’on faisait le projet de société d’un candidat de taille, certains camarades s’opposaient et je leur ai dit ceci : « Mais arrêtez, vous ne savez rien. Moi j’ai une structure de micro finance. La dame qui vend la bouillie vend le sceau à 5000 FCFA. Cette dame qui achète du maïs à crédit pour faire cette bouillie que moi j’achète à 5000F, si je prête dix mille à cette dame, je l’ai rendue indépendante. »

Vous qui aviez fait le Parti du Renouveau Démocratiquesqu’on accusait d’avoir introduit l’argent dans la politique et qui êtes maintenant dans l’Union Progressiste qui veut enlever l’argent de la politique, quand vous allez animer les meetings, cela ne se sanctionne plus… ?
Moi j’épouse sérieusement ce qui se fait aujourd’hui. Parce que j’ai été victime moi-même de ce que vous venez de dire là. Moi j’ai été le numéro 2 du Parti du Renouveau Démocratique. Je sais ce qui m’a été dit pour être sur une liste. Vous voyez, on ne peut pas marchander les postes politiques au sein d’une formation politique. Le militantisme que vous avez, cela veut dire quoi ? Tout le temps que vous mettez, le background…Tout le travail que vous faites là, ça a un coût pour chaque militant, pour chaque intellectuel. Jadis, c’était une époque où on causait sérieusement avec lui. Si c’est dans ce cas quand on vous dit que vous serez candidat, vous devez déposer d’abord de l’argent. Qu’est-ce que cela a produit après dans le pays ? Cela a produit beaucoup de zozo qui se sont retrouvés en position et aucun pays ne peut avoir de l’avenir si ceux qui doivent être en position ne le sont pas. Le Professeur Holo dont j’ai parlé tout à l’heure, il était dans une formation politique, Vice-Président. En lieu et place de lui qui aurait pu nous aider à l’Assemblée nationale, on a vu des bonnes dames de Tokpa qui ne nous ont rien apporté. Vous l’avez au PRD et dans certains partis du pays. On ne peut pas continuer comme ça. Vous avez vu avec les réformes politiques. Vous pensez que si les choses étaient comme elles étaient, si les Séverin Adjovi, Houngbédji, Fagbohoun…autant qu’ils sont là, des mammouths qu’on avait installés dans le pays, qui étaient très difficiles à déloger, étaient encore là, vous pensez que Houétchenou allait être maire de Ouidah ? Ou Yankoty allait être maire de Porto-Novo ? Vous pensez que Dina allait être maire de Pobè ?

Mais, ce sont des nominations…
Ce que vous appelez nomination nous a permis une alternance. Je connais Houétchenou. Il est jeune, très ambitieux et très engagé. Je connais également Charlemagne Yankoty. Ils ont des capacités qu’ils vont mettre en œuvre. Avec ça, il y a une sorte de renouvellement de la classe politique au niveau local. C’est important pour un pays où en lieu et place avant, c’est celui qui amenait l’argent qui passait. Et que celui-là, une fois en place, ne cherche d’abord qu’à se rembourser.

Et ce faisant le panier de la ménagère ne souffrait pas. Aujourd’hui, il est pauvre ce panier….
(Rire). J’ai été très heureux quand le Chef de l’État a répondu à cette question lors de sa tournée. Il disait : « Est-ce que quelqu’un est allé arracher l’argent de la bonne dame qui vend au marché ? Est-ce que quelqu’un a travaillé et n’a pas eu son salaire ? ». Il faut que nous avouions qu’à un moment donné, le pouvoir d’achat qui était dans nos mains était du leurre. C’était du vol à différents niveaux. C’est-à-dire que le monsieur est fonctionnaire, mais par la corruption avait déjà 3 ou 4 fois son salaire avant la fin du mois.
De l’argent trouvé gratuitement et ça joue sur le reste. Mais aujourd’hui, ces choses sont en train d’être rétablies. Chacun vivra à la sueur de son front. C’est ce que la bible nous a enseigné. Chacun doit vivre de ce qu’il produit comme effort. Ce n’est que comme ça qu’on peut construire le pays.

Que diriez-vous pour conclure cet entretien ?
En guise de conclusion, je voudrais dire que nous abordons une échéance électorale majeure qui est l’élection du président de la république. Je voudrais souhaiter vivement que notre peuple ne se trompe pas, qu’il ne se laisse pas impressionner par les vendeurs de vent. Qu’il ne se laisse pas impressionner par ceux qui ne savent pas ce qu’ils veulent. Oui. Ils ne savent pas ce qu’ils veulent. La preuve, on ne peut pas appliquer une loi à moitié. On ne peut pas dire qu’on conteste la constitution ou le code électoral et se présenter avec son vice-président. Il n’y avait jamais eu de vice-président. Et donc, tous ceux qui sont venus avec un vice-président l’ont fait en respect du nouveau code et de la constitution révisée. On ne peut pas dire qu’il y a vide juridique, qu’il faut installer le nouveau président le 6 avril et répondre à la candidature dont le corps électoral est convoqué pour plus tard.
C’est des choses qui ne sont pas digestes pour moi. C’est pourquoi je dis à notre peuple de ne pas se tromper dans les jours à venir et de rester derrière celui qui a réussi à nous discipliner.
Je me rappelle quand le contrôleur général de police, Louis Philippe Houndégnon voulait faire adopter le port de casque ici à Cotonou. Ça a été très difficile. Le préfet Placide Azandé a été taxé de tous les noms. Pourtant, il était en respect aux instructions du ministre de l’intérieur. Je vous fais grâce de tout ce qui s’était passé. Mais si Philippe Houndégnon n’avait pas eu les 48h supplémentaires qu’il avait demandé, on n’aurait pas le résultat qu’on voit là avec des motocyclistes qui ont leur casque systématiquement. Ils portent le casque pour leur santé et non pour la santé du Chef de l’État. Donc, il y a l’autorité de l’État qu’il faut affirmer davantage dans le pays. C’est à cause de tout ça que nous souhaitons que les Béninois ne se trompent pas. Pour finir, je veux souhaiter la paix du cœur à chacun.
Dans un pays qui est en période de réformes utiles pour son devenir, il ne peut pas manquer quelques grincements de dents, de souffrances. Avant qu’on ne se mette à table pour manger, il faut savoir que les dames ont souffert à la cuisine. Nous traverserons ces difficultés et je peux vous assurer que le bout du tunnel est proche. Parce que l’allure de la courbe est très bonne. Nous tutoyons un taux de croissance de 6%. Le gouvernement veut aller à un taux de croissance à deux chiffres. L’ambition est telle que celui qui la porte doit être encouragé. Et que vive la République. Je vous remercie.

Carte d’identité: Attaché aux valeurs

Parler de Moukaram Badarou, c’est parler d’une vie de militantisme permanent. Déjà en 1987, alors qu’il était élève en classe de 1ère il a été élu secrétaire à l’information de l’Association des élèves et étudiants au Congo (AEEBC), association que le jeune garçon intègre moins d’un an après son arrivée au Congo Brazzaville. Né en 1969, Moukaram Badarou fait ses études primaires et une partie du secondaire à Porto-Novo. Il débarque à Brazzaville sur l’instigation de ses parents qui voulaient lui assurer un meilleur destin. Mais le jeune se bat seul. 1991, Moukaram devient président de l’Association des Élèves et Étudiants Béninois au Zaïre (AEEBZ) et membre de la section PRD du Congo. Il est même le représentant du parti à la Commission électorale lors des élections présidentielles du Bénin au Zaïre (actuelle République démocratique du Congo). De là date son appartenance au Parti de maitre Adrien Houngbédji. Quand il rentre au pays en 1997 nanti d’une maîtrise en Science économique de l’Université Marien N’GOUABI de Brazzaville, il est déjà membre à part entière du parti. En 2005, il obtient un Diplôme d’études supérieures spécialisées (DESS) à l’Université d’Abomey-Calavi, Option Finances et Contrôle de Gestion. En 2017, il décroche un master en communication et relation internationale l’IUP. De la section PRD de son quartier Sadognon à Porto-Novo puis à Cotonou, il est propulsé secrétaire à la communication de 2004 à 2006. Secrétaire général du parti dès 2006, il fait partie de la vague des jeunes qui bénéficient de la confiance du président Houngbédji. A la création de l’Union Fait la Nation, il est fait Directeur exécutif chargé de l’image et de la communication de ce regroupement d’opposition. Mais, un an plus tard, en juin 2011, patatra, il jette l’éponge. Moukaram Badarou quitte le navire PRD. Interrogé sur cet épisode obscur de son parcours, il affirme : « Un secrétaire général du parti ne peut pas être suppléant sur une liste électorale. Et pourtant, je l’ai été en 2007 et j’ai dit au président du parti que je ne partage pas cela. Mais quand il a récidivé, quatre ans plus tard, il faut que moi je sois un enfant bâtard pour l’accepter de nouveau. Mon père, de là où il pourrait se retrouver dans sa tombe, ne devrait pas être content de moi. Même dans une bande dessinée politique, vous ne lirez pas ça. » Dans la foulée de sa démission, il réactive le mouvement Conscience citoyenne créé en 2005 et le transforme en parti politique en mai 2013. Ce parti lutte pour l’enracinement des valeurs dans la vie politique béninoise. « Je suis resté un homme attaché à son pays et à des valeurs. J’ai très mal aujourd’hui de ce que nous sommes devenus », dit-il pour regretter le règne de l’argent au sein de la société et de la politique en particulier. En août 2013, Moukaram Badarou est nommé préfet de l’Ouémé-Plateau, poste qu’il occupe jusqu’au mois de mai 2013. Aujourd’hui membre de l’Union Progressiste, il entend poursuivre cette lutte pour les valeurs. Car, à l’entendre, un pays qui perd ses valeurs morales a presque tout perdu.

Intimité: Monogame pour toujours

Bien qu‛étant issu d‛une famille polygame, Moukaram Badarou est resté monogame depuis toujours et compte le demeurer. Marié et père de quatre enfants, il a connu son épouse alors qu’il était encore étudiant. « Il n’y a rien en termes de promotion et d’argent qui fera qu’une autre aura plus de valeurs que ma femme », dit-il. Pour compter parmi ses amis, il faudra être sincère et loyal comme lui. A table, l’homme adore le riz accompagné d‛une sauce simple au poisson. Sa boisson préférée reste l‛eau. Car, depuis qu‛il a effectué son pèlerinage en terre sainte, il ne touche plus du tout à l‛alcool.

La Rédaction

L’He Seibou Assan dans « Sous L’Arbre à Palabre » à L’Evénement Précis: « Talon sera plébiscité au 1er tour»

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L’He Assan Seibou, est membre du Bureau Exécutif du part Bloc Républicain. Invité de la rubrique socio-politique « Sous L’Arbre à Palabre » de L’Evénement Précis, l’ancien Directeur du Centre de partenariat et d’expertise pour le développement durable (Ceped), s’est prononcé sur l’actualité politique marquée par la présidentielle d’avril prochain. L’absence du président Abdoulaye Bio Tchané de la liste des candidats à la présidentielle d’avril prochain, les réactions de l’opposition au pouvoir Talon sur le parrainage notamment sa suppression, les chances du candidat Patrice Talon pour la présidentielle d’avril prochain, des dispositions prises par le parti BR pour faire gagner le candidat Talon au soir du 11 avril, sont entre autres les grands axes du débat à bâtons rompus qu’il a animé avec les journalistes du quotidien. Occasion pour le député de la mouvance de révéler que son candidat sera plébiscité au premier tout de la présidentielle parce qu’il a un bilan séduisant et il n’y a personne en dehors de lui qui puisse conduire la nation à un meilleur dévernir.

Et si on en parlait

Est-ce une tentative d’assassinat ou un simple braquage ?
C’est regrettable si cela s’est produit comme il l’a décrit. Pour l’instant, nous avons les versions venant de l’intéressé et de visiteurs parfois politiquement intéressés. Il serait bien d’avoir les résultats des investigations officielles et contradictoires pour se faire une idée précise de ce qui s’est passé.
Il faut dire que le fait que Galiou Soglo ait été braqué à ce moment précis, l’événement devient particulier, parce qu’il venait de déposer un dossier de candidature pour les élections présidentielles. Bien qu’il ne soit même pas encore retenu candidat, nous avons tous vu une certaine communication tendancieuse au tour de ce regrettable événement. Je l’ai retourné dans tous les sens sans pouvoir trouver celui qui aurait intérêt politique à le faire, car Galiou lui-même avait indiqué qu’il a déposé son dossier conformément à l’ancienne constitution, et donc, il savait qu’il n’était pas allé à la CENA pour compétir à la fin. C’est dire que c’était un non-partant annoncé. C’est pour cette raison que je pense qu’il faut garder son sang-froid pour qu’à l’issue de l’enquête en cours la vérité puisse triompher.
Toujours est-il que monsieur Galiou Soglo, un ami très sympathique, a reçu des balles. On ne peut qu’être solidaire avec quelqu’un qui traverse une épreuve pareille. On ne se réjouit pas d’un incident de ce genre ; il faut remercier Dieu qu’il en soit sorti vivant. Que Dieu le protège.

La CENA a clôturé la liste des candidatures et sur cette liste ne figure pas le nom du président Abdoulaye Bio Tchané. Qu’est-ce qui justifie cette absence ?
Moi je ne suis pas surpris de ce choix de BIO TCHANE Abdoulaye dans lequel il a fait preuve d’une admirable raison digne de grands hommes.
Sa décision de ne même pas postuler respecte sans doute les clauses des discussions avec le Président TALON, discussions qu’ils se sont promises depuis toujours avant de prendre une décision concernant 2021.
Vous savez, depuis plus d’une quinzaine d’années, je me suis engagé aux côtés de Abdoulaye Bio Tchané, avec pour objectif principal qu’il soit Président de la République. C’est avec honneur que j’ai toujours été à ses côtés. J’avais examiné attentivement les motivations de BIO TCHANE quand il rentrait au pays. Il avait renoncé à des avantages colossaux. Ses sacrifices consentis m’ont permis de voir quel était le sérieux qu’il mettait dans sa démarche. Et ses objectifs étaient clairs. Il avait un programme, une idée et il savait ce qu’il venait faire. Il savait aussi ce qu’il voulait combattre. Et ses combats, ses objectifs m’ont convaincu de ce que je voulais comme Président de la République. C’est donc vrai que mon rêve a été de voir Abdoulaye Bio Tchané, Président de la République. Je reste à ce jour, convaincu qu’il aurait fait un très très bon Président de la République. C’est un rêve que j’ai nourri jusqu’à la dernière minute.
Cependant, vous vous souvenez qu’ici même, au moment où je faisais le bilan des 4 ans du Président Talon, je disais qu’il a fait un parcours admirable, du point de vue de ses réalisations, des réformes et de la gestion, et que s’il demandait un second mandat, nous allions le lui donner, et s’il ne le faisait pas, nous allions le lui proposer.
En vérité, nous avions combattu aux côtés d’ABT, le Président Boni yayi, qui n’avait aucun programme et sautait sur toutes les occasions qui se présentaient pour en faire un point de son action, dans une totale navigation à vue. Même ceux qui soutenaient YAYI savaient qu’il manquait de courage et savoir-faire pour initier et conduire les réformes nécessaires. C’était pour cela que l’échec du Changement au début, et de Refondation par la suite, a été retentissant ; la cigale a passé toutes ces années à chanter et danser. Il fallait une fourmi pour ce que nous voulions faire. YAYI Boni s’est révélé être une erreur politique que nous assumerons d’ailleurs, longtemps.
Bio Tchané avait une vision claire et c’est ce qui m’a fait adhérer à ses objectifs. En 2016, nous avons accepté d’aller dans un front commun de la Rupture d’avec le système du président Yayi Boni pour faire des réformes ardues et gérer le pays autrement. A l’occasion des élections de 2016 de candidats courageux et déterminés sont restés ensembles et c’est le président Talon qui a gagné ces élections. J’étais désespéré devant l’échec d’ABT, car comme beaucoup, je doutais de la capacité du Président TALON de pouvoir changer les choses et conduire des réformes qui s’imposaient. J’ai été très tôt, agréablement surpris. Il a initié et conduit les réformes. Il n’avait pas peur d’être impopulaire devant l’intérêt de tous. Après quelques temps seulement, BIO TCHANE confiait à nous ses proches, que si le pays était aussi bien gouverné, il ne serait pas rentré pour s’engager à vouloir être Président de la République. La suite nous confortera dans cette conviction.
J’étais donc, convaincu que le président Bio Tchané trouvait satisfaction dans ce qui se faisait. De plus, il était le numéro 2 du gouvernement Talon pendant tous les cinq ans. Ce qui veut dire que tout ce qui a été fait est fait avec son onction, sa participation et son initiative. Les idées phares qu’il avait font partie du programme d’action du président Talon. Qu’est-ce qu’il voulait faire et qui n’était pas en train d’être fait ? Par exemple, la première priorité de Bio Tchané était l’eau, et celle de Talon est également l’eau et l’électricité. Est-ce que ce qui est en train d’être fait avec sa vision et sa participation n’est pas suffisant pour qu’il se demande pourquoi combattre quelqu’un avec qui il est complice et qui réalise à merveille, ce qu’il rêvait de donner à ce peuple ?

Aujourd’hui, le président Talon fait ce qu’il faut faire ensemble avec Abdoulaye Bio Tchané. Ce dernier ne peut avoir une raison de se mettre en campagne contre Talon. Que dirait-il une fois candidat ? Qu’il veut faire autrement que ce qui se fait ?
Je peux vous dire que Abdoulaye Bio Tchané n’était pas un homme obsédé par le pouvoir. Il avait été candidat deux fois uniquement pour voir ce pays progresser dans l’intérêt des populations. Il est là pour servir le pays et il veut le démontrer à travers son attitude vis-à-vis du président Talon.
Oui, le Président Talon avait dit qu’il ferait un mandat à la tête du pays. Ce n’était pas un contrat signé. C’était un engagement officiel pas avec Bio Tchané, mais devant le peuple lors de son investiture. Mais parce que tout engagement ne saurait passer les limites de la responsabilité et du péril, je peux vous dire que Bio Tchané n’accordait de crédit à cela. Et je vous ai dit tantôt que tous les deux avaient prévu une évaluation à la fin du mandat ; l’attitude de chacun d’eux, notamment en ce qui concerne la candidature, devait en découler. Mais Je peux vous dire, parole d’un proche d’ABT, que pour ABT il était strictement écarté depuis le début, l’hypothèse d’être candidats tous les deux ; et il a respecté cela jusqu’au bout. J’ai toujours compris parfaitement cette position qui relève d’une simple raison de calcul politique : s’affronter, diviserait notre base construite ensemble autour de la Rupture, et réduirait leurs chances aux élections tous les deux face à des adversaires qui ont qui digèrent encore mal un échec retentissant. Nous augmenterions la chance aux autres de nous prendre la place. Ce serait bête. Et cette attitude de Bio Tchané nous élève. Les gens peuvent ne pas le comprendre aujourd’hui, mais je crois que l’histoire lui donnera raison. Je pense que tout se passe bien entre les deux que quand le Président Talon a dit qu’il veut être Président de la République, si Bio Tchané voulait être vice-Président on n’allait même pas consulter quelqu’un. Nous le savions tous. Mais en vérité, Bio Tchané n’est pas venu dans le pays pour des titres ronflants ou des salaires. Il est venu pour servir le pays. Et ensemble, nous choisissons les meilleures formules de servir le pays. La décision de ne pas être candidat à l’élection présidentielle dans ces circonstances, en est une illustration.

Voulez-vous insinuer qu’il a boudé le poste de vice-Président ?
Le mot bouder n’est pas approprié dans ce cas, car il recouvre un état d’âme malsain. Le Président Talon l’a consulté. S’il avait dit qu’il le voulait, vous auriez entendu son nom parmi ceux qui étaient dans les tamis des Partis consultés. En tout cas, il aurait fait l’unanimité.

Il se sent donc lié par la gouvernance Talon ?
Si le Président échoue dans ce qu’il fait, ce sera l’échec de Bio Tchané de façon incontestable. Et personne au plan national ou même mondial ne peut comprendre qu’il ait été là et qu’il ait laissé faire. Il est rentré pour se sacrifier. Donc être aux côtés du Président Talon pour l’aider toujours à réussir, a été son option, notre option. Sauf si le Président Talon lui-même dit : « Je n’en veux plus. » La vice-présidence n’est pas la seule fonction du pays. Le choix du vice-président est un choix personnel du Chef de l’Etat. Il aurait pu choisir de façon personnelle Bio Tchané, mais il n’a pas procédé comme ça.

Quelle appréciation faites-vous du choix de l’He. Talata comme vice-Présidente de Talon ?
Je crois que c’est un choix de la raison et un choix indiqué pour tenir compte des circonstances dans lesquelles le poste de vice-Président a été institué. Nous sommes dans un pays qui a canonisé définitivement les clivages de région. Depuis les Collines jusqu’à Malanville, on dit le Nord et l’autre partie, le sud. Ne pas voir la vérité, c’est être hypocrite. Nous avons décidé au niveau de l’Assemblée nationale d’instituer ce poste, pour réduire le sentiment de rattachement territorial et d’exigence de liens régionaux très marqués dans l’attitude des électeurs. Consulté sur la question, le Président TALON avait dit : « Pourquoi nous n’allons pas mettre un poste de vice-Président pour éviter certains clichés qui font que notre pouvoir devient de plus en plus régional ? » Par ailleurs on a vu le Président Yayi qui n’avait pas hésité, avant de dire qu’il fera descendre les siens, parce qu’il estime que c’est eux ses votants, et les autres viennent en surplus. C’est pour toutes ces raisons que l’institutionnalisation du poste de vice-Président est une bonne chose. Il n’est pas dit que le vice-Président et le Président ne peuvent pas être de la même commune. Mais c’est une stratégie de victoire électorale et de pacification du pays que de mettre le Président Talon qui est du sud et Talata originaire du nord. Personne parmi nous n’a choisi ses origines. On naît et on nous dit qu’on est de Adjohoun, de Copargo et autres. Mais quand viennent les périodes électorales, les gens ont besoin de savoir que quelqu’un de chez eux ou de leur zone est au moins proche visible du Chef de l’Etat pour s’engager.
Concernant la qualité de la personne, Mariam est d’abord une femme exemplaire. Et dans ce pays, c’est la première fois que nous allons à l’élection avec un vice-Président. Et c’est une femme qui a été choisie. Ça prouve que nous ne voulons plus rien faire en ignorant les femmes. CHABI Talata Mariam n’a jamais conduit un parti politique. Elle n’était pas trop connue dans le milieu politique, mais c’est une militante battante de l’UDS depuis longtemps. Ce critère n’a pas fonctionné ici sinon, il y a eu des consultations au sein des partis qui avaient misé sur des gens qui ont une expérience politique large, et un parcours qui devrait leur permettre d’être désigné vice-Président. Même Talata avait compéti et a été éliminée dans l’Union Progressiste. Si elle a été éliminée au cours de la compétition, on ne peut plus dire qu’elle est la candidate de l’UP. Elle devient un outsider qui peut et doit rapprocher les deux blocs qui se consultaient. Si on n’a pas pu s’entendre à sa demande, il était normal que le Chef de l’Etat prenne quelqu’un qui est hors compétition. C’est encore là, un choix de raison.

L’Opposition a finalement déposé ses dossiers. Ne pensez-vous pas que c’est une victoire pour vous qui aviez vite soutenu les réformes constitutionnelles ? »
Ce n’est pas parce que Talon était beau que nous l’avons soutenu. Il fallait changer les choses et en finir avec les plus de 200 partis politiques. Il fallait finir avec nos travers stigmatisés par exemple, par des grèves perlées, des agents médicaux se mettaient en grève en laissant des gens mourir, et des menaces permanentes d’année blanche à chaque fois.. Vous avez bien que qui dit réforme, dit les textes de fondement juridique. Vous modifiez d’abord des lois qui doivent porter les réformes. Les lois réformatrices dans le domaine politique, ont été votées avec les Députés de l’opposition actuelle.
C’est au moment de les appliquer que l’opposition a reculé. Elle semblait ne plus être sûre de tirer de profits stratégiques, de l’application de ces lois qu’elle a cautionnées. En politique, les élections sont très stratégiques. Et vous savez en matière électorale en Afrique, quand quelqu’un sent qu’à une élection il ne va pas gagner, il commence par bouder les textes. C’est ainsi qu’il faut comprendre ce qui s’est passé au cours des législatives de 2019, l’opposition a opté pour le boycott ; et ça, c’est aberrant.
Il est réjouissant de voir qu’après une longue tergiversation, chacun de ces partis s’est conformé à la charte des partis politiques en essayant d’avoir son récépissé, ce qu’ils ont refusé de faire avant les législatives. Ils ont boycotté les législatives, mais après ils se sont rendu compte que les réformes sont fondées. Nous avons été plus réjouis encore quand Les Démocrates qui se considéraient comme l’aile dure de l’opposition se sont conformés aux mêmes textes. C’est une chose intéressante que cela se passe comme cela.
Par ailleurs, à l’occasion de dépôt de candidature aux présidentielles, ils ont essayé de se conformer à la loi et sont allés déposer, nombreux. Ce n’est pas une victoire de quelqu’un ; c’est la victoire de tout le peuple béninois.

Est-ce que selon vous, l’opposition s’en sort fragilisée?
J’ai été opposant du Président Yayi pendant près de 10 ans. Donc ce que les opposants sont en train de faire, je le comprends. Voyez-vous, il y en a qui se refusent d’être des militants, ils sont tout le temps à la recherche de privilèges, ou se positionner devant tout le monde. Un front a été formé par une partie de l’opposition (Démocrates, DUD et autres), mais il semble qu’ils étaient venus ensemble et certains avaient pour slogan : « Si ce n’est pas moi, alors je vais me retirer ». Le problème c’est qu’il y avait des gens qui n’étaient dans aucune formation politique alors que d’autres qui se battaient à l’intérieur voulaient être aussi quelque chose. Souvenez-vous de la présidentielle de 2016 avec les FCBE où Yayi avait débarqué Lionnel Zinsou qui n’était dans aucune formation politique.
Ici également les plus en vue aujourd’hui c’est Rékya Madougou, Joël Aïvo. Tous ceux-là sont allés pour chercher de place auprès des gens avec qui ils ne militaient pas au quotidien ? Ils ne sont pas membres des partis sollicités. Donc les autres aussi se disent qu’ils ne peuvent pas souffrir seuls et quelqu’un d’autre viendra leur chiper leur place. Alors c’est normal qu’on s’attende à un éclatement. Si en 2016 il n’a pas pu y avoir des candidats à l’intérieur des FCBE on a quand même vu un désintéressement, et c’est ici presque la même chose. Donc les FCBE s’en sont bien sortis avec un candidat qui sûrement va faire un bon score, mais à côté des Démocrates et du reste, ils sont sortis fragilisés. L’opposition du Bénin en face de la mouvance a plusieurs candidats, donc elle sort fragilisée.

A qui avez-vous remis votre parrainage ?
Le parrainage est une question très confidentielle et je ne peux pas divulguer à qui je l’ai donné. Parce que vous pouvez créer à l’intérieur de vos relations politiques des dédains et les gens vont se dire : « Pourquoi il donne son parrainage à telle personne et pourquoi pas à moi ? » Il y a trop de questions à ce sujet. Raison pour laquelle après le vote du code électoral, il y a eu plusieurs débats. Des gens ont même demandé que le parrainage soit anonyme et électronique et nous avons estimé que ce n’est pas bon. Mais sachez que je n’ai pas parrainé le Chef de l’Etat. Le parrainage ne veut pas dire que vous avez fait l’option d’un candidat, mais il faut qu’il y ait compétition, c’est la raison d’être du parrainage. C’est comme s’il y a. On n’a pas enfermé les parrainages.

