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Le triomphe de la vérité

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DOSSIER: Obtention du permis de conduire au Bénin: Autoécoles autorisées ou non, un secteur en attente de réformes


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Obtention du permis de conduire au Bénin: Autoécoles autorisées ou non, un secteur en attente de réformes

L’obtention du permis de conduire au Bénin passe d’abord par la formation dans une auto école. Comment se créent ces autos écoles ? La formation et les conditions d’obtention du permis respectent-elles la règlementation en vigueur ?

« Avant que je ne devienne moniteur, j’ai d’abord suivi la formation des moniteurs à la Direction générale des transports terrestres (Dgtt). Egalement, avant que l’auto école « La solution plus » ne voit le jour, il a fallu cette autorisation signée par le ministre des Travaux public et des transports (il brandit un papier de couleur jaune qui est en fait l’autorisation).

C’est en ces termes que s’est prêté à nos questions Fall Olaonikpèkoun, Moniteur de formation et gérant de l’auto école « La solution plus ». Dans cette auto école et comme dans la plus part, il y a une salle de formation équipée en ordinateurs, en tableau montrant les signes du code, de panneaux de signalisation et autres. Quelques rues avant ce centre de formation, se trouve un autre dont nous taisons le nom mais qui est logé dans une petite chambre avec une secrétaire jouant le rôle de gérante et qui informe sur le coût de la formation et autres modalités. Pas de fiche de renseignement comme ailleurs, l’espace de la formation ne peut contenir cinq personnes et le fondé reçoit sur rendez-vous.

De là, on comprend aisément que l’informel est entretenu. Car, les prix sont extrêmement moins chers, selon les informations de la jeune dame. Ainsi, à l’image de cette dernière, beaucoup d’autos écoles officient sur la place et dont le cadre de formation de même que les conditions d’encadrement technique dévoilent la vraie identité.

Mais, pour être plus sûr de la qualité du centre, « il faut exiger l’autorisation de la création et même du moniteur avant de s’inscrire dans une auto école », a précisé Calixte Ahotondji, président de l’association départementale des promoteurs et professionnels d’autos écoles de l’Atlantique et du Littoral (ADPPAE/AL).

Comment sont créées ces autos écoles clandestines ?

« Ces autos écoles clandestines sont crées par certains moniteurs qualifiés qui ne veulent pas rester sous un directeur d’auto école. Mais, il y a d’autres qui sont créées par des personnes qui ne sont pas de la corporation et qui n’ont aucune qualification pour la formation des apprenants », a révélé un responsable de l’Adppae/AL. « Ces centres de formation qui fonctionnent dans l’informel provoquent des problèmes d’insécurité sur nos routes à cause de la qualité de la formation donnée », ajoute Fall Olaonikpèkoun.

Au vu et au su des responsables de la Dgtt

« Les autorités le savent, ils sont au courant de tout. Mais le problème persiste de jour en jour », confie George, membre du syndicat des travailleurs de la Dgtt. Un autre moniteur qui a préféré l’anonymat condamne la Dgtt qui, selon lui, doit faire un suivi rigoureux tant au niveau des autorisations de création que du cadre de formation mis en place par le promoteur afin d’assainir le milieu.

« Notre souhait est que l’Etat mette fin à ce désordre et je crois que le ministre des travaux publics et des transports a d’ailleurs refusé depuis un certain temps de signer les autorisations. Sinon, même depuis son arrivée, il n’en n’a pas signé puisqu’il a constaté qu’il y a trop d’autos écoles dans notre pays et il veut voir clair dans ce dossier », assure le président de l’Adppae/AL, Calixte Ahotondji. Il lance un appel à la population et promet faire de son mieux pour la sécurité sur les routes au Bénin. « Nous, à notre niveau, nous voulons informer la population pour qu’elle fasse très attention. Avant de s’inscrire dans un établissement, il faut voir si l’autorisation de l’établissement est affichée, si le tarif est affiché et chercher à savoir si les moniteurs sont aussi qualifiés ».

Il va s’en dire que les responsabilités sont partagées aussi et impliquent les apprenants qui s’inscrivent anarchiquement dans les autos écoles, les promoteurs et les autorités de la Dgtt. Aussi, reste-t-il à savoir si les conditions dans lesquelles se font les examens du code et de la conduite respectent les normes prescrites.

Yannick SOMALON (Coll.)

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Processus de délivrance du permis de conduire par la Dgtt

De la formation aux examens du code et de la conduite, un cafouillage entretenu

Nous sommes à Cotonou dans la zone du Ceg le Littoral où se déroule régulièrement l’examen de la conduite après celui du code passé à la Direction départementale des transports terrestres. Dans la rue, les examinateurs supervisent l’examen sous l’œil vigilant des responsables d’autos écoles. Après avoir passé le test, un groupe de jeunes gens commente : « chez nous, on a fait affaire. On a donné de l’argent avant de passer le texte », s’exclame Raoudath toujours incertaine de son succès. Olivier réplique : « c’est grave quoi, donner 10.000 pour passer un test de conduite ? Peut-être vous mais pas moi ».

