.
.

Le triomphe de la vérité

.

Erosion côtière: En attendant la protection de la côte, Grand Popo livrée à la mer


Visits: 35

La non protection de la côte à l’ouest fait peser la menace de disparition sur plusieurs localités dans la commune de Grand Popo dont principalement Avlo, Agoué, Ayi-Guinnou, et Hillacondji. La mer s’y nstalle et engloutit chaque jour plusieurs maisons dont les habitants ont soumis à l’exode forcé. En dépit des cris de détresse, rien de oncret ne se profile à l’horizon. Entre désespoir et impuissance, populations et autorités locales ne savent plus à quel saint se vouer.
illacondji, dans l’arrondissement d’Agoué. A quelques encablures de la route inter-Etats, les maisons construites en  bordure du littoral que jouxte sur le flanc ouest la rivière Paymè, un bras du Mono, ne sont plus aujourd’hui qu’un vaste champ de ruines. L’érosion côtière y sévit et a emporté en moins de deux ans, la  grande partie de ce village de pêcheurs. Sur ce qui reste de la plage, un petit banc de sable d’à peine 20 mètres de largeur, les cocotiers et filaos sont couchés, des débris de tuiles et des morceaux de bois trottent dans l’océan. Le  WC public  du village, loin de la plage il y a quelques mois, est à présent presque immergé. Les quelques habitations qui résistent encore commencent à s’écrouler sous le sable mouvant. Le reflux des vagues laisse apercevoir des terrasses, des poteaux et la ferraille des maisons englouties. Craignant la furie des vagues qui viennent s’échouer à proximité des maisons, certains habitants les démolissent pour sauver ce qui peut l’être ou les abandonnent simplement. Seth Atakpa, conseiller, élu local du village d’Hillacondji indique du doigt, au loin dans l’océan, là où la mer était il y a deux ans. <<  Regardez là-bas où il y a les deux barques, dit-il, il y a deux ans, la plage se prolongeait jusqu’au fond à plus de 500 mètres. L’érosion a emporté toutes les maisons dont celle de mon père où je suis né. Si rien n’est fait pour freiner le phénomène de l’érosion côtière, Hillacondji risque de disparaître>>, avertit-il. Comme cet habitant  d’Hillacondji, les populations des localités en proie à l’érosion côtière tirent sur la sonnette d’alarme et appellent au secours. A Ayi-Guinnou comme à Agoué, du côté de la mission catholique, le spectacle est désolant. La mer avance inexorablement et détruit tout sur son passage. Dans l’arrondissement d’Agoué, par endroit, la distance qui sépare la mer du fleuve Mono,  limite naturelle entre le Bénin et le Togo, n’atteint même pas 700 m.Selon Anani Hlondji, chef d’arrondissement d’Agoué, la mer a englouti du côté de Hillacondji, en cette seule année 2014, plus de 100 m du littoral. A ce rythme, dit-il, si rien n’est fait, nous risquons de perdre dans les années à venir  une côte de 18 km voire tout l’arrondissement d’Agoué, donc une partie de la commune de Grand Popo. Dans le village de Hillacondji, l’océan et la rivière Paymè se défient. L’avancée de la mer, bien qu’inquiétante, n’est pas le plus redouté. Ce qui l’est, c’est plutôt le contact entre l’océan et la rivière, celle-ci n’étant qu’à moins de 30 m du premier. Ce contact pourrait être fatal pour le village. << Lorsque la mer va se jeter dans le fleuve, le contact entre les deux eaux va provoquer un phénomène qu’on appelle le reflux, explique Rodrigue Djossou, géographe, spécialiste des risques et catastrophes. Si le courant marin, poursuit-il,  est plus fort que celui de la rivière, l’océan prend le lit de la rivière et repoussera l’eau de celle-ci dans le sens de la pente. Comme le lit de la rivière est étroit, le courant va l’augmenter et le phénomène de l’érosion va s’accentuer et s’étendra à l’autre rive, alors  Hillacondji se retrouvera purement et simplement sous les eaux.
                      Le Togo en cause
A Aného, les actions entreprises pour freiner l’érosion côtière sont visibles. Du pont qui se dresse en biais de la préfecture du Lac, on aperçoit les épis posés et d’autres ouvrages réalisés pour protéger la côte. De même, à Sanvee Condji, plusieurs machines dont des chargeurs sont entassées pour les travaux d’aménagement de la côte qui avaient commencé avant d’être arrêtés par la partie  béninoise. Selon Benjamin Clôtaire Ablo, maire de la commune de Grand Popo,  le phénomène  de l’érosion a été  accentué avec les  aménagements effectués par le voisin togolais à Aného. Il y a un mois, avec l’aide de l’Agence béninoise de gestion des espaces frontaliers (Abegef), la partie béninoise a procédé à l’arrêt des travaux. << Nous l’avons fait, explique le maire,  en vertu des conventions internationales qui disent qu’à 16 km au-delà de la frontière, aucun Etat ne peut entreprendre des aménagements sans en aviser l’autre. Non seulement l’Etat togolais n’a pas respecté cela mais ils sont arrivés jusqu’à la limite de leur frontière pour faire les travaux.>> Le Bénin a, certes, réussi cette offensive diplomatique, mais la mer continue de menacer une commune qui occupe le tiers, 40 km du littoral sur les 120. Le maire en est conscient et s’en inquiète. << Le risque à terme, explique-t-il,  c’est de voir partir la route inter-Etats et de perdre toute cette langue de terre. Si rien n’est fait, le voisin togolais dont les villages sont de l’autre côté du fleuve vont se retrouver en face de la mer et vont  bénéficier plus que nous de l’espace maritime national. Cela fera perdre au Bénin une partie de sa superficie. Malheureusement, la commune n’a pas les moyens pour lutter contre l’érosion côtière. Il s’agit d’un problème national qui interpelle au premier plan le gouvernement.>> En attendant les actions hardies pour limiter les dégâts, les communautés installées le long de la côte et qui exercent des activités de pêche sont soumises à rude épreuve.  << C’est un exode perpétuel, et il faut les reloger chaque fois, ce qui est difficile en l’absence de réserves administratives >>, déplore pour sa part, le chef d’arrondissement d’Agoué qui a vu partir de l’autre côté, au Togo, plus de quatre cents de ses administrés. A Ayi-Guinnou, deuxième en termes de production halieutique après le port de pêche, beaucoup n’ont eu d’autre solution que de partir et d’immigrer au Congo, au Ghana et au Gabon. Un exode qui dépeuple la commune qui assiste impuissante aux affres de l’érosion côtière.