Vous voulez dire que le Bloc Républicain (BR) n’avait pas pris votre parrainage ?
Non pourquoi il va prendre mon parrainage ? Si non je vais le lui donner comment ?

Mais Rékya Madougou a déclaré que les parrainages sont bloqués ? L’Honorable Affo Obo aussi a déclaré que son parrainage a été remis aux mains des responsables de son parti
Pour comprendre cette histoire de gestion de parrainage, il faut avant tout, accorder de l’importance à la dimension des organisations humaines et politiques. Rékya Madougou et Souwi évoquent cette question comme si les membres d’une organisation politique n’ont aucun droit de se concerter pour harmoniser leurs réactions face à une situation.
En adhérent à un Parti politique, vous avez décidé de gérer ensemble avec tous les autres membres, tous les compartiments de votre vie politique. Chaque question politique que vous abordez se déroule et se gère selon une discipline et un ordre défini de commun accord et consigné clairement ou sous-entendus dans ses des textes fondamentaux. C’est dire que même vos droits, libertés, responsabilités publiques, avantages sociaux etc, doivent s’harmoniser désormais, au sein du Parti, avec ceux des autres.
L’attitude du Député SOUWI n’est sensationnelle que parce qu’elle méconnait ces considérations militantes et trahit son Parti. Surtout, elle cache mal une action préméditée et ingénieusement bien orchestrée par certains milieux et certaines personnalités. Il est un fusil qui ne doit pas réfléchir on l’actionne méthodiquement.

Pourquoi attend-il que les dépôts de candidature soient terminés avant de commencer des déballages contre son Parti ?
Sinon, quel est ce sens de responsabilité qui consiste lui-même à dire qu’il a retiré lui-même son titre de parrainage et rouler dans sa voiture pour déposer au siège du Parti après l’avoir signé ? Il ne peut pas ignorer que son chèque signé à blanc et remis à autrui, le fonde à faire tirer les sous par celui qui parvient à inscrire son nom comme bénéficiaire !!! Il n’a pas refusé de remettre, et personne ne l’a menacé de le faire, mais il l’a amené au nom de sa liberté. Cette démarche est sans aucun doute quelque chose convenu au sein du Parti pour que les actions se mènent de façon concertée. Si cela ne devait pas être ainsi, alors un Parti n’a aucune raison d’être. La politique pour certains est un marché qui s’ouvre à chaque occasion, à chaque événement. Le problème est qu’ici, le système a changé et pour ce type de politicien, il faut nécessairement contourner ces malades qui veulent être Présidents sans leur donner de l’argent. Leur titre politique est à vendre.
Mais à qui voulez-vous expliquer tout cela ; il n’a pas de parcours intellectuel et peut même s’excuser demain de ne rien comprendre. La politique et le militantisme pour lui se résument à des meetings où on partage de l’argent. J’ai toujours eu à faire à l’Honorable SOUWI depuis l’Alliance ABT. Son l’instabilité politique est déconcertante. Il vient d’en donner la preuve. Pour ce seul type d’homme politique, on devait introduire des réformes visant à limiter pour l’Assemblée Nationale aussi, certaines catégories de citoyens.
Concernant Rékya MADOUGOU, les faits me donnent raison d’avoir dit à des amis, qu’elle venait pour ne pas aller aux élections, mais qu’elle a un schéma tactique inquiétant. La bande se déroule et il faut attendre encore pour qu’elle vide complètement son sac. Il est évident que SOUWI fait partie de sa troupe sur le volet parrainage.
Je vous l’avais dit. En Afrique quand certains ont des problèmes à pour gagner une élection, ils envisagent les schémas de remise en cause des fondements de l’Etat, et n’hésitent pas à faire recours à des voies de violence (mercenaires, subversions etc.). Nous sommes prêts à y faire face ; ils devraient déjà s’en rendre compte.
Je n’ai pas de scrupule pour avoir participé aux concertations sur le parrainage au sein de mon Parti. Pour ce genre de débat, il y a des instances indiquées pour l’organiser.

Et celui à qui vous avez remis votre parrainage, cela signifie que vous n’allez pas en campagne avec lui ?
Je peux parrainer quelqu’un qui n’est pas mon candidat, tout juste parce que je veux favoriser la compétition. Même le Président de la CENA était monté au créneau pour le dire. Parrainage ne veut pas dire soutien. Dans d’autres pays, ils disent simplement réunissez tel nombre de signatures pour que vous puissiez aller aux élections. Donc cela ne veut pas dire que celui qui a signé pour que vous alliez aux élections a signé son soutien. Le soutien c’est autre chose, le vote c’est autre chose.

Il y a un an vous avez appelé Patrice Talon à se représenter et effectivement il est candidat. Etes-vous soulagé ?
Oui je suis soulagé parce que j’avais souhaité cela dans les colonnes de votre journal. Je l’avais souhaité au regard de la proximité qu’il a avec le Président Bio Tchané et ils étaient tous les deux satisfaits de ce que le Président Talon faisait. Je priais déjà par ailleurs, pour que l’éventualité de la candidature de Bio Tchané puisse être réelle si le Président Talon ne se présentait pas. Mais je le trouvais tout à fait méritant et s’il est candidat aujourd’hui, c’est une bonne chose que j’ai prévue.

A l’époque, certains vous ont accusé d’être allé trop vite en besogne par rapport à votre leader. Et aujourd’hui, est-ce que ce que vous avez appelé s’est réalisé ?
Je pense que ce que j’ai appelé s’est réalisé. J’étais un peu objectif dans ce que je disais parce que je ne suis pas loin de ce couple et je voyais comment le travail se faisait. Je n’évoquais pas sa candidature contre Bio Tchané à l’époque. Mais j’évoquais la confiance que je voyais dans leur relation. Donc si l’un d’entre eux doit être candidat, l’autre ne le sera pas parce qu’ils ne vont pas s’affronter pour donner la chance à quelqu’un d’autre. J’ai vu ça dans leur attitude à tous les deux. Le Président Talon n’était lui-même pas sûr d’être là, mais nous disons qu’il a fait tellement de bon travail qu’il lui faut un second mandat. Nos réformes en ont besoin.
Pour moi, Bio Tchané est le candidat le plus sûr après lui, parce que ce serait la continuité de ce qu’il est en train de faire. Et ce serait l’homme le plus conséquent dans les réformes que nous avons engagées. Il allait les continuer sans les saccager. Imaginez-vous aujourd’hui qu’une Rékya Madougou gagne les élections. Les réformes que nous avons engagées seraient remises en cause parce qu’ils sont contre. Je crois que quelque part, j’ai eu raison de l’avoir prédit, de l’avoir lu très tôt, pas que j’étais sûr que Talon allait être candidat, mais parce que je croyais, j’invoquais une logique des choses que je voyais venir.

Quelles sont les chances selon vous pour que le président Patrice Talon remporte les élections présidentielles dans votre circonscription ?
Je crois que ce ne serait pas seulement dans ma circonscription, mais dans tout le pays. Cette élection sera un plébiscite.

Parce qu’il aurait fait un KO ?
A mon avis, le KO est sûr. Le KO n’est pas discutable dans la mesure où de tous ceux que j’ai vus déposer leur dossier à la CENA, je ne vois pas un candidat de taille, quelqu’un qui a la trempe de jouer le jeu face à Talon.

Même celui à qui vous avez remis votre parrainage ?
Je vous ai dit que j’ai donné le parrainage pour qu’il puisse compétir. Ce n’est pas autre chose. Donc, je ne vois pas quelqu’un qui peut tenir devant lui. Vous savez, même parmi les candidatures, je veux que vous reteniez qu’il y a trois catégories : Première catégorie, c’est ceux qui vont à cette élection pour vraiment y aller. Leur dossier est complet.
Deuxième catégorie, c’est ceux qui sont allés déposer leur candidature pour ne pas aller à la fin. je place ceux qui ont fait un travail préparatoire, et vont déposer leur dossier sans une pièce fondamentale qu’ils se refusent à produire. Par exemple il va déposer son dossier et laisse de côté le parrainage. C’est qu’en allant, il s’élimine déjà simplement avec sa déclaration d’entrée,
Troisième catégorie, c’est ceux que j’appelle les candidats farfelus. Des gens qui ont juste choisi de venir à la CENA déposer quelque chose et sait lui-même que c’est pour amuser la galerie (il n’a même pas de colistier, n’a que son acte de naissance etc). C’est pour que vos caméras le montrent afin qu’on se souvienne de lui. C’est des gens qui veulent toujours faire du sensationnel. Ça ne manque jamais. Ce n’est pas mauvais en soi parce que je pense que ça fait partie de ce que le Président de la République a appelé une élection festive. C’est la fête qui a déjà commencé comme ça avec les comédiens qui sortent pour amuser la galerie. Nous en rions et c’est déjà quelque chose.

Honorable, un KO à 70% des suffrages ?
Ce n’est pas impossible, mais je crois qu’il va dépasser largement les 50%. C’est mon candidat et je crois en lui.
Le chef de l’Etat est candidat, il n’est membre d’aucun parti, mais il est porté par cinq ou six partis et tout comme lui, bien d’autres candidats sérieux sans parti ont aussi déposé leur dossier. N’est-ce pas un échec de la réforme du système partisan ?
D’abord, je vais vous dire : il faut relire les lois. Quand on va à une élection, ces les lois qu’on applique. C’est le code électoral, et la constitution. Nulle part il n’est écrit que si vous devez être candidat, vous devez être nécessairement membre d’un parti politique. La charte des partis vise à amener le jeu politique entre les partis politiques. Elle encourage à faire de grands regroupements pour que nous puissions avoir le contrôle du pouvoir. C’est souhaitable donc que des partis politiques se réunissent pour choisir un candidat. A l’étape où nous sommes, c’est ce que nous encourageons. Mais la candidature n’est soumise qu’à des parrainages. C’est le seul soutien politique qui est exigé dans le dossier de candidature. C’est la seule chose qu’on vous oblige à avoir. Si on disait qu’il faut militer dans le parti et qu’à l’arrivée, le parti décide d’adouber quelqu’un d’autre que ses militants, c’est sa responsabilité. Mais, nous voulons savoir que les partis politiques se sont réunis pour investir quelqu’un. Ça, c’est important. Vous savez, il y a ce qu’on appelle les membres actifs, les membres d’honneur etc. dans un parti. Par exemple, est-ce que le président Yayi Boni est un militant actif du parti Les Démocrates ? Non, il est membre d’honneur. On peut l’investir demain comme on peut investir Réckya Madougou comme elle est venue. Si on doit dire qu’il faut nécessairement être membre d’un parti politique, c’est sûr qu’on va vous demander de fournir votre carte de membre et un certain nombre de choses. A l’étape où nous sommes dans la démocratie béninoise, si on exige les histoires de carte de membre du parti, je crois que tout le monde peut l’avoir. L’adhésion est libre et une fois qu’on adhère, on peut avoir sa carte. Donc, il n’y a aucune contradiction dans ce qui s’est passé. Vous êtes tous au courant que le chef de l’Etat était venu nous voir au BR lors d’une réunion du bureau politique élargie. Il disait le jour-là : « Je suis membre de ce parti. » Que ce soit de bonne ou de mauvaise foi, nous, nous le considérons comme un membre d’honneur du parti. Donc qu’on dise que nous avons investi un membre d’honneur du parti parce qu’au BR, on l’a investi et qu’un autre parti l’a choisi ou a soutenu sa candidature, le problème ne se pose pas. L’essentiel est qu’il est le candidat principal du BR et qu’on a été le premier à l’investir. Si vous avez bien suivi les déclarations lors de la rencontre de notre bureau politique, vous le saurez.

Oui, mais l’UP aussi l’a choisi, Moele Bénin avant vous…
Vous voyez à quel moment le président Talon est allé à Moele Bénin. Ça, c’est des soutiens. Moele Bénin a bien dit qu’il soutient la candidature du chef de l’Etat mais nous, on l’a investi.

Comment le BR entend-t-il occuper le terrain pour une campagne électorale digne du nom pour son candidat ?
Je crois que c’est une question qui est un peu précoce. Le président Talon est le candidat. C’est lui qui va aux élections, ce n’est pas le BR qui va aux élections. Donc, il lui revient de déterminer comment ceux qui le soutiennent travailleront. Puisque même l’investiture est un soutien.

Vous avez déjà vos arguments pour convaincre le peuple. Comment ça va se passer ?
Tout ce que vous dites là revient au candidat. C’est à lui de lever l’ancre et nous, nous allons le suivre. Ce serait hypocrite de dire que le candidat Talon ne connait pas le milieu politique et faire certaines choses à sa place. Ce ne serait même pas responsable de notre part. Donc, nous allons à cette élection, mais c’est lui qui doit définir le plan de bataille. C’est le plan de bataille qui va définir comment chacun va se comporter. Au niveau du BR, nous avons déjà dit que nous allons le soutenir en tant que BR. Nous serons organisés dans nos structures pour porter sa candidature. Vous devez savoir que le BR est en train d’installer ses structures de base dans tout le pays pour faire face à cette élection. Les arguments seront élaborés de commun accord avec le candidat. Mais chacun de nous dans son Parti et son milieu élaborera son argumentaire en tenant compte de ce qui valorise notre candidat.

De manière spécifique, quels sont les critères qui ont milité en faveur du président Talon ?
Je crois que le critère le plus objectif, c’est le bilan. S’il n’avait pas un bon bilan, on n’en serait pas là.

Mais il n’a pratiquement rien fait à Copargo chez vous!
Je vous ai déjà dit il y a un an environ que le bilan était satisfaisant. Ce n’est pas à Copargo qu’il faut faire la comparaison, mais plutôt dans tout le Bénin. Mais à Copargo, chacun de nous a des dividendes qu’il peut comparer à d’autres. Comme vous insistez, je vous informe que nous avons bénéficié à Copargo d’un programme d’électrification rurale. Le projet ARCH a démarré par Copargo. C’est une commune qui fait partie des zones d’expérimentation du projet ARCH. Mais, on ne soutient pas quelqu’un pour ce qu’il a fait et a fini. C’est l’espoir, qu’on a dans la suite, qui est fondamental. Ce n’est pas une amitié avec le président Talon, ce n’est pas une camaraderie. On ne va pas en boite danser. On veut que nos populations bénéficient de ses actions et parmi les candidats qui se pointent, c’est le seul sur qui nous pouvons fonder notre espoir parce que je l’ai vu faire à côté de moi à Djougou, un peu partout. C’est un projet dénommé la route du coton. Aujourd’hui, tout le monde voit de très beaux stades de football même dans les villages. Que de voir cela fonde notre espoir qu’il pourra le faire chez nous demain.
Notre espoir est grand dans le domaine de l’eau car c’est sa priorité et nous l’avons vu faire ailleurs comme dans les collines. Vous savez, à Copargo, nous sommes dans une zone difficile, avec des montagnes. Nous sommes la source de l’Ouémé, mais nous n’avons pas assez d’eau. Quand on nous donne un forage, c’est qu’on a beaucoup fait. Quand ça arrive, nous ne le mettons pas au hasard, mais nous l’installons là où les populations en ont vraiment besoin. Donc nous espérons que s’il gagne, dans les cinq prochaines années et au vu de ce qu’il a fait ailleurs, notre tour viendra. Nous sommes absolument sûrs que notre tour viendra.

C’est à cause de ça que vous lui avez réservé un accueil triomphal lors de sa tournée dans la Donga ?
Vous savez, l’accueil du président Talon dans la Donga a deux faces. Nous n’avons pas eu beaucoup de réalisations et le président Talon peut témoigner que nous en avons eu moins que d’autres. Tout à l’heure quelqu’un m’a demandé ce qu’il a fait à Copargo. Mais c’est parce que nous voyons qu’il le fait ailleurs et que progressivement, ça va venir à nous. Prenez les villes comme Ouidah, Lokossa, Bohicon par exemple, ils ont eu beaucoup de réalisations. Moi je me suis dit que le premier mandat est pour les grandes villes. Notre tour, dans les communes, c’est pour bientôt. Mais l’accueil du Président Talon avait deux faces dans la Donga. N’oubliez pas que Bio Tchané lui-même qui le suit derrière est une attraction qui draine les foules. Donc déjà même de voir notre fils derrière lui, c’est l’assurance que cet homme ne peut être que pour nous. Et il est allé pour faire un bilan. Donc nous étions enthousiastes pour lui dire nous en voulons plus. « Ce que vous nous avez fait n’est pas insignifiant, mais il faut nous donner plus » et nous avons pris notre fils qui nous a amenés à lui comme témoin et chacun de nous voulait lui prouver cela. Je crois qu’à Bassila, à Ouaké, à Copargo, et à Djougou, il y a eu des mobilisations exceptionnelles pour lui dire : « Nous sommes d’accord avec ce qu’il fait, mais voici nos espoirs » et dire à Bio Tchané que nous le prenons comme témoin derrière lui. « Nous avons fait tout ça parce que tu nous as rassurés. » Vous allez voir que pendant le mandat des cinq ans, là où on a fait le moins de bruits pour revendiquer, c’est dans la Donga, dans tout le Bénin, moins de bruits, moins de protestations, moins de démarches même en direction du pouvoir, en direction du Président Talon c’est dans la Donga, parce que nous faisions confiance à ces deux-là et j’espère que dans le mandat prochain cette alliance-là va nous servir. Ce n’est pas parce que nous soutenons de façon inconditionnelle et dure que nous n’allons rien avoir.

On dit quand on a quelqu’un sur le pommier, on mange des pommes mûres.
C’est un adage qui est exact et même il faut élever le singe pour qu’il grimpe. Nous pensons que la présence de Bio Tchané est rassurante.

L’exécutif fonce dans l’organisation des élections présidentielles sans satisfaire les exigences de certains partis politiques et des recommandations de la société civile. Ne craignez-vous pas des échauffourées pendant les élections comme il y en a eu pendant les législatives ?
D’abord je vais dire qu’on ne peut jamais satisfaire tout le monde. Jamais ça ne peut arriver. Même quand tout le monde a déposé son dossier au complet, il y en a toujours qui vont sortir pour rechigner. Si on passe l’étape de la CENA, après ils peuvent dire que la CENA n’est pas équitable. Depuis toujours, ces contestations ne disent rien. Quels sont les critères qui n’ont pas été remplis ? Je crois qu’il faut le dire.

L’opposition demande par exemple la suppression du parrainage
Vous voyez, cela s’appelle des revendications qu’eux-mêmes ne croient pas qu’on peut satisfaire. Quelqu’un qui est exilé parce qu’on a exhibé un dossier financier fondé et qui prend la clé des champs parce qu’il ne veut pas aller devant la justice n’est pas un réfugié politique. Il faut faire une distinction. Est-ce qu’il y en a eu qui devrait être inquiété pour leurs déclarations politiques ? Moi j’estime qu’ils se sont exilés pour avoir une tactique de combat. C’est-à-dire se mettre à l’étranger pour titiller le gouvernement et tout, pour titiller le Président Talon, c’est tout. C’est leur stratégie. Mais il y en a qui sont restés et qui ont répondu de leurs actes. Antoine Dayori est de la mouvance. Il a fait beaucoup de mois de prison. Il y en a qui ne voudront pas répondre, mais pour moi, c’est une stratégie de combat politique. Exiger qu’ils reviennent, ils n’ont qu’à revenir. Les autres conditions à part le parrainage, ils ont demandé de retourner à l’ancienne constitution. C’est ça qui cache l’affaire des parrainages. Si quelqu’un dit d’enlever le parrainage, et retourner à l’ancienne constitution, c’est qu’il a la tête dans le Néolithique. Est-ce que c’est librement qu’ils ont choisi leur vice-président pour aller à la CENA ? C’est libre non ? Est-ce qu’il y a quelqu’un à qui on a passé la corde au cou pour faire ça ? Qui dans l’opposition n’a pas adhéré à cela ?

Honorable, la Cour Africaine des droits de l’Homme et des Peuples demande au gouvernement de surseoir à la constitution de 2019 et cela fait partie des revendications du parti Les Démocrates
Je suis un peu dubitatif sur ce que fait cette Cour. Elle semble dire : « il faut surseoir à l’application de votre constitution au Bénin. » Elle semble avoir donné délibérément aux opposants du Bénin, un instrument de déstabilisation de leur pays. Elle initie une aire nouvelle qui méprise la dimension souveraine des Etats, principe cher à l’Union Africaine dont elle relève. Les membres de la Cour savent bien qu’ils n’ont aucun moyen de coercition face aux Etats et que l’UA à travers sa commission a des meilleures voies. On nous dira qu’ils ont dit le droit, alors qu’on sait réellement comment ces choses se passent. La Cour qui relève de l’UA, se décrédibilise. Il y a ingérence, c’est une ingérence grave qui peut appeler à sa réforme dans la mesure où elle met à mal les fondements de l’Association dont elle dépend. C’est une inconséquence, pour moi. C’est un des jugements de cours qui peuvent amener demain tout le monde à se désolidariser des Cours. Vous avez vu l’affaire de Cour pénale internationale, vous avez vu combien de pays veulent quitter ? Nous cherchons la justice, mais nous ne cherchons pas l’acharnement. Si c’est ainsi alors, tous les opposants de tous les pays vont aller à cette Cour-là pour demander de faire de même. Nous allons finir les élections demain cette Cour va dire que les élections ne sont pas valables. Quid du Président élu ? Elle crée une tension. Et aujourd’hui, sa décision a donné droit à des opposants de dire que c’est sur cette ancienne constitution qu’on doit aller aux élections. Où est-ce que cela se passe ? Et elle prend une décision là-bas à Arusha et puis bon, elle n’a pas d’organe d’exécution de sa décision. Qui va venir opposer ça au Bénin ici ? On va parler, mais on ne peut pas être sanctionné si on ne le fait pas. On va dire de ne pas aller à l’Union Africaine ? Vous avez vu l’Union Africaine elle-même refuser une seule réunion au Bénin ? Non, il y a des décisions inconséquentes.

Honorable, le Président sortant a prêté serment le 6 avril 2016, son mandat finit quand ?
Quel président sortant ? En principe son mandat finit à la date du serment.

C’est quoi en principe ?
Oui, mais, notre pays décide à l’issue des réformes de regrouper les élections. Ce sur quoi nous sommes tous unanimes y compris l’opposition. Nous ne pouvons pas faire des élections chaque année. Si vous prenez le calendrier de nos élections dans vingt ans, nous serons en train de faire trois élections sous un mandat de cinq ans. Nous perdons notre argent, nous perdons notre temps. Mais autant nous voulons réduire nos formations politiques, autant nous voulons regrouper les élections. Si vous regroupez les élections, vous devez calculer les délais de telle manière qu’ils puissent se conformer à la fin des mandats. Mais nous ne pouvons jamais l’avoir si nous ne réajustons pas les dates des élections. On a réduit la durée de la mandature des députés qui vont être élus en 2023 à trois ans.

Là-dessus vous avez légiféré pour l’avenir
A partir du moment où on a fixé la date d’élection des députés pour coïncider avec la fin des mandats aussi des communales, il faut réaligner donc l’autre élection. De façon à avoir ces trois élections le même jour, on ne peut le réussir que si celui du Président de la République finit dans les mêmes conditions. C’est ce qui a fait que les élections présidentielles ont été décalées de 45 jours. Je pense que pour 45 jours, on ne peut pas faire la guerre dans ce pays. Cela fait partie des choses que nous devons admettre quand nous avons décidé de faire la réforme. C’est une contrainte technique qu’imposent les lois du pays. Et si nous devons aligner, nous sommes obligés de faire comme ça.

Théodore Holo dit qu’on peut revenir sur ça…
Vous savez, il y a des techniciens du droit qui regardent les choses du point de vue du droit. Et ils ne veulent rien entendre. On ne va pas tout le temps rester statiques. On n’aurait jamais révisé la constitution si on écoutait les constitutionnalistes. Vous le savez bien. Chacun va sortir une partie du préambule pour vous dire qu’à cause de cela, vous ne pouvez pas réviser. Non. Nous sommes un peuple. Nous ne sommes pas des agents de droit. En droit, quand on prend une décision, même quand elle est préjudiciable pour tout le monde, le constitutionnaliste dit c’est ce que dit la loi. Quel est le fondement de la loi? Nous sommes tous d’accord que c’est pour assurer le bonheur des populations. C’est pour régler des problèmes sociaux. Mais si on en vient à être confronté à des problèmes insolubles, difficiles, c’est la politique qui intervient. Il y a là, une décision politique. Et cette décision n’est pas constitutionnalisée.

Mais, il n’y a pas eu l’unanimité….
La politique ne se fait pas à l’unanimité. La preuve, un président élu à 51% est le Président de tout le monde, non ? Nous sommes tous élus de façon partielle par rapport à l’électorat.

Une certaine frange de l’opinion supporte mal que le mandat dépasse le 6 avril… Vous ne craignez rien ?
Non je ne crains rien. On peut dénoncer. Mais on ne peut pas contester le bien-fondé. Si Holo dit qu’on peut écrire ça dans le cadre d’une loi, si c’est nécessaire, il reviendra à l’Assemblée nationale de s’y pencher. Mais, il n’est pas le seul juriste. D’autres sont là et nous disent qui soutiennent autre chose. Si le relais fait qu’on doit prendre la loi pour changer, on va la prendre.

Seriez-vous prêts ?
Moi je veux qu’on regroupe les élections. Donc je dois être prêt. Si demain on nous dit de revenir corriger, on y sera. Nous voulons que notre réforme réussisse. Il ne faut pas mettre de tabou sur les textes. Sinon, nous n’allons pas évoluer. Nous devons mettre nos textes au pas par rapport à nos aspirations. On a dit ici qu’on a annulé le droit de grève. Vous savez qu’il y en a qui ne sont pas contents. Mais en réalité, on n’a pas enlevé le droit de grève, mais on l’a contingenté. On doit contingenter. Car si nous laissons la liberté sans la contenir, elle va nous amener à un désordre pur. On a fait le multipartisme intégral sans contenir et contrôler les conditions pour être parti politique. On a fait une première charte qu’on a vue incapable de régler le problème. On a dû corser. Aujourd’hui, le nombre de partis politiques est réduit à 9. Peut-être qu’on sera à 10. Mais on ne sera plus à 200. La réforme ne veut pas dire qu’on ferme à un citoyen qui n’a pas de parti politique la possibilité d’être Président. C’est une réforme intelligente. Elle dit que ce citoyen doit rechercher le parrainage de 16 élus (député comme maire). C’est un premier test. S’il y a des problèmes, nous y reviendrons. Parce que si nous voulons un résultat, nous devons l’améliorer. Moi je ne dis pas que les lois qui sont là actuellement sont intangibles. Des imperfections, il y en aura et il faut les corriger. Par exemple, j’ai vu des candidatures qui, franchement, ne devraient pas venir. Ce sont ces genres de choses que nous voulons éviter. Mais nous n’avons pas réussi à les endiguer dans cette loi. J’ai appris qu’un de ceux qui ont déposé leur dossier n’a déposé que son acte de naissance. C’est de la fantaisie qu’on n’a pas pu être arrêtée à la porte avec cette loi. Il faut corriger alors.

