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Le triomphe de la vérité

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Drame de Dassa : Des témoignages poignants sur les victimes


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Nous avons réuni pour vous des témoignages qui en disent long sur le drame de dimanche. Ce sont des collègues, des amis ou même de simples curieux qui témoignent sur les victimes de ce dimanche noir.

Professeur Jude Eggoh

En mémoire de Akim KORA GUERA, mon doctorant.

En ce moment, j’aurais préféré commenter l’un de tes chapitres de thèse ou tes articles de recherche. Mais le sort en a décidé autrement. C’est avec beaucoup de peine et de chagrin, que j’écris ces quelques mots pour te rendre un dernier hommage. Je t’ai reçu, il y a plus de 4 ans quand tu étais revenu de Clermont-Ferrand après ton master en gestion de politique économique. Tu avais beaucoup d’ambition et étais animé par une réelle volonté de progresser dans la connaissance. Je t’ai recommandé pour que tu fasses le master recherche NPTCI. J’ai ensuite encadré ton mémoire de master recherche. J’encadre actuellement ta thèse de doctorat sur les seuils d’inflation dans les pays en développement. Cette thèse progresse normalement avec une avance sur le calendrier de travail, puisque tu es un véritable travailleur. Il y a 6 jours seulement, tu m’as encore soumis une lettre de recommandation pour un programme de mobilité de jeunes doctorants en sciences économiques. Tu avais beaucoup de projets. Tu ne cesses de me poser des questions sur tes travaux. Tu t’investis énormément dans la rédaction de ta thèse de doctorat. J’avais l’ambition de faire de toi un macroéconomiste accompli, puisque tu travailles sur une thématique qui se situe dans mon champ disciplinaire ! Mais hélas ! vraiment hélas. Tout ça s’est arrêté quand j’ai lu ce funeste message sur le forum du CODIR de la Direction Générale de l’Economie (DGE). Je n’ai pas pu retenir mes larmes tant le choc a été violent et imprévisible. Je reste sous le choc. Ce rendez-vous n’était pas le tien ! Je suis très attristé ! Je m’incline ici devant la mémoire de tous ceux qui ont perdu la vie dans cet accident macabre. Je perds dans cette tragédie de Dassa-Zoumé, non seulement un doctorant, un disciple, mais également un collègue. Tu es Chef de service à la Direction Générale de l’Economie, où je suis Conseiller.

Les mots me manquent. En ce moment, j’ai une pensée pour tes enfants, ta femme et tes parents, dont tu représentes l’espoir. Effectivement, tu portais beaucoup d’espoir. Que le Seigneur leur donne la force et le courage de supporter ton départ. Tu es très tôt parti ! Pour nous les hommes, ta mission n’est pas terminée. Mais pour le Maître des Horloges, c’est la fin ! C’est lui qui décide et nous ne pouvons rien. A nous de porter tes valeurs et tes ambitions. A nous de continuer le travail que tu as commencé et que tu n’as pas terminé. C’est difficile, c’est pénible, c’est triste, c’est atroce, c’est douloureux mais malheureusement, le sort en a décidé ainsi.

Pour ma part, je garde de toi, le souvenir d’un doctorant travailleur, qui ne compte pas les heures de travail et qui ne fléchit pas devant les difficultés.

Je garde de toi le souvenir d’un doctorant animé d’une réelle soif de connaissance, curieux, et qui a une passion pour la modélisation économétrique.

Je garde de toi le souvenir d’un chercheur rigoureux. J’ai pu apprécier cette rigueur à travers les différents travaux que je t’ai fait évaluer.

Je garde de toi le souvenir de quelqu’un de serviable, disponible pour les autres et qui a la force de ses convictions.

Oui, je ne retiens de toi que de bons souvenirs ! malheureusement cela ne peut être aujourd’hui que des souvenirs. Ces souvenirs présents dans nos esprits sont plus forts que la mort. La mort t’a arraché à notre affection, mais elle ne parviendra pas à t’effacer de notre mémoire. Comme le disait Jean d’Ormesson en 1974, lors de son élection à l’Académie française : « Il y a quelque chose de plus fort que la mort : c’est la présence des absents dans la mémoire des vivants et la transmission, à ceux qui ne sont pas encore, du nom, de la gloire, de la puissance et de l’allégresse de ceux qui ne sont plus, mais qui vivent à jamais dans l’esprit et dans le cœur de ceux qui se souviennent ».

Va Akim, que la terre te soit légère et que ton âme repose en paix.

Professeur Jude Eggoh.

Kimber McDonald

Le petit Adam

Par rapport au drame survenu hier, ce qui m’a rendu mal et qui m’a fait pleurer toute la nuit est l’histoire du petit de 6ans qui était dans le bus avec sa tante qui l’amenait voir sa maman qui a quitté la France samedi soir après plusieurs mois de séparation elle venait chercher son fils unique en plus. Seigneur, épargne nous des douleurs comme ça toi seul sais pourquoi. Tout est grâce. Console la maman de ce petit garçon et toutes les autres familles des victimes.

