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Le triomphe de la vérité

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Editorial:Et si Aïvo avait raison


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« Qui gouverne le Bénin ? » C’est le titre d’une tribune signée hier dans la presse par le Professeur Frédéric Joël Aïvo, un morceau de feu comme ne savent en produire que les révoltés. « Il n’a échappé à personne que dans notre pays, tout est désormais permis, absolument tout. On y vend ce que l’on veut, où on veut, comme on veut et quand on veut ». Voilà un extrait qui résume à peu près la violente charge du professeur contre le mal béninois. Un mal tentaculaire qui s’est infiltré partout, dans tous les rouages de la société béninoise qui se gangrène joyeusement au vu et au su de tout le monde.

A la différence du Professeur, je ne veux pas en incriminer les « gouvernants », accusés d’être responsables de la chienlit et d’être en fin de compte ceux par qui le mal perdure. Certes, la démocratie électorale en cours chez nous depuis 22 ans, a instauré un système politique singulier. Ici, le citoyen, confronté à des désirs contradictoires, veut une chose et son contraire en même temps. C’est lui-même qui élit ses responsables sur la base du régionalisme et de l’argent, et c’est lui-même qui veut en même temps la bonne gouvernance.

A ce train-là, dans le siècle prochain comme dans celui-ci, la présidence de la République du Bénin ne sera réservée qu’aux banquiers fortunés et aux « hommes d’affaires qui auraient su tirer sur les ficelles du régionalisme. Nous courons droit vers la ploutocratie, le régime des riches. Le citoyen lambda le sait, mais à l’instant T où il doit voter, les déterminants sociologiques les plus puissants qui pèsent sur ses choix sont tirés par le phénomène centrifuge du fils du terroir et l’attrait de l’argent.

On ne peut comprendre autrement pourquoi depuis une décennie, la ville de Cotonou, vitrine du pays soit dans un tel état d’insalubrité et d’anarchie et que jamais il n’y a eu un sursaut d’orgueil collectif pour laver la honte. Au contraire.

Le ver est donc dans le fruit. D’autant d’ailleurs que dans l’antre universitaire d’où le professeur a lancé son cri d’alarme, il sait lui-même qu’il y a régné un désordre monstre que l’actuelle équipe rectorale peine encore à juguler. Comment comprendre que dans ce haut lieu de savoir, temple de la rigueur et de la science, il ait pu régner pendant plus d’une décennie comme une ambiance de carnaval, que les échecs les plus massifs passent inaperçus comme si c’était normal, et que certains enseignants prennent leurs étudiantes comme leurs filles de joie.

Le mal est donc général. Et parce qu’il est vraiment général, il mérite que l’on y applique une thérapie de choc dont les âges se souviendront. Non, je ne suis pas pour une certaine dictature du développement. Je suis pour la promotion d’une classe de citoyens convaincus de leurs devoirs et conscients du remède impératif qu’il faudra appliquer.

 Car, le Béninois d’aujourd’hui est si atteint du virus de la médiocrité et de la tricherie qu’il faut des efforts surhumains pour le sortir de là. Abrégeons nos souffrances, construisons une nouvelle société de gens non seulement vertueux mais surtout convaincus qu’il faut imposer la vertu pour aller de l’avant.

Ces gens, contrairement à ce que l’on peut croire, existent déjà. Ils sont dans les administrations, dans les entreprises, dans les institutions et sont capables de redresser la barre. Il suffit, pour cela, de faire confiance à l’intelligence et à la raison, à la force de nos rêves communs pour les hisser aux postes de décision dont ils ont besoin pour prendre les bonnes décisions. Sur ce chemin, malheureusement, je ne crois pas du tout en une quelconque démocratie.

Je crois au contraire en des individualités complémentaires qui serviront de noyau dur au formatage de la république. Au-delà des calculs politiques et des ajustements carriéristes qui font les hypocrisies les plus bêtes, ils seront les forgerons qui allumeront le feu nouveau qui doit brûler au fond de chaque citoyen pour en faire un agent véritable de développement dont le pays a besoin partout.

Olivier ALLOCHEME

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