Quel sera selon vous le chantier prioritaire du prochain président de la République ?
Si mon candidat est élu, c’est qu’il sera dans la continuité. Il est clair qu’il a des priorités aujourd’hui qui ne vont pas changer. Par exemple, la question de l’électricité est une priorité pour nous tous. Dans ce domaine aujourd’hui, on nous dit qu’on a des capacités élevées. Mais nos installations sont vétustes. Il faut donc achever la modernisation du réseau de distribution d’électricité. Sinon, nous allons fournir de l’énergie que nous n’allons pas utiliser à bon escient. Mais il y a celui de la vie, de l’eau. On est à près à 70% de la couverture en besoin d’eau potable dans le pays. Je pense qu’il ne faut pas changer les priorités : les 30% qui restent. Moi dans ma commune on n’a pas l’eau dans le centre urbain. On doit conduire l’eau depuis une autre commune et l’amener là-bas et distribuer dans les villages. Nous avons des forages et vous le savez, on ne sait pas quand ça va sécher. Parce que personne ne connait le volume d’eau que vous avez en bas. Même l’eau courante qui existe dans ma commune vient d’un forage qui est séché. Donc il faut que le problème d’eau demeure le problème fondamental à résoudre.

Certains pensent qu’au retour de Patrice Talon, la lutte contre la corruption va prendre un taux d’accélérateur surtout qu’il a eu à faire des grandes dénonciations sur la centrale de Maria-Gléta qui n’a pas donné de courant, et des dénonciations sur la mauvaise gouvernance du chantier de l’Assemblée Nationale, etc.
Oui. Vous savez, ce que j’ai observé pendant les cinq ans, c’est que le Président ne s’est pas trop intéressé aux malversations qu’il y avait eu sous le régime passé, il ne s’est pas appesanti là-dessus. Mais il y a des cas qu’il a pris pour illustrer et montrer la différence dans la gestion. « Maria-Gléta a coûté plus de 40 milliards sans avoir allumé une ampoule ». Aujourd’hui il a fait une autre centrale à côté qui nous a permis d’approcher plus de la moitié de notre besoin. Ce sont des exemples de mauvaise gestion, mais il a illustré des exemples pour montrer comment nous investissions de l’argent pour rien, parce que nous ne gérons pas ça en toute responsabilité. Il ne peut pas avoir dit ça et revenir lui-même faire une gestion qui ressemble à ça. C’est une manière de dire : « Avec moi ça n’arrivera pas. ». Et gérer de façon plus responsable dans nos Etats, c’est lutter contre la corruption et aujourd’hui il y a une chose qu’il faut reconnaitre dans ce gouvernement, je ne suis pas en train de faire le bilan, mais tout le monde a peur de toucher l’argent de l’Etat dans ce pays maintenant. Moi j’étais membre d’un conseil d’administration, j’avais des droits. Quand je suis arrivé, on m’a dit : « Tu as droit à ça ». Et j’ai dit : « Le droit ne m’en parlez pas. Je veux travailler sans rien avoir, parce que pour avoir pris trois cent mille pour fêter Tabaski, j’ai eu des amis qui ont été incarcérés ». Au moins, la peur m’a envahi le jour-là, et m’a fait comprendre qu’il y a quelque chose qui est différent d’avant. Et le fait que certains criaient et dénonçaient, je pense que c’était d’avoir une Cour pour prendre des cas en charge. L’intention était bonne de dire qu’il faut créer une Cour spéciale pour connaitre un certain nombre de dossiers qui ont besoin parfois d’être accélérés. Aujourd’hui, nous tous on crie CRIET.

Merci Honorable, quel est votre mot de fin?
Mon mot de fin c’est d’abord de dire ma satisfaction de venir ici témoigner de ce que je vois dans ce pays comme un progrès décisif et une adhésion à des reformes qui visent le progrès pour le pays. C’est également un appel que je vais lancer à tous, d’abord à mes collègues de la classe politique, pour que nous prenions conscience que les réformes sont des choses qui marchent si vous marchez. Chaque fois que vous posez un pas, c’est un défi pour le second pas. Nous devons nous mettre cela en tête pour au moins faire aboutir les réformes. Si le président Talon doit rester, c’est parce que nous avons tous reconnu que ces réformes ne sont pas arrivées à leur terme.. Donc nous devons nous y mettre pour pouvoir parachever ces réformes et comprendre que le Président Talon n’est qu’un passant au-dessus de nos institutions. D’autres Présidents viendront et c’est ce qui va rester qui serait important. Ce sont les bases solides de démocratie telles que c’est posé dans les pays de grande démocratie.
Mais je vais dire à l’opinion publique que la démocratie ne veut pas dire la non-contingence. Vous avez vu, les Etats-Unis ont fait un vote populaire et après on compte le vote des grands électeurs, ainsi de suite. Chacun définit ses normes acceptables. Nous ne devons pas tout importer, nous devons tout bâtir de chez nous ici pour que notre pays se développe.
A la population je vais dire que dans quelques jours nous irons choisir encore le Président de la République. Moi je souhaite que le mien gagne au premier tour, mais c’est d’abord la participation massive, festive que je souhaite. Et je lance un appel parce que c’est notre pays. Il ne faut pas regarder ce qui se passe ailleurs pour gâter ce qui y a chez nous et il ne faut pas qu’on importe des choses qui vont gâter ce que nous avons chez nous. Nous devons défendre notre patrie et c’est le devoir de chacun de nous de défendre la patrie, de faire l’effort pour que notre pays ne rentre pas dans des conflits, que nous ne voyions plus jamais ce qui s’est passé en 2019 dans le pays. Et que les élections se déroulent dans la paix et la concorde. Voilà ce que j’ai à dire.

Carte d’identité: Le militantisme chevillé au corps

Assan Séibou, est né vers 1967 à Copargo dans l’actuel département de la Donga. Très tôt orphelin, le jeune Assan effectue à Copargo ses études primaires et secondaires sanctionnées par le CEPE, le BEPC respectivement en 1977 et 1981. A l’Université nationale du Bénin (UNB), qu’il rejoint après l’obtention de son baccalauréat en 1984, il se dirige vers les sciences économiques, option gestion des entreprises et en obtient une maitrise en 1991. Son parcours scolaire et universitaire est aussi un parcours militant qui s’exprime dans les nombreux mouvements associatifs dont il fait souvent partie des géniteurs. Membre fondateur de l’Association des élèves de Copargo devenue après Association des élèves et étudiants de Copargo alors qu’il est au cycle primaire, Assan Séibou est, en 1991, le père fondateur du Front des élèves et diplômés sans emplois pour le développement du nord (FREDEN) à la tête duquel il fait deux mandats. Ce creuset continue d’exister d’ailleurs, à la grande satisfaction de son géniteur qui en parle avec une fierté à peine voilée. Jamais las lorsqu’il s’agit de donner un peu de soi, d’investir de sa personne, Assan Séibou dont on peut dire qu’il a le militantisme chevillé au corps, est aussi actif dans plusieurs autres associations et groupes durant son parcours à l’UNB. Il finit même par être, trois ans durant, président de l‘Organe consultatif de la jeunesse du Bénin. Ce poste lui ouvrira les portes de la Conférence économique nationale. Au début des années « 90 », sa maîtrise en poche, Assan Séibou qui a une vision très claire de son avenir choisit de se lancer dans les affaires. Bien décidé à ne donner du « patron » à personne, il se lance dans le monde des affaires. « Je suis rentré dans la vie des affaires. Je n’ai pas voulu être un fonctionnaire, ni un salarié. Je voulais être mon propre employeur», se rappelle-t-il, martelant à l’envi son aversion à être employé par un tiers. Ses premières pérégrinations dans le monde du business le conduisent dans le secteur portuaire, précisément dans la gestion de certains espaces portuaires. Dans ce monde, le natif de Copargo, dont les traits fins trahissent les origines sahéliennes, jouit de la confiance de grands groupes. Il a été pendant treize ans, conseiller assistant d’un groupe d’hommes d’affaires. A l’aise dans ce milieu, il développe ses propres affaires, tout en poursuivant plusieurs formations qui rallongent et enrichissent son curriculum vitae. En plus de sa maîtrise en sciences économiques, option gestion des entreprises, il devient titulaire d’un Master II en Droit pénal de l’université de Parakou. La spécialisation est quelque chose qui lui tient à cœur et Assan Séibou ne rate pas les occasions qui s’offrent à lui de se spécialiser. C’est ainsi qu’il suit en 1993 une formation des experts en entreprenariat avec la CONFEJES, devenant ainsi le « premier expert du Projet entreprenariat des jeunes (PEJ) du Ministère de la jeunesse. En 1999, la politique lui ouvre les bras par la grande porte : la députation. Elu député à seulement trente-deux ans sous la bannière du Mouvement africain pour le développement et le progrès (MADEP), dont il était le vice-président, Assan Séibou est réélu en 2003. Au cours de ses deux mandats, celui qui se définit comme un homme politique plutôt qu’un politicien s’enrichit d’une expérience sous régionale à partir de l’année 2000. L’expérience l’a marqué et il en parle avec délectation. « J’ai été élu par le parlement béninois au parlement de la CEDEAO en 2000. J’ai occupé plusieurs postes au parlement de la CEDEAO. J’ai été Secrétaire parlementaire, rapporteur de commission et j’ai fini vice-président jusqu’en 2010 ». Responsabilisé « pour beaucoup de choses », Assan Séibou se découvre une véritable passion pour la relecture des textes de la CEDEAO. Pour cette même institution, il n’a eu de cesse d’observer les élections. Militant actif et poids lourd de l’alliance ABT qui a œuvré pour la victoire du président Patrice Talon, Assan Séibou a été nommé dès mais 2017 Directeur Général du Centre de Partenariat et d’expertise pour le développement (CePED), une structure du Ministère du plan et du développement. Membre fondateur et membre du Bureau Exécutif National du Bloc Républicain, il est élu député depuis 2019, suppléant du Ministre d’Etat Abdoulaye Bio Tchané.

Intimité: Amoureux de la simplicité

L’Honorable Assan Séibou est marié et père de quatre enfants. Musulman pratiquant, l’homme qui a été polygame par le passé, vit avec une seule femme aujourd’hui. Attiré chez la femme par la simplicité, l’attention qu’elle peut lui porter et surtout son sourire, Assan Séibou a su trouver en celle qui partage sa vie, la somme de toutes ces qualités. Originaire du sud Bénin, cette dernière est celle qui sait lui concocter les plats qu’il aime : la pâte de riz qu’il adore, l’igname pilée qu’il aime déguster quand elle est servie avec une sauce crincrin ou gombo, garnie de viande de poulet. L’alcool n’a pas de droit de cité chez le député. Il lui préfère l’eau minérale. Grand amateur de cinéma et de lecture, celui qui jadis pratiquait le football ne se consacre plus qu’au sport d’entretien, histoire de se maintenir en forme.

LA REDACTION

Fadel KABASSI, Président de l’ONG Cap Equi Libre dans «Sous L’Arbre à Palabre»: «La Rupture a changé l’état d’esprit des populations»

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Fadel KABASSI

Maintenir le cap en se mettant pleinement au service de la communauté. Telle est l’idéologie de l’Ong Cap Equi Libre ancrée dans le dynamisme, l’équité et la liberté. Son président Fadel Kabassi, a choisi le canal de la rubrique « Sous l’Arbre à Palabre » de L’Evénement Précis pour revenir sur les objectifs de cette organisation non gouvernementale, ses domaines d’intervention ainsi que ses activités dont la plus célèbre est « La Dictée du Président ». Le jeune acteur politique s’est également prononcé sur la gouvernance du Président Patrice Talon. Lisez plutôt…

Et si on en parlait

Que signifie Cap Equi libre ?
Comme vous pouvez le constater, il y a Cap, Equi et libre. Cap pour faire allusion à l’orientation, la direction ou la dynamique que nous prônons, Equi pour faire appel au principe d’équité ou d’équilibre et libre pour faire référence à la liberté. Il y a un attelage de l’esprit saint dans un corps sain qui permet aux uns et aux autres d’être en équilibre et de se sentir en pleine capacité d’aller de l’avant dans tous les domaines de leur vie. Comme on le dit souvent, la santé avant toute chose ; et c’est à la fois la santé physique et mentale. C’est dans ce sens que nous avons pensé dénommer notre Ong Cap Equi Libre qui, jusqu’ici, essaie de maintenir le cap en se mettant pleinement au service de la communauté.

Quels sont vos domaines d’intervention ?
Nous avons quatre (4) domaines d’intervention : la solidarité sociale, la formation et l’emploi, l’éducation et les loisirs, puis enfin, les arts et la culture. Nous avons pour slogan : « Au service de la communauté ».

L’une des activités phares de l’Ong c’est le concours « La Dictée du Président ». Parlez-nous un peu de ce concours.
Face à ce que nous savons de la qualité de plus en plus inquiétante de la langue française au niveau primaire, on s’est alors demandé ce qu’il faut faire pour aider le gouvernement et l’Etat à corriger cela. Pour que nos jeunes enfants et écoliers puissent donner le meilleur d’eux-mêmes, il faut les mettre en compétition. Les enfants d’aujourd’hui sont les dirigeants de demain.
La Dictée du Président est donc un concours national de dictées destiné aux écoliers du primaire. Il est séquencé en trois (3) étapes : communale, départementale et nationale pour la phase finale. L’originalité de notre concours réside dans le fait que les textes de dictées sont lus aux enfants par les autorités elles-mêmes.

Aurions-nous une autre phase finale après le départ du Président actuel ?
Oui. Nous avons créé cet événement pas seulement pour le Président qui est actuellement là, mais pour tous les Présidents qui vont diriger ce pays. Il est vrai que l’événement porte le nom du Président, mais, avoir eu le Ministre d’Etat Abdoulaye Bio-Tchané à nos côtés à la dernière phase finale était un très grand honneur pour nous. Nous en sommes très heureux et fiers. Nous espérons que pour la phase finale de la deuxième édition, le prochain Président fera la lecture.

Quel bilan peut-on faire des actions de l’Ong Cap Equi Libre ?
Nous avons quatre (4) domaines d’intervention et des activités pour chaque domaine. Mise à part notre activité phare, nous avons aussi les jeux Téracom. C’est à la fois une coupe du monde, des olympiades et des Jeux olympiques. Olympiades parce que nous avons des jeux intellectuels tels que : la dictée, le scrabble, le sudoku, awalé, des chiffres et des lettres, les mots dits et autres. Olympiques parce que nous avons plusieurs disciplines sportives telles que : l’athlétisme, la lutte traditionnelle, le saut en hauteur, le football, le basketball et le handball. Coupe du monde parce qu’en matière de football, nous avons trente-deux (32) équipes. La phase finale de notre coupe du monde à nous se tient au stade municipal de Parakou pour une durée de six semaines. La phase éliminatoire part du mois de janvier à juin. Des matchs se jouent dans chaque arrondissement et à la fin, nous sélectionnons les vingt (20) meilleurs de Parakou. Les arrondissements sont pris comme des continents. En plus des vingt (20), nous avons les deux (2) finalistes de l’édition précédente et les dix (10) autres équipes viennent des différentes communes. L’équipe vainqueure de la dernière édition (avant COVID) en 2019 était venue de Kandi. Cette coupe du monde a déjà un impact puisque trois équipes de Parakou sont aujourd’hui en première division du championnat national de football. Ce n’est pas le fruit d’un hasard puisque nous faisions nos tournois même lorsqu’il n’y avait pas de championnat. Ce qui mettait non seulement les joueurs en jambes, mais aussi les arbitres. En matière de sport, notamment, le secret pour la réussite, c’est la pratique. Dans le championnat, nous avons les Buffles du Borgou, Dynamo Fc et Real sport de Parakou. Et pour la petite histoire, Real Sport a été créé en 2011 pour pouvoir participer aux jeux Téracom. C’est après deux éditions qu’ils se sont sentis capables d’aller en championnat. Aujourd’hui, ils sont en première division. C’est ainsi parce qu’on a toujours privilégié les équipes de quartier au cours des jeux Teracom, et on n’autorisait qu’un maximum de deux (2) joueurs du championnat par équipe. Ce qui fait que toutes les grandes équipes se servaient de la phase finale pour détecter les talents. Ce n’est qu’après les jeux Teracom que les équipes faisaient des tests de sélection des joueurs. Et c’est ce qui justifie la pleine forme de Parakou d’avoir trois (3) équipes en première division du championnat national de football.
Dans le domaine de la « Solidarité sociale », nous accompagnons de manière marginale des hommes et femmes qui ont des activités génératrices de revenus. Nous leur accordons des crédits à taux zéro. Les montants dépassent rarement cinquante mille (50.000) Francs CFA. Nous nous entendons avec l’intéressé sur la durée du remboursement, et ce dernier sait que ce n’est qu’après son remboursement que quelqu’un d’autre peut bénéficier du crédit. La durée du remboursement dépend du bénéficiaire, et peut payer entre trois (3) mois et un (01) an. Ainsi, au fur et à mesure qu’elle rembourse leur dette, elle permet à une autre personne de bénéficier de cette aide-là. Il y a également certaines familles qui n’ont pas les moyens pour payer la scolarité de leurs enfants au niveau primaire. Nous prenons en charge la scolarité de ces enfants, en partie ou en totalité, notamment celle les jeunes filles.
Sur le plan de la « Formation et Emploi », nous faisons deux choses majeures : la première est relative aux ateliers et conférences-débats sur les questions du savoir-faire en entreprise, savoir-être en entreprise, l’élaboration de CV, de lettre de motivation. La deuxième chose majeure à ce niveau-là, c’est que nous avons développé un programme qui s’appelle « Capital Humain ». C’est un programme d’insertion en stage. En réalité, tel que c’est fait, la personne qui veut un stage nous saisit, paie l’ONG pour qu’on lui trouve un stage. Mais l’ONG dispose d’un délai de six (6) mois pour lui faire une proposition concrète. Au bout des six (6) mois, si nous ne lui faisons pas une proposition, on lui restitue l’intégralité de ce qu’il a payé. C’est un contrat que nous signons, et lorsque la personne est en stage, elle est suivie. Il y a des fiches qu’elle remplit de manière hebdomadaire et à la fin, elle a son rapport qu’elle doit nous présenter avant que la structure d’accueil ne lui donne son attestation de stage. Donc, nous avons vraiment privilégié la rigueur à toute autre chose. C’est pour cela que nous avons rendu cela payant afin que celui qui paye ne banalise pas la chose. Sur l’aspect « Education et Loisirs », c’est là qu’interviennent les jeux Téracom et le concours de dictées. Ce sont là nos activités phares. Mais il y a également le concours que nous avons commencé l’année passée : « Les Mots Dits à l’école », s’appuyant sur le jeu « Les Mots Dits » qui est un concept que j’ai développé et pour lequel je détiens les droits d’auteur et la marque de commerce. C’est toujours pour l’amélioration de la langue française et le développement de la culture générale au niveau primaire. En fait, nous avons créé un concours entre écoles. Chaque école doit envoyer deux représentants, un garçon et une fille, et cela se fait sur plusieurs mois. Nous avons fait la première édition en 2020 qui a pris fin en août dernier. L’idée est de récompenser, non seulement les meilleures écoles, mais aussi les meilleurs écoliers qui ont obtenu le maximum de points. Et on le faisait tous les derniers samedis de chaque mois sur sept (7) mois. Toujours par rapport au concept « Les Mots Dits », tous les dimanches depuis quatre (4) mois sur la Radio CAPP FM, nous avons lancé un jeu-concours radiophonique pour les enfants : « Les Mots Dits à l’écoute » cette fois-ci. Les enfants téléphonent donc, grâce à leurs parents, et on leur pose des questions, et les bonnes réponses leur donnent droit à des cadeaux. Même lorsqu’ils n’ont pas réussi à relever tous les défis, parfois ils obtiennent des lots de consolation.
Vient enfin le domaine « Arts et Culture ». À ce niveau, il s’agit, beaucoup plus, de sensibilisation. L’aspect culture, c’est beaucoup plus par rapport à notre identité, parce que nous sommes convaincus qu’on ne peut aller nulle part dans la vie sans savoir se définir soi-même. Et notre culture est fondamentale ; les arts aussi par ricochet. Il y a deux types d’activités que nous avons menées. D’abord, il s’agit des sensibilisations sur le « Consommons local », sur ce que nous sommes, de l’encouragement à parler nos langues locales et à connaître l’histoire de notre pays. Une activité majeure que nous avions faite en 2019, en partenariat avec le groupe de jeunes à l’initiative du concept, c’est un concours d’art culinaire portant sur les mets de chez nous, et dénommé « Miss Gnonnou Adokon ». Cette édition dudit concours se déroulait à Parakou où se trouve également le siège de notre ONG.

Que retenir en termes de perspectives ?
Dans un premier temps, il s’agit pour nous de pouvoir continuer les activités majeures que nous faisons jusque-là. Ensuite, nous devons convaincre et faire en sorte que le maximum de personnes, d’autorités et de structures nous accompagnent dans ce que nous faisons, parce que nous sommes convaincus que ce que nous faisons a beaucoup d’impacts positifs sur la population, sur les enfants et sur toutes les personnes cibles de nos activités. A titre d’exemple, les jeux Téracom au stade de Parakou, c’est au moins mille-cinq-cents (1500) spectateurs chaque jour. Ainsi, pendant six (6) semaines, ça fait mille-cinq-cents (1500) personnes que nous sortons peut-être de l’oisiveté, qui consacrent tout leur après-midi à une activité saine, en tout cas, qui en ce moment-là, n’ont pas le temps de penser négatif. Les jeux Téracom, c’est aussi plus de mille (1000) participants à travers une vingtaine de disciplines, et plus de deux-cents (200) emplois saisonniers directs et indirects. L’impact est réel, et nous le faisons depuis plus de dix (10) ans sans aucun soutien réel de l’État. Jusque-là, l’essentiel de ce que nous faisons, c’est par nos propres moyens. Nous trouvons des partenaires certes, mais chaque partenaire fait suivant ce qu’il peut ; et nous pensons que si nous avons un réel accompagnement de l’Etat, on ferait beaucoup mieux et on impacterait plus de personnes. Un accompagnement serait que nous n’ayons pas à payer l’INFOSEC par exemple ; que nous n’ayons pas à payer le stade pendant 6 semaines, par exemple. C’est dire que ce n’est pas nécessairement de sortir l’argent des caisses de l’Etat qu’il s’agit, mais surtout nous alléger nos charges. Pour le concours de dictées, nous espérions que les maires prennent en charge le déplacement des 10 meilleurs enfants de leurs communes respectives vers leurs préfets, et que les préfets prennent en charge le déplacement des 10 meilleurs enfants de leurs départements respectifs vers le Président de la République. Mais nous n’avons malheureusement pas eu cette chance. Très peu, et trop peu de maires et préfets ne l’ont fait. Je saisis la présente occasion pour les remercier très sincèrement. Ils ont très vite perçu et compris l’importance de ce que nous faisons et qui se sont impliqués, notamment le préfet du Borgou qui n’a jamais ménagé d’effort pour nous aider. Mille mercis à Monsieur Djibril MAMA CISSÉ. Ce n’est pas nécessairement de l’argent que nous attendons de l’Etat, mais au moins cette reconnaissance-là, par l’allègement ou la suppression de certaines de nos charges, pour qu’on puisse bien, et mieux, faire les choses.

Pourquoi faites-vous tout ça ?
Comme je vous l’ai dit, le slogan de notre ONG, c’est : « Au service de la communauté ». Donc, je pense qu’avec les autres membres, amis et camarades, nous sommes convaincus que nul ne peut être heureux tout seul. Et l’éducation que j’ai reçue ne me permet pas de concevoir le bonheur ou l’épanouissement pendant que dans mon entourage, il y a des pleurs. Ce n’est pas concevable dans ma tête. J’ai également eu la chance d’avoir les parents que j’ai, d’avoir le parcours que j’ai eu, d’avoir l’expérience positive de ma vie au Bénin, et je pense qu’à un moment donné, le minimum c’est de faire un bon et juste retour de tout ça. Je sais qu’il y a une autre question qui va suivre, alors je vais anticiper. Il est vrai que depuis un certain nombre d’années, je me suis engagé politiquement, je ne l’ai jamais caché. Mais je prends soin de faire la part des choses entre mes activités à caractère politique et celles de l’ONG. En la matière, il y a plusieurs preuves. Déjà avec l’ONG et tout ce qu’on a eu à faire, cela fait plus d’une douzaine d’années, alors que mon engagement politique ne date de 2013. Ensuite, parmi les membres actifs de notre ONG, il y en a qui ont des engagements politiques et proviennent de tous bords, tandis que d’autres n’ont aucune implication en politique. Le plus important ici c’est la communauté et les populations cibles.

Quelle est votre appréciation de la gouvernance Talon ?
Là vous m’obligez à donner ma coloration. Soit ! Je vous ai dit que depuis 2013, officiellement, je me suis engagé politiquement ; et c’était avec l’Alliance ABT. Et nous avons fait le cheminement que nous avons fait. A un moment donné, nous sommes allés aux élections présidentielles. A un moment donné, nous avons été en partenariat avec le candidat d’alors, et l’équipe a gagné. Donc nous sommes entièrement responsables et nous devons assumer pleinement la gouvernance qu’il y a eu jusqu’ici. En disant assumer pleinement, ça veut dire aussi que sur ce qui a été négatif ou positif, nous ne pouvons ni nous extraire, ni nous soustraire. Dans l’ensemble, personnellement, je juge ce bilan positif. Il y a les appréciations des uns et des autres sur certaines choses, mais je dirai que là encore, ça dépend de votre expérience à ce niveau de décision. Souvent ceux qui sont arrivés à un niveau décisionnel, il y a des commentaires qu’ils ne peuvent pas faire, parce qu’ils connaissent un peu mieux la réalité de la chose que la plupart des gens. Mon appréciation est donc positive et je suis pleinement engagé aujourd’hui avec le Bloc Républicain pour lequel nous allons œuvrer pour la victoire, puisque depuis quelques jours, nous avons officiellement la candidature de celui que nous avions porté. Donc, nous allons continuer dans cette dynamique pour mandater à nouveau le Chef de l’État pour conduire notre Nation durant les cinq (5) prochaines années.