Je n’ai jamais pleuré pour un inconnu comme ça. Je suis complètement malade. J’irai visiter la maman du petit tout à l’heure inchAllah….  

Ça fait 24h que  je n’ai pas fermé les yeux. Je vous épargne des détails quand on a été voir la mère. Ça a été très difficile pour nous de demander la route. La mère du petit très jeune à peine 25ans est rentrée de la France samedi soir et a demandé à sa petite sœur d’amener son fils qu’elle devrait croiser hier à Cotonou après plusieurs mois de séparation. Svp priez pour cette jeune dame. Nous serons encore avec elle demain inchAllah. Je promets être toujours là pour elle. Elle est maintenant ma fille, ma jeune Sœur.

Mes sincères condoléances aux autres familles éplorées du drame

Julien Kandé Kansou

Pacôme Elet

Pacôme Elet, le héros de l’accident de Dassa-Zounmé

Quand le feu sifflait et les fers si ardents

Tu y es retourné chercher ton enfant

Tu es réparti pour ta moitié

Et pour l’amour à autrui, tu t’es grillé

L’être brave, être héros

Dans les temps impies

L’on reconnaît les cœurs beaux

Tu nous as enseignés, long voyageur

Que quand le danger vient

On ouvre grandement son cœur

Au fond, on y trouve ses enfants

Ceux qui prennent soin de vous dans les brumeux temps

Ensuite, la moitié, l’enfant d’autrui

Qui s’est sacrifié, qui dans la nuit vous sourit

Quand on finit par défendre sa famille

On va au chevet des autres

Et tu l’as fait dans la flamme, flamme de soleil

Tu as cherché à sortir de l’enfer

Je veux te dire que tu es un héros

Tu n’as pas pris tes pieds au coup, frère

Tu as laissé ta vie en sauvant d’autres

C’est ce que le Christ a peut-être fait

Et dans le royaume des morts, sans faix

Dieu lui-même va venir à l’entrée du paradis

Te chercher avec lui sur le rouge tapis

Tu as enseigné l’amour, tu es un homme

Julien Kandé Kansou, le 31 janvier 2023, 14h18

Aziz KOTO CHABI

 Mon petit Nago parti dans les flammes!!!

Je fais ce petit message d’adieu (qui n’est pas une oraison funèbre) illustré par ta dernière photo publiée sur Facebook. Une de tes rares photos que je n’ai pas commenté ou que je n’ai pas voulu commenter exprès. Tout simplement parce que je négociais un cessez-le-feu avec mon petit Nago sur Facebook. Car même un petit bonjour, publié sur Facebook, était décortiqué et attaqué par mon ami Ousmane Affo. Confidence pour confidence, tu es en partie la cause du fait que je ne publie plus ces derniers temps mes photos sur Facebook (en dehors du facteur temps). Beaucoup ne comprenait pas et désapprouvait que deux responsables publics puissent venir s’attaquer et s’insulter sur la toile devant des milliers d’internautes. Il faut être un initié pour comprendre la plaisanterie à parenté qui lie les peuples Baatonu et Nago (shabè, ifè, idassha, isha qui sont des sous groupes du grand groupe linguistique YORUBA). Un lien multi séculaires que nous fils de cette aire culturelle nous essayons de perpétuer dans nos différentes causeries. Il arrive qu’on se lance des mots durs, mais le cultuel et le culturel prenait toujours le dessus au grand étonnement de nos frères et amis de la partie méridionale du pays et de l’étranger et à qui j’ai dû expliquer plusieurs fois inbox ce que cela représentait pour nous Bariba et Nago.

Une amitié longue de plus d’une vingtaine d’années et qui n’a pas pris une seule ride malgré nos incompréhensions, nos accrochages passagers (surtout sur les débats politiques) et nos rigueurs respectives sur le plan professionnel comme ce jour en 2008 où tu as fait garder à vue à la gendarmerie de Bembèrèkè (où tu étais RDR) un oncle à moi pour manquement à l’autorité et diffamation. Tu es resté de marbre malgré mes supplications et mes menaces. Tu finiras par le faire libérer avant la fin du délai de garde-à-vue alors qu’il devait être déféré devant le Procureur à Parakou. Une annonce que tu m’as faite en rigolant au téléphone alors que j’étais très remonté contre cet ami qui a osé coffrer mon oncle, un sacrilège encore dans certains milieux Baatonu (le bariba continue de considérer la prison comme une honte pour sa communauté) et surtout venant d’un petit Nago.

