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Le triomphe de la vérité

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Académie nationale des sciences, arts et lettres du Bénin (ANSALB): Voici le programme structurant de sa grande conférence sur le ”développement”


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ANSALB

QU’EST-CE QUE LE DEVELOPPEMENT ?
RESUME
La notion de développement est probablement celle qui recouvre le plus de sens. Il est utilisé abondamment, par les acteurs politiques de tous bords, qu’ils soient locaux, nationaux ou encore internationaux. Il est également utilisé par les scientifiques et les divers acteurs de la société civile qui se considères comme des agents du développement. Les partenaires au développement, qu’ils soient étatiques ou non, s’en servent aussi, non seulement pour s’auto-désigner mais également pour qualifier la nature de leur travail.
Ce mot est aujourd’hui celui qui reçoit toutes les contradictions de la société. La Chine est un pays en voie de développement mais que la France est un pays développé, que le Brésil est en voie de développement mais que la Grande Bretagne l’est déjà, que la Russie est en voie de développement mais que les Etats-Unis sont un pays développé, que l’Inde n’est pas développé mais que l’Espagne et le Portugal sont des pays développés, et que l’Afrique du Sud est toujours en voie de développement tandis que le Danemark l’est déjà.
Pour le commun des Béninois, qu’est-ce que le développement ? Cet horizon derrière laquelle l’Afrique et ses élites, politiques, intellectuelles courent.Pour permettre au grand public de mieux percevoir le sens de ce thème, l’Académie nationale des Sciences Lettres et Arts du Bénin, fidèle à sa tradition de rendre accessibles à tous, les grands sujets de préoccupation des citoyens, a entrepris d’organiser, dans le cadre de son programme structurant « Grandes conférences », une table ronde sur le thème « Qu’est-ce que le Développement ? ».
Programme structurant Grandes Conférences de l’ANSALB

Grande conférence de l’ANSALB II

Thème : Qu’est-ce que le développement ?

La notion de développement est probablement la notion la plus polysémique qui soit. On le retrouve dans tous les domaines de l’activité humaine : il est utilisé entre autres pour décrire invariablement et de façon non exhaustive, le fœtus, la personne humaine et ses activités, qu’elles soient scientifiques ou non, les sociétés, les Etats, etc. Suzanne Tremblay ne dit pas autre chose quand elle écrit (1999), que le « concept de développement est polysémique et évoque plusieurs dimensions à la fois théoriques, culturelles et même idéologiques ». 

Il est utilisé abondamment, et sans limite, par les acteurs politiques de tous bords, qu’ils soient locaux, nationaux ou encore internationaux. Il est également utilisé par les scientifiques et les divers acteurs de la société civile considérés comme les acteurs du développement.

Les partenaires au développement, qu’ils soient étatiques ou non, s’en servent aussi, non seulement pour s’auto-désigner mais également pour qualifier la nature de leur travail.

Les citoyens lambda enfin l’utilisent pour exprimer leur rêve pour leur pays, leurs sociétés.

Mais le moins que l’on puisse dire, c’est que la définition du mot développement n’est pas aisée et surtout, elle n’est pas univoque ; elle est même multidimensionnelle et renvoie à l’idée d’une amélioration qualitative continue des conditions de vie des individus et des sociétés. Selon Rist (1996), le développement relève de la croyance, tandis qu’il relèverait, selon (Latouche, 1990), de l’idéologie ou encore de la théorie économique. Le développement peut être compris comme un processus de transformation sociale, économique, politique, culturelle, environnementale et institutionnelle, qui vise à réduire la pauvreté, à améliorer le bien-être des populations. Il est aussi souvent associé à la notion de durabilité, qui renvoie à la capacité des sociétés à satisfaire leurs besoins actuels sans compromettre la capacité des générations futures à satisfaire les leurs. La durabilité est donc un enjeu central du développement, qui implique de prendre en compte les dimensions économiques, sociales, environnementales et institutionnelles à la fois à court et à long termes. Les Nations unies ont par exemple défini 17 Objectifs de Développement durable (ODD) à atteindre d’ici 2030 (Nations unies, 2015).