Indigné, il s’interroge: « Donc, c’est vrai ce que racontent les gens ? » Pour Gautier Kpatchi, moniteur venu encourager ses apprenants, « c’est un faux problème. En tout cas, depuis plusieurs années que j’accompagne mes apprenants, nous n’avons jamais été confrontés à cette situation. Peut-être ceux qui ne sont pas sûrs de la qualité de la formation qu’ils donnent à leurs apprenants peuvent cautionner ce fait pour les aider à avoir le permis ». Mais, au-delà de tout cela, les préoccupations divergent d’une personne à une autre. Pour Bernice, ce n’est pas le fait de prendre de l’argent chez les gens qui est le problème mais les méthodes de formation. Elle aurait souhaité que le véhicule de formation où de l’examen soit à la mode (véhicule automatique).

Fall Olaonikpèkoun déplore, pour sa part, le retard qui s’observe dans l’établissement et la délivrance des permis de conduire après les examens. « Le pire est que la Dgtt met du temps à délivrer les permis après les résultats des différents examens. Souvent, on laisse croire aux récipiendaires que la carte qui sert à établir le permis est épuisée. Ce sont de petits jeux qui astreignent les personnes qui sont dans l’attente de ce document à d’incessants va-et-vient. ‘’C’est nous qui sommes responsables d’autos écoles qui subissons la pression de notre clientèle lorsque les choses se passent comme ça ».

A la Direction départementale des transports terrestres, le chef Service Permis de conduire se désengage : « Je regrette. Mais, je ne peux vous dire quoi que ce soit à ce sujet. Le mieux, c’est de vous rapprocher de la hiérarchie (le ministère et la Dgtt) ». Mais, à la Dgtt, c’est la désolation. Car, d’abord l’attente est longue pour rencontrer le directeur en personne et une fois dans son bureau, il affiche sa sotte d’humeur.

Les mots sont durs et sans équivoques : « Vous me faites perdre du temps. Je n’ai pas une seule minute pour répondre à vos questions. Je prépare un voyage. On se verra peut-être à mon retour ». D’aucun pensent que la Dgtt doit prendre ses responsabilités et permettre au demandeurs d’avoir leurs documents (permis de conduire), normalement quinze jours après les examens.

Yannick SOMALON (Coll.)

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Calixte Ahotondji, Président de l’Association Départementale des Promoteurs et Professionnels d’Autos Ecoles de
l’Atlantique et du Littoral (Adppae/AL)

Entretien avec le président de l’Association Départementale des Promoteurs et Professionnels d’Autos Ecoles de l’Atlantique et du Littoral (Adppae/AL), Calixte Ahotondji, Directeur de l’Auto école Le Renouveau

« Des dispositions sont en cours pour dénicher les autoécoles clandestines »

 Abandonné à son propre sort avec tout ce qu’il génère aujourd’hui, le secteur des autos écoles ou établissements de formation pour l’obtention du permis de conduire est confronté à un tas de problèmes. D’abord, la qualité des centres, les formateurs et le processus de délivrance du permis de conduire sont remis en cause. Pour le président de l’Association Départementale des Promoteurs et Professionnels d’Autos Ecoles de l’Atlantique et du Littoral (Adppae/AL), Calixte Ahotondji, il n’est pas question de baisser les bras. Car, l’association doit tout faire pour assainir ce milieu phare de la sécurité routière même si les autorités compétentes maintiennent le silence.

L’Evénement Précis : Quelles sont les difficultés que vous rencontrez dans votre corporation ?

Calixte Ahotondji: C’est vrai qu’en toute chose, il y a toujours des difficultés et dans notre corporation de promoteurs et professionnels d’autos écoles, il y en a également. Je ne vais pas le nier. Nous avons, à un moment donné, commencé par sentir le besoin de regroupement afin de discuter des problèmes que nous avons en commun. Donc, nous nous sommes réunis en 2000 pour créer l’Adppae/AL qui est enregistrée au Ministère de l’intérieur.

Le plus grand problème auquel nous sommes confrontés aujourd’hui est la prolifération des autos écoles dans la ville de Cotonou et ses environs. Ces autos écoles, pour la plupart, ne sont pas autorisées. Elles n’ont pas le cadre idéal ou adéquat et le pire, c’est le manque de moniteurs attestés par la Direction générale des transports terrestres (Dgtt). Mais avec nos maigres moyens, on n’a pas pu faire grand chose.

 Quelles sont les activités que l’Adppae/AL a menées afin de lutter contre la multiplication anarchique des centres de formation pour le permis de conduire ?

Vous voyez, nous sommes dans un pays de droit et ceux là qui créent de façon frauduleuse les autos écoles, c’est à l’Etat en réalité qu’ils ont à faire. Nous, dans notre association, on n’a pas ce pouvoir d’aller fermer les portes d’une auto école. C’est à l’Etat qu’il revient de faire un suivi et voir comment les choses se passent dans la corporation puisque c’est lui qui donne les autorisations. D’abord, l’autorisation pour l’ouverture d’une auto école est signée par le ministre des travaux publics et des transports puis, la formation des moniteurs est assurée par la Direction générale des transports terrestres qui est une entité du ministère des travaux publics et des transports.

