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6 avril 2016 – 6 avril 2022. Cela fait exactement 6 ans jour pour jour ce mercredi, que Patrice Talon a prêté serment, alors fraichement élu à la tête du Bénin, à l’issue des présidentielles 2016. Si cet anniversaire ne fera plus tant d’effet depuis la révision de la constitution de 2019, qui par des dispositions transitoires, a contraint Talon à prêter le premier serment de son second quinquennat le dimanche 23 mai 2021, l’emblématique date du 06 avril ne s’effacera pas de si tôt. Une date considérée à chaque fois comme un nouveau départ dans la vie de la nation quand le chef de l’Etat élu ou réélu va jurer à Porto-Novo de conduire à bien la destinée de tout un peuple. Patrice Talon l’a fait, il y a 6 ans dans un contexte de nouvelles expériences et espérances que nourrissait un peuple qui venait de vivre, tant bien que mal, 10 années de Boni Yayi. Talon annoncera la grande rupture ce 6 avril 2016 à Porto-Novo. Une rupture totale de la gouvernance connue jusque-là au sommet de l’Etat, depuis les indépendances, en passant par la longue période révolutionnaire, les années Soglo au début de l’ère du renouveau démocratique jusqu’ à celles Yayi.
Le jadis prospère homme d’affaires et magnant du coton béninois veut tout restructurer. Dès son arrivée au pouvoir, il n’a pas tardé à mettre en branle sa rigide machine réformatrice. Et y est allé secteur par secteur, maillon par maillon, option par option… Le Politique, l’institutionnel, l’économique, le social…. Tout y passe. Le Bénin est souvent méconnu aujourd’hui par bien de gens qui n’y vivent plus depuis 6 ans, et même ceux qui y résident encore. Reformes électorales, réorganisation de l’administration, nouvelles structures judiciaires pour ne pas citer la Criet tant crainte, fusion de la police et de la gendarmerie, dissolution de plusieurs sociétés d’Etat, assainissements tous azimuts des finances publiques, interpellations, procès et condamnations en diligence des auteurs de délits, fussent-ils des soutiens politiques du pouvoir ou des « intouchables » d’un temps ancien….. Rien ne résiste plus à la gouvernance Talon en même temps que le Bénin se modernise sur plusieurs plans. De nouvelles infrastructures routières assez modernes, des marchés et stades omnisports de haut standing, de nouveaux musées de classe internationale en construction, des galeries marchandes par ci, une géante zone économique, par là . Un palais de la Marina entièrement relooké. La liste est bien longue.
Il reste que l’opposition n’a pas le même regard enchanteur sur les 6 ans de la rupture. Avec ce qu’elle considère à tort ou à raison comme « l’embrigadement des libertés publiques » et les emprisonnements d’acteurs issus de ses rangs sur fond de « règlement de compte politique ». Il y a aussi des exilés politiques à la taille d’un Sébastien Ajavon, richissime homme d’affaires et candidat malheureux aux présidentielles 2016, dont l’apport à la victoire de Talon à ce scrutin continue d’être revendiqué par les siens. Sa condamnation à 20 ans de prison pour affaire de drogue et celle d’autre exilés, Lehady Soglo, ex maire de Cotonou, Komi Koutché, ancien ministre des finances sous Yayi, pour divers faits à eux reprochés, constitue des «abus du pouvoir Talon » aux yeux des opposants. De son côté également, le peuple ne semble pas encore visiblement au fait du bon qualitatif réalisé par le Bénin pour son développement en 6 ans de gouvernance Talon. En ces moments de cherté de la vie où mêmes les dernières mesures gouvernementales peinent à convaincre les béninois des efforts incessants du pouvoir Talon pour soulager leur peine quotidienne, il est difficile de tout peindre en rose, 6 ans après que cet homme unique en son genre, ce perfectionniste né, a pris les rênes du pouvoir. Il y a sans doute des efforts supplémentaires à faire envers un peuple béninois.
Christian Tchanou