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Le triomphe de la vérité

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Edito: La chute de la majorité


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La majorité parlementaire est tombée hier. Les députés ont profité de l’anonymat du vote secret pour dire à Boni Yayi qu’ils ont honte de sa gouvernance. Ce n’est pas une démarche courageuse, mais elle a le mérite de dire en peu de mots, ce que je n’ai cessé de clamer ici, à cor et cri : nous fonçons droit dans le mur.
C’est la première fois, en effet, que la majorité vote contre la majorité. Sans même crier gare, les députés de la majorité présidentielle ont rendu justice au peuple en faisant entendre pour la première fois, depuis si longtemps, une autre voix, celle de la raison. Je vois d’ici les fureurs présidentielles. Quelques épithètes vont voler en éclats tandis que les distributeurs de billets chercheront qui a pris les cinq millions et n’a pas voté pour. Les règlements de compte vont s’accentuer et le gouvernement risque de tomber. C’est à croire que ce sont les autres qui empêchent le pouvoir en place de gouverner. Non, il n’y a rien de plus faux. Le Chef de l’Etat porte seul la responsabilité de l’échec de son équipe.
L’un des paradoxes du vote-sanction d’hier, c’est aussi le choix du président Mathurin Nago. Avoir accepté que le vote se fasse selon le scrutin secret et non pas sur la base du vote à mains levées comme de coutume. Il avait pourtant le choix, lui, le mouvancier des temps de braise, et pouvait écouter les caciques de la mouvance qui réclamaient à cor et à cri le vote à mains levées. Du coup, c’est le député de Bopa qui sera contraint de récolter les premières conséquences politiques du coup de feu tiré sur la mainson présidentielle hier. Il sera regardé désormais comme une taupe. Je n’ose même pas imaginer ce que serait la riposte de Yayi face à un fidèle parmi les fidèles comme Nago. Le professeur aurait agi autrement que les résultats du vote d’hier n’auraient pas certainement été ceux que nous avons eus. Sous d’autres cieux, il aurait tout de suite subi l’ostracisme du pouvoir.
Deuxième conséquence, la majorité mécanique a disparu. Ceux qui se sont réfugié dans l’ombre du vote secret pour se faire entendre ne sont pas courageux. Ils n’oseront pas s’afficher publiquement de si tôt, de peur de se faire broyer par la machine présidentielle et, surtout, de se faire doubler sur le terrain par des adversaires bénéficiant de la machine gouvernementale. Même si le grand écart n’a pas encore eu lieu, ils sauteront le pas tôt ou tard. A moins que ne soient fondées nos informations faisant état de ce que des puissances d’argent avaient aussi agi dans l’ombre pour faire sauter le scrutin…
Troisièmement, le Chef de l’Etat pourrait adopter la réaction épidermique qu’il a eue lors des deux premiers rejets en 2008 et en 2010. Il pourrait, en effet, adopter le budget par ordonnance, au lieu de passer par le truchement des douzièmes provisoires. Il n’aurait fait qu’utiliser les dispositions de l’article 68 de la Constitution de notre pays. Le bras de fer avec le parlement ne fait alors que commencer. Et il faut se demander si la réaction appropriée n’est pas plutôt d’écouter cette voix venue des profondeurs du peuple pour prendre en compte ses cris de détresse : pour plus d’efficacité, un meilleur contrôle des dépenses publiques, et éviter les chantiers abandonnés, la cherté voire la rareté des produits agricoles, une lutte effective contre la corruption et les concours frauduleux.
Mais, humainement, il sera difficile à un chef d’Etat qui perd constamment la face depuis deux semaines, de renoncer à rouler de la mécanique maintenant qu’il dispose d’une alternative qui le sauve de la débandade. Verdict accablant de la cour d’appel de Paris, perte du MCA, grève interminable des magistrats, le mois de décembre ne doit pas porter chance à Yayi. Pour lui, c’est une violente chute dont les effets risquent d’être graves.

Par Olivier ALLOCHEME

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