Quelles sont les réalisations qui vous ont enchanté ?
Nous allons prendre chaque pilier. Par exemple, au niveau du premier pilier qui est le pilier politique ; donc les questions de démocratie, d’Etat de droit et de gouvernance, sans hésitation, moi je vous dirai que la réforme du système partisan est un accomplissement positif, parce que ça contraint toute la classe politique à s’organiser, à se mettre ensemble d’une manière ou d’une autre. Et ça c’est quelque chose d’extrêmement positif pour le pays. Un des avantages de cette réforme aujourd’hui, c’est que nous avons certains partis qui bénéficient du financement public. Je ne pense pas qu’avant, c’était réellement possible. Ça c’est quelque chose de positif qui va également dans le sens de la bonne gouvernance. Autre chose, la mise en place de la CRIET. Aujourd’hui, dans tous les cas, vous le sentez ; tout le monde a un respect plus élevé de la chose publique. Toutes les personnes qui paient leurs impôts, qui contribuent à permettre à l’Etat de fonctionner sentent que quelque chose a changé. Elles apprécient un peu mieux la manière dont sont utilisées aujourd’hui les ressources qu’elles ont mises à la disposition de l’Etat, parce qu’il y a des réalisations qui sont palpables, concrètes. L’autre point positif, mais ça c’est en 2026 qu’on le sentira réellement, c’est l’alignement des élections. On aura une seule année électorale. On finit avec les élections, et le reste du temps, on se concentre sur l’essentiel pour le développement de notre pays. Tout sera à l’apaisement : l’état d’esprit de la population, les fonctionnaires, les entrepreneurs, les artisans, etc. Chacun pourra vaquer à ses occupations et à ses affaires sur une période relativement stable et sans perturbation politique majeure.
Sur l’aspect de la transformation structurelle de l’économie qui est un pilier extrêmement important, c’est d’abord l’énergie électrique. Et il faut saluer le gouvernement pour la manière dont il a géré la question de l’énergie électrique. Le problème auquel nous faisons face aujourd’hui est plus relatif à la qualité de l’énergie et la qualité du service que nous avons en tant que consommateurs. Cet état de chose est dû à la vétusté de nos infrastructures relatives au secteur. Je sais que le gouvernement et les structures compétentes travaillent ensemble pour trouver, dans les meilleurs délais, une solution à cette question. La deuxième action qui m’enchante au niveau de ce pilier est la structuration qui a été faite du secteur agricole à travers les ATDA (Agence Territoriale de Développement Agricole). Nous avons également le FNDA (Fonds National de Développement Agricole) pour accompagner l’entrepreneuriat agricole et les institutions qui œuvrent pour mettre en valeur l’agriculture béninoise. Et le gouvernement s’est fixé comme objectif d’atteindre un certain taux de transformation locale des différents produits que nous produisons. Comme produits phares dans le secteur agricole, on a le riz, l’anacarde, l’ananas et le maïs. Et plusieurs autres produits prioritaires comme le soja, le karité, l’huile de palme et le manioc ; avec ensuite l’aviculture comme secteur transversale. Tous les travaux qui ont été faits autour de ces neuf filières sont encourageants et je crois que cela enrichit davantage le pays.
Concernant le pilier social, personne aujourd’hui ne peut dire qu’il ne voit pas les efforts fournis par le gouvernement pour l’accès à l’eau potable pour tous. Et mon dernier point à ce niveau est la mise en place des cantines scolaires qui luttent contre le décrochage en milieu scolaire et également de garantir aux enfants un enseignement de qualité.

Qu’est-ce qui a complètement changé dans le secteur de l’énergie au Bénin ?
Aujourd’hui quand on dit énergie électrique, la population, surtout urbaine, ne voit que la SBEE alors qu’il y a l’électrification rurale avec l’ABERME. Le rôle de l’ABERME, c’est le développement l’électrification en milieu rural. Nous avons également les projets de construction et de mise en place des centrales solaires dans plusieurs localités du Bénin, sans oublier le rôle important que joue le MCA BENIN II en ce domaine. A ce niveau il y a énormément de choses qui sont faites pour permettre aux populations d’avoir accès à l’énergie électrique. Le gouvernement est en train de mettre en œuvre un projet qu’on espère avantageux à terme : c’est la gestion déléguée de la SBEE. L’objectif fondamental est d’avoir un transfert de technologie, un transfert de compétences, pour qu’au terme du contrat nous puissions avoir de nouvelles compétences pour poursuivre et optimiser la gestion de la SBEE nous-mêmes. Si j’ai bonne mémoire, parmi les dernières décisions prises en Conseil des ministres, il y a eu l’autorisation pour lancer un appel d’offres pour la construction de Maria Gléta III. Cela concourra à l’autonomie énergétique. Tout à l’heure, j’ai parlé de la vétusté des infrastructures qui impactent négativement la qualité de l’énergie électrique reçue par les consommateurs. Je sais qu’il est prévu qu’elles seront renouvelées progressivement.

Est-ce que c’est ça qui a débouché sur l’augmentation des prix ?
L’augmentation du prix ne date pas d’hier, mais depuis 2019 où il y a eu une décision qui a été prise dans ce sens. Le gouvernement a pris un décret pour mettre en application cette décision de l’Autorité de Régulation de l’Électricité. L’une des missions des autorités de régulation est de veiller à la justesse des choses comme l’équité. Il faut de l’équité pour les consommateurs, mais il faut également de l’équité pour les promoteurs. L’équité pour le promoteur, c’est de lui fournir de quoi s’équilibrer financièrement. Ce sont donc ces situations qui ont débouché sur une augmentation des tarifs. Mais au lieu de faire cette augmentation une fois, le gouvernement a plutôt opté pour une augmentation en deux temps. C’est pourquoi du 1er janvier 2020 au 31 décembre 2020, normalement il y avait 5% d’augmentation et les tarifs avaient été publiés. Et du 1er janvier 2021 au 31 décembre 2021, il y a une nouvelle grille tarifaire. Il y a également un élément majeur à tout ceci qui est le code de l’électricité, qui exige une révision tarifaire tous les deux (2) ans. Ce qui veut dire que dans six mois nous allons encore travailler pour voir si à partir du 1er janvier 2022, il faut un nouveau tarif à la hausse, à la baisse ou s’il faut maintenir les tarifs actuels. C’est ainsi que le code de l’électricité prévoit la gestion du secteur de l’électricité au Bénin. La SBEE n’a fait que mettre en œuvre cette décision.

Qu’est-ce qui a complètement changé dans le secteur des finances ?
Au niveau des finances, il y a eu beaucoup de choses qui commencent déjà par la dématérialisation, le payement des pensions des retraités via des réseaux mobiles. Ce qui a permis à l’État de réduire beaucoup de choses négatives. Et cette dématérialisation est transversale. Elle ne touche pas que le ministère des Finances, mais toutes les structures de l’État. La création d’entreprises, via son téléphone également permet d’améliorer les recettes de l’État et de réduire les charges de l’Etat. Deux manières d’améliorer la disponibilité financière de l’État c’est l’augmentation des recettes et la réduction des charges, et on peut arriver à jouer sur ces deux paramètres à l’avantage de tous. Il y a également la rationalisation des dépenses de l’Etat et présentement il y a une veille citoyenne sur la responsabilité fiscale. Aujourd’hui, beaucoup de populations sont conscientes de l’importance du payement des impôts et des taxes ; ce qui n’était pas nécessairement le cas hier.

Mais le fait est que nous sommes dans un pays où tout est gardé secret même les salaires des ministres. Que pensez-vous de cette façon de faire les choses ?
Je pense que les gens aussi aiment se créer des sensations. Le principe est que le chef de l’Etat, c’est un agent de l’Etat. Donc, le principe est clair, il doit avoir un salaire. Le principe est clair que les ministres doivent avoir un salaire. De façon sociologique, je parle de notre tradition, le salaire, que ce soit au niveau de l’administration ou au niveau du privé ou même à la maison, la question d’argent, reste un peu tabou. Ce n’est pas souvent aisé de dire à ses enfants : « voilà, je gagne tant » ou de dire à nos parents : « voilà ce que je gagne ». Je donne cet exemple pour rappeler aux uns et aux autres qu’il y a déjà un conditionnement sociologique à ce genre de chose. Maintenant, il est de la discrétion d’un chef de dire publiquement qu’il paye telle personne à tel montant, et l’autre à tel montant. Dans tous les cas, ceux qui sont supposés le savoir, le savent, puisque pour des dossiers, pour des documents qu’on dit classés top secret, il y a toujours des gens qui ont accès à ça. Ils sont simplement tenus par une obligation de réserve et ne peuvent pas divulguer ce qui n’a pas été désigné divulguable.

Est-ce que ça participe de la bonne gouvernance ?
Evidemment, ça participe de la bonne gouvernance, parce que les structures de l’Etat qui sont supposées le savoir, sont au courant. Je le dis parce que le jour où il y aura un problème avec la Haute Cour de Justice, par exemple, la CRIET ou autre, les documents existent, et au besoin, ils vont sortir. D’ailleurs, ce n’est pas aisé de dire un jour, tel gagne tel montant et que tel ministre gagne plus que tel et ainsi de suite. Je crois que nous ne sommes pas encore prêts à ce genre de choses. Pour preuve, je voudrais rappeler les réactions des uns et des autres lorsque les salaires des DC, DAC, SGM et SGAM ont été publiés. Vous n’avez pas idée du supplice et de la croissance exponentielle des sollicitations de tous genres que cela a entraînées à leur niveau. Je crois, à coup sûr, que tous les ministres n’ont pas les mêmes salaires. Parce que ça dépendra de l’expérience des uns et des autres, du niveau d’implication et de bien d’autres critères à la discrétion du Chef, et que nous ne pouvons savoir. Exposer les salaires des Ministres pourrait aussi une source de conflits, car on a des amis journalistes qui vont en faire une polémique et titiller ou monter les concernés les uns contre les autres. Ils seraient même capables de créer des conflits entre les membres d’un même gouvernement juste à partir de ces questions simples. Ils diront à l’autre : « Mais tiens, tu vois, vous êtes ministres d’un même gouvernement, mais si lui, il est payé mieux que toi, c’est que tu es nul. » Vous voyez, c’est que si on pousse loin, ça peut créer d’énormes polémiques. Donc, je crois que le Chef de l’Etat a ses raisons et le droit de gérer cette question comme bon lui semble.

Et les contrats PPP, il parait que c’est un gouffre financier pour le pays.
Non, pas du tout. Vous savez, les PPP sont les partenariats publics privés. Dans tout partenariat, il y a un gain pour chacune des parties. Alors, pour les PPP, le gain pour l’Etat n’est pas nécessairement financier. Il peut être social, diplomatique, ou autres. Dans un PPP, l’Etat sait qu’il ne pourra assurer une gestion optimale de certaines infrastructures pour assurer un service public, contrairement au privé qui en a l’expertise, et donc mieux placé que lui, l’Etat. Dans ces conditions, l’Etat met alors en place les mécanismes et prend les dispositions qu’il faut pour le fonctionnement de ce service-là, et le privé vient l’exploiter en faisant aussi ses propres investissements. En clair, je suis l’Etat, j’ai un terrain que je n’exploite pas, alors que je sais bien que si je construis sur cet espace une salle de cinéma pour le quartier, ça va marcher, mais je ne saurais la gérer comme un privé. Alors, ce que je fais, c’est soit je ne construis rien et j’appelle un privé à qui je dis : « Voilà le terrain, je m’assure que tu aies l’eau et l’électricité et toi ton engagement, c’est de construire le cinéma. On te donne tel délai pour l’exploiter. Passé ce délai, le cinéma revient dans le patrimoine de l’Etat. » C’est ça en fait un PPP. Ou encore, l’Etat a le terrain, construit la salle de cinéma, mais pour sa gestion, le confie à un privé qui vient faire des investissements additionnels, et dans le tarif sur la durée, récupère ce qu’il a investi tout en faisant ensuite le profit sur lequel on s’est entendus. Ça peut être 10%, 15% ou plus. Lui, il vient faire son business. Si ce n’est pas rentable, il ne va pas accepter le faire. Il fait ses calculs sur 10 ans, 20 ans, et regarde ses intérêts, ce qu’il va gagner sur la durée et accepte. Après, ça revient dans le patrimoine de l’Etat. Ce dernier peut commencer par l’exploiter lui-même, ou, le confier à quelqu’un d’autre, un autre privé, comme l’Etat peut renouveler le contrat à celui qui est à terme. En clair, pour les PPP, l’Etat ne sort aucun franc et ne perd rien financièrement. Donc, on ne peut pas être d’un gouffre financier pour l’Etat, alors qu’il ne creuse même pas sa poche.

Les élections présidentielles sont prévues pour dans quelques mois. Quel appel avez-vous à lancer aux forces vives de la nation afin que nous ayons des élections apaisées ?
Je dirai simplement qu’il est important que chacun se souvienne que le Bénin est notre patrimoine commun et que nous n’avons aucun intérêt à créer des perturbations puisque ça ne nous arrange pas. Même ceux qui ne sont pas d’accord avec le gouvernement actuel ont besoin d’un pays apaisé à gouverner si c’est à eux que revenaient la victoire et la charge de gouverner. Car le désordre n’avantage personne. Donc, c’est le moment de faire cet appel afin que chacun œuvre à son niveau et en ce qui le concerne pour que tout se passe bien, de la manière la plus apaisée. Que chacun fasse confiance aux institutions de la république, et que nous respections les règles que nous sous sommes données ; qu’on les respecte, qu’on les assume afin que nous ayons une période électorale pacifique et festive.

Vous parlez d’élection apaisée alors que votre leader, le président ABT a refusé d’être de la course, sachant bien que c’est la dernière fois qu’il peut se présenter. Comment avez-vous vécu ça ?
C’est un idéal qui nous a amenés là. Et si le leader même décide de ne pas y aller, c’est certainement la meilleure option pour lui et certainement pour le peuple. Nous, à notre niveau de façon individuelle, c’est vrai que ça nous a fait des pincements au cœur, parce que notre vrai désir était de le voir un jour Président de la République. Mais, la lucidité doit nous amener à une chose qui est que la personne dont on parle a plus de paramètres d’analyse que nous, et dispose de plus d’informations que nous pour savoir quel choix faire. Moi, connaissant l’homme, je crois que le choix qu’il a fait est le mieux pour le plus grand nombre. S’il voulait faire un choix égoïste, c’est facile. Il se choisirait lui-même, quoi que cela lui en coûte et nous en coûte. Ça va créer des perturbations peut-être ; mais, le connaissant, c’est un homme d’Etat et l’intérêt du plus grand nombre passe avant son intérêt personnel. Je crois qu’élu président ou pas, il a contribué et il contribuera toujours à œuvrer pour le développement de notre Nation.

Est-ce que vous craignez une résurgence des violences lors des présidentielles d’avril prochain ?
Craindre, je dirai, pas trop. Parce que beaucoup de Béninois, beaucoup de concitoyens ont compris où se trouvait l’essentiel. Il y a beaucoup de choses qui sont dites, mais qui ne sont pas vraies. Je parle des manipulations, des intoxications ; mais les gens sont beaucoup plus éclairés désormais, et je compte beaucoup sur ça. Au cours des débats, lorsqu’on échange, les gens ont des raisonnements qui montrent que le peuple n’est pas dupe et qu’ils ont saisi la réalité des choses. Lorsqu’on regarde aussi les quelques problèmes que nous avons connus en 2019, je crois que personne n’a envie que ça revienne.

Justement, pour les violences de 2019, vous en étiez l’une des victimes. Est-ce que le gouvernement vous a dédommagé ?
Oui, l’Etat a fait ce qu’il avait à faire. En tout cas, les premiers concernés que sont mes parents ont été dédommagés au même titre que les autres victimes que je connais. Donc, c’est en victime que je dis que je suis confiant et j’ai espoir que les choses vont bien se passer, puisque personne n’a envie de revivre ce qui s’est passé en 2019.

Vous avez une résidence à Parakou, est-ce que vous traversez Tchaourou depuis l’incident ?
Evidemment, j’ai été à Parakou plusieurs fois et même à Tchaourou.

En êtes-vous sûr ? La dernière fois, c’était quand ?
Plusieurs fois. Plusieurs fois parce que chaque fois que je dois aller à Parakou, je m’arrête à Tchaourou puisque ma grand-mère est toujours là. Et pour aller à Parakou, je m’arrête pour la saluer. J’y vais toujours et la dernière fois où j’y suis, c’était pour une activité et c’était en octobre, je crois.

Il parait que c’est votre engagement au côté du Président qui est la cause de l’attaque de votre domicile à Tchaourou. Vous le croyez aussi ?
Non. Je ne crois pas. Ce qui s’était passé a une autre explication, un autre fondement. Je suis resté depuis toujours avec le président ABT, et bien avant les élections de 2016. Après les élections, il est devenu le numéro 2 du Gouvernement du Président Talon. D’office, je suis resté et nous avons depuis ce temps, travaillé ensemble et ça, tout le monde le sait. Mais m’en vouloir pour mon engagement au point de créer cet incident, je ne crois pas. Il y a assurément d’autres raisons. Si c’était des représailles politiques, dans un mouvement d’humeur, ce n’est pas à 2h du matin qu’on attaque les gens dans leur sommeil. Un tel acte est simplement conçu, planifié et organisé longtemps à l’avance, pour une mise en exécution froide et efficace. Je pense qu’il y avait autre chose. Je pense vraiment. Mais Dieu demeure Le Meilleur des stratèges et Le Premier des secoureurs.

Carte d’identité: Un jeune innovateur

Né le 25 novembre 1982 à Cotonou, Fadel Kabassi fait ses études primaires du CI au CM1 à l’Ecole primaire publique Sikè Nord de Cotonou, et le CM2 au Complexe Scolaire Victor Ballot de Porto Novo. Après son CEP, il entre au Complexe Scolaire de la Cité « Vie Nouvelle » à Akpakpa où il décroche le BEPC en 1998, le CAP aide comptable en 1999, et le Baccalauréat G3 en 2001. Avec ce premier diplôme universitaire en poche, il s’installe au Canada pour y effectuer toutes ses études universitaires. Il obtient successivement une Licence en économie et gestion d’entreprise, une autre Licence en administration des affaires concentration finance, un DESS en instruments financiers dérivés, et un Master en finance. Dès le bas-âge, Fadel Kabassi avait déjà une grande ambition pour l’entrepreneuriat. « Mon père est banquier et ma mère est commerçante. Et je m’amusais à leur dire que je ne suis pas comme eux. Je suis entrepreneur. Je leur disais que je ne suis pas le modèle d’employé que quelqu’un voudrait. Parce que je suis tout le temps en train de vouloir faire quelque chose de neuf, de meilleur. Et comme ça, soit celui que j’ai comme chef hiérarchique va penser que je le fais pour prendre sa place, ce qui risque d’être problématique ; soit celui qui sera le grand patron de l’entreprise va mal prendre, croyant que je veux défier ou bafouer son autorité », a-t-il fait savoir. Depuis plusieurs années, il intervient beaucoup sur les questions d’emploi, dans le coaching des entreprises avec son ONG Cap Equi Libre Bénin pour accompagner les PME/PMI. Il fut Conseiller Technique au Secteur Privé du Ministre d’Etat chargé du plan et du développement pendant près de 4 ans. Et depuis 7 mois, il exerce à l’Autorité de Régulation de l’Énergie (ARE) comme Expert Financier.

Intimité: Passionné de religion

Marié et père de deux enfants, Fadel Kabassi aime manger de l’igname pilée accompagnée de la sauce d’arachide au fromage. En matière de boisson, il ne prend que de l’eau ou du jus de fruit. Il est musulman, mais a épousé une chrétienne catholique avec qui il a fait le mariage musulman, traditionnel, civil et catholique. Passionné de religion et d’écriture, il a une bonne connaissance de la Bible et du Coran, au point où ses amis l’appellent « Pasteur ». Il a également publié, comme auteur, « L’écrivain qui s’essayait » (recueil de pensées) paru en France en juin 2020. Pour maintenir sa forme, Fadel Kabassi joue au football, au tennis de table et pratique le taekwondo.

Pr Maxime da-CRUZ, Recteur de l’Université d’Abomey-Calavi sur «Sous L’Arbre à Palabre»: «Nous devons faire confiance à notre université»

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Pr Maxime da-CRUZ, Recteur de l’Université d’Abomey-Calavi

Elu Recteur de l’Université d’Abomey-Calavi en 2017, le Professeur titulaire de Linguistique, enseignant au Département des Sciences du Langage et de la Communication (DSLC) de la Faculté des Lettres, Langues, Arts et Communications (FLLAC), Maxime da-Cruz, purge un mandat de 3 ans auréolé de véritables actions et de distinctions. Au milieu des nombreuses avancées qui ont vu l’UAC grandir de 1970 à nos jours, le Recteur Maxime da-Cruz rêve d’une université qui fera la fierté de tous les citoyens. Ceci, au regard des nombreux défis à relever tant sur les plans de l’amélioration de la qualité des formations, des infrastructures, la valorisation des travaux de recherches et autres.

Et si on en parlait

Comment se porte aujourd’hui l’Université d’Abomey-Calavi dont on célèbre actuellement les cinquante ans d’existence ?

Comme Béninois, comme ancien étudiant et comme personne ayant eu le privilège d’assumer des responsabilités dans cette université, je dois dire que l’Université d’Abomey-Calavi se porte plutôt bien. J’ai dit qu’elle se porte plutôt bien ; cela ne veut pas dire que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. Quand on connaît un peu l’histoire de cette institution, on peut se dire que du chemin a été parcouru. Maintenant, le défi, c’est de continuer de se battre pour que demain soit meilleur qu’aujourd’hui. Et je crois que, lorsqu’on on observe ces années, on se rend compte qu’aujourd’hui est différent d’hier. Et qu’hier est différent d’avant-hier. Chacun, à des époques déterminées et selon un contexte particulier, a fait ce qu’il a estimé humainement possible pour faire bouger les choses. Nous sommes dans la logique des tresseurs de corde pour continuer de tresser afin que nous ayons une corde solide. Solide pour le pays, solide pour notre système éducatif, solide pour notre développement.

Vous êtes aujourd’hui la première autorité de l’UAC après y avoir été étudiant et responsable à divers niveaux. Durant votre parcours, qu’est-ce qui a le plus marqué l’université selon vous ?
L’université est une institution dynamique. Je vous ai rappelé que j’y ai été étudiant. Pour les gens de ma génération, c’était extraordinaire d’arriver à l’université après le baccalauréat. Mais, c’est aussi la découverte d’un milieu nouveau. En effet, en venant ici, le premier choc que l’on ressent, c’est que l’environnement est différent. Vous quittez le collège et vous arrivez dans un environnement où vous avez le sentiment que personne ne s’occupe de vous. Au moment où nous étions venus, ce sentiment était fort. Aujourd’hui, vous voyez des enseignes, des plaques qui donnent des indications et qui vous orientent à l’université. Avant, il n’y en avait pratiquement pas, ou très peu. Quand quelqu’un arrive sur le campus pour la première fois, il est déboussolé. Moi j’ai été un peu responsable étudiant et je rappelle qu’à cette époque-là aussi, les luttes ont connu des moments forts. On a été responsable à l’époque du PRPB. Quand on parle de période de la révolution, on sait ce que cela rappelle. On a eu à exercer ces responsabilités dans un environnement où la délation était la règle. On n’est jamais sûr de qui vous écoute. Vous n’êtes jamais sûr de ce qu’on fait de ce que vous dites. Même dans un amphi, votre voisin peut rapporter ce que vous dites dans le sens qui lui plaît. C’était dur. Je rappelle cela pour qu’on ait une idée du chemin parcouru. Nous sommes aujourd’hui dans un environnement différent. Et malgré ces conditions de l’époque, nous avons pu étudier. Nous avons pu manifester pour nos droits. Je me rappelle le nombre de grèves pour améliorer les conditions de vie et d’études, des mouvements de grève pour demander l’augmentation du montant de la bourse. On a eu à mener des grèves pour cela. Il y a eu d’autres combats qu’on a menés et, je m’en souviens comme si c’était hier. A l’époque de la révolution, nous faisions ce qu’on appelait les activités coopératives. A l’université, le campus n’avait pas l’image qu’il affiche aujourd’hui ; il y avait beaucoup de végétation. L’une des tâches auxquelles on nous livrait était de désherber, de dessoucher. On sortait de cette activité avec beaucoup d’ampoules. La mentalité de nombre d’étudiants à l’époque, n’était pas d’aller aux champs, quand on s’inscrit à l’université. On vivait cela comme une humiliation, d’autant que cette activité était la condition à remplir pour un sésame. En effet, au terme de ces travaux de désherbage/dessouchage, on vous délivrait une attestation. Et c’est sur présentation de cette attestation qu’on vous remettait votre chèque de bourse. Si vous n’apportez pas cette attestation, votre chèque a beau être disponible, vous ne l’avez pas. Etant responsable étudiant à l’époque, nous nous sommes concertés. Une délégation de responsables est allée voir le Recteur. Sans insulter personne et sans rien casser, nous avons négocié avec le Recteur, le regretté Nathanaël MENSAH. Nous l’avons convaincu de sauter le lien qu’il y avait entre la remise de chèque et les activités coopératives. Et nous l’avons obtenu. Cette démarche pouvait être interprétée comme de l’opposition au gouvernement ou comme une action menée avec les contre-révolutionnaires. Ce qui a aussi changé aujourd’hui, ce sont les effectifs. A l’époque, dans mon département, en première année, on n’était pas 20 étudiants. Mais, j’ai eu à connaître des amphis de plusieurs centaines d’étudiants. Je me rappelle avoir encadré un cours au Département de Sociologie-Athropologie où j’ai commencé comme enseignant-vacataire. En présentiel, j’ai compté un peu plus de 300 étudiants. Pour moi, c’était un chiffre important puisque je n’avais encore jamais corrigé 300 copies pour un amphi. Lorsque j’ai reçu les enveloppes, je me suis amusé à compter le nombre de copies. C’était plus de 700 copies. C’était un choc ! J’ai laissé les enveloppes de côté pendant quelques jours, ne sachant pas comment m’en sortir. Mais, je me suis dit qu’il vaudrait mieux que je me mette à la tâche puisque les copies ne bougeront pas, tant que je ne commencerai pas les corrections. Je me suis mis à les corriger, et, à l’époque, je les corrigeais seul. Aujourd’hui, je ne peux plus le faire avec les effectifs que nous avons. Je bénéficie de l’appui de mes assistants que je remercie au passage, car, sans eux, je n’y arriverais pas. Même le titre d’assistant connaît de nouveaux contours. Quand on a commencé, les rapports entre assistants et responsables des enseignements n’étaient pas les mêmes. Aujourd’hui, cela a changé. A l’époque, on a commencé à intervenir avec une maîtrise. Aujourd’hui, des gens sont titulaires du doctorat et n’ont pas cette opportunité. Cela fait partie des défis à relever. Je rappelle tout ceci pour qu’on ait une idée du chemin parcouru. Je ne peux pas répondre à cette question sans évoquer tout ce qui s’est fait dans le sens de l’autonomisation de l’université. On a nommé les recteurs et on a commencé par élire les chefs de départements, les doyens, les directeurs et d’autres responsables. C’est une expérience qui existe depuis longtemps et on est arrivé en 2006, à élire les recteurs. Cette expérience s’est poursuivie jusqu’à présent. C’est un indicateur fort. C’est le lieu de rendre hommage à toutes les personnalités, quel que soit leur rang social, les étudiants, les enseignants, le personnel administratif, tous les acteurs de cette épopée. Les gens se sont battus, ils croyaient en ce qu’ils faisaient. Et comme toute expérience humaine, il faut oser se regarder dans la glace et se dire ce qu’il faut faire après l’évaluation.

