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Culture: Voici pourquoi les livres coûtent si chers au Bénin


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Acheter des livres produits au Bénin n’est pas à la portée de tous. Et pourtant, des solutions existent pour faire face à ce défi culturel.

« Tous les accessoires aujourd’hui, encre, papier, tout est cher ».Christophe Tonon, directeur de Christon Éditions pose ainsi le diagnostic du problème que tout le monde aura constaté lors du récent salon national du livre du Bénin. A cet événement qui s’est tenu du 09 au 12 novembre dernier, les amateurs de livre se sont heurtés au prix élevé des ouvrages produits au Bénin. Comme Christophe Tonon,  nombre d’éditeurs expliquent en partie cette situation par le coût des intrants qui a grimpé ces dernières années. « Pour calculer le coût de revient, il faut déjà calculer le coût des matières premières. Le prix de la rame de papier a connu une progression depuis un an, ce qui a fragilisé tout le monde dans le secteur », se plaint Romain Codjo, directeur des éditions Racine d’Afrique, par ailleurs secrétaire à l’information de l’Association professionnels des éditeurs de livre du Bénin (APEL-Bénin).  Un ouvrage d’une cinquantaine de feuilles peut coûter jusqu’à 5.000 fcfa. Sur place au niveau de cet événement national, on a vu un livre de moins de 100 pages édité au Bénin coûter jusqu’à 8.000 FCFA. Mais pour certains, les livres ne sont pas aussi chers qu’on le pense. Fabroni Bill Yoclounon, journaliste-écrivain estime par exemple que le prix proposé aux lecteurs ne repose pas seulement sur le coût des intrants. « Si par exemple un livre est fixé à 5000F, dans les 5000 l’auteur doit avoir un pourcentage, l’imprimeur, le papier qu’on a acheté, l’encre qu’on a dépensée, le courant qu’on a utilisé, tous ces maillons entrent en ligne de compte pour pouvoir fixer un prix », dit-il.

Une culture du livre à construire

 « C’est parce que nous n’avons pas la culture de la lecture que nous trouvons que les livres coûtent cher », affirme pour sa part Teddy Gandigbé, journaliste culturel. Le livre au Bénin coûte même moins cher qu’ailleurs, avance-t-il, citant le cas d’un roman d’Olympe Bhêly-Quenum intituléC’était à Tigony, vendu à 22 euros (environ 14.737f), non compris les frais de livraison.  Ce roman a été publié chez Présence Africaine à Paris. « L’industrie vient de s’éclore. Les gens ne peuvent que faire avec ce qu’ils ont », conclut-il. Pour avoir des prix plus abordables, certains promoteurs se voient obligés de se tourner vers l’extérieur pour imprimer leurs livres. Mais c’est sans compter avec les frais de transport qui sont non négligeables. « Les frais de transport coûtent extrêmement cher dans la commercialisation du livre », souligne Esckil Agbo directeur des éditions BeninLivres. En réalité, lorsque les œuvres imprimées doivent passer par le port ou l’aéroport, l’éditeur doit payer plus cher, « parce qu’au-delà du coût d’impression hors du pays qui peut paraitre moins cher, il faut ajouter les frais de transport et les frais liés au port ou à l’aéroport. Et c’est tout cela qui entre dans la fixation du prix de vente du livre ». Le problème, c’est que la plupart des livres imprimés sur place au Bénin le sont à compte d’auteur. Pour cela, ils sont imprimés en petite quantité. « Et quand c’est de petites quantités, le livre devient plus cher », note le directeur de BeninLivres. Peu d’éditeurs s’engagent à éditer des ouvrages en utilisant leurs propres fonds. Et pour cause, dans un environnement où la culture du livre reste à construire, les risques d’échec et donc de faillite sont énormes.

L’intervention de l’Etat

Jusqu’ici, l’Etat n’a mis en place aucun mécanisme financier d’appui à l’édition des livres béninois. Actuellement au Sénégal, les éditeurs et les écrivains bénéficient de la mise en place du  Fonds d’aide à l’édition, doté de six cents millions de francs CFA. Cette structure, créée en 2004 et opérationnelle depuis 2009, travaille à apporter aux maisons d’édition le soutien qu’il faut, en vue d’accroître leur mutation en de véritables industries culturelles pourvoyeuses d’emplois et de richesses, pour influer considérablement sur le produit national brut. En dehors de cet impératif économique dans un secteur hautement pourvoyeur d’emplois, les maisons d’édition ont une mission éducative et culturelle. Tous les pays qui avancent ont d’abord travaillé à faire reculer l’ignorance au sein de leurs populations. L’ignorance est la mère de tous les retards des pays les moins développés. Et c’est d’ailleurs pour cela qu’en 1972, le premier président de Côte-d’Ivoire Félix Houphouët-Boigny s’était allié avec les présidents sénégalais Léopold Sédar Senghor et le togolais Gnassingbé Eyadéma, pour fonder les NEA, les Nouvelles Editions Africaines.  Cette initiative sous-régionale n’a pas survécu à la crise économique des années 80, mais a créé une véritable impulsion dans les trois pays en faveur du livre. « Pour rendre accessibles aux Béninois les œuvres publiées au Bénin, il faut tout simplement créer un fonds d’appui à l’édition du livre », suggère Esckil Agbo. Il s’agirait d’un fonds d’appui à la production et à la multiplication des livres, dans un contexte où le citoyen ordinaire, qu’il soit élève, étudiant, producteur agricole ou artisan, a plus que jamais besoin de faire reculer les frontières de l’ignorance.

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