On a continué à garder cette flamme de l’amitié et de la fraternité d’abord en politique à la faveur de la candidature de l’Alliance Soleil aux législatives de 2015 (je n’oublierai pas la risée dont nous tes amis on t’a couvert pour ton piètre score parce que tu as été candidat dans la 8ème  pour le compte de Tchaourou où tu n’étais pas très connu), à la faveur de la candidature de mon oncle le Général GBIAN Robert à la présidentielle de 2016 et ensuite dans un petit cercle restreint créé sur WhatsApp comprenant sept (07) membres ( 3 ingénieurs agronomes, 2 journalistes, un entrepreneur BTP et un opérateur économique). Nous discutons au quotidien des questions politiques, économiques et des faits de société. Le dimanche 29 janvier 2023, le jour de ce fameux accident est d’ailleurs l’un des rares jours où on n’a pas échangé. Tous les sujets étaient discutés sans tabous et sans langue de bois. Et notre exercice favori, toi et moi, est de tendre les nerfs aux 5 autres membres du groupe parfois par conviction, mais très souvent par plaisir. On était de la gauche radicale, toujours à l’antipode des autres. Mais il arrivait qu’on se rentre également dedans (toi et moi) à la grande joie des cinq autres.

Sur le plan professionnel, c’est un visionnaire et il est souvent difficile de lui faire changer d’avis lorsqu’il croit en un idéal ou adhère à une réforme (de la même façon, quand il n’approuve pas, il reste campé sur sa position). L’homme aime se faire respecter dans le cadre de son travail et de ses fonctions quel que soit son vis-à-vis. C’est d’ailleurs souvent la source de ses déboires administratifs.

Toi et moi, on avait également un même sport favori que je me garde de dire ici pour respecter ta mémoire.

Comme le dirait Aboubakari Aboudou, un autre ami en commun, ce faux type de AFFO s’en est allé sans nous dire au revoir.

Repose en paix mon petit esclave.

Je ne pleurai pas, même si je ne peux empêcher les larmes de couler sur mon visage depuis que tu n’as pas été retrouvé dans les hôpitaux parmi les rescapés de l’accident du car de Baobab Express à Dassa-Zoumé.

Ton ROI Baatonu, Aziz KOTO CHABI (KOCAZI pour les initiés)

Richard G. Odjrado

 « Elle était la seule à me soutenir »

Ce matin, en allant au bureau j’ai marqué un arrêt au carrefour Montaigne pour faire le plein d’essence dans mon véhicule quand la pompiste s’est mise à crier : Mais pourquoi pleure-t-elle ? Mais elle pleure, elle pleure.

Ayant entendu cela, je me suis tout de suite demandé pourquoi une personne devrait être en train de pleurer un si beau matin. C’est ainsi qu’elle m’a indexé une jeune fille en larmes. Systématiquement, je suis allé vers elle. Elle était inconsolable. Elle allait très mal.

A l’heure où je vous en parle, je suis encore sous le choc de l’événement, vous allez comprendre les raisons. Quand je me suis approché d’elle, j’ai remarqué qu’elle écoutait une chanson qui évoquait la mort d’un être cher. Je me suis ainsi intéressé à sa situation et lui ai demandé ce qu’elle avait et pourquoi elle pleurait autant.

Elle m’a confié qu’elle pleurait la disparition de sa mère Akpo Christelle qui était son seul et unique parent qui lui restait. Elle criait : ma mère, ma mère, elle est morte calcinée, alors que c’est l’unique parent que j’avais. Elle revenait justement de Parakou après l’enterrement de mon Père. Réf (Accident Dassa).

Elle revenait justement auprès de moi pour m’aider à solder les frais, afin que je décroche mon diplôme en cuisine. Que vais-je devenir ? Que vais-je faire, parce que c’est la seule personne qui était prête à se sacrifier pour moi et me voir réussir. Où vais-je finir ? Dois-je aussi mourir ?

Alors je lui ai dit ceci : Ecoutez-moi mademoiselle, vous n’allez pas mourir. Vous allez rester parmi nous et rendre honneur à votre mère en ayant votre diplôme et en ayant une belle carrière en cuisine, en brillant et en ayant des enfants après. Comme ça, depuis là-haut, elle sera fière de vous, ainsi que votre défunt père également.

Je lui ai ainsi donné mon numéro pour qu’elle m’appelle et passe me voir au bureau après. Pas la peine que je me prononce sur la façon dont je compte contribuer à l’obtention de son diplôme. Je ne dirai pas non plus les actions que je compter mener à son endroit pour son épanouissement personnel et professionnel.

Je viens par ce canal vous demander de l’aider, de lui apporter un coup de main du mieux que vous pouvez. C’est ça l’esprit de solidarité. Nous devons nous consoler. Les plus forts doivent aider les faibles. Les plus riches doivent accompagner les plus pauvres, pour qu’ensemble nous puissions bâtir un monde meilleur où chacun aura une chance.

Voici son numéro Mobile direct +229 59974734

Elle répond au nom de Pierrette KASSA.

Vous pouvez l’appeler et la rencontrer.

Je vous remercie pour l’attention et également pour vos diverses bienveillances et marques d’affection à son endroit. Toutes mes condoléances aux familles éplorées de ce drame et que les âmes des défunts reposent en paix.

Je ne sais pas si je fais bien. Mais ne rien faire NON !

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