A l’évaluation, on se rend compte que l’université a formé plus de chômeurs que de personnes ayant un emploi
C’est le constat qui est fait. J’ai évoqué un exemple tout à l’heure. C’est inimaginable que des titulaires de doctorat soient sans emploi. A l’époque, lorsque vous finissez votre formation à l’université, à partir du point fait en Conseil des Ministres de ceux qui ont fini, on vous répartit dans les administrations. Socialement, c’est important ; mais on se demande ce que cela donne, économiquement. En 1986, on a eu une situation difficile. Le gouvernement de cette époque a mis un terme à ce mode de recrutement. Au début, la mission de l’université n’était pas de former les gens pour qu’ils ne soient pas chômeurs. Le colonisateur avait créé l’université parce qu’il avait besoin de cadres pour son administration. Il ne pouvait plus se contenter des citoyens de la métropole. On avait besoin de cadres pour l’administration. Mais, lorsqu’on doit relever les défis de développement, on ne peut plus se limiter à cet objectif. J’ai le sentiment que dans notre façon de fonctionner, nous ne nous sommes pas totalement départis de ce rôle de l’université. Les parents espèrent que leur enfant, après les diplômes universitaires, sera appelé quelque part pour se voir offrir un emploi. Ce n’est plus le cas.
Que faut-il faire pour inverser la tendance ?
Il faut d’abord que les formations soient davantage en adéquation avec les besoins du terrain. On ne peut plus recruter comme on le faisait. Quand on examine notre environnement professionnel ainsi que les structures qui existent dans notre société, et qui sont susceptibles d’accueillir les titulaires des diplômes, on se rend compte qu’il n’y a pas grand-chose. Si on fait le point des ressources humaines présentes dans les entreprises publiques et privées, on se rend compte que ce n’est pas grand-chose. Il faut qu’on change de paradigme. Et les problèmes de développement sont aussi là. On a besoin par exemple de beaucoup plus de médecins, et c’est au niveau central qu’il faut régler ce problème. Il faut en recruter en nombre, surtout que nous sommes en pleine crise sanitaire. Il faut aussi amener les étudiants à réaliser que le diplôme seul ne suffit plus. Nous sommes aujourd’hui dans un environnement où ce qui compte, c’est ce que vous êtes capables de faire. Et de ce point de vue, l’une des missions essentielles de l’université, c’est de nous donner les moyens de nous battre dans la vie. Pour mettre un bémol, je dois exprimer mon désaccord avec ceux qui affirment que l’université forme des étudiants dont le profil n’est pas en adéquation avec les besoins du monde professionnel. J’ai l’impression que c’est une façon simpliste de voir les choses. Je me demande là où tous ceux qui disent cela ont été formés. Ils doivent un minimum de reconnaissance à l’institution qui les a formés. Je ne suis pas de ceux qui crachent dans la soupe. Mieux, beaucoup se présentent comme étant des spécialistes de l’institution. Les problèmes auxquels les jeunes font face sont sérieux et personne, encore moins eux, n’a encore la solution. Mais, en tant que société, nous devons prendre la mesure du défi, parce que ce que vivent ces diplômés sans emploi est un drame. Un jeune qui s’investit dans sa formation, donne le meilleur de lui-même, décroche son sésame, le dépose pour un stage bénévole et ne l’obtient pas, c’est vraiment dramatique. Et en tant que société, nous devons en faire une préoccupation. En tant que société, nous devons réfléchir sur les voies et moyens pour relever ce défi. Si on ne règle pas ce problème, nous couvons les bombes de demain : une jeunesse désespérée, qui ne peut plus s’accrocher au plus petit des rêves.

N’est-ce pas le rôle de l’université de mener les réflexions et de les porter vers l’Etat central ?
L’université n’a jamais arrêté de réfléchir. Le rôle de l’université au début, du moins ce qui s’est passé pendant longtemps, ce n’est pas de dire : « quand on les forme, ils deviennent quoi à un moment donné ? » Mais on doit changer ce rôle. Nous devons nous préoccuper davantage du sort de ceux et celles que nous formons. On ne peut plus rester dans l’ancien registre. Il faut s’en préoccuper. Cela veut dire qu’il faut revisiter les offres de formation pour impliquer ces paramètres, mieux préparer les gens à s’insérer professionnellement. Et comme tout le monde ne peut pas compter sur les autres pour avoir un emploi, il faut les former à entreprendre. Et entreprendre, ce sont des capacités humaines, ce sont des compétences à développer, mais ce sont aussi des moyens. Et l’université n’a pas les moyens matériels et financiers. Elle peut donner les moyens intellectuels et peut même donner les outils aux jeunes qu’elle forme pour les préparer à affronter les réalités de la vie. Mais l’université n’a pas les ressources financières, les infrastructures, les moyens pour mettre à disposition de ces jeunes, des infrastructures. Aujourd’hui, dans nos formations, nous associons les acteurs du monde professionnel. Ils interviennent dans l’élaboration des offres de formation. Ils interviennent dans les enseignements, dans l’encadrement des stages, dans l’évaluation des travaux, à travers par exemple les mémoires de fin de formation. Les professionnels sont impliqués dans tout le processus. Et cette expérience date de longtemps. Vous comprenez pourquoi j’ai réagi tout à l’heure par rapport aux donneurs de leçons. Il faut faire attention ; c’est une question très sérieuse. Quand le problème est sérieux, ceux qui veulent l’aborder ont l’obligation de faire preuve d’un minimum de sérieux. C’est un défi qui concerne la société. Nous devons tous et toutes en faire notre enjeu, et nous battre pour que les jeunes prennent davantage d’initiatives. Ils en prennent déjà beaucoup, mais, nous ne leur prêtons pas suffisamment attention. Quand vous les côtoyez, vous vous rendez compte que ces jeunes font des choses extraordinaires. En tant que société, nous devons mieux les écouter et les accompagner.

Est-ce qu’à l’université aujourd’hui, les thèses et mémoires sont versés à l’Etat central ?
Vous évoquez un problème important et là, je crois que l’université a une part de responsabilité. Quand les mémoires sont soutenus, il faut déjà faire connaître les conclusions de ces travaux-là. Il faut les partager au niveau de l’opinion. De ce point de vue, l’université doit revoir sa copie, parce que malheureusement, ces résultats de travaux dorment dans nos entités. Et justement, des manifestations comme celles-ci ont insisté sur la nécessité de partager avec l’opinion publique, ce qui se fait dans les laboratoires, par exemple, pour que les gens en soient davantage informés. On peut déjà prendre les dispositions nécessaires pour assurer leur diffusion. Je crois qu’il y a un problème de communication.

Voulez-vous dire que nos gouvernants ne connaissent pas les types de recherches qui sont faites à l’université ?

J’en doute. D’abord, il faut que nous partagions ces résultats, le contenu des travaux avec nos autorités à divers niveaux. Je viens de dire que l’université a sa part de responsabilité. Que faisons-nous pour que l’autorité soit mieux informée des résultats de recherche ? L’autorité ne va pas se mettre à faire le tour de nos laboratoires. L’autorité peut instruire pour qu’on lui communique les résultats de ces travaux. Mais de notre côté, nous devons nous organiser pour que ces résultats soient mieux connus du grand public et qu’on amène les gens à comprendre les solutions que nos chercheurs proposent à un certain nombre de problèmes. En faisant le tour des stands ce matin, en suivant l’élément vidéo qui a été projeté, on se rend compte qu’il y a des choses extraordinaires qui se font. Même par rapport au contexte de lutte contre la Covid-19, l’université a des outils, des moyens, des solutions à un certain nombre de problèmes. Donc, il faut davantage de synergie entre les décideurs quel que soit le niveau. Il faut que ce qui se fait soit connu et que dès que c’est connu, l’on travaille à le valoriser ; parce qu’il y a l’université qui produit des résultats de recherches ; mais, en ce qui concerne le volet valorisation, cela ne peut plus se faire au seul niveau de l’université. Il y a beaucoup d’acteurs qui doivent intervenir. Il y a notamment les structures en charge de la valorisation des résultats de recherche et de l’innovation, les acteurs du monde de l’entreprise qui attendent des solutions à un certain nombre de préoccupations. Il est important qu’on établisse des passerelles entre les laboratoires et ces institutions.

Dans l’immédiat, que proposez-vous pour remédier à cela ?
Il est essentiel que l’on fasse davantage confiance à l’université. Je crois que cela peut constituer un premier pas important. Il faut aussi initier une sorte de travail de collecte. Il faut prendre la peine de s’informer de tout ce qui est disponible comme résultat. Confier cela à des gens qui s’y connaissent. Ensuite, passer à l’étape de ce que l’on peut faire avec ces résultats. Je crois qu’il faut y aller. Nous universitaires comme je l’ai dit, devons mieux communiquer, saisir beaucoup d’opportunités pour partager avec les acteurs des différents pans de la société, ces résultats. La dame qui fait du commerce de tomates ou de mangues, et qui voit pourrir ces légumes et fruits ; même si elle ne dispose pas de moyens adéquats de conservation, qu’elle sache que de nos laboratoires sont sorties des solutions à ces problèmes. Comment peut-elle savoir que ces solutions existent si nous ne partageons pas les solutions avec la société, si elle n’a pas les moyens de découvrir cela ? Vous voyez que c’est une chaîne de responsabilités. Donc, nous devons tout faire pour que les solutions soient connues. Quand vous prenez par exemple les travaux soutenus dans les écoles, les rapports ou mémoires de fin de formation, en plus des solutions proposées, ils finissent toujours par des recommandations à l’endroit de différents acteurs. Et, dans bon nombre de cas, ces étudiants s’efforcent de porter ces recommandations à la connaissance de certains décideurs. Mais qu’est-ce qu’on en fait ? C’est la question. Et j’ai dit qu’il faut qu’on se fasse davantage confiance. Se faire confiance, c’est se dire que dans notre pays, il y a des compétences, des personnes et des institutions qui ont des solutions à nos problèmes. Et les solutions ne viennent pas forcément d’ailleurs. Les solutions que les gens proposent ailleurs sont davantage en adéquation avec leurs problèmes. Cela ne veut pas dire que nous allons nous renfermer sur nous-mêmes, tout faire « intramuros » ; mais il n’y a rien de plus anecdotique que d’aller chercher chez le voisin, les solutions que vous avez chez vous. Une anecdote pour finir avec ce volet : j’étais, il y a quelques années, en mission dans un pays de la sous-région, membre de l’UEMOA ; et dans ma chambre d’hôtel, je regardais la télévision quand j’ai vu un de nos ministres ; c’était à l’époque de la révolution. Le ministre est allé en mission dans ce pays et on a montré des images où il circulait dans les palmeraies ; et à la question de savoir ce qu’il est venu faire dans ce pays frère, le ministre a répondu qu’il est venu apprendre à cultiver du palmier à huile ; et celui-là, il était ministre en charge de l’agriculture ; c’est une insulte à l’intelligence des Béninois, parce que ce qu’il est allé voir, c’est ici que les gens sont venus l’apprendre. Que lui ministre dans un gouvernement qui se veut révolutionnaire commette une telle méprise, c’est grave. J’étais choqué et mon malheur, c’est que j’étais seul dans ma chambre, sans témoin ; j’aurais voulu avoir quelqu’un à côté de moi pour dire : « venez voir ce qu’il est venu raconter. » Parce qu’il n’a pas pris la peine de connaître l’histoire de son pays, de bien préparer la mission. Et quand on ne connaît pas l’histoire, il y a beaucoup de choses qu’on laisse de côté. Il faut connaître l’histoire quel que soit le secteur dans lequel on est ; il faut faire l’état des lieux pour savoir d’où on part. En matière de recherche aussi, il ne faut pas réinventer la roue. Je veux travailler sur un secteur, je me renseigne pour faire le point de ce qui existe.

Que peut-on retenir du renforcement des capacités du personnel administratif, technique et de service ?
Le renforcement des capacités est important pour nous tous et toutes, quelles que soient les professions que nous exerçons. Tout étant dynamique dans la vie, il ne faut pas craindre de se remettre en cause. Il faut au moins se recycler. Il faut faire des formations qui apportent une plus-value aux activités de l’institution et de ses différents acteurs. Il faut actualiser ses connaissances. Je suis par exemple dans le domaine de l’informatique, un secteur qui évolue rapidement. A un moment donné, il faut que je mette ma formation au goût du jour, et c’est valable pour tous les secteurs. Et au niveau du personnel, nous avons fait des renforcements de capacités. Il y a eu des formations dans beaucoup de domaines, au niveau central et au niveau des entités. Et l’autre aspect sur lequel nous travaillons, c’est d’avoir un plan de formation pour le personnel. Et quand on dit plan de formation, cela suppose une programmation ; ce qui signifie que les gens sortent de l’étape où chacun dit : « je veux aller faire une formation dans tel domaine. » Quand ils en font la demande, on leur donne l’avis favorable parce qu’il y a un vide. S’il y avait un plan de formation, la réponse à ce type de demande serait différente. Mais on ne peut pas continuer de la sorte parce que les formations doivent répondre aux besoins de l’institution. Le plan de formation est pratiquement prêt. Les résultats du travail sont déjà déposés. Nous avons des compétences à l’intérieur et c’est l’une de nos structures qui est en charge de travailler sur ce plan de formation. Nous allons le partager une fois encore avec l’ensemble des acteurs, les chefs d’établissements, les cadres à divers niveaux pour que le plan de formation soit validé. Quand il sera validé, on va le mettre en œuvre. C’est essentiel. Un agent qui n’évolue pas dans sa façon de travailler, qui ne découvre pas de nouvelles choses dans l’exercice de sa profession, c’est la porte ouverte à la sclérose, et la sclérose est un poison pour l’administration, pour toute institution.

Quels sont les mécanismes que vous avez mis en place pour mettre le corps enseignant au travail ?
Les collègues s’investissent déjà du mieux qu’ils peuvent dans leur travail. Le défi à relever, c’est comment faire pour que ce travail soit de meilleure qualité. Le travail de l’enseignant du supérieur est particulier quand on le compare aux travailleurs d’autres sous-secteurs. L’enseignant du supérieur a essentiellement trois missions : l’enseignement, la recherche et le service à la communauté. Ce sont trois pôles de notre mission qu’on ne peut pas ignorer. Ils sont pris en compte dans l’évaluation des dossiers au CAMES ; ainsi, si ces paramètres ne sont pas présents, le dossier du candidat ne passera pas. La quête de la qualité et le besoin d’équité supposent que tout le monde soit au même niveau d’information et d’exigence. Il faut cependant reconnaître que, comme c’est malheureusement le cas dans toutes les administrations, nous avons aussi des brebis galeuses. Si je suis dans un département et que je me contente d’aller assurer mes cours, il y a quelque chose qui ne va pas. Si je me contente d’être dans mon laboratoire et que je ne contribue pas au fonctionnement de mon entité, il y a problème. La plupart des collègues s’investissent dans ces activités ; mais d’autres ne le font pas. Il faut donc corriger cela et mieux accompagner ceux et celles qui s’acquittent convenablement de leurs missions. Il y a quelque chose d’extraordinaire que nous avons pu réaliser depuis quelques années. La formation à la pédagogie universitaire des acteurs de notre institution. Le défi est là depuis bien des années ; la formation à la pédagogie universitaire et la quête de la qualité préoccupent les responsables de l’UAC depuis des décennies ; plusieurs initiatives ont été prises, il y a longtemps. Ainsi, dans le cadre de la coopération interuniversitaire, notamment avec la Belgique et les Pays-Bas, des collègues ont suivi des formations dans ce domaine. De ce point de vue, on peut estimer qu’il s’agit véritablement d’un changement de paramètre. Les premiers enseignants de l’université venaient avec leurs compétences disciplinaires. Quelqu’un descend avec sa thèse, on le recrute et il assume ses enseignements. Aujourd’hui, ce n’est plus possible. Dès qu’on recrute un assistant, avant qu’il ne puisse aller interagir avec les étudiants, il doit suivre une formation en pédagogie universitaire ; Il doit apprendre à enseigner. Il a beau être un bon spécialiste dans sa discipline, il doit savoir que l’enseignement est un métier qui s’apprend. On ne s’improvise pas enseignant. Des gens peuvent avoir des prédispositions, mais il faut que tout cela soit formalisé. De ce point de vue donc, le travail des enseignants se fait dans de meilleures conditions ; ils sont mieux préparés à assumer leurs responsabilités d’enseignants. Il est important que, notamment, tout le personnel enseignant s’implique davantage dans l’accomplissement de ces trois missions : l’enseignement, la recherche et le service à la communauté.

A la date d’aujourd’hui il y a combien d’enseignants à l’université d’Abomey Calavi ?
A cette question, je pourrais répondre que, selon les données fournies par le Service des Statistiques de l’UAC, nous étions 911 enseignants-chercheurs en 2017-2018 ; à ce chiffre, il faut ajouter le nombre de collaborateurs extérieurs intervenant dans les entités.

Pour être opérationnel, l’université a besoin de combien ?
L’université a besoin de plusieurs milliers d’enseignants. Aujourd’hui, si nous considérons que nous avons près de quatre-vingt mille étudiants, mille enseignants, ce n’est pas suffisant. Il y a un certain nombre d’indicateurs. A titre d’exemple, idéalement, un enseignant doit pouvoir encadrer une trentaine d’étudiants au plus. Quand vous avez des amphis de trois mille étudiants, vous êtes en dehors des normes.

Mais face à ce manque criard d’enseignant, quelle solution avez-vous ?
Il faut former. Le problème de la formation est en partie réglé. Il y a beaucoup de docteurs qui sont sortis de nos universités et des autres universités. Il faut leur donner l’occasion de mettre leurs compétences au service de l’université. L’initiative des recrutements relève des compétences de nos autorités hiérarchiques ; les démarches sont en cours pour doter les universités de plus de ressources humaines de qualité. Compte tenu de l’important gap à combler dans nos universités, j’estime que, avec les ambitions que l’on nourrit pour le Bénin, il faut que ce problème soit résolu dans les meilleurs délais. Il est d’autant plus important de le régler qu’avec les départs à la retraite, le gap se creuse, et chaque année c’est plusieurs dizaines d’enseignants qui vont à la retraite. Déjà que cela ne suffit pas en termes d’effectif, en termes de qualité de l’encadrement, il faut déjà procéder au remplacement systématiquement des collègues admis à la retraite ; mais, même le remplacement systématique ne suffit pas. Il faut donc aller au-delà des remplacements systématiques. Je voudrais souligner que les exemples de certains pays peuvent nous inspirer. Il est arrivé, dans un pays de la sous-région que, pour la seule faculté de médecine, l’on ait recruté pendant une année cent enseignants. Pour en arriver là, je crois que ce que l’on peut faire est une politique volontariste. Le déficit est criard, il est très préoccupant. Alors, après l’évaluation des besoins, on fait l’effort d’un recrutement massif. L’évaluation doit se faire dans certaines conditions pour que l’impact recherché soit atteint. Si vous êtes enseignant et que l’on doit attendre votre départ à la retraite avant de recruter un autre enseignant pour vous remplacer, il y a un problème de préparation de la relève. Il faut que celui-là arrive suffisamment tôt, qu’il s’imprègne des réalités de l’environnement dans lequel il va vivre. S’il ne s’en imprègne pas, comment va-t-il agir dans le sens d’une relève de qualité ?

Qu’est-ce que l’équipe rectorale a fait dans ce sens ?
Nous informons régulièrement les autorités de nos besoins ; il faut communiquer davantage pour faire mieux comprendre la pertinence et l’urgence de ces besoins. Il y a un effort d’amélioration à faire dans ce sens. Les données existent, mais les priorités sont nombreuses aussi.

Entre 2017 et maintenant vous avez recruté combien d’enseignants ?
Entre 2017 et maintenant, nous avons bénéficié du recrutement de plusieurs dizaines d’assistants. Parce qu’il y en avait qui avaient été recrutés du temps du précédent Cabinet ministériel pour les universités publiques. Ils étaient au nombre de cent ; et nous avons d’abord régularisé la situation de ceux-là, parce qu’il y avait des cas de contentieux. Mais le processus est en cours pour que nous rattrapions les recrutements de 2018 et 2019. Nos autorités de tutelle et les universités y travaillent de façon assez sérieuse. Nous espérons donc que, dans un délai relativement court, ces ressources humaines seront mises à la disposition de nos universités. Le besoin est là et les compétences sont disponibles. Il y a beaucoup de titulaires de doctorat ; et certains d’entre eux, même s’ils sont frappés par le critère d’âge, continuent, malgré cette situation difficile, de mettre leurs compétences au service de l’Université.

A la date d’aujourd’hui, combien de docteurs sont à l’université et qui attendent le recrutement ?
Ils sont plusieurs dizaines. Il y a un nombre assez important. Et ce nombre, dans beaucoup de filières, ne suffit même pas pour couvrir les besoins actuels. On ne peut pas dire que c’est le cas dans toutes les filières. Il est déjà arrivé dans certaines filières que l’on détermine les profils et qu’on ne trouve pas, à l’instant, les personnes qui en remplissent les critères.

M. Le recteur, vous avez évoqué en filigrane la Covid-19. Cette pandémie sans précédent qui a ébranlé le monde entier et même les pays les plus industrialisés. Nous savons tous que l’Université d’Abomey-Calavi aussi a vécu cette crise. Dès l’annonce des mesures prises par le gouvernement en vue de lutter contre la propagation de cette pandémie à l’Université d’Abomey-Calavi, comment avez-vous traversé cette période ?
Effectivement, cette crise qui continue de nous compliquer la vie, bouleverse complètement nos interactions sociales et remet en cause nos pratiques sociales. C’est dur. Vous l’avez souligné à juste titre ; même les pays qui sont plus avancés que nous en font les frais, dans des conditions pires que les nôtres, et il faut de ce point de vue, rendre grâce à Dieu. Il y a eu des oiseaux de mauvais augure qui ont prédit l’hécatombe ; heureusement qu’ils ont eu tort et ils auront toujours tort.
Cela dit, le gouvernement a pris la décision de fermer les établissements de formation pour des raisons que tout le monde peut comprendre. Il fallait intervenir pour que la situation ne soit pas plus dramatique. Nous avons dû observer une halte de 45 jours. Et 45 jours, c’est important dans une année universitaire. Et ce qui a été proposé et qui était déjà en application dans certaines entités, c’est la mise en ligne des cours, les interactions avec les étudiants à travers le numérique. Et le gouvernement a pris une décision qu’il faut saluer ; la mise à disposition d’une plateforme pour les cours en ligne. Je le dis toujours, c’est un bien, quelque chose d’extraordinaire dans un contexte de crise. On peut dire que la lutte contre la Covid-19 a donné ça. Parce que c’est un besoin qui date de longtemps. Le e-learning pour moi, c’est un outil qu’il faut développer. Maintenant, c’est une première expérience. Ce n’est pas étonnant qu’il y ait quelques difficultés. Le gouvernement s’est investi dans la mise en place de cette plateforme. Le gouvernement nous a aidés au plan du renforcement de la bande passante. On est passé de 6 à 100 Mbits sur la bande passante. C’est un appui important. Mais ce n’est pas encore suffisant. Nous continuons de faire le plaidoyer pour que des efforts additionnels soient faits. Il faut qu’on y aille. On ne peut pas tourner le dos au e-learning.

Est-ce que ça a été vraiment bénéfique, profitable pour les étudiants. Est-ce que le e-learning est toujours d’actualité à l’université d’Abomey-Calavi ?
Moi je vous comprends. J’ai dit tout à l’heure que comme c’est une expérience nouvelle, qu’il y ait des difficultés, ce n’est pas étonnant. Mais je me demanderais plutôt quoi faire pour que tout le monde puisse en profiter. Si je pose la question « est-ce qu’on en a vraiment profité ? » ; celui qui répond NON est dans la logique du verre à moitié vide. Moi, j’opte pour le verre à moitié plein. C’est un besoin. Il n’est pas encore complètement en adéquation avec ce que nous avons envie de faire. Mais il faut continuer de travailler, de le renforcer pour qu’il réponde mieux aux besoins. Sinon, on va marcher à contre-courant. C’est incontournable.

Vous l’avez expliqué aux étudiants qui sont en grève ?
Oui. En fait, on n’a jamais cessé d’expliquer cela à nos chers étudiants. Maintenant, les étudiants se plaignent de la situation. Il faut aussi écouter les difficultés qu’ils rencontrent au niveau de la connexion. Le fait qu’ils communiquent les difficultés auxquelles ils sont confrontés participe de la recherche de solutions. Il faut avoir une oreille attentive à ce niveau. Ils vivent probablement plus que nous les difficultés liées au système. Il faut qu’ils nous expliquent leur situation afin qu’on puisse leur proposer des solutions. Mais des solutions sont aussi à leur niveau. Parce qu’il y a des étudiants de chez nous qui font des choses extraordinaires. Chez vous, au boulot comme au domicile, quels sont vos experts en utilisation de votre Androïde ? Ce sont les jeunes. Ce sont eux qui nous indiquent comment faire ceci ou cela. Et si on leur fait confiance et qu’on les met à la tâche, ils vont nous aider à régler aussi nos problèmes. Mais si on les regarde de haut, nous ne règlerons pas ces problèmes. Tout le monde mérite de la considération. Associons-les davantage à ce qui les concerne, et ils vont nous aider à trouver des solutions. Mais il ne faut pas qu’eux aussi regardent le processus comme une chose extérieure à eux, qu’ils adoptent une posture de spectateurs. Ce n’est pas une bonne attitude ; ils devraient se dire que ce qui est proposé est pour eux. Comment font-ils pour se l’approprier ? Qu’est-ce qu’ils font pour que cela fonctionne de façon optimale. Je crois que c’est ensemble qu’on va trouver des solutions.
Pour récapituler, j’estime qu’on ne peut pas faire marche arrière. Maintenant, comment allons-nous nous organiser pour que le dispositif soit en adéquation avec les besoins pour lesquels il a été mis en place ? Il faut travailler à cela. Le e-learning doit aider les étudiants à bénéficier d’une formation de qualité. Associons-les pour qu’ensemble nous puissions trouver des solutions. Il faut qu’ils cherchent les moyens pour s’approprier ce qu’on leur propose afin que le processus puisse fonctionner de façon optimale.

Vous avez dirigé une équipe qui a massivement construit sur le campus, êtes-vous satisfait de ces infrastructures ?
Nous devons avoir l’honnêteté de reconnaître que des efforts ont été fournis dans ce sens ; mais on aurait voulu faire encore davantage s’il y avait plus de moyens. Parce que malgré tout ce qui a été fait, les besoins sont loin d’être couverts. Il faut donc continuer de se battre. Ce que vous observez aujourd’hui, c’est un travail de plusieurs générations. Toutes les équipes qui sont passées à la tête de notre université ont joué leur partition ; c’est un travail à la chaîne. Et chacun doit s’investir en se disant qu’il est un maillon de la chaîne, même si nous ne sommes pas de la même institution universitaire, nous sommes quand même des Béninois.

Comment appréhendez-vous les mouvements liés aux 8 semestres ?
La question des 8 semestres est une préoccupation pour les étudiants, parce que malheureusement certains d’entre eux ont épuisé leurs années de formation. Un étudiant qui a un parcours normal finit son programme de Licence après 6 semestres. Les textes ont donc prévu la possibilité d’une année d’échec. Ce qui fait que l’étudiant dispose au maximum de 8 semestres pour finir sa licence. Malheureusement, il se trouve que certains étudiants ont épuisé les 8 semestres, mais n’ont pas encore rempli toutes les conditions nécessaires pour le diplôme. Ils n’ont pas validé toutes les unités d’enseignement. On vient à l’Université pour réussir et pour réussir on n’a qu’une seule chose à faire, c’est de travailler. Maintenant, l’institution universitaire à travers le processus des délibérations connaît la tradition qui consiste à se prononcer sur ces cas. Quand on parle de validation, quand on fait le point normal de ceux qui remplissent les conditions de validation, on échange autour des cas problématiques et on leur donne un certain nombre de moyens. Ils ont une deuxième chance de rattrapage, en termes d’autres moyens traditionnels d’accompagnement dans ce processus de validation de l’ensemble des unités d’enseignement. Par rapport au règlement de cette problème, nous avons entrepris des démarches ; nous leur avons demandé de faire des propositions. Nous avons mis en place une commission qui doit d’ailleurs faire le point et nous allons partager les propositions de cette commission avec les responsables étudiants. Quand on rentre dans une formation, on signe un contrat, et dans le contrat il y a un règlement pédagogique dans lequel figurent les conditions d’étude, les conditions dans lesquelles on travaille. On ne peut pas signer un contrat et après remettre en cause des clauses du contrat. Cela ne se fait pas. Nous sommes sensibles à cette difficulté ; nous allons réfléchir aux solutions, mais il faut que chacun reste dans les limites requises pour ne pas mélanger les choses.

