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Le triomphe de la vérité

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Edito du 11 août 2014: On n’est pas loin de la cata


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Le Bac 2014 a laissé un goût amer : les résultats sont catastrophiques. On pensait avoir touché le fond avec le Bac 2013 qui a enregistré  un taux de succès minable de 32,46%. Cette fois-ci, c’est plus bas encore : 23,71%. C’est-à-dire que 81.538 candidats ont échoué.

        Entre toutes les séries, c’est surtout la série D qui a enregistré la plus forte dégringolade avec seulement 15,55% d’admissibles (soit 49.360 candidats)  contre 19,32% l’année dernière.  Ici au moins, les enseignants d’université qui noyautent partout l’organisation de cet examen, ont obligé l’administration à exhiber la vérité des chiffres. Ce n’est pas, en effet, le cas pour le BEPC  qui a connu un taux d’admissibilité de 47,57%, contre 49% en 2013 et 31,68% en 2012.  Pourexhiber ces chiffres, il aura  fallu deux semaines  à l’administration scolaire après la fin de la correction des copies. Contrairement au Baccalauréat dont les résultats ont été connus quatre jours seulement après la correction. Il fallait en réalité s’occuper des rachats. Les candidats ont été rachetés jusqu’à huit de moyenne. Dans quel but maquille-t-on volontairement la  vérité ?  Ce n’est pas pour « sauver » les enfants mais pour montrer que les ministres et autres directeurs ont fait des efforts surhumains, qu’un certain ministre  est doué d’un sens aigu de management et qu’un certain président de la république est un génie qui aime tous ces candidats qui ne cherchent qu’un « petit » diplôme…C’est-à-dire que leurs objectifs sont à mille kilomètres des objectifs d’un système éducatif  normal : former des hommes et des femmes aguerris pour faire face demain aux problèmes du pays. Ici, on a des ambitions politiques contre le développement du pays.

        Mais ce qui  affleure à toute intelligence, c’est qu’en réalité ce bac de la débâcle montre  paradoxalement  le vrai  visage du système éducatif béninois aujourd’hui. 23% de réussite.

N’allons surtout pas prétendre que le seul responsable de la situation, ce sont les grèves perlées. Oui, quatre mois de grèves, ça laisse de graves stigmates. Il me revient encore l’insoutenable  spectacle de ces enseignants de terminale rencontrés dans un collège de Cotonou administrant photocopies sur photocopies en guise de cours, à quelques jours du bac. Et je parle de Cotonou. Qu’en serait-ce des villages où la grève a été féroce ? On voit clairement pourquoi face aux mauvais résultats, tout le monde fait comme si 77% des candidatsn’ont pas échoué. Complices de la catastrophe, nous fermons les yeux, nous refusons de défendre les pauvres candidats qui ont eu le tort de se trouver là au mauvais moment.

        C’est que les élites au Bénin se satisfont largement des mauvais chiffresdes examens de fin d’année. L’on regarde avec une curiosité mêlée d’un vague sentiment d’excès les chiffres du Bac français qui a donné cette année 87, 9% de réussite.  « Nous ne sommes pas en France ici », complètent les plus dépités surtout lorsqu’on leur ajoute que les plus fortes notes dépassent régulièrement les 20 sur 20. Dans certaines matières comme le Français ou la philosophie, il est presque impossible au Bénin d’avoir 18 sur 20, là où les candidats français alignent régulièrement 20 sur 20, sans que personne n’en soit surpris. Ici en terre de sous-développement, nous assimilons l’échec scolaire comme le symbole de la qualité d’un examen pendant que dans les pays développés, il apparait comme un signe de défaillance grave à corriger à tout prix.

         De là provient l’indifférence de tous face à la catastrophe. Là aussi, l’incapacité d’y remédier       à brève échéance. Y remédier, ce n’est certainement pas procéder par maquillages statistiques éhontés comme on le voit aujourd’hui. C’est améliorer la qualité de l’enseignement, de sorte à livrer sur le marché du travail des hommes et des femmes d’un bon niveau.

Personne n’est dupe lorsque l’on   affiche 89,56% de réussite au  CEP 2014 et que le niveau des élèves de sixième est scandaleux. Il suffit d’arpenter les couloirs des collèges pour constater ce qui s’y passe: les meilleurs enseignants désertent les classes de sixième désormais laissées aux mains des débutants ou des vacataires taillables et corvéables à merci. Et la roue  des mauvais résultats tourne et tourne encore. Il faut que ça cesse !

Par Olivier ALLOCHEME

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