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Le triomphe de la vérité

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Edito: Une passion humaine


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Je suis admiratif de ce Yayi chantant et jouant, éperdument heureux. Ce week-end a été marqué par sa prestation gospel qui tranche avec sa fougue politique. Bien sûr, c’est une prestation artistique très modeste, mais il y a une force émotionnelle qui se dégage de cette volonté de bien faire, de s’appliquer, d’explorer l’inconnu. J’aime cette capacité à dompter la peur, cette volonté de sortir de sa zone de confort pour arpenter des sentiers nouveaux. C’est ce que j’appelle un homme : quelqu’un qui apprend tous les jours, même malgré l’âge.

Je ne vois pas d’abord derrière cet exercice, une œuvre religieuse. J’y vois plutôt un acte profondément humain, une ode à la vie qui est et sera toujours une quête. Voilà un homme bientôt septuagénaire et qui apprend à jouer d’un instrument. Qui s’y applique avec la naïveté et l’émerveillement de l’enfant, mais alors d’une application presque religieuse. Ce que j’appelle application, c’est cette concentration passionnée sur la guitare mais aussi sur le chant. Sa voix n’a pas la finesse d’un Papa  Wemba  et sa prestation de guitariste est bien loin de celle d’un Jean Baron du mythique Lokhéto. Mais on aime ça, cette projection humaine, cette exposition de la fragilité humaine qui est vie. J’ai écouté et écouté encore l’ancien président, le Yinwè de ces années de braise, chanter avec foi, en livrant avec humilité la modestie de son être. On imagine les jours et les jours de travail, on imagine l’orchestration patiente de tout le dispositif         jusqu’à la pose de voix. Au-delà de 60 ans, cette patience a quelque chose de surréel, c’est-à-dire de vrai au sens populaire du terme.

On le sait, apprendre et continuer à apprendre sont des remèdes anti-âge. Pour vieillir vite et mourir tôt, il faut cesser d’apprendre, cesser de se donner de nouveaux défis. Les nouveaux challenges mobilisent de nouvelles énergies. Ils gardent allumée la flamme de la vie. Les médecins conseillent cette soif de vie aux séniors, surtout pour lutter contre certaines maladies de la sénilité. Et parmi ces maladies de la vieillesse, la plus redoutable reste, selon moi, la maladie d’Alzheimer qui annihile progressivement les capacités cognitives de l’individu. S’efforcer d’apprendre de nouvelles choses retarde l’avènement du grand soir de la vie. 

Et puis regardez autour de l’ancien président de la République : ce sont des jeunes. Imaginez ce qu’il a fallu d’humilité à l’ancien Président pour apprendre d’eux, respecter leur discipline et se fondre dans leur groupe, sans se rabaisser. Oui, sans se rabaisser ! Voilà l’autre remède à la léthargie du troisième âge. Il est vrai qu’à partir des 50 ans, il est très difficile de se faire de nouveaux vrais amis. Mais ceux qui s’entourent de jeunes ne vieillissent jamais. Et quand je parle de jeunes, je parle de ceux qui ont l’esprit toujours tourné vers l’avenir et non vers le passé, ceux qui ont l’énergie nécessaire pour tenter de nouvelles choses, ceux qui acceptent faire des erreurs et précisément apprendre de ces erreurs. C’est ce que j’appelle avoir l’esprit jeune. Et cet esprit, je le trouve chez beaucoup de séniors qui veulent constamment du neuf et qui, pour cela, s’entourent de jeunes. Car, apprendre à cet âge nécessite d’avoir un mentor, s’inscrire dans un groupe de gens qui savent et qui sont prêts à partager leurs savoirs.

 Un exemple (qui me fait toujours sourire autant qu’il me fait réfléchir) c’est celui de Koffi Olomidé. Depuis près de 40 ans que je le connais, cet artiste est toujours d’un style vestimentaire extravagant et iconoclaste, comme s’il cherchait toujours quelque chose de nouveau pour épater son public. Et il suffit de regarder autour de lui pour voir que malgré son âge (presque 70 ans), le grand Mopao est toujours habillé en jeune, toujours entouré de jeunes. Et sa musique est subséquemment chantée et dansée par toutes les générations. Ce n’est pas de la vulgarité, c’est de la classe, le degré supérieur de l’intelligence.

Je ne connais que trop les arrière-pensées politiques de la prestation de Yayi. Mais au fond, il y a ces dimensions humaines qui transcendent nos pauvres calculs politiciens. Car, la vie continue et doit continuer, même si l’âge avance.

Par Olivier ALLOCHEME

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