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Le triomphe de la vérité

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Edito: La famille et l’entreprise


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logo journalFaut-il employer des membres de sa famille dans son entreprise ?Voilà une question que se posent la plupart des chefs d’entreprises. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, la réponse à cette interrogation n’est pas du tout simple. Les pratiques chez nous sont diverses. Elles vont du refus catégorique de travailler avec la famille à la collaboration parfois active qui aboutit dans bien des cas à de grandes compagnies.

Pour être plus clair, prenons quelques exemples.
Premier exemple, c’est Cajaf-Comon. Oui, la première société agro-industrielle du Bénin est d’abord issue d’une initiative familiale, celle de la mère de Sébastien Germain Ajavon. Elle a associé son fils à son entreprise d’importation et de commercialisation de produits congelés. Ce faisant, elle lui a donné le goût des affaires et l’a obligé à apprendre tous les rouages de l’activité avant que lui-même ne trouve sa propre voie pour fonder Cajaf-Comon. Remarque importante, cette entreprise n’aurait jamais existé si le fils n’avait pas été initié aux heurs et aux malheurs de l’affaire de la mère.

Deuxième exemple, une bonne partie des vendeuses de tissus du marché Dantokpa tiennent leur commerce de leur mère. Certaines ont réussi à maintenir le flambeau maternel, mais beaucoup ont échoué. Parce que, quoi que l’on dise, réussir dans un domaine aussi spécifique, requiert des aptitudes que tout le monde ne saurait avoir.

Troisième exemple, ce sont les grandes familles japonaises.
Effectivement, les plus vieilles entreprises au monde sont au Japon. Et les études ont prouvé que l’une des sources de cette longévité est la gestion familiale qui en est faite. Mais, selon une étude, les firmes dirigées par des héritiers adoptés sont plus performantes que celles qui sont administrées par des héritiers biologiques. Et les entreprises familiales –aussi bien biologiques qu’adoptives– surpassent les entreprises non familiales.
L’un des cas les plus significatifs, c’est la compagnie qui produit des jeux vidéo, le fameux Nintendo. Nintendo a débuté comme producteur de cartes à jouer au XIXème siècle avant de se métamorphoser en compagnie de produits électroniques célèbres, tout en demeurant une société familiale. C’est que les propriétaires japonais pensent plutôt en termes de longévité qu’en termes de réussite dans le présent. En clair, la culture commerciale du Japon n’est pas obsédée par les profits trimestriels. On aura compris que dans la culture japonaise, la vie même de certaines familles est attachée à des entreprises données. Les héritiers mettent alors un soin méticuleux voire religieux à y travailler jusqu’à leur mort, conscient de se situer dans une continuité ancestrale.
La question est alors de savoir si ce modèle japonais qui célèbre le rôle de la famille au sein de l’entreprise peut être dupliqué dans le contexte béninois.
En fait, toute la problématique est là. Dans un contexte béninois marqué par le poids de la méfiance, mettre ses proches dans son entreprise est mal perçu. De sorte que beaucoup de managers, quand ils sont contraints de recruter leurs frères ou leurs cousins, font montre d’une rigueur excessive à leur égard. L’idée, c’est de leur montrer qu’ils ne sont pas en famille mais bien dans une entreprise. Parce que concrètement la tentation est grande de faire primer les relations familiales et les compromis qui vont avec, sur l’orthodoxie managériale qui recommande la rigueur et la performance. Là encore, il ne faut pas se leurrer. Vos cousins, cousines et autres neveux sont nuisibles à votre entreprise si vous êtes incapables de les contrôler et d’exiger d’eux la performance et l’efficacité que vous exigez de vos autres collaborateurs. Ce serait la porte ouverte à votre faillite inexorable. Autrement dit, avoir des parents proches ou lointains dans son entreprise mène à la faillite si vous avez du complexe à leur donner des ordres et à exercer la plénitude de vos devoirs et de vos pouvoirs à leur égard en tant qu’employeur.
Dans bien des cas, toux ceux qui bénéficient de ces attitudes de faveur croient qu’ils y ont droit. L’arrogance s’installe alors vis-à-vis de leurs collègues ainsi que d’autres comportements déviants qui pourraient être fatales à l’entreprise. Si j’avais donc un conseil à donner aux entrepreneurs, c’est d’éviter le plus que possible les imbrications familiales dans leurs affaires. Et même si cela advenait, il s’agit surtout de veiller à traiter ces parents au même titre que tous les autres employés. Et s’il vous était donné d’employer vos propres enfants, n’hésitez pas. Mais assurez-vous qu’ils sont obligés d’apprendre le métier progressivement et patiemment. Cela leur évitera l’arrogance des héritiers qui est facteur de faillite même des plus grandes compagnies.

Par Olivier ALLOCHEME

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