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Le triomphe de la vérité

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Crise économique: Une étude annonce la fin des réexportations vers le Nigeria


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igue-john-okLe commerce de réexportation en direction du Nigeria ne risque pas de survivre encore longtemps. Telle est la conclusion que l’on pourrait tirer du récent rapport déposé en août dernier par une  mission dite  « d’évaluation de la compétitivité des produits sur le marché nigérian ». Elle a été conduite par un groupe d’experts dirigé par le professeur John IGUE, ancien ministre de l’Industrie des petites et moyennes entreprises, actuellement directeur du LARES. Elle a été formée  de Moudjaïdou SOUMANOU, ancien ministre du commerce, Robert AKINDE, ancien directeur du commerce extérieur, Assan SEIBOU, ancien député, du Dr. Euloge HOUNGBO, coordonnateur national du programme du Cadre Intégré Renforcé au Bénin et de Bienvenu KOKOU, expert en politique commerciale et promotion du secteur privé au Secrétariat National du Cadre Intégré au Bénin. L’étude commanditée par le ministère du commerce a révélé que le Bénin a enregistré ces derniers mois 20 milliards de FCFA  de pertes de recettes douanières sur le riz et les huiles végétales, et 30 milliards de FCFA   sur les véhicules d’occasions. Au premier semestre 2016, 76 000 voitures ont été réexportées vers le Nigéria, presque le quart des 285 000 réexportés en 2015 et près du 1/5 des 353 000 vendus en 2014. Ce sont des maillons essentiels du commerce de réexportation qui occupe au Bénin des milliers de foyers. A ce rythme, c’est le secteur des pièces détachées de véhicules et l’emploi de près de 5000 jeunes  intervenant sur les parcs de ventes de véhicules, qui est menacé. La perte de près de 45% de la valeur du naira face au F.CFA en avril  est à la base de ces bouleversements. Cette perte de valeur provient de la baisse tendancielle des prix du pétrole dont dépend 70 à 80% de l’économie de notre grand voisin.

La restructuration de l’économie nigériane

Depuis quelques années, les Nigérians avaient déjà décidé d’anticiper cette baisse des cours du brut, en investissant massivement dans l’agro-industrie et dans le montage automobile.  Avec comme  mot d’ordre « utiliser l’argent du pétrole pour se défaire du pétrole », la politique du gouvernement nigérian a consisté à faire  la promotion de l’agro business, valoriser le secteur cimentier et  développer le secteur automobile.  Le tout a été articulé sous forme de plan intitulé  « Nigerian Industrial Révolution Plan » qui projette de mettre le pays  dans le top 20 des économies mondiales d’ici quelques années. Pour ce faire, le milliardaire Dangote a mis en place la Dangote Tomatoes Processing Factories (DTPF) qui apparaît comme  la plus grande usine de transformation de tomate en Afrique de l’Ouest, dans l’Etat de Kano. Le même Dangote a créé la Dangote  Industries Limited qui, avec 16 autres investisseurs,   se spécialise dans la production et la transformation du riz et de l’huile de palme.  Pour cela, 110 000 hectares de terres ont été mis en valeur pour le riz et 280 000 hectares pour le palmier à huile. L’idée est de fournir 20 millions de tonnes de nourritures et créer 3,5 millions d’emplois d’ici 2020. « Ce programme de développement de la filière riz et des huiles alimentaires justifie la frilosité des autorités nigérianes face à la réexportation de ces deux produits à partir du Bénin », selon les experts. Pour ce qui est de l’automobile, Abuja a donné son quitus pour 22 demandes d’agréments en vue de  la production de pièces détachées et d’unités de montage d’automobiles neufs. Il s’agit de constructeurs comme Nissan, Toyota, Hundai, Wolkvagen, Honda, Kia et Tata qui mettent déjà sur le marché des voitures « made in Nigeria ».  Il en est ainsi de Hundai qui propose sur place des voitures de tourisme  pour  moins de 6 millions de francs CFA. Le rapport souligne que le groupe chinois Kewalram Chanram   s’installe bientôt  pour produire des véhicules de marque Photons et Ikorodu non loin de Lagos. Ce sera un investissement de 10 milliards de nairas pour 15 000 voitures par an. Le Français CFAO s’active déjà dans ses usines d’assemblage situées à Lagos dans la zone industrielle d’Amuwo Odofin. Quant à la société Imosen, elle  appartient  à un Nigérian produisant actuellement des voitures de toutes catégories dont seuls les châssis et les moteurs proviennent du Japon.  La combinaison de tous ces ruinera les réexportations de voitures d’occasion vers le Nigeria.

Des recommandations claires pour le Bénin

Avec cette situation, la mission a clairement recommandé des mesures destinées à sortir de l’impasse.  Il s’agit entre autres de la réorganisation de chaque filière agricole en mettant en place des infrastructures adéquates de transport et de conservation, la mise en place de structure de commercialisation centralisée par zone afin d’assurer un système de vente formelle aux nigérians,   la mise en place de nouveaux instruments de coopération bilatérale. Il faut aussi mettre en place un mécanisme de concertation et de partenariat entre les Chambres de Commerce des deux pays, mais aussi des mesures efficientes pour arrêter le harcèlement et le rançonnement des opérateurs économiques sur les axes routiers. La mission suggère la prise de mesures idoines pour abaisser les droits et taxes sur les marchandises en générale vers le Nigeria,  la mise en place d’un observatoire permanent des échanges entre le Bénin et le Nigeria ainsi que de l’axe Niger – Nigeria.   De ces mesures dépendent, selon la commission, des relations saines avec notre voisin de l’Est qui semble décidé à sortir des importations massives.

Olivier ALLOCHEME

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