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Le triomphe de la vérité

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Edito: La stratégie a échoué


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Le navire FCBE coule et la capacité manœuvrière du capitaine Yayi diminue dangereusement. Le chef de l’Etat qui s’est érigé, contre toute éthique républicaine en chef de file de la liste FCBE, n’arrive plus à retrouver ses réflexes tactiques d’il y a quelques années. En dehors des défections qui se multiplient, il y a maintenant la mutinerie des populations elles-mêmes.     Les mots du maire de Kétou, ce week-end, parlant carrément de l’implosion des FCBE à la suite d’une marche contre le positionnement du ministre Abimbola, ne sont que révélateurs de la situation interne. Le chef de l’Etat qui a toujours su jouer des promesses et des impatiences pour récupérer des partisans, même les plus en colère, aura cette fois, très peu de temps et de marges de manœuvres. Plus que les défections, elles-mêmes, c’est son incapacité à reprendre la main qui va tarir la source.      Reprendre la main, ici, c’est pouvoir surmonter les contradictions    qui naissent inévitablement dans l’arène. La situation actuelle faite de défections en séries, l’oblige à courir sur tous les terrains pour calmer les feux allumés presque dans toutes les circonscriptions électorales. Dans l’Atacora, le Borgou, le Plateau, l’Atlantique, le Mono et le Couffo, de véritables brèches ont été ouvertes. Si l’on ne prend que la sixième circonscription électorale, deux événements majeurs se produisent actuellement, notamment, dans la commune d’Abomey-Calavi. Au moment où le maire de la commune plie bagage pour rejoindre l’AND, les reliquats de militants FCBE  vont grossir les rangs de l’UDBN de Claudine Prudencio. Ce qui n’est pas anodin, c’est que les départs vers l’UDBN se produisent  dans l’arrondissement même où Boni Yayi est allé à trois reprises au moins poser des pierres pour le pont de Womey. En clair, les poses de première pierre, les lancements de travaux (électoraux) pendant cette période, apparaissent aux yeux des Béninois comme un saupoudrage vil et malsain.  C’est là où la tâche se complique pour le chef de l’Etat.     En dépit de tout ce que l’on peut penser, Boni Yayi a une conception très primitive du comportement politique des Béninois moyens. S’il s’agit des cadres, les nominations constituent pour lui les moyens de conquête pour les attirer. Les avantages concomitants allèchent les fonctionnaires et leur font oublier tout patriotisme. Depuis près d’un mois, les nominations qui pleuvent en conseil des ministres lâchent dans la nature, des centaines de cadres  se pâmant du plaisir d’avoir été juchés sur l’un des fauteuils de la République. Ils seront les plus grands émissaires de Yayi dans les villages.  S’il s’agit au contraire des paysans, vulcanisateurs ou simples commerçants, la distribution d’eau et d’électricité vient régler leurs problèmes, en sus de quelques personnalités locales placées à quelques strapontins et dont le rôle est d’assurer une certaine présence du chef de l’Etat.  Cette « technique » présidentielle comporte maintenant des aléas liés à la fin du mandat. C’est une   perspective qui, d’une part, aiguise les appétits de ceux qui ont trop longtemps attendu leur part du gâteau ou en ont été trop tôt sevrés,  et, d’autre part, ouvre les yeux aux populations qui se rendent compte que « Yayi, c’est fini ». Jusqu’à une date récente encore, l’espoir entretenu de voir s’améliorer les conditions de vie des plus humbles, pouvait les maintenir dans une espèce d’attente de lendemains qui chantent. Mais la fuite du temps, cet implacable ennemi de l’homme, et surtout cet adversaire résolu des promesses jamais tenues, aura eu raison de la patience des gens. Même si Boni Yayi voulait encore mystifier par ses incessantes promesses,  celles-ci ont perdu leur pouvoir d’émerveillement, de par la courte échéance qui reste.       Et c’est là où l’activisme infernal de Boni Yayi parait paradoxal. Il semble être le seul à croire encore en la possibilité d’une majorité présidentielle aux législatives d’avril. Tantôt ici et là, dans la même journée, à Malanville et Comè en quelques heures, avec le tournoiement incessant de ses hélicoptères, il donne en effet le sentiment de poursuivre le vent qui fuit inexorablement vers l’horizon de 2016. A sa place, en 2005, Mathieu Kérékou s’était bien abstenu de se lancer, comme un novice, dans une arène qui ne lui appartenait plus. Mieux que Yayi aujourd’hui, le vieux général s’était contenté de gérer son pouvoir pour capitaliser la sympathie d’une frange importante de la population après son règne. Dans les circonstances actuelles, Boni Yayi ne pense pas à une fin de règne, marchant, solitaire, vers une destination qu’il est seul à connaitre. Il en est, pour le moins, pathétique.

Par Olivier ALLOCHEME

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