Même si la doctrine s’est essayée à la cerner, la notion de développement reste malheureusement encore trop plurielle pour ne pas dire trop dispersée. En effet, ce mot semble être aujourd’hui le réceptacle de toutes les contradictions de la société internationale ainsi que de toutes sociétés internes. Toutefois, sans forcément s’entendre sur une définition consensuelle du mot, il est généralement admis aujourd’hui que la France est un pays développé mais que la Chine ne l’est pas, que la Grande Bretagne est un pays développé mais que le Brésil ne l’est pas, que les Etats-Unis sont un pays développé mais que la Russie ne l’est pas, que l’Espagne et le Portugal sont des pays développés mais que l’Inde ne l’est pas, et que le Danemark est un pays développé mais que l’Afrique du Sud ne l’est pas. La Chine, le Brésil, la Russie, l’Inde et l’Afrique du Sud seraient selon l’expression consacrée des pays émergeants, étape indispensable et préalable à celle du développement.

De même être un pays développé semble désigner un état auquel on accède, un état au-delà duquel il n’y a plus rien, comme si une fois développé, on croise les bras et on jouit du statut de pays développé. Or, il est désormais acquis qu’un pays ne saurait se développer une fois pour toutes et qu’au contraire le développement est un processus continu et permanent, voire éternel, de sorte qu’il ne saurait y avoir de pays développés mais au mieux de pays en perpétuel développement et au pire de pays en développement.

Par ailleurs, les réflexions sur le développement font accroire qu’il n’existerait qu’un seul modèle de développement, le modèle occidental et que la finalité ultime des débats sur le développement serait une harmonisation, voire une uniformisation du monde. Dès lors, ne seraient développés que les pays qui rempliraient les standards des pays occidentaux. C’est ce qui fait dire à de nombreux théoriciens du développement (Latouche, Vachon, Rist, Sachs, Polèse, etc.), que le développement actuel est dans l’impasse, tant à l’échelle mondiale qu’à l’échelle locale (Tremblay, 1999).

Dans le cadre spécifique de l’Afrique, la problématique du développement semble relever d’un discours quasi obsessionnel depuis la fin des années cinquante quand le Président Kwame N’Nkrumah affirmait qu’une « indépendance politique sans indépendance économique » n’était qu’un leurre. Dès le lendemain des indépendances des Etats africains et ce, jusqu’à nos jours, le développement a été le principal sujet de prédilection de tous les responsables politiques, des intellectuels et autres acteurs sociaux et culturels. .

Du développementalisme à la démocratisation en passant par le dépendantisme, l’interdépendantisme, le plan d’action de Lagos, le développement culturel, le développement social, le développement humain, le développement durable et le développement humain durable, sans oublier les prismes de l’afro-optimisme et de l’afro-pessimisme, l’Afrique et ses élites, politiques, intellectuelles, sociales et culturelles continuent de chercher la voie de développement la mieux adaptée à leurs pays.

C’est qu’en effet, les défis et les enjeux auxquels sont confrontés les pays africains en matière de développement et qui sont présentés en termes statistiques par différents organismes internationaux incitent plus à l’afro-pessimisme. L’Afrique compte environ 1,3 milliard d’habitants, dont plus de la moitié ont moins de 25 ans (Union Africaine, 2021). L’Afrique subsaharienne est la région la plus touchée par l’insécurité alimentaire, avec près de 239 millions de personnes souffrant de sous-alimentation chronique en 2020 (FAO, 2020). Elle est également la région la plus touchée par la pauvreté énergétique, avec près de 600 millions de personnes n’ayant pas accès à l’électricité en 2020 (Agence internationale de l’énergie atomique, 2021). Selon le rapport sur l’indice de développement humain (IDH) pour l’Afrique subsaharienne publié en 2021 par le PNUD, cette région de l’Afrique est la moins développée du monde (PNUD, 2021). Selon les données de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), en 2021, les pays africains ont les taux de mortalité infantile les plus élevés au monde, avec une moyenne de 49,7 décès pour 1000 naissances vivantes.

Ainsi, les statistiques révèlent des tendances contrastées pendant que l’espérance de vie à la naissance à augmenter de 11,4 ans entre 1990 et 2019, passant de 50,6 à 62 ans. Selon le rapport Africa’s Development Dynamics 2021 publié par l’OCDE, l’Afrique a connu une croissance rapide de sa population active, qui devrait atteindre 610 millions de personnes en 2030 (OCDE, 2021) alors que les dépenses de consommation en Afrique devraient atteindre 2,1 milliards de dollars d’ici 2025, due à la croissance de la classe moyenne et de la population urbaine (McKinsey Global Institute, 2016).

