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Le triomphe de la vérité

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Edito : La passe de Macky


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Au fur et à mesure que la situation s’envenime  au Sénégal, je n’ai pu m’empêcher de me souvenir de cette boutade de Jacques Chirac qui disait : « La démocratie est un luxe pour l’Afrique ». Après la condamnation du leader d’opposition Ousmane Sonko à deux ans de prison ferme, les affrontements ont déjà fait au moins 15 morts depuis vendredi. Des morts qui viennent s’ajouter à tous les autres qui endeuillent le Sénégal depuis le déclenchement de la guéguerre Sonko-Macky.

Et puis quoi ? Ce n’est pas la première fois qu’un leader politique heurte frontalement le pouvoir en place à Dakar. On a déjà vu, pratiquement pour les mêmes raisons, comment le même Macky sall a affronté et vaincu le clan Wade. Sur front de lutte contre le troisième mandat, l’actuel locataire du palais présidentiel de Dakar avait mis fin aux velléités de Guorgui qui voulait profiter des ambiguïtés de la constitution pour se taper un troisième mandat. Onze ans plus tard, les mêmes velléités reprennent avec des acteurs qui ont juste changé.  Les vidéos et autres captures d’écran qui rappellent au clan Macky ses déclarations d’hier contre justement le troisième mandat, ne l’ébranlent guère. Au contraire, elles renforcent sa détermination à foncer…dans le mur.

Nous sommes en face d’un aveuglement typique des fins de règne en Afrique. Le navire présidentiel, ivre de ses nombreuses turpitudes du passé, refuse obstinément d’accoster, malgré tous les signaux de détresse. « S’il faut sombrer, sombrons alors ! » C’est le cri suicidaire de ces hommes qui finissent par croire en un destin d’éternité. Vous avez peut-être vu Alpha Condé. Il continue de croire qu’on lui a indument arraché le pouvoir, malgré sa lubie ubuesque du troisième mandat. L’ancien maitre de la Guinée Conakry avait fini par croire que la Guinée serait foutue sans lui. Il avait revêtu des habits de sauveur. Il fallait vraiment être devenu gaga comme sénile pour penser que tout un pays va disparaitre si l’on n’est plus aux affaires. C’est stupide, mais c’est parfaitement logique pour les empereurs autoproclamés qui dirigent nos Etats. Ce même Alpha Condé, avait pourtant lutté presque une vie entière contre son prédécesseur qui s’éternisait au pouvoir. Mais Alpha Condé avait oublié toutes ses propres luttes. Le pouvoir était trop juteux, trop sucré. Il en est devenu fou, transformant l’ancien leader adulé par la jeunesse éprise de démocratie, en un sombre personnage totalement déconnecté de la réalité.

C’est la  même déréalisation qui s’est emparée de Macky Sall. Il ne voit plus rien, n’entend plus rien et ne comprend que ce qui lui permet d’assouvir son dessein. Comme Alpha Condé et comme Alassane Ouattara, il est prêt à marcher sur autant de cadavres qu’il faut pour réussir. Il a vu comment son ami Ouattara s’en est tiré à bon compte, en torturant la constitution au gré de ses humeurs, pour lui faire dire ce qu’il n’a pas dit. A Dakar, on est allé chercher un constitutionnaliste français payé à coup de millions, pour faire les acrobaties  langagières nécessaires sur la constitution. Alléché par les billets promis, l’homme de science est allé dire à ses commanditaires exactement ce qu’ils étaient prêts à entendre : que le troisième mandat est autorisé par la constitution sénégalaise.  Bien sûr, quelques juristes sénégalais lessivés par la déliquescence morale, sont aussi allés chanter le chant de la trahison républicaine dans les oreilles du président. Et vous connaissez très bien les juristes de chez nous : en matière politique, ils ne comprennent que le langage des billets de banque. Tant qu’ils pleuvent, exit la conscience professionnelle.

Mais ce qui se passe à Dakar, Ziguinchor, Rufisque et d’autres villes sénégalaises va démentir les pronostics de ces hors-la-loi en col blanc. Les Sénégalais n’accepteront jamais un troisième mandat. Si Ouattara a réussi son coup en Côte-d’Ivoire, c’est parce qu’il n’y avait pas un leader d’opposition capable de mobiliser la jeunesse ivoirienne pour contrer la forfaiture. Mais ici, Ousmane Sonko est devenu le symbole de cette lutte sans merci. Il porte en lui l’espoir de tout le peuple.

Oui, la démocratie est un luxe pour les peuples qui ont faim. Mais laisser les Etats aux mains des fossoyeurs vêtus en habits de sauveurs, est un mal pire que la faim elle-même.

Par Olivier ALOCHEME

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