Donc, tout le privilège revient aux responsables de la Dgtt et du ministère de faire cette chasse aux pirates. Nous nous sommes rapprochés plusieurs fois de notre ministère en l’occurrence la Direction générale des transports terrestres à laquelle nous nous sommes plaints de la gravité de la situation. Mais leur réponse c’est quoi : « bon allez assainir votre corporation, personne ne peut le faire à votre place ». Or, c’est un problème de sécurité publique et l’Etat doit s’impliquer en premier pour organiser l’assainissement.

 En dehors des responsables de la Dgtt et du ministère, l’association ne peut-elle pas faire quelque chose dans ce sens ?

Notre association peut quelque chose. Mais, c’est un problème de moyens. Vous voyez les gens qui en réalité ne sont pas autorisés. Ils n’ont pas le cadre adéquat et la qualité de la formation donnée laisse à désirer à cause du moniteur. Alors, quand on décide de fermer la porte d’une auto école du genre malgré qu’on ne soit pas qualifié pour le faire, il faut la présence d’un huissier de justice, de la police, d’un représentant de la Dgtt et autres. Vous voyez le nombre de personne qu’on doit impliquer ? Alors que la Direction générale des transports terrestres peut, elle seule, former un comité de suivi accompagné par la police et le problème est réglé. Mais rien n’est fait jusqu’à présent.

 Donc vous confirmez que le suivi n’y est pas et que les autos écoles naissent anarchiquement dans les coins de rue de Cotonou. Cela voudra-t-il dire que la création de ses autos écoles est cautionnée par la Direction générale des transports terrestres ?

Ça je ne peux pas le confirmer. Pour ce que je sais, il y a une équipe qui circule par moment pour voire si l’auto école est autorisée et si le cadre de formation est adéquat. Ils ont été faire la tournée au nord et dans le Mono il y a un bon moment. Mais je ne sais pas pourquoi cela n’a pas été fait à Cotonou et ses environs, par exemple. Or, c’est à Cotonou que règne le désordre. Donc, ces autos écoles clandestines sont connues par les autorités. Mais les actions pour mettre fin au désordre ne sont pas menées. Il ne reste que l’association qui lève le ton parfois pour faire des mises en garde à l’endroit de ces autos écoles clandestines.

 Il y a toujours des gens qui vont à l’encontre des décisions dans une association. Tel est le cas chez vous ?

Bien sûr. Là, vous avez parfaitement raison puisque les autos écoles finissent toujours par faire délivrer le permis de conduire à leurs apprenants. C’est pour dire qu’en exerçant dans l’illégalité, elles ne sont pas habiletées à déposer les dossiers des apprenants comme ceux des autos écoles agréées. Alors, elles passent par des responsables d’autos écoles agréées de l’association qui les épaulent et les aident à déposer les dossiers. C’est un autre mal qui ne nous favorise pas la tache dans cette lutte. Mais nous sommes en train de nous surveiller de près.

 Et les dessous de tables prélevés chez les apprenants lors des examens, qu’en savez-vous ?

Ça, c’est vous qui le dites. Mais, c’est bien possible parce que ce sont différentes catégories de personnes qui se retrouvent lors des examens. Certains peuvent être sûrs d’eux mêmes tandis que d’autres aimeraient la facilité et chercher à soudoyer les examinateurs. Ce qui est certain, on ne peut rien affirmer tant qu’on n’aura pas vu un agent de la Dgtt prendre de l’argent chez un candidat. Mais, le problème est là et seuls les concernés peuvent dire la vérité.

 Les demandeurs de formation en sont aussi pour quelque chose, n’est-ce pas ?

Je suis très heureux de votre passage et du travail que vous faite dans votre journal. Vous êtes nos relais quand il s’agit de lancer un appel à la population. En cela, nous avons pris des dispositions à travers des communiqués radio pour mettre en garde ces autos écoles clandestines qui bâclent le travail de formation. Je leur dis simplement que des dispositions sont en cours pour les dénicher. Si les responsables de la Direction générale des transports terrestres (Dgtt) ne veulent pas prendre à bras le corps le problème, nous membres de l’Adppae/AL promettons à la population une formation de taille et plus de sécurité en matière d’obtention du permis de conduire.

Ce qui revient à la population, c’est de demander aux autos écoles où ils veulent suivre la formation, leur autorisation. Les propositions de prix mirobolantes ne font pas l’affaire. C’est un carton jaune sur lequel sont inscrites les informations et signé par le ministre des Travaux public et des transports. C’est la première des choses avant l’inscription. Si au fil des jours, elles n’ont personne à former, je crois qu’elles vont fermer les portes et comme ça, notre lutte aura payé.

 Entretien réalisé par

Yannick SOMALON

 

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