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Le triomphe de la vérité

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Edito: Les milliards d’Ebola


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Ebola est-il une source d’enrichissement ? Personne ne s’est posé cette question centrale que l’industrie pharmaceutique n’aura pas boudée aux lendemains des ravages considérables de cette épidémie de fièvre à virus Ebola. C’est même une question politiquement incorrecte au regard de l’effroi qu’a causé le virus la semaine dernière chez nous. Il faut quand même la poser en la reformulant peut-être autrement : la maladie est-elle source d’enrichissement ?
Je l’ai déjà dit ici, les Béninois, toutes classes sociales confondues, ont l’habitude de penser que le développement doit venir d’ailleurs. Peu savent donc qu’une maladie, aussi redoutable soit-elle, constitue une occasion pour faire évoluer un pays sur tous les plans. Je n’ai donc pas été surpris qu’Ebola ait déchaîné une panique généralisée, sans que personne ne se demande quelles pourraient en être les opportunités économiques pour un pays. Contre le fléau, l’Organisation mondiale de la santé a autorisé ce lundi, l’utilisation d’un traitement à base d’un sérum dénommé ZMapp, ZMapp qui est une substance développée dans le cadre d’un programme de recherche soutenu depuis dix ans par l’armée américaine. Il n’avait jusqu’à présent été testé que sur des animaux de laboratoire avant d’être administré la semaine dernière au Liberia à deux soignants américains aujourd’hui hospitalisés à Atlanta. Il a aussi été administré à un prêtre espagnol également contaminé au Liberia et qui a été rapatrié en Espagne pour être soigné à Madrid où il est mort ce mardi à l’hôpital La Paz-Juan Carlos III.
L’autorisation accordée pour le ZMapp a été aussitôt suivie d’une entente entre les gouvernements libérien et américain pour approvisionner le Libéria en ce médicament afin d’obtenir un traitement gratuit pour les patients libériens. La demande commence donc à affluer de partout. Imaginons un peu quels bénéfices les inventeurs et leur laboratoire, la société américaine Mapp Biopharmaceutical, pourraient en tirer. Imaginons un peu aussi quels mécanismes de dépendance sont immédiatement mis en œuvre entre les pays africains bénéficiaires du produit et les Etats-Unis. C’est ainsi que d’une « banale » maladie, nous atteignons des sphères géostratégiques que les esprits moins avisés n’auraient jamais soupçonnées dès le départ.
Mais ce qui nous intéresse surtout ici, c’est comment l’industrie pharmaceutique capitalise ses succès pour faire grandir un pays en créant de la richesse, en créant des emplois, en mettant en place des filières durables. Les esprits avisés savent que cette industrie figure parmi les plus rentables au monde.
Tenez, le groupe pharmaceutique SANOFI-Aventis est la première capitalisation boursière de France et figure dans le Top 100 des capitalisations boursières du monde avec 67.500 milliards de FCFA en 2013. Je dis bien 67.500 milliards de FCFA en bourse pour une seule entreprise qui ici est du secteur pharmaceutique.
Il y a quelques années, j’ai fait partie des rares Béninois à avoir fait une intense campagne en faveur d’un médicament du docteur Fagla Mèdégan appelé VK 500. Il s’agit d’une solution qu’il avait trouvée pour combattre la drépanocytose mais que la plupart de ses collègues béninois avaient rejetée pour diverses raisons dont la plupart me paraissent toujours farfelues. D’autant que le même médicament est utilisé ailleurs avec succès. On ne manqua pas d’ailleurs de lui faire une guerre féroce, non seulement au médicament mais aussi au docteur et à tous ceux qui en disent du bien.
Il faut donc se réjouir de ce que, prenant la mesure de cette résistance des lettrés béninois aux médicaments béninois, Valentin Agon ait créé toutes les conditions nécessaires au succès de son Api Palu que nous trouvons désormais dans nos officines. Et ils sont nombreux, ceux qui découvrent au Bénin des médicaments utiles et même nécessaires mais que l’on jette à la poubelle parce que leurs auteurs ne sont pas français, américains ou japonais. Allez voir aussi s’ils ne sont pas écrasés par les puissants lobbies qui gagnent de nombreux milliards dans l’importation des produits pharmaceutiques au Bénin.
Et c’est comme cela que nous tuons des filières porteuses de valeur ajoutée pour notre économie. Le plus curieux, c’est que nous sommes les premiers à nous plaindre de notre sous-développement alors que nous rejetons de toutes nos forces les solutions multiples qui s’offrent à nous. C’est comme cela que le paludisme ou la fièvre jaune enrichissent les autres pays au lieu de nous aider, comme ailleurs, non seulement à combattre ces maladies mais aussi à trouver des solutions au chômage et à la pauvreté.
Car la maladie est loin d’être une fatalité. Elle est aussi une opportunité.

Par Olivier ALLOCHEME

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