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Le triomphe de la vérité

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Editorial: L’argent des entreprises


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La question du financement des entreprises revient encore sur le tapis. Certains opérateurs économiques se plaignent de la réticence manifeste des banques à les appuyer dans leurs projets. Ils s’épanchent de plus en plus bruyamment dans les médias pour dénoncer cette « mauvaise foi » des banquiers prompts à prendre notre argent, mais subitement très (ou trop) méticuleux dès qu’il s’agit de le prêter aux entreprises.

Osons le dire : ce n’est pas de leur faute. Oui, les banques béninoises, peut-être plus qu’ailleurs, font des efforts dont on ne parle pas toujours. La discrétion relative dont elles font montre en accordant des prêts à telle PME ou à telle société ne doit pas faire oublier qu’elles constituent des maillons essentiels dans la promotion de l’entreprise. Peu de projets d’envergure d’expansion ou de développement n’auraient jamais vu le jour s’ils n’avaient pas bénéficié de cinq, dix ou vingt millions de FCFA ou même plus de l’un ou l’autre de nos établissements bancaires. Le problème est alors de savoir quelles garanties sont demandées avant que ces requêtes ne soient satisfaites. Et le problème est en définitive de savoir pourquoi tant de gens se plaignent à la fois.

Avouons-le, le problème est bien plus crucial qu’il n’y parait. Pour avoir accès au financement bancaire, les garanties demandées sont au-dessus de la capacité de l’écrasante majorité d’entre elles au Bénin. Le cas des entreprises naissantes est encore plus préoccupant. Elles doivent suer eau et sang avant de bénéficier de quelques subsides, lorsque leurs promoteurs sont très dynamiques. Conséquence, les critiques pleuvent sur les banques. Mais celles-ci ne manquent guère d’initiative pour attirer notamment les PME puisqu’elles forment 90% environ du tissu des entreprises au Bénin. BGFI-Bank par exemple a clairement affiché son intention de soutenir les entreprises, même si derrière les slogans subsiste un travail tout à fait méticuleux de contrôle des garanties.

Mais il se fait que depuis quelques années, les défaillances de l’Etat central avec qui bon nombre d’entreprises travaillent, ont contraint les établissements bancaires à faire l’impasse sur elles. Les difficultés de l’Etat à honorer ses engagements vis-à-vis de ses prestataires de services que sont les entreprises, créent auprès des banques une accumulation d’incertitudes sur leur solvabilité. Les soldes payées en retard, avec des écarts parfois assommants, découragent les entrepreneurs. Et elles ne sont pas nombreuses, celles qui parviennent à solder les agios accumulés auprès des banques dans ces conditions. Dans bien des cas, payer ses dettes aurait été pour l’Etat la meilleure alternative pour appuyer les entreprises.

Dans certains pays africains, le financement des entreprises est pris en charge par des institutions régionales ou sous-régionales. C’est le cas du FAGACE dont les difficultés n’en traduisent pas moins l’utilité. Des structures comme le Fonds de garantie des investissements privés en Afrique de l’Ouest (Fonds Gari) ou encore l’African Guarantee Fund (AGF) créés par la Banque Mondiale, la Banque africaine de développement (BAD) et d’autres banques, font encore leurs preuves. Ici et là, fleurissent des initiatives pilotées par les Etats eux-mêmes, comme le FNPEEJ au Bénin, au profit de l’entreprenariat. Mais le cas précis du FNPEEJ montre les limites de cette solution étatique. Les bénéficiaires de ces financements ont souvent tendance à les considérer comme des rentes politiques et les dilapident. C’est ce qui explique l’effondrement du FNPEEJ qui, à peine né, doit être restructuré en profondeur.

C’est dire que les fonds de garantie et autres structures de promotion du financement des entreprises, doivent être pilotés par des équipes dirigeantes effectivement professionnelles et indépendantes des pouvoirs publics. C’est la seule condition pour ne pas transformer ces institutions en officines de distribution de subsides pour les campagnes électorales. Et c’est ainsi que l’Etat pourra contribuer au financement des entreprises.

Le défi n’est plus aujourd’hui de savoir s’il faut le faire, tant la nécessité en est impérative. Il est de savoir pourquoi nos Etats n’en font pas une priorité alors qu’ils affirment vouloir lutter contre le chômage. Il n’y a pas meilleure politique que celle qui permet de créer de la richesse.

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