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À tous les vilains
Qui tissent leurs lins
À la sueur de leur front serein !
Mais voilà que nous nous sommes rendus
Chacun dans son logis, les membres tendus,
Cherchant fugitif ce sommeil perdu…
D’un jour ardent à une nuit des braises répandues.
Dans ces ombres opaques où nous, tous presque nus,
Sommes étalés dehors, comptant les étoiles nues…
Sans nous avertir, le ciel, avec fracas, s’est fendu
Perça ses poches des eaux férues
Déversa sur toute l’étendue
Ses premières gouttes très longtemps attendues.
Des torrents d’eau maintenant chantent en chœur.
Entendez-les ! Hurlant, roulant des tonneaux d’eaux.
Sur la terre abimée et asséchée jusqu’aux os
Une chaleur odoriférante aussitôt mêlée de fraicheur.
L’atmosphère reçoit, cette saison, son premier bain céleste.
La terre, morte de soif, depuis longtemps, s’en déleste.
Goulument, elle avale les ruisseaux de larmes versées,
Respire en profondeur, bouillant ses lambeaux les plus desserrés.
Tard dans la nuit, alors que ce sommeil doucement revient
En profondeur, d’un coup, la ballade cessa !
Comme si une main impériale
D’un geste, ferma les écluses…
Un calme royal s’installa
Tout ici maintint son souffle
Comme pour saluer le bain nuptial.
Soudain, un vent léger balaya nos hameaux
Posés telles des bêtes isolées dans la savane.
Une vie nouvelle reprit de ses cendres mouillées.
Devançant l’aurore, pressés de savourer la rosée
Les bêtes des champs, les oiseaux du ciel
Nul ne voulait se faire conter la visitation…
Les champs ayant été préparés
Dépouillés de leurs vieux habits, couchés dans un lit ouvert
Comme l’épouse, étendue, attendant son cheval de labour.
Bientôt, tôt le matin, iront
Nos bras valeureux saluer la terre
Maintenant lavée et saupoudrée de parfum
Laissant les mains stimuler son corps charnu.
De ces amours labourées naitront des sillons
Et buttes dressés sous les haillons
Inondés de sueur sous les rayons à fleurons.
Avec espoir, nos femmes, sur les dos dressés, dansant,
Enterreront nos plus précieuses graines dans le sanctuaire
D’où sortiront, des antres de la terre couchée par la rosée odorante,
De jeunes plantes aux soins salutaires.
Et quand la Providence aura voulu
Et que l’Univers aura été en concert
Et que le sol n’aurait pas été avare ;
Et les champs seront velus
Et les fleurs jauniront
Et nos efforts ne seront point un avatar
Et nous nous éclaterons.
La joie reviendra sur nos visages ridés
Des temps de vaches maigres…
Nos mains pourront saluer les graines nouveau-nées.
Nos dents riront des épis grillés
La maisonnée pourra chanter à nouveau
Dans ces lieux de nos refuges au pied des collines.
Et pilons, et mortiers seront
En compétition aux sons de leur rythme
Aux côtés de nos entrepôts.
Vive la terre !
Vive la nouvelle saison !
Vivent les Pays-ans !
Souvenirs des vacances
dans les Collines du Bénin