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Le DFAC Blaise Tchétchao à propos de la polémique autour du milliard culturel:« Ceux qui n’en ont pas reçu aujourd’hui peuvent dire que c’est à cause de la mafia »


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Blaise TchétchaoApproché au sujet de la polémique autour du milliard culturel, le directeur du Fonds d’aide à la culture, Blaise Tchétchao n’a pas caché son point de vue. Pour lui, tous les artistes ne peuvent pas bénéficier de cet argent.

L’Evénement Précis : De quoi retourne le milliard culturel ?

 Blaise Tchétchao : Il faut dire que le Fonds d’aide à la culture a été créé en 1992 après les états généraux de la culture. C’était dénommé Fonds d’aide à la culture et aux loisirs par le décret 92- 242 du 24 août 1992 à la suite de la promulgation de la charte culturelle. Les fonds variaient entre 30 millions et 300 millions FCFA. Et cela finançait spécifiquement les activités de musique. C’est à l’arrivée du chef de l’Etat, le docteur Thomas Boni Yayi (que je remercie au nom des artistes) qu’en 2008, il a décidé de mettre en place le milliard culturel géré par la même structure qui est finalement devenue Fonds d’aide à la culture. Le milliard a ainsi commencé à servir tous les projets culturels. Depuis cinq ans que ce milliard culturel existe, c’est vrai qu’une évaluation n’a pas été faite. Mais dès mon arrivée, j’ai fait une évaluation et j’ai sorti des statistiques. Pour ce que nous pouvons retenir de 2013, pour le seul milliard, la demande est de treize milliards. Cela voudra dire que la demande est forte. Pour notre deuxième session tenue le 08 août dernier, pour la musique seule, nous avons reçu plus de trois cent dossiers. Quand les dossiers viennent, nous les convoyons vers les experts et par la suite, on les met sur la table du conseil d’administration qui statue. Les ressources ne sont pas extensibles. Les ressources sont fixes et le milliard culturel, ce n’est pas seulement distribué pour les initiatives individuelles. Il y a ce que nous appelons les gros projets, les projets fédérateurs, les projets d’associations où des gens demandent jusqu’à 50 millions parfois 100 millions. En tout cas, il y a des limites que nous ne pouvons pas dépasser. Le gros lot du budget se retrouve au niveau des gros projets naturellement. Et à peu près 20% reviennent au niveau des initiatives individuelles. Nous avons des artistes qui s’auto-produisent. C’est lui-même qui est le producteur, le manager et c’est lui-même qui vend ses CD. Avec cela quand est-ce qu’il aura le temps de faire des choses de qualité.

Est-ce que la vision du chef de l’Etat, en créant ce fonds, est atteinte ?

Je dirai oui. Ceci parce que le bébé est né. Il va grandir et à la fin il va murir. Les gens avaient besoin du milliard culturel. Et c’est ce qui justifie le foisonnement de la créativité. Et dans ce foisonnement, il nous arrive d’avoir de la qualité. Donc, le chef de l’Etat a bien fait de créer ce fonds au profit des artistes de son pays.

Mais, parait-il que c’est un groupuscule d’individus qui bénéficie de cet argent chaque année ?

Un milliard de francs Cfa.(Il sourit). Mais les artistes bénéficient de ce fonds ! L’année dernière, j’ai eu la chance de présider le conseil d’administration. Mais ce ne sont pas tous les artistes qui vont en bénéficier ! Ceux qui n’en ont pas reçu aujourd’hui peuvent dire que c’est à cause de la mafia. Chacun s’auto évalue et se dit qu’il a fait du bon travail. Mais après, il y a le comité des experts et puis après, il y a le conseil d’administration. Le milliard culturel revient aux acteurs culturels. Je vous le dis sincèrement.

Le mal de ce fonds, ont martelé certains artistes, ce sont les administrateurs. Qu’en est- il en réalité, M. le directeur ?

