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Le triomphe de la vérité

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Edito: La traversée d’un peuple


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Rien n’empêchera donc les thuriféraires de Boni Yayi de s’alimenter aux sources de la forfaiture. C’est eux qui ont organisé la contremarche tapageuse d’hier pour faire pièce à celle de l’opposition qui se tenait dans la même ville de Cotonou. A priori, personne ne devrait s’opposer au   principe d’une contremarche, si tant est que  les FCBE en décident ainsi. Et tout le monde sait qu’ils en ont ainsi décidé pour empêcher les forces sociales et démocratiques d’avoir le monopole de la rue en un jour aussi chargé d’histoire que le 11 décembre. Comme si c’était hier, ceux qui ont vécu la fin du régime militaire du PRPB, se souviennent encore  que cette date rappelle la gigantesque marche des Béninois à Cotonou en 1989. Mathieu Kérékou fut contraint de dissoudre le PRPB et l’Assemblée nationale révolutionnaire et de prononcer la fin du marxisme-léninisme comme idéologie de l’Etat. Nous n’avons pas oublié que ce jour fut encore celui qui a vu naître une nouvelle constitution, le 11 décembre 1990. Jour mémorable, il devrait servir aux uns et aux autres de tremplin politique. Cela même est dans la nature des choses.
Mais, il est vrai que l’initiative d’une contremarche sonnait comme dénuée de toute grandeur d’esprit de la part d’un régime de démocratie. En ce pays qui a connu bien des douleurs du fait de ses choix politiques, un pouvoir devrait apprendre à écouter la voix pure qui vient du peuple en colère. Les manifestations populaires constituent, à cet égard, non pas des éléments de déstabilisation d’un régime, mais des appels à aller dans le sens voulu par le peuple. Ici, du moins, l’on considère dans les cercles proches de la Marina que toute manifestation qui ne chante pas la gloire de Boni Yayi est forcément destinée à le chasser du pouvoir. Que toute critique contre sa gouvernance est un appel à l’attentat. Et que donc tous ceux qui osent critiquer ce régime, à défaut d’être bons pour la potence, devraient finir dans la honte et la déchéance.
C’est une conception de la démocratie qui date des années soixante, qui s’est manifestée  encore  hier. Et c’est là où le bât blesse. Tout juste pour répondre à l’opposition, l’on a jugé nécessaire de faire venir des camions de marcheurs de l’intérieur du pays. Grassement payés, pour la plupart, les marcheurs FCBE ont été pêchés de bric et de broc, de-ci, de-là pour les besoins des caméras et des commentaires acidulés débités par une télévision nationale jamais à court de propagande loufoque.  La faute est peut-être à l’analphabétisme de nos masses populaires, à leur pauvreté parfois crasse, mais aussi à une inconscience épaisse. A une inconséquence nationale jamais démentie. Je n’excuse pas notre pauvreté ou l’analphabétisme de ces masses de chair à canon (chair à marcher en vérité), toujours prêtes à ouvrir la main pour réclamer la pitance politique, mais toujours aussi promptes à se plaindre dès que leur inconséquence d’hier est sanctionnée par des effets immédiats. Non, ne pardonnons pas la forfaiture des pseudo-pauvres devenus apatrides à leurs nations et qui se laissent exploiter pour des causes dont elles ignorent tout. L’argent qui a circulé hier sera naturellement récupéré, d’une manière ou d’une autre, et le même peuple cupide et stupide, viendra se plaindre du règne de la corruption.
Ce qui aura meurtri surtout des gens comme moi, c’est l’utilisation des biens de l’Etat à des fins de mobilisation clientéliste. Je veux savoir : au nom de quelle loi utilise-t-on  les bus de l’université de Parakou pour la marche de Cotonou ? Pourquoi utilise-t-on les bus FTI-FCB payés sur nos maigres ressources grâce à nos impôts, pourquoi donc les utilise-t-on pour ramasser les marcheurs FCBE ? Pourquoi un chef d’Etat qui fait de grands discours sur la bonne gouvernance tolère-t-il que des moyens publics soient déployés à des fins partisanes ?
Lorsque toutes ces questions agitent le concert de nos incompréhensions courroucées, nous devrions nous rappeler aussi que c’est l’accumulation de toutes ces orgies de non-sens qui a provoqué les flammes de colère exprimées hier à l’Etoile rouge. Nous devrions surtout nous rappeler ceux qui, aujourd’hui, comptent demain sur la mansuétude habituelle des Béninois. Car demain, ils se pointeront encore à nos portes, joueront de leurs billets, de leurs cartons de sucre et de savon et de leurs promesses vertigineuses pour se faire adouber par un peuple endormi.

Par Olivier ALLOCHEME

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