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Le triomphe de la vérité

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Interview de son Excellence l’ambassadeur du Bénin à Washington, Arouna Omar: «La réintégration du Bénin au MCA est inédite : le leadership de Boni Yayi y a contribué »


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Nommé il y a de cela dix mois, l’ambassadeur du Bénin près de Washington, Arouna Omar, met tout en œuvre pour l’atteinte des objectifs à lui assignés par le chef de l’Etat. Ce faisant, il booste le rayonnement du Bénin en terre américaine. C’est ce qu’il tente d’expliquer dans cette interview qu’il a bien voulu accorder à votre journal.
L’Evénement Précis : Excellence, monsieur l’ambassadeur, il y a seulement une dizaine de mois que vous exercez à Washington. Comment oeuvrez-vous à remplir la lettre de mission que le chef de l’Etat vous a confiée ?

Arouna Omar : Je m’applique, dans la mesure du possible, à faire de mon mieux pour atteindre les objectifs qui m’ont été assignés par le chef de l’Etat. Beaucoup de choses ont été faites déjà en si peu de temps. A mon arrivée, j’avais un plan d’action décliné en trois axes. Le premier concerne la structure même de l’ambassade, c’est-à-dire, la structure physique, la situation du personnel et les prestations de l’ambassade. Le second axe de mon action, c’est de renforcer les relations bilatérales entre le gouvernement américain et le gouvernement béninois et les deux peuples. Enfin, je devais travailler à engager la diaspora à être le relais de notre diplomatie. Sur cette base, nous avons travaillé avec le personnel sur chacun des axes. Par exemple, les capacités du personnel ont été renforcées, nous disposons aujourd’hui d’une ambassade qui est une belle vitrine de notre pays puisque des travaux ont été engagés pour la réfection des bâtiments de la chancellerie ; nous avons aussi changé le visage de notre visa qui est maintenant digitalisée. Malgré nos ressources assez limitées, nous avons célébré cette année la fête de l’indépendance à Washington (il y a plus de trois ans qu’elle n’était plus célébrée). Ce sont de petits changements qui n’ont l’air de rien mais qui ont déjà des effets perceptibles sur ceux que nous avons le devoir de servir, et qui constituent la clientèle de l’ambassade.

Concrètement, que faites-vous pour intéresser les investisseurs américains ?
En ce qui concerne les relations avec les Américains, nous avons effectivement pris contact avec tous nos amis, depuis la Maison blanche jusqu’au Congrès, en passant par les ONG, le secteur privé, ainsi que le secteur public. Vous aurez peut-être constaté qu’il y a, ces temps-ci, beaucoup de mouvements entre les Etats Unis et le Bénin, beaucoup d’investisseurs s’intéressent de manière spécifique à des secteurs particuliers au Bénin. Il y a aussi des visites au plus haut niveau qui ont été effectuées. Par exemple, le chef de l’Etat est passé à Washington dans le cadre du sommet entre les Etats unis et l’Afrique. Cela a été, de mon point de vue, un succès pour le Bénin puisque les retombées commencent à se faire sentir. Dans ce sens, on sait que le Bénin sera concerné par le programme Power Africa qui, au départ, était seulement ouvert à un nombre limité de pays. On sait également que le Bénin a, à nouveau, passé les indicateurs d’éligibilité au Millenium Challenge Corporation. Ce qui, du reste, est inédit parce que, même nos vis-à-vis américains nous disent que dans l’histoire du Millenium challenge account, c’est un comeback extraordinaire. Il faut le dire sans ambages: ce n’est pas donné de réussir à réintégrer le Millenium challenge account en moins d’un an d’exercice. Toutefois, il faut reconnaître que le mérite revient au chef de l’Etat pour son engagement personnel. En effet, depuis qu’on a annoncé que nous avions perdu notre éligibilité au Millenium challenge account, le chef de l’Etat en a fait un défi personnel. Il s’est personnellement impliqué et a joué de tout son poids dans la mise en place de la stratégie de récupération du compact. Apres avoir engagé des reformes très difficiles à travers le Conseil présidentiel des investissements, il a pris des contacts, expliqué à ses interlocuteurs les réformes engagées au Bénin. L’implication personnelle du chef de l’Etat dans ce dossier a beaucoup pesé en notre faveur. L’autre chose aussi, c’est le professionnalisme de l’unité de formulation du MCC dirigée par M. Batcho qui a pu mettre en œuvre les réformes et procéder à leur suivi. Il y a ensuite l’ambassade dont je suis le chef de mission qui a joué sa partition : expliquer et montrer à nos interlocuteurs que nos résultats plaidaient en notre faveur. Je disais souvent, en ce qui concerne le MCC, si une magie devait s’opérer, elle devait commencer d’abord au Bénin et non à Washington. Grâce aux efforts croisés de tous les acteurs, la magie a pu s’opérer. Il faut s’en féliciter et surtout remercier le chef de l’Etat pour son leadership.