Beaucoup de choses ont été faites de 1970 à 2020 à l’Université d’Abomey-Calavi. Quels sont aujourd’hui les défis qu’il faut relever pour pouvoir hisser l’Université au rang des meilleures universités sur le plan international ?
Il est important de construire des amphis, mais cela ne suffit pas ; il faut mettre à disposition aussi d’autres outils, notamment les matériels pédagogiques, les équipements de laboratoire. Quand on a parlé de e-learning, on a pensé à améliorer la fluidité de l’Internet ; l’étudiant peut travailler grâce à une meilleure connexion. Il y a beaucoup d’expériences à l’Université où les étudiants suivent les cours via Internet et arrivent à valider toutes les unités d’enseignement. Il y a quelques années, à l’UAC, on a même dû faire diffuser les cours via la radio ; en effet, du temps de l’équipe du Recteur Brice A. SINSIN, le Rectorat a équipé Radio Univers et une salle à partir de laquelle les cours sont enregistrés et diffusés. Donc, l’étudiant n’était pas obligé de se présenter en salle avant de suivre les cours. Les solutions existent et tout cela ne peut se faire qu’à partir d’une bonne connexion. Mais malheureusement, l’arsenal dont nous disposons aujourd’hui n’est pas encore à la hauteur de ce défi. Les autorités y travaillent sérieusement, mais il y a des efforts à fournir. J’ai parlé d’infrastructures tout à l’heure, mais il faut beaucoup de ressources. Vous avez beau disposer du personnel formé à l’utilisation de ces moyens techniques, pour prendre en compte les réalités d’aujourd’hui, il faut recruter les ressources humaines en quantité et en qualité. Il faut équiper les laboratoires, ce qui représente un coût ; et c’est autant de choses à faire pour améliorer la qualité du dispositif, parce que la recherche est un ingrédient essentiel pour l’actualisation, l’amélioration de l’enseignement. Si vous ne faites pas de recherche, vous allez passer à côté de l’essentiel.

Vos collègues enseignants revendiquaient de ne plus payer les frais d’inscription, comment appréciez-vous cela ?
Les enseignants ne payaient pas les frais d’inscription les années antérieures ; maintenant, les règles ont changé et les enseignants réclament le retour aux anciennes pratiques où le paiement de ces frais était à la charge du budget national. Je voudrais saisir cette occasion pour prier nos autorités de poursuivre les efforts de prise en charge de ces frais, dans le sens de ce qui a partiellement repris avec les concours d’agrégation. C’est un effort louable, et nous souhaitons leur accompagnement dans la résolution de ce problème. En effet, l’une des conséquences de cette décision est qu’elle dissuade certains collègues de franchir le cap de leur inscription sur les listes d’aptitude du CAMES. En effet, l’inscription sur l’une de ces listes, c’est la reconnaissance des qualités de nos enseignants-chercheurs ; mais c’est aussi la garantie d’amélioration de la qualité des formations et des recherches. Il faut donc aller au-delà des avantages matériels liés à cette performance d’évaluation au plan international. C’est davantage de possibilités d’interactions avec d’autres collègues et institutions ; davantage de visibilité pour l’institution et le pays. En effet, si un collègue sort un résultat de recherche, on parle de lui en tant que Béninois et ainsi notre pays sera honoré.

Votre mot de la fin
Je vais finir en disant que l’université appartient à la nation et comme citoyen/citoyenne, nous devons faire confiance à notre université, nous devons la porter haut, nous devons l’aider à avoir les moyens de réussir ses missions et à être à la hauteur des défis qu’elle doit relever. Un pays développé, c’est une université développée et la recherche est l’intrant essentiel dans tout ce processus. Ce sont les résultats des recherches qui permettent d’actualiser le contenu des enseignements, de relever les niveaux d’études ; et c’est grâce aux résultats des recherches qu’on peut apporter des solutions aux préoccupations des citoyens et citoyennes. Pour cela, il faut renforcer les activités de recherche, il faut les accompagner d’une certaine façon ; et, en le faisant, on améliore le système d’enseignement, les conditions de travail. Il est important que l’on poursuive les réformes au niveau du E-learning et que la plateforme continue de connaître des améliorations afin que les étudiants s’y sentent davantage à l’aise. Que cette plateforme leur permette d’avoir des enseignements de qualité et qu’ils n’hésitent pas à jouer leur partition en termes de contribution pour que ce dispositif soit davantage en adéquation avec les besoins, les raisons pour lesquelles il a été mis en place. Moi j’ai confiance et je rêve d’une université dont les citoyens et les citoyennes sont fiers parce que ce qui en sort leur fait plaisir, les honore et ils sont convaincus qu’avec ce qui se fait à l’université, ils ont des solutions à leurs problèmes afin que le pays puisse aller de l’avant.

Carte d’identité: Attaché à la recherche

Maxime da Cruz naît le 28 novembre 1955 à Ouidah. Il fait ses études primaires et secondaires à Porto-Novo, respectivement à l’Ecole catholique St Joseph, et au Cours secondaire Notre Dame de Lourdes. Après un Bac série A4 en poche en 1976, il s’inscrit à l’Université nationale du Bénin. Il soutient son mémoire de maîtrise de Linguistique en 1983. Recruté en décembre 1983 comme attaché de recherche ; avant son recrutement, il a servi comme Exploitant pédagogique au CEBELAE, dont le premier Directeur est aussi son maître de mémoire, le Professeur Georges A. G. GUEDOU. Mis à la disposition de la Commission nationale de Linguistique (CNL) devenue un an plus tard, le Centre national de Linguistique appliquée (CENALA), actuel INALA, il a eu le bonheur et le privilège de travailler aux côtés de son premier Directeur, le Professeur Marc Laurent HAZOUME. Il se rappelle les avancées remarquables qui ont été réalisées avec le temps, avec des enseignants locaux mais aussi ceux venant de l’extérieur. Il fait sa thèse de PhD. au Canada, à l’Université du Québec à Montréal, après des séjours de formation à l’Université de Montréal. Une fois revenu du Canada, il renoue avec l’enseignement et assume des responsabilités à divers postes jusqu’en 2011 où il a été élu Vice-Recteur dans l’équipe du Recteur Brice Augustin SINSIN, avant d’être élu à son tour Recteur en 2017. Maxime da CRUZ est Professeur titulaire de Linguistique, enseignant au Département des Sciences du Langage et de la Communication (DSLC) de la Faculté des Lettres, Langues, Arts et Communications (FLLAC.

Intimité: Monogame convaincu

Père de trois enfants dont une fille et deux garçons, Maxime da CRUZ est monogame. Pour être son ami, il faut priser par-dessus tout, la sincérité, la bonne foi. A table, le Professeur da CRUZ apprécie plutôt les mets locaux. « Pour votre honneur aussi, si quelqu’un vient chez vous, offrez-lui d’abord et surtout les mets locaux ; ainsi, comme boisson, proposez-lui du sodabi, du choucoutou, offrez-lui du chakpalo », dit-il. Mais, l’eau reste sa boisson préférée, même s’il aime bien prendre, de temps en temps, du bon vin et de la bière avec les amis. Pour maintenir la forme, il fait de la marche.

La Rédaction

Bonne gouvernance, 60 ans d’indépendance, et promotion de l’Excellence « Sous l’arbre à Palabres » à l’Evènement Précis: Le PDG de Manus Fran.C.E. Yannick Emmanuel Dossou se prononce

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Yannick Emmanuel Dossou

Créé avant la Conférence nationale des forces vives de la nation de février 1990, l’Institut Manus Fran.C.E a fait des progrès dans plusieurs domaines en Afrique. Reçu dans la rubrique «Sous l’arbre à palabre» du quotidien L’Evénement Précis, le mardi 18 août dernier, son Président directeur général, Yannick Emmanuel Dossou, a levé un coin de voile sur les objectifs que vise son institut. Il s’agit selon lui, de contribuer à la lutte contre la tyrannie, à la préservation de la libre expression. Il s’investit également dans l’amélioration du cadre de vie des populations. Il commande régulièrement des études pour la recherche de solution au chômage des jeunes. Par ailleurs, l’institut Manus Fran.C.E, fait aussi de la prospective sociale, veille à la bonne gouvernance et la préservation de la démocratie au Bénin et dans plusieurs pays d’Afrique que sont : le Togo, la Côte d’Ivoire, le Sénégal, le Burkina Faso, le Niger, le Gabon, le Cameroun et la Guinée Equatoriale etc. L’institut, à travers ses différentes initiatives, met en lumière les aspects relatifs à la culture, à l’économie, la science et la technologie. Pour Yannick Emmanuel Dossou, l’Afrique fait son chemin dans plusieurs domaines, malgré les fléaux connus comme la traite négrière et la colonisation. « Nous avons fait des progrès sur plusieurs plans. Ne pas le reconnaître, c’est faire preuve d’une mauvaise foi », a-t-il indiqué. Abordant la gouvernance de l’actuel chef de l’Etat béninois, le Président directeur général Yannick Emmanuel Dossou, a fait savoir que depuis l’accession à la magistrature suprême en 2016 de Talon, ce dernier a entrepris « certaines réformes, qu’aucun de ses successeurs ne saurait remettre en cause ». Il s’agit par exemple de la question de la digitalisation de l’administration publique et le projet asphaltage en cours. Toutefois, il a confié qu’il y a également des réformes qui ont connu un échec, mais il croit fermement que le Président Talon a la capacité de travailler, afin que le mal être béninois devienne le mieux-être que tous nous recherchons.

Et si on en parlait

Manus-Fran-C.E., qu’est-ce que c’est ?

Au départ l’Institut Manus-Fran.C.E. était une Ong créée sous la loi de 1901. Nous étions à la veille de la Conférence Nationale des Forces Vives de la Nation de Février 1990 au Bénin. C’était l’une des premières Ong ou associations de la société civile à avoir déposé ses dossiers au lendemain de ces assises. Nous y avions pensé, pour parler des objectifs de Manus-Fran.C.E., depuis les mouvements de 1985. Nous étions au milieu des années 80 quand les salaires payés par le gouvernement marxiste-léniniste de l’époque, étaient devenus de la nivaquine. C’était par ces expressions là que l’on désignait les choses à l’époque. C’était tellement amer que le peuple béninois, surtout la jeunesse qu’on constituait en tant que collégiens avec nos aînés étudiants à l’époque, avait suffisamment soif de la liberté, la liberté d’expression, la liberté d’aller et de venir, la liberté de penser et de dire à haute et intelligible voix ce que nous pensions du système qui était en vogue à l’époque. Et donc avec le soulèvement de cette jeunesse en 1985, nous avions perdu quelques hommes dont AKATCHA Parfait. Son nom demeure dans les mémoires collectives de nous tous de cette époque-là; parce qu’il était tombé sur le champ de bataille. Et donc depuis ces incidents-là, parce que pour moi, un mort, c’était déjà trop, nous nous sommes lancés dans un combat démocratique, dans un combat pour retrouver la liberté d’expression, la liberté de penser, le droit de parler et de s’exprimer, qui est un droit inné. Nous venons au monde avec ce droit. Et nul ne saurait nous l’arracher sous aucun prétexte. Je disais donc que c’est à partir de ces incidents que nous avons commencé à penser à un creuset qui nous permettrait de prendre la parole, de nous exprimer dans les foras, sur la place publique. Et petitement, l’idée a fait son petit bonhomme de chemin jusqu’en 1988. Mais à cette époque, il n’était pas permis d’enregistrer une association ou toute autre organisation. Nous avons toutefois continué notre combat jusqu’à la veille de la conférence nationale. J’avais pris part aux préparatifs, parce que je faisais partie de plusieurs mouvements d’action catholique, de scouts, de la coordination des jeunes de l’archidiocèse de Cotonou et autres. C’est au nom de ces mouvements que nous étions quelques jeunes à avoir eu la possibilité, à peine quatre, dont l’aîné Alain ADIHOU, de prendre part à ces assises pour y représenter la jeunesse catholique. Nous avons préparé cette conférence nationale nuitamment des fois. Il y a des choses qu’on ne peut pas dire ici. Il fallait commencer certaines réunions à 01heure du matin. Et il fallait vous arranger pour vous retrouver sur les lieux de cette réunion de la manière la plus discrète qui soit. Je dis tout cela pour que vous compreniez que ces exercices-là et ces participations n’ont fait que consolider en nous l’idée de la création de l’Ong Manus-Fran.C.E. , qui finalement a pu être enregistrée au ministère de l’intérieur, en juillet 1991. Elle a été créée pour contribuer à la lutte contre la tyrannie, au développement de la libre expression des Béninoises et des Béninois devant n’importe quel pouvoir qu’on avait en face. Elle avait été créée également pour prendre en considération et s’investir dans l’amélioration des conditions de vie et d’études des jeunes que nous étions, jeunes élèves, jeunes étudiants. Egalement, l’Ong a été créée pour s’investir dans le domaine de la prospective sociale et la bonne gouvernance. Manus-Fran.C.E. est passée d’une Ong à sa création à un Institut, quelques années plus tard.

Pourquoi un Institut par la suite ?

Institut, parce que nos activités avaient commencé par prendre des dimensions importantes. Je me rappelle comme si c’était hier, en 1992 déjà, avec le président d’honneur, Hubert MAGA, nous avions été invités par le président Houphouët pour discuter avec la jeunesse ivoirienne. Nous avions été invités pour présenter une communication parce que le président Houphouët a été toujours admiratif du comportement de la jeunesse béninoise. Les Béninois brillent beaucoup plus à l’extérieur qu’à l’intérieur. C’est une problématique qui devrait préoccuper vous et moi de savoir pourquoi c’est ainsi et de trouver des solutions adéquates pour y remédier. Et donc à partir de cette communication à laquelle nous avions été invités à Abidjan, je crois que j’avais devant moi plus de 5000 étudiants à l’époque où j’avais pris la parole pour présenter ce que je suis en train de vous présenter aujourd’hui, à savoir comment la jeunesse doit se prendre en charge et ne pas tout attendre de l’Etat providentiel. Et très rapidement, ce colloque a commencé par prendre de l’ampleur. Nous avions alors estimé que l’Ong dans sa mouture ne suffisait plus pour aller rechercher des financements pour des activités intellectuelles et scientifiques et qu’il nous fallait alors dans le cadre d’un Institut de recherche et de développement, redimensionner nos objectifs et trouver un creuset plus adéquat pour mener des activités à la fois pédagogiques, scientifiques, intellectuelles, à savoir des séminaires de formation, des voyages d’études, etc. Voilà pourquoi nous sommes passés à la création de l’Institut Manus-Fran.C.E.

Beaucoup se demandent aussi pourquoi le nom Fran.C.E. parait dans la dénomination ?

Vous vous êtes posé une question pertinente. Mais vous auriez pu vous intéresser à l’orthographe du mot France. En fait c’est Fran.C.E. Ce qui sonne c’est le mot France et malheureusement, cela fait penser au pays France. Retenez donc une fois pour toutes que Manus-Fran.C.E. n’a rien à voir avec le pays, France. Rien du tout alors, même si aujourd’hui, la direction générale et la coordination générale sont basées en France. Ce nom Manus-Fran.C.E., qui est en trois parties est la devise de notre Institut. « Franc » qui veut dire tout ce que nous menons comme activité doit se faire avec franchise. C’est-à-dire dans la loyauté, la foi et le patriotisme. Je vais bien exagérer en disant même le nationalisme. Le « C » définit la coopération et le « E » signifie entraide. Entreprendre toute coopération et entraide dans la franchise. Et « Manus » c’est les mains en latin.

Quels sont les pays que vous couvrez ?

Aujourd’hui, nous couvrons beaucoup de pays. Nous avons des représentations nationales au Bénin, au Togo, en Côte d’Ivoire, au Sénégal, au Burkina Faso, au Niger. En Afrique centrale, nous avons le Cameroun et la Guinée Equatoriale. Chaque représentation a aussi en charge les autres pays qui ne sont pas encore couverts par des directions nationales autonomes. Et donc, le Bénin qui était le siège originel est devenu aussi une direction nationale tandis que le siège a été transféré à Paris en France.

Vous qui organisez la « Grande Nuit de l’Indépendance », qu’est-ce que vous constatez comme évolution ou régression depuis 60 ans que le Bénin est indépendant ?

On va commencer par nous intéresser à la Grande Nuit de l’Indépendance, et plus tard les Trophées « Cauri national ou international » de l’Excellence, du Mérite et de l’Intégration. Disons que la Grande nuit de l’indépendance a commencé dès 1991. Nous en sommes à notre 29ème édition, avec la dernière édition que nous avons eue le 31 juillet dernier à l’Hôtel AZALAÏ à Cotonou, sous le parrainage du Ministre de la Communication et de la Poste, Maître Alain OROUNLA. La Grande Nuit de l’Indépendance a été créée pour rassembler. Elle se veut le prolongement du consensus que nous avons connu à la Conférence Nationale et qui a permis à notre pays de refonder la République en 1990, de créer les fondamentaux et de choisir notre option politique et économique et devrait désormais gouverner les rapports entre citoyens et puis, entre les citoyens et les gouvernants, etc. Ça a été très élaboré pour ceux d’entre nous à l’époque, jeunes ou vieux qui avons suivi cette Conférence. Feu Monseigneur Isidore de SOUZA qui avait présidé les destinées de cette conférence aurait pu être tué. Je vais vous raconter une petite anecdote où en pleine conférence, Monseigneur de SOUZA avait été invité par le Président KEREKOU, parce qu’il y avait une question à trancher. Les conférenciers ne s’entendaient pas. Qu’il vous souvienne que cette conférence nationale était composée à la fois des membres du parti de la Révolution populaire du Bénin, du Comité central, le conseil exécutif national, les membres de l’Assemblée nationale révolutionnaire, les membres du syndicat unique (UNSTB), puisque c’est le parti qui dirigeait l’Etat, etc. Mais ajouté à tous les mécontents, les torturés de l’époque, en plus de ceux qui avaient été condamnés à l’exil. Des gens ont été condamnés à mort comme les Gratien Pognon, le Président Emile Derlin ZINSOU et bien d’autres. Tout ce beau monde s’était retrouvé à la Conférence nationale dans un esprit un peu de méfiance, malgré la loi d’amnistie qui avait été prise pour permettre à ce que tout le monde rentre pour parler du pays. Donc le consensus n’était d’acquis d’avance. Il y avait ceux qui pendant 17 ans étaient les manitous de ce système à qui on voudrait arracher ce droit de ne plus continuer à martyriser le peuple. Je me rappelle d’une expression du Général Martin Dohou AZONHIHO qui disait en fon : « yéwabo nan kon gan mion é nan vè hou déssou » (« Si c’est pour nous limoger de nos postes ou de notre position, ce sera très difficile »). Ça c’était prononcé à la Conférence par Azonhiho. Et qui dit Martin Dohou AZONHIHO à l’époque, pour ceux qui ont à peu près mon âge, c’était terrifiant comme nom. Et pourtant, c’est un homme complètement affable. Monseigneur avait été invité donc par le Président KEREKOU et tel que ça avait été élaboré, d’après les confidences que nous avions reçues de Monseigneur et ensuite d’un certain nombre de témoins, ils étaient deux, et sur les deux il y a un qui est décédé déjà, mais le second est encore vivant, devant témoin il nous l’avait rappelé il n’y a pas si longtemps que ça. Ce soir-là, en quittant KEREKOU pour rejoindre la conférence nationale, Monseigneur de SOUZA devrait être achevé. Et donc KEREKOU qui a eu une longue conversation avec Monseigneur de SOUZA ce soir là, pendant que les conférenciers attendaient, l’avait raccompagné à sa sortie. En le raccompagnant, il lui avait lui-même ouvert la portière de la voiture et avait donné son dos. Déjà tout le dispositif a été mis en déroute par le président KEREKOU pour préserver la vie du prélat. Et ceci avait été fait avec son propre véhicule pour préserver la même vie de ce prélat jusqu’à l’hôtel PLM Alédjo. Vous comprenez un peu pourquoi ceux qui ont eu la grâce de participer à la re-création des fondements de notre République à la conférence nationale, doivent être suffisamment jaloux de la liberté d’expression, de la démocratie et de tous les autres fondamentaux de la République. Ça n’a pas été facile. Maintenant, après la Conférence nationale, est-ce que nous devrions nous arrêter là ? Manus-Fran.C.E. s’est dit non. Créons un creuset qui va, ne serait-ce qu’une fois l’an, permettre à tous ces acteurs-là où qu’ils soient, chacun dans le service de la République, de se retrouver pour faire un peu le bilan non seulement des acquis de la Conférence année par année, mais aussi du parcours que nous avons fait depuis l’accession de notre pays à la souveraineté internationale en 1960, jusqu’à l’an X où nous sommes. Voilà comment la Grande Nuit de l’Indépendance fût conçue et créée, et rassemblait tous les anciens présidents de la République, de l’Assemblée nationale, les membres du gouvernement, ceux des partis politiques soutenant l’action du gouvernement et ceux de l’opposition, les diplomates en poste au Bénin, les jeunes, les syndicats, la société civile, etc. Ça a toujours été depuis 1991, une soirée de grande solidarité nationale où quelque soit ce qui les oppose sur les plans politique, économique, culturel et autres, ils se retrouvent pour parler. La preuve, le 31 juillet dernier, qui pouvait penser que la jeune Député Sèdami FAGLA se retrouverait sur le même plateau qu’un membre de la Résistance, je veux nommer l’ancienne Député Amissétou AFFO DJOBO ? Elles étaient sur le même plateau et ont pu parler de notre pays et de son développement. Quelque chose qu’on n’a plus vu depuis longtemps dans notre pays. Quand on a abordé la thématique de l’économie, vous avez vu également des gens de l’opposition échanger avec ceux qui soutiennent l’action du gouvernement en place. Donc voilà un peu le concept, la vision et la philosophie de la Grande Nuit de l’Indépendance. Plus tard, il fallait trouver un moyen d’amener les jeunes à comprendre que rien de bon, de grand et de durable ne peut s’obtenir dans la facilité. Aujourd’hui, notre jeunesse n’a pas la patience de comprendre que la vie est un long escalier qu’il faut franchir étape par étape. Aujourd’hui, on veut tout brûler. On veut avaler 5 à 10 marches sur les escaliers, peu importent les casses. Mais non, on ne développe pas un pays de cette façon, on ne se construit pas soi-même individuellement comme un château de cartes, on ne rentre pas dans la prospective, dans la construction de l’avenir d’un pays en procédant ainsi. Ce n’est pas possible. Ça finira toujours par s’écrouler. Et donc, il fallait trouver quelque chose pour permettre à cette jeunesse-là de retrouver les grands repères, des exemples d’abnégation, de travail bien fait dans l’endurance, des gens qui dans leur domaine de compétence ont excellé et qui ne recherchent le succès que par le travail bien fait, qui ne recherchent le développement de ce pays que par le respect des deniers publics, de la population qui les a mandatés à ce service. C’est ainsi qu’en 1999 encore avec le Président Hubert MAGA, premier président de notre pays, nous avons conçu les Trophées Cauri qui ont pour mission de s’investir dans la culture et la promotion de l’excellence, projeter sous les feux de la rampe, au regard de cette jeunesse, les meilleurs parmi nous qui s’investissent dans leurs domaines de compétence pour contribuer ainsi au développement et à la construction de notre pays.

Comment se fait la sélection des différents lauréats ?

Avant de revenir sur les critères de sélection, je dois vous dire ma satisfaction morale personnelle de ce qu’en 29 années, le parcours de la Grande Nuit de l’Indépendance en tant que concept, est devenu un moyen et un espace où toutes les énergies et les intelligences de ce pays se retrouvent pour penser Nation et développement dans la diversité, dans la différence des approches etc. Satisfaction morale parce que tout ceci a pu permettre de dégager beaucoup de meilleurs parmi nous qui continuent de servir d’exemple à cette jeunesse. Savez-vous que la Grande Nuit de l’indépendance et les Trophées Cauri ont contribué à leur façon à ce que beaucoup de cadres compétents qui n’étaient pas du tout connus, soient mis en lumière et promus à de hauts postes de responsabilité ? Et je crois qu’ils ont donné chacun, le meilleur d’eux-mêmes, en termes de contribution au développement de ce pays, en termes de progrès social, économique, culturel et j’en passe. Je reviens maintenant à votre question. Je crois, sans risque de me tromper, sans fausse modestie, c’est le seul Prix aujourd’hui au Bénin voire même sur le continent dont les critères de sélection sont les plus draconiens, les plus exigeants, égalitaires, justes et transparents. Le procédé qui permet de choisir les lauréats est extrêmement exigeant. Dans un premier temps, il y a la direction générale exécutive de l’Institut qui nomme en son sein, une commission ad’hoc pour identifier des nominés, pas des lauréats. Pour appuyer cette commission, il est créé un comité national ou international ad’hoc chargé d’identifier et de proposer dans chaque catégorie mise en compétition, des nominés aux trophées Cauri national ou international de l’excellence, du mérite et de l’intégration. Lorsque ces deux commissions et comités finissent leur travail, ils sont dissouts systématiquement. Après avoir dégagé les nominés, la direction exécutive reprend le relai pour écrire à chaque nominé, l’informant de ce qu’il vient d’être nominé par le comité national ou international selon le cas, chargé de l’identification et de la proposition des nominés aux trophées Cauri. La seconde étape, c’est de demander aux nominés de constituer les dossiers selon les critères de sélection de chaque catégorie mise en compétition, et les envoyer à un jury qui doit se pencher sur chaque dossier. C’est un peu comme à la présentation d’une thèse de doctorat sauf qu’ici, c’est assez rigoureux et transparent pour que personne ne puisse, à l’arrivée, se plaindre de la manière dont un lauréat a été choisi. Les trophées Cauri ont eu leur première édition en 2000 et jusqu’à ce jour, personne ne s’est plaint. Même moi, je ne connais pas les noms des lauréats jusqu’au jour de l’émission, pas plus que le PCA. C’est le jour de l’émission que chacun découvre qu’il a été lauréat de telle catégorie et c’est ainsi que le trophée est attribué.

Est-ce que selon vous, l’Afrique et le Bénin ont réellement évolué dans les domaines de la science et de la technologie ?

Je ne suis pas de ceux qui pensent que l’Afrique n’évolue pas. Je crois que l’Afrique fait son petit bonhomme de chemin avec ses hésitations, ses doutes, ses craintes et qu’elle a une histoire qui passe par la traite négrière jusqu’à la colonisation. C’est un lourd fardeau à porter. Nous avons eu des maîtres en la matière qui ont été aidés par nous-mêmes. C’est les Africains qui ont aidé à vendre les Africains, ce qu’il ne faut pas oublier. A partir de l’histoire de la traite négrière et de la colonisation qui ont duré 400 ans, nous sommes parvenus à l’indépendance pour certains, un peu plus tôt comme le Libéria en 1847, la Guinée en 1958, et à partir des années 60 pour le reste dont le Bénin, le Niger, le Gabon, le Tchad, la Côte d’Ivoire, etc. Mais, dire qu’il n’y a pas eu de progrès sur le plan politique, économique, culturel, c’est faire preuve d’une certaine mauvaise foi. Si vous prenez la photographie de Cotonou, vous verrez que la zone de Ganhi en 1960 par exemple, n’était plus pareille en 1970, celle de 1980 n’était plus pareille en 1990, en 2000, en 2020. Tout évolue ne serait-ce qu’en matière d’infrastructure qu’on peut ranger dans le domaine économique et social. Sur le plan économique, il y a eu des avancées, même si nous n’en avons pas fait assez comme certains pays asiatiques qui, eux, en 1960, étaient tous au même niveau de sous-développement que le Bénin. Je veux nommer la Chine, le Singapour, le Vietnam et bien d’autres. Quand nous étions au cours primaire et même au secondaire, on nous offrait des montres en plastique qui venaient du Japon et qu’on appelait des camelotes. Nous sommes champions à critiquer les autres, à nous foutre d’eux tandis que nous sommes confortablement installés dans notre incapacité à réfléchir par nous-mêmes. On ne réfléchit pas assez parce que nous n’avons pas su développer les gênes de la pensée qui consiste à voir l’action, le pays, et non l’individu. Nous nous auto-centrons sur notre individualité. L’Africain, notamment le Béninois pense à comment faire pour sortir son épingle du jeu et non comment faire pour que tout le monde sorte son épingle du jeu. C’est ce à quoi nous allons travailler. En clair, nous ne savons pas nous mettre ensemble pour avancer.

