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Le triomphe de la vérité

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Poème: Bain nuptial


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Sunday Alexis KLOUE

À tous les vilains

Qui tissent leurs lins

À la sueur de leur front serein !

Mais voilà que nous nous sommes rendus

Chacun dans son logis, les membres tendus,

Cherchant fugitif ce sommeil perdu…

D’un jour ardent à une nuit des braises répandues.

Dans ces ombres opaques où nous, tous presque nus,

Sommes étalés dehors, comptant les étoiles nues…

Sans nous avertir, le ciel, avec fracas, s’est fendu

Perça ses poches des eaux férues

Déversa sur toute l’étendue

Ses premières gouttes très longtemps attendues.

Des torrents d’eau maintenant chantent en chœur.

Entendez-les ! Hurlant, roulant des tonneaux d’eaux.

Sur la terre abimée et asséchée jusqu’aux os

Une chaleur odoriférante aussitôt mêlée de fraicheur.

L’atmosphère reçoit, cette saison, son premier bain céleste.

La terre, morte de soif, depuis longtemps, s’en déleste.

Goulument, elle avale les ruisseaux de larmes versées,

Respire en profondeur, bouillant ses lambeaux les plus desserrés.

Tard dans la nuit, alors que ce sommeil doucement revient

En profondeur, d’un coup, la ballade cessa !

Comme si une main impériale

D’un geste, ferma les écluses…

Un calme royal s’installa

Tout ici maintint son souffle

Comme pour saluer le bain nuptial.

Soudain, un vent léger balaya nos hameaux

Posés telles des bêtes isolées dans la savane.

Une vie nouvelle reprit de ses cendres mouillées.

Devançant l’aurore, pressés de savourer la rosée

Les bêtes des champs, les oiseaux du ciel

Nul ne voulait se faire conter la visitation…

Les champs ayant été préparés

Dépouillés de leurs vieux habits, couchés dans un lit ouvert

Comme l’épouse, étendue, attendant son cheval de labour.

Bientôt, tôt le matin, iront

Nos bras valeureux saluer la terre

Maintenant lavée et saupoudrée de parfum

Laissant les mains stimuler son corps charnu.

De ces amours labourées naitront des sillons

Et buttes dressés sous les haillons

Inondés de sueur sous les rayons à fleurons.

Avec espoir, nos femmes, sur les dos dressés, dansant,

Enterreront nos plus précieuses graines dans le sanctuaire

D’où sortiront, des antres de la terre couchée par la rosée odorante,

De jeunes plantes aux soins salutaires.

Et quand la Providence aura voulu

Et que l’Univers aura été en concert

Et que le sol n’aurait pas été avare ;

Et les champs seront velus

Et les fleurs jauniront

Et nos efforts ne seront point un avatar

Et nous nous éclaterons.

La joie reviendra sur nos visages ridés

Des temps de vaches maigres…

Nos mains pourront saluer les graines nouveau-nées.

Nos dents riront des épis grillés

La maisonnée pourra chanter à nouveau

Dans ces lieux de nos refuges au pied des collines.

Et pilons, et mortiers seront

En compétition aux sons de leur rythme

Aux côtés de nos entrepôts.

Vive la terre !

Vive la nouvelle saison !

Vivent les Pays-ans !

Souvenirs des vacances

dans les Collines du Bénin

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