                                Le dragage de l’océan, la meilleure solution
Pour gagner la bataille de l’érosion côtière, plusieurs solutions sont envisagées. Alors que certains proposent la jetée, d’autres penchent pour le dragage de l’océan et voient en la jetée une mauvaise stratégie de lutte. Idelphonse Dangbéto, notable d’Ayi-Guinnou, informaticien à la retraite, reconverti dans l’activité de la pêche maritime, rejette systématiquement la jetée. << Quand on fait une jetée en amont, la mer revient en aval  et détruit tout. Il faut plutôt attaquer le mal à la racine par le dragage de l’océan>>, propose-t-il. Pour cet homme qui a longtemps résidé en Europe,  il s’agit là d’une solution inspirée de l’expérience  de la Hollande, pays coincé entre la Méditerranée et l’Atlantique mais qui s’en est sorti merveilleusement. L’opération consistera à installer des navires pompeurs à 1 km de la côte et à pomper du sable vers le littoral. Ainsi, une fois plus profonde, la mer restera dans son lit et sera plus calme. Ensuite, le sable pompé sur le littoral servira à refaire la plage. Il ne reste plus qu’au gouvernement de décider.

(Par Joseph Vodounon Djodo)   

Reviews

  • Total Score 0%


Plus sur ce sujet

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

You cannot copy content of this page