Pensez-vous que cette mentalité n’a pas évolué en 60 ans ?

Après 60 années, j’ai encore de la peine à dire que cette mentalité a évolué dans le sens positif. Si je prends le domaine culturel, depuis 1960, je n’ai pas le sentiment qu’en Afrique, nous ayons trouvé les bonnes personnes à la tête des ministères de la culture. En un mot, je dis que nous n’avons pas encore eu un ministre de la culture. Sous le président KEREKOU, un universitaire avait été nommé ministre de la culture et l’anecdote raconte qu’il s’etait mis à pleurer. Quand ses amis lui ont demandé ce qui n’allait pas, il aurait répondu qu’il ira gérer les danses au ministère de la culture. Bien qu’étant universitaire, celui-là n’avait rien compris de ce qu’est la culture. La culture d’un pays est la première richesse, le premier intrant du développement. Quand vous l’avez perdue, sabotée, reléguée au second plan, je ne pense pas que tout ce que vous faites après soit suffisamment ancré, solide, enraciné pour préserver les générations à venir d’un éternel recommencement. La Chine et l’Inde sont restées dans leurs cultures pour se développer. On parle en chinois, on réfléchit en chinois, on conçoit en chinois. Quand un ministère de la culture se résume à faire la promotion des artistes, toutes catégories confondues, on se rend compte qu’ils n’ont pas encore compris ce que c’est que la culture. Je ne dis pas qu’il faille abandonner la promotion des artistes, loin de là. Comment expliquez-vous la désaffection des jeunes des travaux de recherches, de la lecture, de la recherche à travers les écrits et les livres, lorsqu’on n’a jamais doté la première ville de notre pays d’une bibliothèque aussi grande et riche en vue de permettre aux jeunes de s’intéresser à la culture. Je n’ai connu que le centre culturel français qui est devenu l’Institut français qui est à côté de la présidence. Mais, il y avait un autre à Maro-militaire à l’immeuble SOGLO, qu’ils ont fermé. J’étais secrétaire à l’organisation du mouvement de la jeunesse catholique de la paroisse Saint Michel de Cotonou, dans les années 80 jusqu’au milieu des années 90. Quand nous avions eu vent de ce que le centre culturel français voulait fermer la bibliothèque de Maro-militaire, moi, m’occupant de la culture et de la coordination des jeunes, j’avais pris l’initiative d’une correspondance en direction de l’ambassadeur de France pour dire que nous étions intéressés à récupérer les bouquins dès la fermeture de la bibliothèque si ce n’était pas destiné à d’autres. C’était une initiative personnelle que j’avais prise. Je finis donc mon développement pour revenir à votre pan de question pour dire que, quand on a fait le diagnostic que je viens de faire dans le domaine culturel, vous comprenez dès lors pourquoi l’institut Manus-Fran.C.E. s’est toujours investi fondamentalement dans ce secteur là pour montrer à nos décideurs et dirigeants que c’est un secteur qu’il ne faut pas négliger si nous voulons revêtir tout ce que nous faisons en termes de développement d’un caractère d’irréversibilité. On ne saurait le faire sans tenir compte de notre culture. On ne peut pas continuer à copier intégralement les autres en oubliant que nous avons une tradition, en oubliant que nous avons une culture qu’il faut promouvoir et qu’il faut mettre au service non seulement du développement du Bénin, mais aussi au service du développement de notre Continent.
Quant à ce qui concerne le retour des œuvres d’art qui nous ont été volées, dérobées, la plupart sont sacrées. Quand on dit qu’on nous a pris le trône de Béhanzin, le trône de Glèlè…vous savez qu’un trône au Bénin, on ne le fait pas fabriquer par un artisan quelconque pour le déposer dans un salon. Sa conception, sa fabrication répondent à des rituels qui constituent non seulement une tradition, mais aussi des forces spirituelles composant l’âme d’un peuple, d’une Nation. Être chrétien aujourd’hui ne peut pas nous déconnecter de cela. Au contraire, nous devons faire en sorte que le christianisme prenne corps dans notre culture. Donc le retour de ces œuvres naturellement constitue une très belle initiative de nos dirigeants. Mais, il se pose un problème de conservation. Pour certains d’entre vous qui avez eu la chance de visiter plusieurs musées en France, notamment le musée du Quai Branly où séjournent la plupart de ces œuvres d’art dont nous parlons, vous avez pu constater les conditions dans lesquelles ces œuvres sont conservées et protégées. Avons-nous pris en amont des dispositions pour qu’une fois rentrées, ces œuvres ne se sentent pas délaissées, que ces œuvres ne se retrouvent pas comblées de poussière ou ne se promènent pas non seulement dans des endroits qui ne leur garantissent pas le sens du sacré, mais ce qu’elles constituent comme patrimoine culturel, une richesse énorme à protéger aussi bien pour les générations présentes que futures ? Là, c’est encore une autre problématique à déceler. En gros, il est indéniable que si ce n’est pas aujourd’hui, tôt ou tard, ces œuvres devraient revenir. Parce que les mentalités évoluent. Les jeunes aujourd’hui ne réfléchissent plus comme nos aînés d’hier. Les opinions publiques nationales sont de plus en plus révoltées. Elles veulent prendre leur destin en main et prennent même de court certains dirigeants.
On a vu ce qui s’est passé il y a environ 5 ou 6 ans au Burkina Faso. On a vu en Tunisie le printemps arabe etc. C’est tout un ensemble. Un jeune ministre italien avait pris fait et cause pour les Africains il n’y a pas si longtemps que ça en ce qui concerne le franc CFA. Qui pouvait penser il y a 10 ans ou 15 ans que des occidentaux peuvent se soulever contre des occidentaux pour dire :« Rendez à l’Afrique ce que vous lui avez pris » ? Et si vous allez fouiller un peu, le président Chirac avait dit de rendre à l’Afrique ce que l’Europe, notamment la France lui a pris. C’est autant de choses que nous devons prendre en considération pour mieux élaborer notre stratégie de retour de tout ce qui nous a été pris, pas uniquement les objets d’art mais également bien d’autres richesses.

Bientôt 30 ans qu’existe l’Institut Manus-Fran.C.E. Quelles sont les perspectives pour les années à venir au regard du parcours, des nombreuses personnalités distinguées et au regard aussi de votre impact ?

L’on ne peut pas parler de soi-même. Mais l’exercice auquel vous m’avez livré exige de moi que je puisse vous dire ce que je peux et dois vous dire. Le reste, je crois que ce sont les observateurs avisés qui peuvent faire le bilan. Disons qu’en termes de perspectives, nous voyons un avenir prometteur et reluisant. Dans la mesure où nous avons su avec le concours à la fois des équipes successives qui nous ont accompagné depuis 30 ans, des institutions qu’elles soient nationales ou internationales qui nous ont appuyé, que nous avons semé des graines d’un développement des activités et des objectifs que nous nous sommes fixés dès le départ et qui sont en train d’être réalisés méthodiquement, structurellement, patiemment mais, avec beaucoup de détachement et de travail. Je crois que les perspectives demeurent encore bonnes dans la mesure où, ce qui a commencé, nous continuons à l’amplifier. Et la période que nous traversons nous motive en ce sens qu’elle nous montre que nos peuples, notre pays, notre continent ont besoin davantage de culture et de promotion de l’excellence dans tous les domaines de la vie. La recherche scientifique et technique a été l’un de nos chevaux de bataille. Et donc nous ne saurions développer un pays sans passer par une bonne dotation en moyens et matériels de nos scientifiques pour leur permettre de faire de la recherche. Il n’y aurait pas eu de recherche en amont que nous ne pourrions pas bénéficier de l’air que le brasseur qui tourne là brasse, ni le climatiseur, ni le poste téléviseur, ni la digitalisation qui est en vogue et à laquelle nous sommes tous appelés de façon incontournable à participer aujourd’hui. Donc je crois que nous nous investissons assez pour que tout cela au bout du rouleau soit bien apprécié et continue d’impacter notre jeunesse sur le continent et particulièrement au Bénin, et aussi l’économie de notre pays. C’est une lutte de longue haleine. Une lutte de développement ne s’arrête pas. Si cela s’arrêtait, je crois que les grands pays dont nous parlons (les États Unis, la France, l’Allemagne, le Japon, la Chine, etc.) se seraient arrêtés en se disant : « nous sommes déjà développés. Puisque nous le sommes, il ne reste plus rien à faire. » Non. Tant que l’homme respire, il travaille pour améliorer ses conditions de vie. Parce que chaque jour, l’homme meurt, chaque jour l’homme naît. Et donc, le développement est un travail incessant jusqu’au jour où peut-être le monde cesserait d’exister.

Est-ce que vous pensez que le régime actuel est dans la dynamique de vous permettre de mener vos activités à bon port?

Est-ce que le régime actuel nous appuie ou pas, à vrai dire, on n’a jamais fait la démarche; simplement parce que dès le début de ce régime, nous avons vu les ambitions qu’il a affichées et constaté qu’il avait très peu de temps pour nous écouter. Puisqu’il a invité tout le monde à se serrer les coudes en vue d’un développement plus rapide. Nous avons vu que des réformes avaient commencé tous azimuts dans tous les secteurs. Et donc, nous nous sommes donnés également le temps de l’observation. Ce qu’il faut noter et qui est très important, c’est que le premier responsable de ce régime en l’occurrence le président TALON, a été, est et demeure un grand admirateur non seulement de l’institut Manus-Fran.C.E. mais également de ses activités depuis bien des années. Puisqu’il a été pendant longtemps parmi les soutiens financiers et moraux de notre institut. Mais en terme d’appui, je crois que oui, bien que nous n’ayons pas fait la démarche, dès que nous avons posé des actes qui nécessitent que le gouvernement TALON nous vienne en appui, nous n’avons pas manqué de l’avoir. Puisque le ministre de la communication a été dépêché le 31 juillet dernier pour parrainer la Nuit de l’indépendance. Il pouvait dire : « Nous ne sommes pas intéressés. » auquel cas le ministre pouvait dire non. C’est la preuve que ce gouvernement soutient les actions et activités qui rentrent donc dans le cadre de la culture et de la promotion de l’excellence.

Plusieurs réalisations sont à l’actif du président TALON. Mais des Béninois continuent de se plaindre de leur mieux-être….

Je vais être franc avec vous. Puisque vous avez été franc avec moi. Vous avez dit que vous vous plaignez aussi de votre mieux-être. Ça veut dire que vous avez observé malgré les grands chantiers qui sont ouverts et qui évoluent cahin-caha pour le bonheur des Béninois et des Béninoises, qu’il y a un malaise. Le malaise du mieux-être, le malaise du bien-être.
J’ai dit déjà à d’autres occasions que je n’ai pas encore vu celui qui succèderait au président Talon et qui s’amuserait à mettre un terme à un certain nombre de réformes qu’il a engagées. Pas toutes. Mais un certain nombre. Pas toutes parce que nul n’est parfait. Ceux qui l’ont précédé ont eu à faire des réformes, ont eu à apporter leurs contributions depuis 1960 successivement à la construction et au développement de notre pays. Adulé ou décrié, chacun a fait ce qu’il a pu. Et chacun continue de faire ce qu’il peut. C’est dans cette dynamique et dans cette logique que je m’inscris en constatant comme vous, que beaucoup de grandes réformes ont été engagées et bien engagées au point où, aucun successeur de TALON ne saurait remettre en cause ces réformes. Je donne deux ou trois exemples. Le premier, c’est la digitalisation de l’administration. Comment peut-on à l’ère du développement du numérique, pendant qu’un gouvernement a lancé la digitalisation de notre administration, revenir en arrière pour dire qu’on va la remettre en cause ? Pensez-vous qu’on peut y arriver ? Ça va être difficile pour celui-là. La digitalisation n’a pas que pour mission la modernisation de l’administration, mais elle ambitionne également de lutter considérablement contre la corruption. Nous avons cherché dans ce pays les moyens par lesquels nous devons réduire ou endiguer complètement le fléau de la corruption. La digitalisation nous en offre aujourd’hui une opportunité. Si je ne viens pas négocier un marché, si on n’a plus besoin de se voir en tête à tête pour parler d’un marché et c’est en envoyant mes dossiers sur un site que cela doit être apprécié… Vous ne voyez pas que tous ces fonds qui aliment la retro-commission et qui étaient dilapidés, pouvaient servir plutôt à autre chose qui s’appellerait aussi développement ? Autres bonnes réformes, nous pouvons parler de l’asphaltage ou pavage. L’essentiel ici, est la qualité qui est imprimée à la fabrication de ces ouvrages aujourd’hui. On le fait non seulement sur le chemin que doivent prendre les véhicules mais on pouvait aller jusqu’à la lisière des clôtures des maisons. Dans certains pays, il est difficile de trouver du sable mais lorsqu’on arrive à en trouver il se présente comme un objet de décoration mais ici des fortunes sont dépensées ne serait-ce que par la ville de Cotonou. Mais les mairies dépensent des millions pour désensabler les routes. Le président TALON a choisi de faire l’asphaltage, il a bien fait et il faut le lui reconnaitre à lui et son gouvernement.

Quels sont vos souhaits et vos rêves pour le Bénin dans les 60 prochaines années ?

Je souhaiterais que dans les 60 prochaines années on puisse dire : « Voilà ce que le Bénin a pu réaliser pendant 60 ans comparativement aux soixante dernières années. » Pour les 60 prochaines années, nous devons multiplier par cinq ou par dix les efforts que les générations successives jusqu’à nous ont investi dans le développement. Nous devons travailler à ce que chaque année qui passera à partir de 2020 puisse être meilleure à 60 et plus jusqu’en 2020 de sorte que nos petits enfants en regardant nos efforts, en contemplant les livres d’histoire puissent apprécier les prouesses réalisées par les aînées.

Avec les tentatives de coup d’États au Mali et autres, est ce que vous pensez que l’Afrique de demain sera un continent de conflits de ce genre?

Je suis viscéralement contre les interventions militaires. Aux antipodes de cela, vous comprendrez dès lors que je suis un produit fini de la démocratie, de la liberté et des droits de l’homme. Quand souvent les coups d’États interviennent sur le continent, les dirigeants déchus courent tous souvent vers l’hexagone. Parce qu’ils estiment qu’ils sont plus protégés ainsi que leurs droits et que même pour les livrer à la justice des pays qu’ils ont eu à gouverner, cela serait difficile. Mais pourquoi n’avoir pas travaillé en amont quand ils en avaient la capacité pour que leur propre pays soit un pays des droits de l’homme, de liberté d’expression ? Je suis contre le coup d’État mais je suis également contre les dirigeants qui ne imposent des systèmes dictatoriaux à leur peuple, et se fichent complètement des souffrances de ce peuple.
Il faut qu’on se mobilise pour révéler ce que l’Institut Manus-Fran.C.E. a commencé depuis les années 91. Et vous constaterez que la manière de s’opposer à un gouvernement varie d’un pays à un autre. Dans les pays émergents, ce n’est pas de la même manière que cela se passe ; mais l’Afrique en la matière n’a pas de leçon à donner au reste du monde. Nous devons apprendre à nous mettre ensemble et à penser nation. Nous fondre, et nous sacrifier nous-mêmes pour que la volonté populaire puisse trouver une place, afin que ceux qui ne sont pas d’accord avec un système puissent trouver absolument un espace d’expression. « Loin de me léser, mon frère, ta différence m’enrichit. », disait Antoine de Saint EXUPERY. On ne peut pas opter pour la démocratie et se comporter comme si nous étions dans un autre système. Le cas du Mali, j’en ai discuté longuement il y a 48 heures avec de hautes personnalités au Niger. Certains retournant dans leur pays ont pris le même avion que moi jusqu’à Cotonou, c’était avant hier. Il est à souhaiter que les uns et les autres prennent exemple sur ce qui a pu conduire à des situations extrêmes de ce genre et les corrigent chez eux afin que cela ne fasse pas tâche d’huile dans les autres pays.

Carte d’identité: Juriste et Manager d’entreprise

Né le 12 décembre 1966 à Cotonou, Yannick Emmanuel DOSSOU a fait ses études primaires à l’Ecole catholique Saint Michel. Il y obtient son Cefeb en 1979. Il suit ses cours du secondaire de la 6ème en première au Collège Père Aupiais, puis au CEG Akpakpa Centre. Son BEPC, ill’obtient en 1984 dans son premier collègue, ensuite le Baccalauréat série L au CEG Dantokpa doublé du diplôme de CAPA (Capacité en droit et Sciences Economiques). A l’université, il étudie le droit. « J’ai fait le droit. Et comme je craignais que les Mathématiques me fassent encore échouer une deuxième fois, en Terminale, j’avais anticipé. Après les résultats de la terminale, ils avaient lancé un examen à l’université qu’ils appelaient Eseu et puis Capa. Et cela vous donnait droit à une formation professionnelle et à partir de là, vous pouviez postuler au poste d’huissier à l’époque. Et donc avant d’avoir le BAC, l’année suivante j’étais déjà à l’université », renseigne-t-il. Au bout de trois années d’études, il s’est envolé pour la France pour y poursuivre ses études en droit à l’Université Marne-la Vallée Paris 12ème devenue l’Université de Créteil. C’est là qu’il a fini ses études avec une Maîtrise en droit en 2001. Par la suite, il s’inscrit à l’Institut de Formation supérieur Osmose pour étudier la création, la gestion des entreprises et la communication où il a décroché son Diplôme supérieur. Il est donc à la fois un Juriste et un gestionnaire d’entreprise et communicateur. Ayant une grande aversion pour la fonction publique, Yannick Emmanuel DOSSOU était déjà chef d’entreprise en classe de première. Il faisait en effet la location des verres, fourchettes, et des plats, entre autres et organisait des activités culturelles à but lucratif. Aujourd’hui chef d’entreprises, il dirige une société de négoce International basée à Londres puis Métro Multiservices International, Métro CommunicationS, Directeur Associé de ADS Partners, puis ASC Group qui est le holding qui regroupe l’ensemble de ses activités.

Intimité: Attaché à son foyer

Marié et père d’enfants, Yannick Emmanuel DOSSOU aime manger dowèvi en monyo ou fait avec un peu d’amanvivè, avec akassa, ou de la pâte chaude. Il boit beaucoup d’eau, mais a un penchant pour les sucreries et fait beaucoup de sport. Il doit la stabilité de son foyer à sa foi en Dieu qui donne à sa vie son véritable sens selon ses confidences.

LA REDACTION

Le Professeur Sébastien AZONDEKON, invité de « Sous l’arbre à Palabre » à l’Evènement Précis: «Investissons plus dans le social pour assurer le triomphe de l’action gouvernementale»

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Prof. Sébastien Azondékon

La rubrique sous l’arbre à palabre du quotidien L’Evénement Précis a reçu, le dimanche 09 août 2020, le Professeur Sébastien Azondékon. A bâtons rompus, il a décrypté l’actualité sociopolitique ainsi que le 60è anniversaire de l’indépendance du Bénin, célébré le 1er août dernier. A le croire, l’Etat-Bénin actuel et les Béninois sont agréables, car malgré leurs divergences, ils arrivent toujours à trouver un espace vital commun pour dialoguer afin de trouver le consensus. « Pendant 60 ans, notre pays à toujours su montrer qu’il est un pays merveilleux », s’est-il-réjoui. Par ailleurs, il a fait remarquer que parmi tous les régimes qui se sont succédé depuis 1960, la Rupture est le régime que les Béninois n’ont jamais expérimenté. En effet, le Professeur estime que le Président de la République Patrice Talon va aux vrais problèmes de la société. Pour lui, celui-ci dans sa gouvernance, a engagé des « réformes très courageuses », ce qui a abouti à la réalisation de grands travaux routiers, l’assainissement du secteur sanitaire, les exploits dans le domaine agricole, l’assainissement des finances publiques, la réforme du système partisan, entre autres. « Toutes les réformes engagées par le régime de la Rupture ont un contenu à la fois politique et économique », a expliqué le Professeur Sébastien Azondékon. Satisfait de cette gouvernance, l’invité de L’événement Précis a toutefois invité le Chef de l’Etat à créer le consensus autour de ses réformes et à penser au social désormais pour donner une bouffée d’oxygène aux populations. Il l’a également exhorté à utiliser les emprunts obligataires dans des projets qui profitent à l’ensemble de la population. En effet, pour l’économiste Sébastien Azondékon, le fait de recourir aux emprunts obligataires presque chaque mois ne pose aucun problème. D’ailleurs, il soutient que le Bénin n’a pas les moyens pour se développer sans s’endetter. « Si nous nous endettons pour payer les salaires aux fonctionnaires, ce n’est pas bon. Mais si c’est pour réaliser de grandes choses devant permettre à notre pays de se développer, il n’y a aucun problème », a-t-il clarifié. Quant à la tenue de la présidentielle 2021, il souhaite que la paix et la quiétude règnent et que le meilleur gagne.

Et si on en parlait

Comment appréciez-vous l’Etat Bénin, après 60 ans d’indépendance ?
L’Etat Bénin est toujours un Etat agréable qui a ses qualités et ses défauts, sinon il ne serait jamais perfectible. Aucun Etat dans la vie n’a atteint la perfection. L’Etat Bénin est très agréable. Les populations sont aussi agréables que leur Etat. D’aucuns peuvent les accuser d’être un peu trop exigeants, mais je crois que c’est notre mentalité pour ne pas dire notre spécificité en tant que peuple. Au-delà de ça, quel que soit ce qui nous oppose, malgré nos divergences, nous allons toujours trouver un modus vivendi, un espace vital commun. C’est ce qu’il y a de merveilleux dans ce pays quoique petit et sans grandes ressources. Nous savons toujours, au-delà de de nos affrontements, trouver un espace vital commun pour dialoguer.

Quels sont les faits qui vous ont véritablement marqués depuis 1960 ?
Je ne peux pas apprécier tous les 60 ans puisque j’étais enfant pour les débuts de l’indépendance de notre pays. Mais pour ce que je connais de l’histoire de notre pays que j’ai eu à étudier au cours primaire et secondaire, je peux dire que ce pays durant les 60 ans, a toujours su montrer qu’il est un pays merveilleux. Il a toujours su innover, surprendre et étonner le monde. La preuve, pour venir aujourd’hui à la rupture, nous avons traversé du chemin, nous sommes passés par les schémas des plus inimaginables. Nous avons au départ eu les des régimes présidentiels marqués par une succession de coups d’Etat qui nous ont conduits au fameux conseil présidentiel régime tricéphale ancêtre de la révolution du 26 octobre 1972 qui a abouti en 1974 à la proclamation de l’idéologie marxiste-léniniste et le passage de notre pays de la République du Dahomey à la République Populaire du Bénin, toutes ces mutations avec chacune ses avantages et inconvénients. Je ne dirai pas que tout était bien dans cette révolution. Il n’y a pas un régime dans lequel tout est absolument bien. Il faut pouvoir donc analyser, trouver là où il y a eu du bon et du moins bon. Pour remplacer ce régime, nous avons une fois encore su innover et faire preuve d’imagination et c’est le lieu de rendre un vibrant hommage au partie communiste du Dahomey (PCD) sans qui ces mutations n’auraient sans doute pas pu voir le jour (disons-le franchement). C’est ce qui a abouti à la fameuse et historique conférence des forces vives de la nation qui a été un exemple inédit sur le continent africain. Le Bénin a su trouver les moyens pour passer d’un régime monopartite à un régime pluraliste. C’est une prouesse et la communauté internationale l’a reconnue à juste titre à notre pays, tellement la prouesse dépassait les attentes de cette dernière. J’ai vu qu’un marxiste a su se métamorphoser pour se doter de la toge de démocrate et la porter mieux que beaucoup de ceux qui lui ont succédé. C’est extraordinaire. Je voudrais donc parler de feu le Président Mathieu Kérékou et des acteurs qui, quoi qu’étant religieux, ont pu accompagner et initier ce changement majeur qui nous fait vivre aujourd’hui en démocratie. Je veux parler de feu Mgr Isidore de Souza. Paix à leurs âmes. Il y a eu ensuite une année de transition. Les différents gouvernements se sont succédés par des élections au suffrage universel. Nous avons commencé par faire l’apprentissage de la démocratie à notre façon. Il y a eu des embûches. Notre mentalité de Dahoméens n’a pas totalement changé. Nous sommes restés les mêmes individus mais nous ne pouvons pas dire qu’il n’y a pas eu de progrès. Chaque changement de régime a eu son progrès et ses échecs. Je ne suis pas contre ceux qui disent que c’est bon ou que c’est mauvais. Nous avons connu des alternances tantôt un peu brutales, tantôt pacifiques et nous sommes arrivés à les gérer. Puisqu’il en est ainsi, notre pays est un pays merveilleux parce qu’au-delà de nos différences, nous arrivons quand même à trouver un consensus. Le mot consensus est sacré pour moi. Il y a certains qui le galvaudent à l’ère où nous sommes, et vu le parcours du pays. Le consensus est quelque chose qui nait d’une négociation. C’est la plateforme consensuelle qu’on obtient au bout de ces négociations qu’on appellera consensus. Nous devons comprendre qu’on ne négocie jamais avec ses amis ou ses ennemis, mais plutôt avec ses adversaires. Et c’est l’espace vital commun que nous appelons consensus qui est vraiment nécessaire. Comme on le dit, « mieux vaut un mauvais accord qu’un bon procès ». Pour aller à la table de négociation, nous aimons recourir au droit pour y parvenir à une entente ou un consensus. Mgr de Souza n’était pas un juriste, mais il a su nous faire passer par la voix de la négociation pour passer de la dictature à la démocratie. Mais, au lieu de puiser à cette source, nous voulons chaque fois pour parvenir à la négociation, passer par le droit. Le droit n’est pas ce qui crée les ententes les plus viables. Tous autant que nous sommes ici, nous sommes différents. Et quand nous prenons toute l’humanité, chacun d’entre nous est unique en son genre. Avec plusieurs individus différents, pour parler de quelque chose qui puisse permettre un vivre en commun, il faut un consensus. Ne confondons pas consensus et juridisme Et le consensus se bâtit et sur la base de ses acquis on bâtit un système juridique solide, viable et durable.

Quels sont vos souhaits pour le Bénin dans les 60 prochaines années ?

