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C’est à Sèdjè-Dénou dans la commune de Zè que l’impensable est arrivé. Puisqu’il tenait à inaugurer l’éclairage public de la localité, le chef de l’Etat a exigé que toutes les dispositions soient prises pour que « son » inauguration ait lieu. Les techniciens de la SBEE n’étaient pas prêts et les populations le savaient bien. On sut ce qui se passa. Un groupe électrogène hâtivement monté et soigneusement camouflé a servi à alimenter les poteaux pour les nécessités de la mise en scène devant les caméras. Hilare, Boni Yayi eut le temps de promettre : il transformera bientôt la localité en petit Paris. Et les populations d’applaudir à tout rompre, en espérant se retrouver d’ici avril 2016 dans le nouveau SèdjèDénou conçu à la gloire du changement et de son chef.
Puis, il y eut Hêvié. Le chef de l’Etat s’y est rendu vendredi, en campagne, comme toujours. Ayant entendu les doléances des populations, le voilà qui se pointe samedi, annonçant à grand renfort de rire et de déclarations présidentielles, le lancement des travaux de la fameuse route. L’entrepreneur avait même le bonheur de voir le financement bouclé. Selon les témoins oculaires qui ne sauraient mentir, les travaux avaient déjà démarré. Le peuple de Hêvié votera massivement FCBE.
Et on peut multiplier des cas d’ânerie pendable, dans lesquels le ridicule le cède difficilement à la bêtise. A Djakotomey, à Sakété, à Péhunco, à Djougou, Akassato, Cadjèhoun, Agla…, on a cultivé des rêves fous en espérant des voix ce 26 avril. Que ne ferait-on pas pour que nous tamponnions à tour de bras le logo cauris dimanche prochain ? Mais, malheureusement, c’est raté. Yayi est fini. Il ne sait plus quoi promettre pour qu’on vote pour ses ouailles. Alors, il tourne en rond dans le ciel et ne descend sur terre que le temps d’une promesse électorale.
A y voir de près, le pouvoir qui s’adonne à cet exercice nauséabond voit venir sa propre déchéance. Les pitreries du prince régnant sont si nombreuses que les FCBE ne sont même plus sûres d’avoir un seul siège à Cotonou. Je vois les efforts surhumains du beauf. Il lui sera difficile, cette fois-ci, de s’en tirer à bon compte. ChabiYayi peut repasser dans quatre ans. Quand son président de père nous aura collé la paix, on en reparlera.
Chaque fois que le chef de l’Etat monte à bord de son hélico, il y a une frayeur qui envahit la république : quelle promesse va-t-il encore faire ? La promesse ici, au lieu de réjouir est comme une injure. Son impensé, c’est la stupidité de ceux qui y croient et applaudissent quand ils entendent qu’on veut transformer leur ville en Tokyo. A vrai dire, les gens ne sont plus dupes. Ils n’applaudissent les promesses présidentielles que pour s’en moquer davantage ou pour ponctuer bruyamment de si gros mensonges. On ne les aura plus.
J’entends encore le leader-charismatique -révolutionnaire dont parle Habib Dakpogan dans son roman PV salle 6: « Promets tout ce que tu peux et surtout ce que tu ne peux pas. Il n’y a pas à avoir peur ni honte dans ton élan de promesse, à moins que tu ne veuilles pas être un vrai politicien » Un vrai politicien, ça promet et ça ment. Voilà le sens de cette exhortation à la realpolitik.
Saturé de promesses, le peuple ne croit plus à ses hommes politiques. Il se rit de la fonction présidentielle sur laquelle plane l’ombre du ridicule.
Car les gens savent bien que « les promesses électorales n’engagent que ceux qui y croient ». Et Machiavel avait déjà prévenu les politiciens eux-mêmes : «un prince bien avisé ne doit point accomplir sa promesse lorsque cet accomplissement lui serait nuisible et que les raisons qui l’ont déterminé à promettre n’existent plus »,dit-il. Mais, quel est l’avenir d’une ressource que l’on galvaude avec tant de volupté ? Il y a que les promesses n’ont qu’un passé triste et un avenir qui sombre dans les abysses. Elles creusent chaque jour la tombe de la politique, elle-même. Parce que la politique sans promesse est une course à vide.
Par Olivier ALLOCHEME
