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Le triomphe de la vérité

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Entretien avec le Président du Conseil National de cette Association, Kokou Fostin AGBETI: « Les études prospectives sont nécessaires dans tout système national de planification du développement »


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L’Evénement Précis : Quelle est la nature et les objectifs de l’Association ?

Fostin AGBETI : L’Association Béninoise des Spécialistes des Etudes Prospectives et du Développement, (ABESEPD), est une association régie par la loi de 1901. C’est une association à caractère  scientifique  qui réunit des spécialistes des Etudes Prospectives et  du Développement.  Et aujourd’hui, nous, membres, sommes au nombre d’une trentaine. Les objectifs de notre association sont au nombre de trois, notamment, promouvoir l’utilisation de la réflexion prospective dans le sens du développement, ensuite faire la promotion des spécialistes des Etudes et enfin  contribuer à une meilleure connaissance des systèmes et des organisations béninoises, africaines et extra-africaines. .

 Que pouvons-nous entendre par des études  prospectives ?

Les études prospectives ou la prospective est  cette science qui explore les futurs possibles de tout pays, de toute communauté,  de toute institution, de toute entreprise, bref de tout système. Elle aide les décideurs et les autres acteurs du système ou de l’organisation concernés à décider d’un futur désiré, à mettre en œuvre des actions conséquentes afin de conquérir les changements positifs souhaités. C’est la science de l’anticipation ou de la pro activité.

 

Qui sont  les bénéficiaires des études prospectives ?

A travers notre association, nous mettons la réflexion prospective au service du développement de la personne humaine, des entreprises, des collectivités locales, des institutions étatiques et non étatiques.

 

Lors de votre assemblée générale constitutive, vous avez développé une thématique. Quels sont les problèmes posés par le sujet ?

L’analyse du sujet ‘’les études prospectives au cœur du système national de planification du développement’’ a permis de répondre à  deux problématiques. La première est : le mal développement de notre pays est-il dû à une insuffisance de ressources disponibles ou de stratégies adéquates pour satisfaire les aspirations des citoyens ? La deuxième est : ‘’comment l’Etat du Bénin identifie-t-il, hiérarchise-t-il et satisfait-il les besoins des  populations en terme d’objectif de développement à atteindre à court, à moyen et à long terme ?

 

A cet effet, vous avez sans doute fait le décryptage ou échanges sur le sujet. Que retenir ?

Pour répondre à ces questionnements, nous, participants, avons échangé autour des enjeux de la planification du développement national et de la démarche prospective .Nous, participants, avons aussi analysé la culture de la démarche prospective et son appropriation par rapport à la planification du développement national en République du Bénin.

Quels liens  existent-t-ils entre développement national et planification et prospective ?

L’Assemblée générale  a établi des liens de complémentarité et d’indissociabilité entre développement national, planification et prospective. D’une part, le développement  national est une affaire d’Etat, comme le développement local est une affaire  des collectivités locales. Il est important de planifier le développement national. La planification du développement national ou celle du développement local relève de la responsabilité des gouvernants. D’autre part, l’Assemblée a noté que la démarche prospective est une nécessité pour une planification holistique du développement national à long terme.

Pouvez-vous  nous parler de la genèse des études prospectives pour le développement au Bénin ?

L’analyse du sujet a distingué trois étapes de la planification du développement national. Il ressort 40 ans de planification du développement national sans une démarche prospective. La culture prospective est intervenue entre 1998 et 2001. Toutefois, il reste énormément à faire pour consolider son appropriation par les acteurs politiques et autres acteurs.

 

On constante que le Bénin a traversé quarante ans de planification du développement national sans une démarche prospective. Avez-vous la même impression ?

La première de 1960 à 1972 avec deux plans nationaux de développement, des plans conçus sur le moyen terme, soit quatre ou cinq ans ; plans conçus avec l’appui rédactionnel de l’ancienne puissance colonisatrice. Les objectifs trop ambitieux par rapport aux échéances. Cette période est celle des instabilités politiques marquées par des coups d’Etat avec des changements fréquents de gouvernement. La deuxième étape de 1972 à 1990 avec deux documents de référence que sont le discours programme du 30 novembre 1972 et le discours d’orientation du 30 novembre 1974. Cette étape a connu trois plans que sont un plan intérimaire 1972-1974, un premier plan triennal d’Etat de 1977 à 1979 avec glissement jusqu’en 1982 et le plan national de développement de 1983 à 1987. On a noté une forte dépendance de ces plans vis-à-vis de l’extérieur, la non prise en compte de l’avenir et des facteurs extérieurs, soit 40 ans de planification du développement national sans une démarche prospective.

 

Que retenir alors de la planification du développement national au lendemain de la conférence nationale des forces vives ?

La troisième étape est celle des Programmes d’Ajustement Structurels (PAS) de 1990 à 2000, et à partir de 2001, des Etudes Nationales de Perspectives à Long Terme ou la vision Bénin 2025 Alafia. Au lendemain de la Conférence Nationale des forces vives, il y a la mise en veilleuse du système national de planification du développement. Face à l’échec des PAS, à la mal définition du développement assimilé à la croissance économique, ce qui est très loin d’être vrai, l’urgence d’avoir une vision stratégique claire pour le développement humain durable pour les pays africains, le PNUD s’est engagé à appuyer les pays africains dans un processus de développement sur le long terme. Résultat, le Bénin, notre pays est le seizième pays africain à réaliser les études nationales de perspectives à long terme, ayant abouti à la vision : « le Bénin est, en 2025, un pays phare, un pays bien gouverné, uni et de paix, à économie prospère et compétitive, de rayonnement culturel et de bien-être social ». Les acteurs, malheureusement n’ont pas encore réussi à faire suivre cette vision d’un plan national de développement. C’est dire que les PAG et les différents documents de Stratégies de Croissance pour la Réduction de la Pauvreté ont supplanté la mise en œuvre de cette vision Bénin 2025 Alafia. Il y a espoir, car avec le Gouvernement actuel, un plan national de développement permettra de lui donner plus de sens, pour des politiques publiques susceptibles de booster le développement national. Notre Association s’engage dans la facilitation de la veille stratégique.

Votre  mot de fin

Somme toute, le mal développement du Bénin est dû surtout à notre insuffisante organisation par rapport au développement national, à l’absence de stratégies et de politiques publiques adéquates, et par ricochet, à une faible appropriation de la culture de la démarche prospective et de culture de développement tant au niveau des acteurs politiques que des autres acteurs du développement national. Notre Association sollicite tous les Partenaires dont vous journalistes et communicateurs à nous appuyer dans notre engagement d’assurer et de faciliter la veille stratégique de la mise en œuvre de la vision Bénin 2025 Alafia.

 

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