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Le triomphe de la vérité

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Editorial: La politique sur les collines


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Pour la quatrième fois, Boni Yayi n’a pas résisté à la tentation d’utiliser la tribune du pèlerinage de Dassa pour soigner son image dans le cœur des catholiques. Du haut des falaises saintes, le Chef de l’Etat a adressé un message de paix et d’unité à la nation, demandant à tous de l’amour et de la solidarité pour construire le Bénin. C’est très beau. Mais cet auditoire religieux venu à Dassa pour adorer la Vierge Marie, avait le cœur ailleurs. J’ai toujours trouvé qu’il y a quelque chose de répugnant à utiliser les enceintes de l’église, du temple ou de la mosquée pour y faire passer des messages politiques. Les oraisons  politiques transportées à l’autel constituent une profanation légalisée de l’idéal religieux. Ceci passe comme une habitude depuis toujours. Et depuis 2006, le Chef de l’Etat n’arrête pas de transformer Dassa en un pèlerinage politique, un peu comme Adrien Houngbédji d’ailleurs. Ils sont venus à Dassa pour tout, sauf pour la Vierge Marie. Les hommes politiques ont compris que ce peuple n’a pas vraiment besoin d’être pris au sérieux, et qu’il faut le prendre par les sentiments. Les vrais pèlerins, ceux qui n’y sont pas allés pour les besoins de l’exhibitionnisme, sont instrumentalisés au profit de la politique-show, de la démonstration tapageuse et inutile. Apparemment, l’Eglise elle-même a sanctifié ce dévoiement de Dieu. Dimanche, c’est le gratin politique qui a occupé les premières loges lors de la messe finale de Dassa, reléguant  le peuple des croyants à l’arrière-plan. Comme toujours, les premières places sont réservées aux députés, ministres, conseillers et autres politicards.  Ils ont troublé la quiétude de celles et ceux qui n’y vont que pour boire les pleines béatitudes de Marie. En politisant les grottes de Dassa, l’Eglise elle-même s’offre en terrain de conquête pour des combats qui ne sont pas les siens, pour des luttes sauvages et éhontées auxquelles elle échappe par nature. Tu quoque, filii ? (toi aussi, mon fils ?), se demanderait Marie du haut des cieux, face à SON institution qui se défigure  presque joyeusement. Car c’est aux pieds de la sainte Vierge que tous les malheureux de la terre viennent déposer le fardeau de leurs misères et de leurs péchés, cherchant sa bénédiction et proclamant à pleine voix l’immense bonté de son cœur maternel. C’est à ses pieds à Dassa que le peuple du Bénin vient se consoler de ses pleurs et de ses peines, louant et bénissant toujours sa prodigieuse bonté. Et j’ai la faiblesse de croire qu’au fond de cet idéal pur et absolument sacré, il ne devrait jamais, JAMAIS, y avoir l’immixtion d’un autre souci autre que l’élévation des cœurs vers Marie et Marie seule. Vers Dieu et Dieu seul. Vers Christ et Christ seul. Et presque toujours, l’horreur se mêle à la pure sanctification voulue par la Sainte Mère et cherchée par son peuple qui accourt de partout pour l’adorer et lui  rendre gloire. Le comble, c’est le discours rituel auquel le Président de la République se prête à chacun de ces apparitions à Dassa. A quelle logique républicaine ou religieuse répond-t-il sinon à au mélange des genres ?

        Oui, il y a un mélange inacceptable de sacré et de politique dans un lieu réputé pieux et béni. Revêtues de toute leur bénédiction mariale, voilà que les belles collines de Dassa servent à la messe politique de ceux qui n’y ont jamais mis les pieds que pour faire leur campagne. Ils ont droit de la faire partout, sauf dans les églises, sauf dans les mosquées, sauf dans les temples qui sont des lieux uniquement réservés à Dieu.

        A moins de me répéter, j’ai toujours dit que la politique béninoise souffre d’une carence historique, celle des idées. Depuis toujours, les hommes et femmes qui veulent nous diriger ou qui nous dirigent déjà, se comportent comme s’ils ne devraient pas nous proposer autre chose que leurs frasques et leurs petits gestes. A quelques mois de la présidentielle de mars 2011, aucun d’eux n’a encore dit ce qu’il fera de la production cotonnière par exemple qui stagne alors qu’elle nourrit directement 120 000 Béninois et forme 40% des exportations du pays. Aucun d’eux ne nous a encore situés sur ce qu’il entend faire du système éducatif déliquescent…Experts en querelles et nuls en idées de développement, ils se sont précipités à Dassa pour communier à notre ignorance.

Olivier ALLOCHEME

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1 thoughts on “Editorial: La politique sur les collines

  1. togoudo

    Simplement bien dit; bravo et surtout continuez à le leur dire peut être que l’église finira par comprendre qu’elle n’a que dalle et que les politiciens ne font que la salir

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