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Dans le règlement des conflits entre le débiteur et le créancier, la compétence et le professionnalisme des huissiers de justice sont souvent sollicités. Ces juges de proximité sont néanmoins perçus comme les bourreaux des populations face à l’adoption d’un certain nombre de mesures pour le règlement d’un conflit. Approchée lors de la célébration de la 8^èmejournée mondiale des huissiers de justice qui s’est tenue sur le campus d’Abomey-Calavi, hier jeudi 9 juin 2016,la présidente de la Chambre nationale des huissiers de justice du Bénin, Maitre Monique KotchofaFaïhun, est revenue sur le rôle de l’huissier de justice dans le règlement des conflits.

L’Evénement Précis : Aujourd’hui, vous célébrez la 8^ème édition de la journée mondiale des huissiers du Bénin. Que pouvons–nous retenir de cette sortie sur le campus d’Abomey-Calavi ?

Me Monique KotchofaFaihun :Il s’agit pour nous de sortir de nos bureaux, d’aller au contact du public, deparler de la profession et de faire connaitre, au moins une fois par an, le rôle de l’huissier de justice afin de recenser les préoccupations et aussi des solutions. C’est dans ce cadre que le thème « Restaurer l’équilibre économique face aux procédures d’insolvabilité : rôle de l’huissier de justice » a été retenu.

Justement pourquoi avoir choisi ce thème ?

Nous avons choisi ce thème parce qu’il tient compte de l’actualité. Il y a la crise économique qui fait appel à des difficultés. Quand nous parlons de restaurer l’équilibre, cela veut dire qu’il y a un déséquilibre auquel l’huissier de justice doit apporter une solution. Quand l’économie ne progresse pas, il y a l’appauvrissement et quand il y a un créancier et un débiteur, l’huissier doit jouer un rôle d’arbitre. Il doit faire usage des techniques qu’il faut pour ne pas pousser à bout le débiteur sans donner satisfaction à la préoccupation légitime du créancier qui est de recouvrer sa créance. Quand il vient vers l’huissier de justice, on note aujourd’hui que des techniques sont mises en œuvre pour préserver l‘intérêt de chacune des parties.

Parlez-nous de ces techniques

Quand vous êtes, par exemple, en face d’un débiteur qui est de bonne foi, qui est inquiet et n’a plus une surface de paiement alors que vous êtes talonné par le créancier qui voit sa créance partir et menacée d’un péril. Ce qu’il faut faire, c’est d’appeler le débiteur, lui dire de faire des propositions de paiement, de faire des délégations de créances, de vendre ses propres biens pour payer progressivement sa créance. Ce faisant, vous ne cassez pas cet équilibre qu’il peut avoir entre le débiteur, le créancier et l’huissier. Si vous jetez dehors le débiteur, il peut fermer sa baraque. Ce qui va créer une perte d’emploi et d‘autres dégâts alors que la mise en pratique des techniques de recouvrement peut vous permettre de sauvegarder l’intérêt de chacune des parties.

Les huissiers de justice déploient parfois de gros moyens pour régler les conflits entre le débiteur et le créancier. Comment pouvez-vous changer cette vision  que le peuple a des huissiers de justice ?

J’espère qu’à travers les explications sur la profession et les attributions des huissiers de justice, le public connait mieux le rôle de l’huissier de justice. Loin d’être cet exécuteur redouté, loin d’être le bourreau de la paisible population, l’huissier de justice est celui-là, ce professionnel de la justice qui un jour a été à ses côtés pour signifier un acte à son adversaire, pour dresser un procès-verbal de constat qui est une consignation des preuves, pour obtenir le paiement de sa créance, pour signifier et exécuter à son profit une décision de justice. L’huissier de justice est ce juriste de proximité qui participe au maintien de la paix sociale, de l’Etat de droit, à travers ses multiples actions. Sans lui, il n’y a pas de développement et je veux que les populations le sachent.

Et s’il vous était demandé de conclure cet entretien ?

J’invite la population à se rapprocher, chaque fois, des huissiers de justice. Nous donnons aussi des conseils, nous faisons des conciliations, nous réglons beaucoup de problèmes sans que les justiciables n’aillent devant les tribunaux qui parfois, font des procès longs et coûteux. Nous essayons aussi de régler des problèmes en dehors de la sphère judiciaire.

Propos recueillis par Rastel DAN