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Le triomphe de la vérité

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Editorial:Gay man, quand l’Afrique tient sa revanche


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L’Américain Shaou Breseop a eu de la chance. Quelques jours seulement après avoir été pris en otage par quelques individus à la frontière d’Hillacondji, il a pu être récupéré par la police béninoise aidée pour la circonstance par le FBI, la police fédérale américaine. Selon ce qu’on a pu comprendre des rares renseignements livrés par la police béninoise, c’est par Internet que des Nigérians et un Béninois ont pu avoir l’Américain et ont réussi à le conduire jusque dans un village du Mono.

Sa famille a alors fait l’objet d’une demande de rançons assortie de menaces sur sa vie. C’est du grand art !!! Ces hackers qui écument internet depuis quelques années sont en effet des experts de l’arnaque. Si le Nigeria est leur base naturelle en Afrique de l’Ouest, ils ont décentralisé leurs actions. De sorte que sur la toile, Cotonou et Abidjan apparaissent régulièrement comme des plaques tournantes de la pègre. Gay man, c’est le nom d’un nouveau métier, né sur les rives de la délinquance virtuelle menée par des jeunes, doués en informatique et armés d’une idéologie de voyou : profiter de l’anonymat de la toile pour escroquer.

Par milliers, de pauvres citoyens ont été délestés de sommes colossales alors même qu’ils croyaient être tombés sur des affaires en or : tel héritier libérien ou congolais désireux de liquider l’or ou le diamant familial, tel milliardaire équato-guinéen soucieux d’échanger quelques billets de FCFA contre une cargaison de dollar ou de peso dont il aurait du mal à se délester, telle autre jeune fille russe ou ukrainienne en mal d’amour dans son pays qui se découvre un brutal coup de foudre pour vous, et c’est parti pour une histoire à dormir debout dans laquelle beaucoup de Béninois se sont fait escroquer des milliers voire des millions de FCFA.

Pour les autres, c’est encore pire. Américains, Canadiens, Français, Belges, Sud-africains font régulièrement les frais de cette forme de banditisme que beaucoup découvrent à leurs dépens. Et nous voyons dans nos quartiers de jeunes hurluberlus qui s’affublent subitement de belles voitures et mènent grand train lors des shows organisés dans les boites de nuit, alors qu’ils n’ont d’autre métier que celui de squatter les cybers centres à longueur de journée. L’action de la police qui a fini par former une unité spéciale à cet effet a réussi à les rendre un peu plus discrets, mais le coup d’Hillacondji prouve qu’ils n’ont reculé que pour sauter mieux.

Le cas du Bénin est loin d’être unique. S’exprimant début mai lors de l’ouverture de la conférence régionale Interpol-Europe à Tel-Aviv, le patron d’Interpol Khoo Boon Hui, a même indiqué que les bandes organisées internationales sont derrière la plupart des escroqueries sur Internet. Citant une étude de la London’s Metropolitan University, il a révélé que le coût estimé de la cybercriminalité est plus élevé que les trafics de cocaïne, d’héroïne et de marijuana réunis. En Europe, l’étude révèle que le coût de la cybercriminalité a atteint 750 milliards d’euros par an. Les banques américaines ont perdu l’année dernière 900 millions de dollars par le fait de voleurs traditionnels et 12 milliards de dollars à cause des cybercriminels.

L’autre visage du mal, ce sont les cyberattaques lancées par des groupes organisés contre des cibles visées pour des raisons plus ou moins idéologiques. En Israël, il y aurait selon Interpol « plus de 1 000 cyberattaques chaque minute », des attaques menées par des hackers affirmant être arabes, en réaction à la situation politique du Proche-Orient. « Nous sommes Anonymous. Nous sommes Légion. Nous ne pardonnons pas. Nous n’oublions pas. Redoutez-nous. »

 Derrière ces mots menaçants se cache un groupe dénommé Les Anonymous qui mène depuis 2006 des attaques informatiques de grande envergure contre de grandes entreprises, les institutions et les Etats. C’est le cas de Mastercard (décembre 2010), Sony et le PlayStation Network (avril 2011) dont les systèmes informatiques et les sites internet ont été bloqués à distance par des centaines de hackers coalisés à travers le monde au nom de la liberté d’expression. On se souviendra que des actions du même genre ont visé les sites internet du FBI et du gouvernement américain momentanément pris en otage.

Nous entrons en fait dans une cyberguerre dont les belligérants sont encore à identifier. Au Bénin, on a pendant longtemps prétendu que ce sont les Noirs qui, en détroussant les Blancs, prennent enfin leur revanche sur les humiliations de l’histoire. Aujourd’hui, on peut se rendre compte que la réalité est beaucoup moins simple.

Olivier ALLOCHEME

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