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Le triomphe de la vérité

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Editorial:Hollande Président


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François Hollande est depuis hier entré dans la plénitude de ses pouvoirs de Président de la République française. Pour cinq ans, celui qui se définit lui-même comme un Président « normal » par opposition aux excentricités de son prédécesseur tentera d’appliquer un programme de redressement socio-économique rendu obligatoire par la crise. Tout le monde aura remarqué l’infinie précaution prise par l’élu français pour montrer un respect plus que scrupuleux des normes républicaines françaises.

Malgré la pluie battante, tout le rite d’investiture a été respecté à la lettre, le nouveau président mettant même un point d’honneur à célébrer la grande âme française ainsi que le faste de son industrie automobile en pavoisant sur les Champs- Elysées à bord de la fameuse Citroën DS5. Tout a été organisé pour la gloire de la France et de la France seule. Et pas d’un homme

Il n’aura pas échappé aux Béninois cette singulière sobriété qui contraste si violemment avec le faste et le folklore assourdissants qui ont présidé à l’investiture de Boni Yayi l’année dernière. Il en a été de Boni Yayi comme de tous les Présidents de la République à qui nous avons confié le destin de notre pays durant ces deux dernières décennies. Ils voient avant tout leur accession au fauteuil présidentiel (providentiel ?) comme l’aboutissement d’un destin, le couronnement d’une vie. Ce n’est donc pas pour rien que leur investiture s’apparente plus à un sacre royal qu’à une prise de charges républicaines.

Un Hollande président s’est démarqué de l’hyperprésidentialisme de Sarkozy en annonçant qu’il exercera sa charge avec « dignité et simplicité ». « Etat impartial », la France de Hollande promet d’être basée sur l’égalité et la justice. « Je fixerai les priorités, mais je ne déciderai pas » de tout, « pour tout et partout », a répété le nouveau président.C’est une critique ouverte de l’ex-président, sous la forme d’un discours de campagne qui annonce de grands changements. Priorité des priorités, l’école française.

 Socle de la société, elle exige aujourd’hui une attention soutenue à l’heure où la France fait face à la féroce concurrence des autres nations grâce à la force de son génie. J’aime cette tension vers l’avenir, cette soif de demain, cette référence intellectuelle, quoi que mitigée, à Jules Ferry, le grand maitre, le pédagogue hors pair. Au cœur de cette France de brillants esprits qui rivalisent de grandeur au fil des ans, Hollande entend ainsi planter un nouveau germe.

J’aime surtout en cette investiture le culte de l’exemplarité poussé jusqu’à son extrême. Ce qui aura retenu l’attention, c’est le refus de Ségolène Royal d’amener ses enfants à ces agapes élyséennes où ils étaient attendus. ‘’C’est Hollande qui est élu et non pas sa tribu’’. Et non pas son harem. 06 Avril 2011, nous avons eu droit au Bénin à tout le contraire.

Tout Tchaourou et consorts avaient accouru au stade de Porto-Novo pour célébrer son grand roi. Le festin a été célébré avec forces orchestres, déploiements protocolaires d’anciens présidents, de présidents et ministres africains comme étrangers invités, le tout dans le décor flamboyant du stade Charles de Gaulle richement décoré pour la circonstance. Aucun respect pour la mesure, folklore incessant, désir plus que manifeste de dépenser les ressources de l’Etat et d’en dépenser à profusion : voilà l’investiture telle que pensée et animée il y a un an.

Parmi les hôtes, bien sûr la première dame, mais aussi « la femme et les enfants du Président », officiellement annoncés par le protocole et qui sont allés saluer le nouvel élu, sans aucune gêne. Encore heureux de n’avoir pas entendu « la concubine et les autres maitresses du président », le peuple béninois a vu ce jour-là un dévoiement manifeste des valeurs républicaines sous un nouveau quinquennat annoncé pour être celui des réformes. On voit par où il fallait les débuter déjà, ces fameuses réformes…

François Hollande est convaincu qu’en le choisissant, le peuple français ne choisissait pas un roi, mais un président chargé de leur apporter le bien-être et la dignité. Dignité ? Oui, et surtout responsabilité, et surtout éthique, et surtout respect des normes républicaines. Nul ne peut élever son pays et lui donner un avenir s’il s’attaque à ces charpentes insurmontables du pouvoir d’Etat.

Hier, la France a dit adieu à un président blingbling pour un président « normal ». Mais le Bénin est encore gouverné jusqu’à saturation par un présidentialisme voyeur dont les oripeaux nous étouffent.

Olivier ALLOCHEME

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