Les administrateurs du Fonds d’aide à la culture, ce sont les artistes même qui les élisent. Les administrateurs sont issus des associations en majorité. Les artistes peuvent se revoir en association s’ils pensent qu’il y a des problèmes ! Ce sont eux qui ont choisi les administrateurs. Ce n’est pas nous. Ce que je peux vous dire, moi je suis contrôleur de gestion de base et les procédures seront mises en place pour que tout soit transparent depuis la réception des dossiers jusqu’à la gestion. Nous allons voir si le comité d’experts est en train de faire réellement son travail. Les experts sont au nombre de trois par domaine, et c’est l’innovation qu’on a eue sous le ministre Jean- Michel Abimbola. Avant, ce n’était pas ça. Ainsi, avons-nous trois différentes notes. Si un expert donne 18 par exemple, un autre donne 3 au même dossier et le troisième expert donne 10, c’est qu’il y a un problème. Mais si les notes au niveau des trois experts sont comprises, entre 18, 17 et 15, cela montre qu’il s’agit d’un bon produit. Nous sommes au Bénin et tout peut arriver. Le ministre Jean – Michel Abimbola, quand il est arrivé, a dit si cela ne va pas, il ira aux réformes. Je serai dans toutes les localités, j’écouterai les préoccupations des artistes et je vais les rassurer. Moi, au-delà du seul milliard culturel, je veux avoir d’autres ressources. Et pour l’avoir, il faut que je puisse démontrer que j’ai une saine gestion. Et c’est à cela que je m’adonne. Certains disent que je n’ai pas la baguette magique. ça c’est vrai ! Mais je suis musicien moi aussi. Je n’ai, peut-être, pas sorti d’album mais je connais le monde culturel. J’ai fait le show-business. Donc, je connais les problèmes du secteur. Je crois que nous trouverons des solutions. Ce n’est pas seulement en sortant de l’argent mais par des partenariats. C’est ce que je veux faire au niveau du Fonds d’aide à la culture. Mais, pour l’heure, je suis en train de faire les diagnostics. Je suis en train d’aller sur les terrains. J’écoute tous les acteurs.

Monsieur le directeur, je prends par exemple Alèkpéhanhou qui est bien connu et un jeune qui fait également du zinli. Les deux ont déposé leurs dossiers qui ne souffrent de rien. Les deux dossiers sont de qualité et il ne faut que choisir un. Qui des deux allez-vous prendre : l’ancien ou le jeune ?

On ne parlera pas en termes de génération mais en termes de qualité du produit.

Oui M. le directeur, j’ai dit que chacun des deux a présenté un produit irréprochable

Quand c’est comme ça, les gens vont naturellement aux saupoudrages. Puisque les ressources sont limitées et la demande est forte, les gens vont aux saupoudrages. Avant, on donnait parfois deux millions à des artistes pour réaliser un album. Mais, aujourd’hui, avec le fort taux de la demande, il n’y a rien à faire, les gens vont aux saupoudrages. Je ne voudrais pas qu’on dise que certains sont prioritaires. Ils déposent tous et cela passe ou ne passe pas. Maintenant si quelqu’un reçoit parce qu’il est bon tous les ans, ce n’est pas un abonnement ! C’est un fonds pour l’appuyer. Si c’est la même personne qui va recevoir chaque fois parce qu’il est bon, je suis désolé ! L’administration peut dire ce dossier a eu 18 partout mais l’année dernière, il a été bénéficiaire. Donnons la chance à quelqu’un d’autre.

Est- ce qu’il y a après réception, un suivi de la gestion de l’artiste bénéficiaire?

Pour les initiatives individuelles, nous avons subventionné par exemple 150 artistes. Nous ne pouvons pas dire qu’on va les suivre un à un au studio. Mais quand vous finissez, vous nous produisez l’œuvre. C’est un critère de suivi pour les gens qui réalisent des albums. Nous avons un service de suivi – évaluation.

Qu’en est- il des dossiers ?

Je vous dis que sur six cents dossiers, par exemple, nous avons trois cents qui concernent la musique. Le milliard culturel ne suffit même pas. Nous allons nous battre pour avoir d’autres ressources. Nous allons nous battre pour avoir des partenaires financiers et même ceux qui vont nous apporter des choses en nature qui vont arranger les artistes. Nous sommes là pour travailler dans la transparence. Et tout ce que nous devons initier serait fait avec les artistes. Notre vision n’est pas différente de celle du chef de l’Etat. Je ferai tout pour que les artistes reprennent confiance par rapport aux actions que nous devons mener. Nous avons besoin de communiquer avec les artistes.

Un mot pour mettre fin à l’entretien

Je vous dis, cher journaliste, qu’au Fonds d’aide tout est établi. Le budget est élaboré avant qu’on ne démarre l’année. Si on envoie une lettre d’invitation à un artiste pour voyager, par exemple, et il vient spontanément pour demander une aide, je vous l’avoue : vous ne pouvez pas bénéficier. Il n’y a pas de fonds d’imprévus. Tous les fonds sont prévus au Fonds d’aide à la culture. Le programme d’activités est là et on le déroule. Ce que je veux dire, je suis là aujourd’hui, les gens n’ont qu’à être rassurés. Nous ne pouvons pas faire des réformes sans l’implication des acteurs culturels.

Entretien réalisé par Esckil AGBO

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