A quel degré les réformes engagées au niveau de l’administration des entreprises ont-elles contribué au comeback du MCC ?
Quand nous avions perdu l’éligibilité l’année dernière, l’un des griefs qu’on nous opposait, c’était le degré de la corruption et d’autres problèmes connexes. C’est ce qui a fait qu’il y a eu des réformes profondes qui ont été engagées. Le chef de l’Etat a pris la mesure de la situation et a engagé avec toutes les structures concernées une lutte implacable contre la corruption. Une feuille de route a été définie et exécutée en collaboration avec nos partenaires au développement. Par exemple, la mise en place de l’autorité nationale de lutte contre la corruption avec un budget autonome, les reformes au niveau du port, les reformes du code des taxations, des contrôles routiers, le climat des affaires…]. En un temps record, tout ce qui avait empêché l’éligibilité du Bénin a été corrigé. Le comeback est dû à l’amélioration des indicateurs. Vous savez, les reformes, ça ne se cache pas ! Au niveau du MCC, il y a des indicateurs qui sont de trois catégories et vont de la gouvernance et l’éthique à l’investissement dans les populations puis aux indicateurs politiques comme la liberté de presse. Si vous voyez les scores du Benin, les moyennes ne font pas moins de 75% et ça, ce sont les changements d’attitude du Gouvernement, de son chef, le travail qui se fait tous les jours sur place. C’est tout cela qui est apprécié. En principe, le conseil d’administration du MCC devrait se réunir le 10 décembre prochain. Nous sommes confiants de l’éligibilité de notre pays. Donc, on croise les doigts et on attend.

Notre nouvelle éligibilité devrait induire de nouveaux engagements. Que doit faire le Bénin pour ne pas redescendre la pente et ne pas reprendre les erreurs du passé ?
Bon. Effectivement, nous avons la chance d’avoir un chef d’Etat qui effectue une veille permanente sur ce dossier. De ce point de vue, je n’ai aucune inquiétude. A la tête de la chancellerie à Washington, nous veillons également à insuffler une nouvelle dynamique à nos relations avec les Etats Unis. Tant que je serai dans mon rôle, je jouerai ma partition sans fausse note. Ici, au Bénin, le Conseil présidentiel qui a, à sa tête, le Dr Nasser Yayi, fait un travail sur le fond qui nous permettra de garder le cap.

En termes de perspectives, en tant qu’ambassadeur qu’est-ce que vous comptez apporter de nouveau pour le rayonnement de la diplomatie béninoise ?
Le défi, pour moi, c’est de donner tort à ceux qui pensaient que le chef de l’Etat s’est trompé en me confiant la chancellerie de Washington. Pour moi, représenter le Benin aux USA, ce n’est pas une question de rester dans mon bureau climatisé ni de m’asseoir à l’arrière de ma limousine de fonction et admirer le monde à travers des vitres teintées. La diplomatie, pour moi, c’est une diplomatie de proximité, c’est une diplomatie engagée vers l’action. Il faut aller vers les gens où qu’ils soient. Il faut leur parler du Bénin, les amener à créer un lien affectif avec le Bénin, de pouvoir s’identifier à notre pays pour qu’en retour, ils deviennent d’ardents supporters de notre pays. Moi, je ne m’arrête pas à Washington DC. Quand on veut créer une relation entre le peuple américain et le peuple béninois, il faut aller voir le peuple américain là où il est. Il faut sortir du “belt way». Je vais au fin fond de l’Amérique. Je vais à la rencontre des Américains. Je leur parle leur langage en leur parlant de mon pays, le Bénin. On a de très bonnes relations avec le gouvernement fédéral. Mais pour y ajouter une plus-value, Il faut qu’on aille vers le secteur privé et le monde des affaires. En six mois, j’ai fait plusieurs visites déjà à l’intérieur des Etats Unis, sur la côte ouest dans des Etats comme Washington, Californie, dans le Sud comme Tennessee, etc pour rencontrer ceux qui sont les acteurs économiques, mais aussi les acteurs de développement pour les intéresser, leur parler de ce qu’on fait au Bénin et pourquoi le Benin est une destination sûre.

Apparemment, votre long séjour aux Etats Unis vous aide ?
Vous savez, cela fait 25 ans que je suis à Washington. J’avais souvent collaboré, par le passé, avec la plupart des diplomates africains à Washington pour les aider à résoudre des problèmes professionnels en tant que consultant. Une fois dans mes nouvelles fonctions d’ambassadeur, je n’ai pas eu de difficultés à intégrer ce monde.

Pour être efficace, un diplomate a besoin du soutien politique nécessaire pour conduire sa mission. Avez-vous le soutien du chef de l’Etat ?
J’ai le soutien du pays et du président de la République à 120%. Donc, il n’y a pas de problème. Je n’ai pris fonction qu’en mai et je peux vous dire que le meilleur reste à venir… A tous ceux qui ne sont toujours pas convaincus, je dis simplement en anglais «just come on board, buckle up and enjoy the ride».

Propos recueillis par Gérard AGOGNON

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