Depuis le début des années 1990, la démocratie est pensée comme étant la voie royale et pour beaucoup, l’unique voie qui peut conduire les pays africains au développement. Un lien systémique est ainsi établi entre la démocratie et le développement qui explique les nombreuses revendications démocratiques qu’on a connues aussi bien en Afrique noire qu’au Maghreb et ailleurs. Mais plus de trente ans plus tard, la déception est palpable, le développement promis n’est pas ressenti comme tel par la population, ce qui se traduit par ce qu’il convient d’appeler le « dépit démocratique » et qu’illustrent les liesses et les soutiens populaires qui s’observent à l’occasion des coups d’Etat.

L’Académie nationale des Sciences Lettres et Arts du Bénin, fidèle à sa tradition de rendre accessibles au grand public, les grands sujets de préoccupation des citoyens, a entrepris d’organiser, dans le cadre de son programme structurant « Grandes conférences », une table ronde sur le thème « Qu’est-ce que le Développement ? ». Cette table ronde sera consacrée à la notion de développement appliquée aux Nations.

Les communications s’articuleront autour des sous-thèmes ci-dessous.

Sous-thème N°1 : De l’origine du concept de développement et essai de définition

(Prof. Barthélémy BIAO)

Selon le profil de l’intervenant, la réflexion partira de l’origine du concept de développement et une définition accessible au grand public pour faire le point sur les théories du développement ainsi que sur les différents modèles de développement possibles.

Sous-thème N°2 : le concept du développement durable

(Prof. Académicien Michel BOKO)

Ce thème nous donnera l’occasion de réfléchir sur ce qu’il convient d’appeler, depuis quelques décennies, la grande mode du développement. Il a définitivement fait asseoir l’influence des scientifiques et experts sur, d’une part, la définition des politiques publiques et, d’autres part, les acteurs politiques et les processus décisionnels. Il rappelle fort à propos la nécessité d’une démarche globale du développement mondial de même qu’il prend un pari intangible et risqué sur l’avenir du monde, autrement dit sur les générations futures. 

Sous-thème N°3 : savoir endogène, développement endogène : Une voie possible de développement pour l’Afrique ? 

(Prof. Roch Mongbo)

Il s’agira de faire ici aussi le bilan sur les débats actuels sur l’endogénéité du développement et surtout de répondre à la question de savoir si elles sont dans l’impasse ou si elles offrent une réelle opportunité. Ce bilan offrira l’occasion de construire un contre argumentaire dans une perspective positive.

Sous-thème N°4 : le développement en lien avec sécurité alimentaire/nutritionnelle et sanitaire

(Prof. Victoire Agueh)

Ce thème traitera de la Sécurité sanitaire et nutri comme Conditions nécessaire au développement mais non suffisante en lien avec les ODD.

Références :

Suzanne Tremblay (1999). Du concept de développement au concept de l’après-développement : trajectoire et repères théoriques, 1999. Université du Québec à Chicoutimi.

RIST, Gilbert, 2é éd., (2001). Le développement : histoire d’une croyance occidentale. Paris, Presse de la Fondation nationale des sciences politiques, 442 p.

Kabou, Axelle (1991). Et si l’Afrique refusait le développement ? Paris, L’Harmattan, 207p.

Latouche, Serge (1995). « Autre économie ou autre société », in S. Latouche (Sous la direction de), L’économie dévoilée. Du budget familial aux contraintes planétaires. Paris. Les éditions Autrement, Coll. Mutations, N°159 p. 190-195.

Latouche, Serge (1986). Faut-il refuser le développement ? Paris, PUF.

Samir Amin (1989). La faillite du développement. Paris, L’Harmattan, 384p.

Stiglitz E. Joseph (2002). La grande désillusion. Paris, Fayard, 325p.

Union africaine (2021). Rapport sur la mise en œuvre de l’Agenda 2063.

FAO (2020). Le rapport sur l’état de la sécurité alimentaire et de la nutrition dans le monde.

PNUD (2021). Rapport sur le développement humain 2020.

Agence internationale de l’énergie (2021). Africa Energy Outlook 2021.

OCDE (2021). Africa’s Development Dynamics 2021: Digital Transformation for Quality Jobs. Paris: OCDE Publishing.

McKinsey Global Institute. (2016). Lions on the move II: Realizing the potential of Africa’s economies. McKinsey & Company.

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