Dans les 60 prochaines années, peut-être que je serai l’ancêtre sur la tombe de laquelle, on va écrire : « feu Professeur Azondékon, inspirez-nous ! » Mais ce que je veux, c’est que mon pays reste toujours un pays où devant le chaos, le consensus est toujours possible. Nous ne sommes pas des ennemis l’un vis-à-vis de l’autre. Nous ne sommes que des adversaires. On ne négocie qu’avec ses adversaires, parce que nous avons ce lopin de terre qui est commun à nous et qu’on appelle le Bénin, et nous devons chercher à le faire prospérer et ce n’est pas cette capacité ou faculté qui nous manque. Si on n’était pas créatif, depuis les indépendances avec les soubresauts qu’on a connus, on serait déjà arrivé à la guerre civile. Nous avons des pays qui nous entourent et qui ont connu la guerre civile. Mais nous n’avons jamais connu ça. Cela veut dire que nous mettons à contribution notre génie pour arriver à décanter les situations les plus complexes. Nous sommes des gestionnaires de la complexité et la société dans laquelle on se trouve aujourd’hui est une société de gestion de la complexité. Nous devons savoir que le monde actuel dans lequel nous vivons est caractérisé par trois choses importantes : la Vitesse, le Changement et la Complexité. Continuons comme ça et on n’aura que de très bons résultats. Je rêve d’un Bénin où mes arrières petits-enfants et autres puissent vivre en paix pour dire : « ici, je suis chez moi et je suis heureux. »

Quelle analyse faites-vous des réformes économiques engagées par le régime Talon ?
Je ne vais pas parler uniquement des réformes économiques, parce que c’est un tout. Le régime du Président Patrice Talon, lorsqu’il est arrivé au pouvoir, a vraiment dit clairement qu’il s’inscrit dans un mandat de rupture, de transition, de relance économique et de réformes politiques. Tous Béninois que nous sommes, nous avons une certaine dose de résistance au changement. Notre train-train habituel, ce que nous avons l’habitude de faire, c’est très difficile de nous l’arracher. Nous avons l’habitude de dire que l’habitude est une seconde nature. Mais ce qu’il ne faut surtout pas faire, il ne faut pas la laisser devenir cette seconde nature, parce que toute situation dans laquelle nous sommes est perfectible. Nous sommes à la recherche en tout temps d’un mieux-être. Cela veut dire que lorsqu’un régime arrive au pouvoir, il faut que nous soyons ouverts à donner la chance au coureur pour voir comment il va courir et voir en quoi nous pourrons contribuer à l’amélioration de sa course. Parce qu’il n’y a rien de fait une fois pour toutes. Tout est perfectible. Et ce n’est pas parce que tout est perfectible qu’on va lyncher les erreurs que fait un régime. Nous devons avoir ce qu’on appelle la fierté nationale, la fibre nationaliste. Et lorsque le Président Talon est venu au pouvoir, il s’est inscrit dans un mandat de rupture, de transition, de relance économique et de réformes politiques. Comme vous le demandez, si c’est les réformes économiques que nous allons analyser à part en les dissociant des autres réformes, nous ne pouvons pas faire une analyse complète et intégrative de tout ce qu’il fait. Si nous prenons le régime du Président Talon, il a dit qu’il est venu pour faire de la rupture. La rupture d’avec le passé ne veut pas dire, couper totalement les ponts. C’est améliorer ce qui n’a pas pu marcher et l’intégrer à ce qui marchait pour pouvoir vraiment dynamiser la machine. Et si nous ne comprenons pas ça comme ça, alors c’est nous qui sommes en train de faire fausse route. Et de ce point de vue, il a parlé de réformes. Et en matière de réformes, il a fait pas mal de choses. Les éléments de son chantier, c’est la réalisation des grands travaux routiers, la réforme du secteur agricole, la réforme dans le secteur de santé, l’assainissement des finances publiques, la réforme du système partisan, la réforme du code électoral, la réforme dans le secteur judiciaire, la réforme dans le secteur immobilier, la réforme du système partisan, etc., etc.. Et tout ça là a un contenu pas seulement politique mais économique. Quels sont les principes d’actions de ce monsieur ? Il a trois principes que moi j’ai observés. Un, la théorie du chaos. L’ordre du qualitativement supérieur ne peut mettre que du désordre. Ça veut dire qu’il faut avoir le courage de dire : « Allons de l’avant, créons quelque chose de nouveau», parce que, alors qu’il y a plusieurs choses qui concourent au maintien d’une situation, il n’y en a qu’une seule qui amène à la changer, mais difficile à expliquer. Cette seule chose-là est très difficile à identifier à savoir : continuer de faire comme nous avions l’habitude de faire ne marche plus. Voilà la seule raison qui conduit à des changements. Il faut avoir le courage de le dire. On ne peut pas faire des omelettes sans casser des œufs. Donc, en politique, le parcours de l’enfant de cœur ou du fidèle où on croise toujours les bras pour recevoir l’hostie, ça n’existe pas. Et par rapport à ces réformes énumérées, on a vu le Président Talon faire preuve de courage pour braver un certain nombre de choses. Et deuxième chose, c’est qu’en matière de choix social, on ne saurait jamais plaire à tout le monde à la fois. Si dans cette salle, je viens et je dis que je vais plaire à tout le monde, au finish, je ne plairai à personne, même pas à moi-même. Il faut avancer. Ça c’est ce qu’on appelle, le théorème du choix social ou théorème d’Arrow. Et il faut en être conscient. Troisième chose, on dit en bien ou en mal, l’essentiel est que l’on parle de vous au moins une fois par jour. Vous n’êtes pas venu au pouvoir pour que tout le monde dise que vous êtes bon. Ça là, nous l’avions fait dans ma génération. Quand on était enfants, les étudiants dahoméens qui quittaient la France pour venir nous entretenir dans les mouvements de jeunes, ils sortaient de gros français. Et nous autres étant dans le bled, on applaudissait seulement. Non, il faut mettre l’applaudimètre de côté. Vous ne venez pas au pouvoir pour plaire à tout le monde à la fois. De ce point de vue, je vais vous dire que dans tous les secteurs, se basant sur ces trois principes, le Président de la République a su engager des réformes très courageuses. Les réformes ne seront comprises que lorsque les fruits vont commencer par sortir. Donc, d’une manière ou d’une autre, il y a certaines réformes qui ne connaitront que des reconnaissances à titre posthume. C’est-à-dire quand le Président sera déjà parti. Mais ce n’est pas pour ça que l’homme de pouvoir ne doit pas faire des actions. Il doit faire des actions et montrer qu’il veut changer quelque chose dans le pays et qu’il n’a pas reçu seulement un mandat pour jouir des délices du pouvoir. Il y a eu plein de secteurs dans lesquels il a amorcé des réformes. Je viens d’énumérer quelques-uns. Ce n’est pas facile et dans un mandat de cinq ans, je ne suis pas sûr qu’on puisse conduire tout ceci au finish. Ça je le dis sincèrement. Mais on peut quand même faire ce qu’on doit faire pour que d’autres viennent continuer. Ne pas le faire et avoir peur de l’impopularité, ça peut nous amener à tourner dos au développement de notre pays. Je pense que quand il est venu au pouvoir, il a dit : « Je vais travailler pour qu’après mon départ, les Béninois me portent en triomphe. » Je veux dire qu’il est un être humain comme vous et moi. Et dans ce parcours, le zéro faute n’existe nulle part. Ne commettent pas d’erreur que ceux qui n’entreprennent rien. Les erreurs éventuelles qu’il aurait commises et pour lesquelles il connaît de désapprobation aujourd’hui, ne doivent pas l’amener à relâcher. Parce qu’en politique, les reconnaissances à titre posthume sont les plus durables.

Professeur vous l’avez dit plus tôt, on ne saurait détacher les réformes politiques des autres réformes engagées par l’État, comment est-ce qu’il faut améliorer ces réformes ?
Pour améliorer ces réformes, il faut rechercher et trouver ou créer le consensus. Et le consensus quand il est rompu, il faut tout faire pour le recoudre. Dès le début de son mandat, le président Talon s’est concentré sur les grands travaux. Il a commencé par le bon endroit, plutôt qu’au départ de commencer à distribuer du bonbon à tout le monde et vers la fin du mandat être incapable d’acheter de l’arachide grillé aux gens et ils diront qu’il a échoué. Il vaut mieux prendre son temps pour faire des choses robustes pendant deux ou trois ans et après dire : « Non, ils se sont assez serrés la ceinture ; il faut qu’ils commencent par goûter aux délices de tout ce que nous avons fait. » S’il y a quelque chose que je pourrais éventuellement conseiller au régime du Président Talon, c’est qu’il a beaucoup fait, mais il s’est attaqué à des tabous de cette société dans tous les domaines, et a bravé ces tabous-là pour aller de l’avant. Ce faisant, il est allé beaucoup plus vite que son peuple. Maintenant, qu’il faut qu’il pense un peu au social pour ne pas être un réformateur courageux certes, mais incompris de son peuple. Et je ne pense pas qu’il ait perdu ça de vue. Allons un peu plus vers le social, pour donner une bouée d’oxygène aux populations. Là le triomphe est assuré.

Pouvons- nous dire que c’est le social qui justifie les emprunts obligataires qui se font depuis quelques années ?

Je dirai que c’est l’action du gouvernement qui justifie cela. Et l’action du gouvernement n’est pas que du social, c’est tout ce que le gouvernement fait. Je suis d’accord avec vous. S’endetter auprès de quelqu’un n’est pas toujours une chose commode. Mais savoir utiliser cet endettement là pour s’affranchir davantage, c’est plutôt ce qu’il faut chercher. S’il faut utiliser ces endettements pour payer des salaires, ça ne donnera pas grand-chose. Mais si nous allons utiliser cela pour des projets porteurs d’avenir et de développement, porteurs d’épanouissement, on ne peut pas dire que l’endettement est mauvais. La preuve, le Bénin n’est pas le pays le plus endetté de ce monde, même si notre taux d’endettement est élevé. Si nous prenons les États-Unis, c’est le pays le plus endetté au monde, mais c’est la première puissance au monde. Endettons-nous pour faire des choses qui nous conduisent à l’autonomie, à l’épanouissement, à nous libérer. Investissons dans du robuste pour que ça puisse être porteur. On a fait ça un peu au détriment du social. Maintenant avançons un peu dans le social. A l’étape où nous sommes arrivés, on peut conduire les deux de pair. Au début, ce n’était pas possible mais maintenant, on peut conduire les deux de pair. C’est faisable. Je souhaite que le président comprenne ça et rectifie un peu le tir, pour gagner davantage le cœur de ses compatriotes.

Si on vous demandait comment vous appréciez la gouvernance Talon depuis 4 ans ?
De mon expérience du conseiller spécial à l’économie et chargé de mission pour les Amériques de feu Président Mathieu Kérékou, la gouvernance ici, c’est une gouvernance que nous n’avons jamais expérimentée depuis les indépendances. Aujourd’hui, nous allons aux vrais problèmes de la société. Depuis son arrivée au pouvoir, il a voulu démolir ce qui n’est pas bon et faire du neuf. L’ordre qualitativement supérieur doit naître du désordre. Donc casser pour construire. Déjà quand on le fait, nous avons une capacité économique limitée. Mais nous voulons aller de l’avant. C’est pourquoi je dis qu’il faut investir dans du lourd. Le lourd là c’est ce qui rapporte beaucoup plus, lorsque ça commence à générer ses fruits. Tous les régimes qui ont précédé le régime actuel ont dû recourir à des emprunts. Et lui il ne fera pas exception. Mais quand je regarde les investissements qui sont en train d’être faits, je dis qu’on peut espérer. Et il faut que cette espérance arrive. C’est pour cela que je dis que nous devons tout en nous attenant au programme d’action du gouvernement, penser aussi au quotidien de nos concitoyens, au panier de la ménagère, et l’enthousiasme sera encore plus grand. Le peuple demande le pain. Si le pain est là, il y aura toujours de l’enthousiasme. Mais si le pain commence à être rare, il y aura des grincements de dents. A tort ou à raison, les gens lèchent le président. Il est le président de la République, le président de tout le monde, donc il va recevoir des satisfécits, et il va aussi recevoir des désapprobations, parce que l’unanimisme n’existe pas et qu’en matière de choix social, on ne saurait plaire à tout le monde à la fois. L’action politique, la gouvernance est à ce prix.

Visiblement vous avez conscience que le panier de la ménagère est vide, malgré les nombreuses réalisations…
Je ne serai pas extrémiste. Je dis que le panier de la ménagère est en train de prendre un sacré coup. Je dis : « Monsieur le Président pensons donc un peu plus au panier de la ménagère. » Je ne dis pas de donner de l’argent aux gens, mais de développer des choses comme la micro-finance et les activités porteuses de revenu, développer des choses comme l’aide à l’entreprenariat. C’est ça qui va vraiment booster la croissance, et rendre solide notre société. Parce que les étudiants qui sortent de l’Université, leur premier rêve est de trouver du travail à la fonction publique. C’est une erreur monumentale. Et cela n’est pas de leur faute. Il faut que les universités nous donnent des formations capables de nous permettre d’entreprendre, qu’on soit à l’aise dans n’importe quelle chose, mais pas de nous faire étudier la pensée des autres.
Quand on dit entreprenariat, c’est d’abord une idée à laquelle on veut à tout prix donner corps et vie. Si l’idée n’existe pas, je ne pense que vous puissiez lui donner corps et vie. L’idée est ce qu’on appelle projet d’entreprise. Je suis professeur d’université. Et sur ce sujet, je peux faire mon mea culpa. Parce que j’ai eu à enseigner ici aussi. Ces formations-là, ne sont pas en mesure de faire de nous des générateurs d’idées porteuses de développement. Nous savons citer Victor Hugo, Thalès, Voltaire, Château brillant ou autres, mais nous ne savons pas citer la réalité. Nous sommes déconnectés de cette réalité et je pense que les réformes sont allées dans tous les secteurs sauf un.

Lequel ?
C’est le secteur de la formation universitaire. Quand je pars dans nos universités et je vois ce qu’on enseigne, je dis : « Nous ne sommes pas encore in. Nous sommes encore out. » Comment je vais faire sans attendre l’Etat pour qu’une fois que je finis mes études, je puisse devenir un employeur ? C’est l’entreprenariat. Est-ce que c’est sur ça qu’on met l’accent ? Non. Même s’il y a un président qui vient et qui dit entreprenariat, entreprenariat, entreprenariat, et que les jeunes qui vont porter cet entreprenariat n’existent pas, ce serait jeter de l’argent pour ne rien faire.

De grandes réformes électorales ont été opérées au cours de ces derniers mois. Que pensez-vous de l’introduction du parrainage dans les conditions à remplir pour qu’une candidature à l’élection présidentielle soit valable?

Notre constitution a été un succès. Mais il y a une petite erreur qui s’est glissée là-dedans qu’il faut reconnaitre et corriger. Cette erreur est le fait que la conférence nationale ait validé qu’il faut passer de système de parti unique au système de multipartisme intégral.. Nous ne pouvons pas le faire dans ce pays. ‘’L’intégral’’ a fait que nous avons eu près de 300 partis dans ce pays. Dites-moi : il y a 300 voies de développement ? Non. Donc, il doit y avoir plusieurs partis politiques mais pas de cette manière. Quand on dit « intégral », ça ouvre la voie à tout. Même dans sa chambre, on crée son parti. Et cela me fait rire des fois. Voilà un pays où tout le monde aime se gonfler dans le titre de président. Voici un exemple. J’ai été conseiller spécial du président Kérékou pendant 5 ans. A sa suite, il y a eu Yayi et maintenant Talon qui est en train de boucler son quinquennat. Mais je vois des gens dans la rue qui pour s’adresser à moi, disent CS, un titre que moi j’ai déjà oublié. Je ne suis plus conseiller spécial. Il y a un titre qu’on ne peut pas m’enlever jusqu’à ma mort. Ça, je l’ai gagné. L’autre on me l’a octroyé. C’est le titre de professeur. Aucun de mes enfants ne pourra hériter de ça. Donc, les gens aiment créer leur parti pour qu’on les appelle président. C’est la folie des grandeurs. Alors, restons modestes et créons un certain nombre de partis. Il faut qu’on s’asseye pour voir combien de partis on peut autoriser. Il faut qu’on demande une assise où on arrive à un consensus. Tout doit être acquis par consensus et vous allez voir qu’on va progresser beaucoup. On doit voir qu’on ne peut pas se permettre de créer 1000 partis au Bénin. Les 300 partis qui existaient là, qu’est-ce qui les différenciait ? Ce qui faisait la différence et que je voyais, c’est les cases. Un est de cette case et l’autre d’une autre. Est-ce que ce sont des organisations qui peuvent porter des projets de développement ? Nous avons donc commis cette erreur et nous la trainons jusqu’à aujourd’hui.
Revenant au parrainage, je ne pense pas que le Bénin soit le premier à l’inventer. Il y a eu bien de Nations qui ont eu à le faire. Pour le faire, j’aurais préféré que cela se passe dans un consensus. Malheureusement, le consensus a été rompu déjà avant les élections législatives. Je déplore cela jusqu’à présent. J’aurais voulu qu’une assise nous conduise par exemple à décréter cette affaire de parrainage. Là où le dialogue avait été fauché selon moi, c’est quand on dit que les partis se s’asseyent pour négocier et trouver un consensus pour une élection législative inclusive. Les chefs de partis là, ils sous-estiment leur expérience en matière de négociation et de recherche de consensus. On a rompu avec le consensus. Tout ce que nous connaissons quand il y a un problème de recherche de consensus, on dit qu’on a pris tel avocat ou tel avocat. Non. Ce ne sont pas les avocats qui sont les meilleurs négociateurs. Je vous l’ai dit il y a un instant, mieux vaut un mauvais accord qu’un bon procès. On a fait péter tous les délais et nous voilà donc dans une situation comme ça. Il faut qu’on évite des choses de ce genre là pour à l’avenir donner plus de chance à notre démocratie de progresser. Et moi je crois farouchement au génie créateur de ce pays. Si on n’avait pas ce génie créateur, pourquoi nous ne sommes jamais arrivés à la guerre ? À côté de nous, il y en a eu. Ça veut dire que nous sommes en mesure de négocier et de trouver le consensus. La conférence nationale, est-ce que ce sont des avocats qui sont restés pour nous dire ce qu’il faut faire ? C’est le consensus. Et ce consensus-là, ça fait déjà 3 décennies que ça dure. Pourquoi est-ce que nous nous sous-estimons ? Négocier ! Négocier ! Et toujours négocier. C’est ça qui va nous faire éviter le désastre. Ne pas le faire, malheureusement, c’est très grave.

Professeur, pour vous qui étiez membre de l’ancienne alliance ABT, aujourd’hui, votre leader est ministre d’Etat. En 2021, est-ce que vous auriez souhaité qu’il soit candidat ?
Vous me posez là une question à laquelle je ne peux pas trouver de réponse. Se porter candidat ou pas, c’est une décision strictement individuelle et personnelle. Je ne suis pas entré en lui. C’est ce que les gens font et que je désapprouve. Ils disent que le président Talon a déjà dit qu’il ne fera qu’un seul mandat. Il n’a qu’à dire là maintenant je ne suis pas candidat. Pourquoi nous aimons placer la charrue avant les bœufs ? Il a dit que lui, il n’envisage que faire un mandat. Mais la constitution lui en permet 2 maximums. Et quand il a voulu réviser et ça n’a pas marché, les gens le lui ont demandé et il a dit : « Je pense que je ne ferai pas plus que ça. » Mais après il a dit : « J’aviserai. » Il a progressé donc dans ses réflexions et dans ses dires. Mais pourquoi nous ne voulons pas attendre qu’il avise et nous lui disons qu’il ne doit pas faire un deuxième mandat. Il peut vous dire : « Constitutionnellement j’ai le droit. Ce n’est pas à vous de me priver de mes droits. » Mais là il a donné une parole. Et cela ne l’empêche pas de se porter candidat. Une fois il a dit : « Je vais aviser ». C’est la dernière parole qu’il a donnée. Attendons qu’il avise.

Quel est le vœu du Professeur Azondékon? Souhaitez-vous vraiment qu’il soit candidat en 2021?
Que vaut mon souhait à côté de sa décision ? La constitution lui permet un second mandat, donc c’est à lui de décider. Je ne sais pas pourquoi mes compatriotes sont pressés. C’est un fauteuil pour une seule personne et pourquoi tout le monde se presse ?

Votre parti ABT a été dissout comme beaucoup d’autres, dans quel parti se situe aujourd’hui le Professeur Sébastien Azondékon?
Le professeur Azondékon est Rupturien et Nouveau départiste. C’est toujours mieux de pouvoir faire chaque chose en son temps mais j’ai un parti. Pour les élections communales j’ai battu campagne pour le candidat de mon choix parce que lui il est de mon arrondissement (Aklankpa) . Et il a gagné, sa liste a gagné. L’enjeu était donc d’assainir la gestion de mon village. Il est vrai que je vis à l’extérieur, mais dîtes-moi s’il existe un suffrage qui autorise aux Béninois de l’extérieur de voter ? C’est peut-être ça qui m’a amené à soutenir mon candidat.

Pour répondre à l’appel du chef de L’État qui demande à ses partisans de rejoindre l’UP ou le BR, vous êtes dans quel parti Professeur Sébastien Azondékon?
Je dis que je soutiens les actions du Président Talon et c’est largement suffisant.

Après votre combat politique, beaucoup d’observateurs vous voyaient à un poste élevé dans la république. N’avez-vous pas l’impression d’être abandonné au bord de la route ?
Ce n’est pas moi qui nomme les ministres. Même si j’ai envie de mettre mes compétences au profit de mon peuple, je me soumets au choix du Président de la république. On ne se lève pas pour se nommer ministre. Pour que le Président Mathieu Kérékou me nomme conseiller spécial, je n’étais pas au pays mais au Canada. J’étais au Canada et il m’a nommé. Et je suis venu il m’a demandé si je suis d’accord. Je lui ai exprimé mes inquiétudes et mes craintes. Cela a pris trois heures d’horloge avec lui. Je lui ai dit : « Monsieur le Président, vous m’excusez beaucoup, j’ai passé toute ma jeunesse à lutter contre vous. Mais dès que je vous ai vu aujourd’hui, je vous présente toutes mes excuses. Vous êtes un homme très simple, j’accepte ce que vous me dites à une seule condition. Parce que c’est vous qui m’avez privé de ma patrie de naissance et j’ai une patrie d’adoption qui est le Canada et là aujourd’hui quand il y a une amnistie j’ai deux patries. Je dois autant au Canada qu’au Bénin, parce que quand je n’avais plus de patrie, c’est le Canada qui m’en avait donné une. Si vous voulez vraiment que je vienne, prenez les dispositions idoines. Il a dit : « Vous voulez que je le demande au premier ministre du Canada ? » Et j’ai dit oui, mais plutôt au Premier Ministre du Québec. Il m’a dit« Je vais lui envoyer une note tout à l’heure. » Dix jours après je me suis retrouvé là-bas. La note du Président Mathieu Kérékou était déjà chez le Premier Ministre. Voilà un homme de parole. Et là, les gens m’ont demandé « Tu veux partir? On veut un oui ou un non. » C’est le premier ministre qui a demandé qu’on vous demande ça. J’ai réfléchi trois minutes et je me suis dit qu’après tout c’est mon pays, je veux, donc voilà.

Quel est votre avenir politique ?
J’ai plein d’avenir politique. Avenir politique, ce n’est pas être ministre ou non. Je vous ai dit que je serai en politique jusqu’à une seconde de ma mort.

Que pourriez-vous dire pour conclure cet entretien ?
Ce fut un très grand plaisir pour moi, d’échanger avec vous sur des choses qui concernent et engagent notre pays. Nous n’avons rien de plus beau que ce Bénin et nous devons le chérir. Nous devons être plutôt des acteurs et non des agis dans le développement de ce pays. Un acteur c’est celui qui prend des décisions. Un agi c’est celui au nom de qui on prend les décisions. Il faut toujours chercher à connaître quelqu’un afin de savoir comment collaborer avec lui, parce que la ressource humaine est la ressource la plus importante au monde. Et celui qui se fait chaque jour au moins un ami est celui qui s’enrichit. Le vrai riche n’est pas celui qui a beaucoup de fric.

Carte d’identité: Un destin de Professeur

Sébastien Houédogbè Azondekon est né à Aklamkpa, dans la commune de Glazoué. Il y passe son certificat d’études primaires et son entrée en sixième. Bénéficiaire d’une bourse d’excellence en 1967, le fils de paysan et de ménagère est classé au collège Monseigneur Steinmetz de Bohicon. Il y décroche aussi bien son BEPC que son Bac série C. Avec ce Bac en poche en 1974, il s’inscrit en maths-physique à l’Université nationale du Bénin, après avoir raté de très peu une bourse canadienne au collège. Suite à sa licence en maths-physique qui le classait parmi les meilleurs, Sébastien Azondékon apprend son nom par surprise à la radio. On lui annonçait que l’Etat lui octroyait une bourse pour l’Union Soviétique. Il s’envole donc pour l’Institut d’Economie d’Odessa où il obtient son Master en Statistique et Économie, et son Doctorat en Statistique. Revenu au pays, il devient le seul professeur de statistique à la Faculté des sciences juridiques, économiques et politiques (FASJEP) de l’UNB,l’Ecole nationale d’administration (ENA) et à l’Institut national d’économie (INE). Il n’avait que 25 ans. Le chef de l’Etat d’alors (Mathieu Kérékou) lui fait appel pour être son conseiller technique à l’économie. Mais le jeune enseignant exprime des doutes sur ce choix porté sur sa personne, en pleine période révolutionnaire. On le soupçonna d’être un anarcho-gauchiste, terme consacré à l’époque pour désigner les membres du parti communiste du Dahomey (PCD). « C’est un de mes étudiants qui m’a sauvé la vie. Et qui m’a fait éviter l’arrestation », rappelle-t-il. Et d’ajouter : « C’est pour ça que je suis contre le Professeur-Patron et je préfère être le Professeur-Compagnon. C’est la relation de compagnonnage qu’il faut avoir dans la formation universitaire aujourd’hui et non des relations de patronage. » Il part donc en exil, d’abord au Nigeria avant de bénéficier d’un statut de réfugier au Canada. Arrivé au Canada sans aucune pièce d’identité, ni aucun diplôme pour attester de ses compétences, il est obligé de s’inscrire à la faculté de business administration de l’Université Laval où il fait son doctorat en business administration. L’Université du Québec en Outaouais le recrute comme Professeur en 1991 et huit ans plus tard il devient Professeur titulaire en économie et en sciences de gestion. En 2001, le Président Mathieu Kérékou le nomme conseiller spécial à l’économie et chargé de mission. Le professeur Azondékon, polyglotte qui s’exprime couramment en Français, Anglais, Espagnol et Russe, est cependant un amoureux de la politique. Après avoir milité au PRD il a milité dans l’UBF; il s’engage au sein de l’Alliance ABT dès 2010 et est en 2015 directeur de campagne du candidat Abdoulaye Bio Tchané. Après 2016, il retourne à l’enseignement, mais continue toujours de participer à la scène politique béninoise en tant que partisan du régime actuel.

Intimité: Un amoureux de sa terre natale

L’une des caractéristiques du Professeur Azondékon est qu’il est passionné par le folklore national, notamment par la musique et la cuisine de chez lui. Scientifique athée comme il se définit lui-même, il aime les gens qui ont de la curiosité scientifique. Pour être son ami, il faut avoir le goût de la liberté de pensée. « Rester comme je suis c’est me donner encore longue vie », dit le Professeur qui adore la compagnie des jeunes. « Ici je préfère vivre abondamment. Je suis un économiste et gestionnaire, je maximise l’utilité », affirme-t-il. Marié et père de cinq enfants, le Professeur Sébastien Azondékon voue un attachement particulier à son épouse. «Je suis le seul monogame de ma famille. J’aime tout ce que ma femme me donne. Depuis que je l’ai connue en 1974, j’ai toujours eu des problèmes, mais elle ne m’a jamais laissé et elle m’a tout donné. »

La Rédaction