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Le triomphe de la vérité

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EDITORIAL: Le gangstérisme budgétaire


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Il y a un énorme trou de plus de 400 milliards de FCFA dans le budget 2010. Pour que  la loi des finances se réalise, l’Etat devra rechercher encore cette somme astronomique auprès de nos partenaires traditionnels. Mais le FMI et la Banque Mondiale comme d’ailleurs récemment le Danemark n’ont jamais caché leurs critiques face aux orientations désordonnées du Bénin en matière budgétaire. Et donc le problème se pose de savoir comment mobiliser ces ressources manquantes et comment faire face à une fronde sociale incessante.
 D’ores et déjà, les fins limiers du ministère des finances ont trouvé une parade en faisant cisailler de 40 à 60% les budgets des ministères sectoriels. Autrement dit, au lieu de s’en tenir à l’ordonnance prise le 31 décembre pour adopter un budget de  1346,439 milliards de FCFA, les responsables financiers de tous les ministères sont invités à diminuer drastiquement les dépenses publiques en opérant des coupes sombres tenant compte de la trésorerie actuelle. C’est un gangstérisme politico-financier mais qui devra éviter à notre pays le piège de la grandiloquence contenue dans ce budget volontairement boursouflé. Les ambitions extravagantes affichées dans cette loi des finances ne sont que du vent d’autant que sur un total de  1346,439 milliards de FCFA prévus par cette loi des finances, les prévisions de recettes les plus optimistes n’excèdent guère 883,2 milliards de francs CFA. Il faut donc 463,239 milliards de FCFA pour combler ce gap abyssal !
C’est un challenge impossible à remporter dans la conjoncture économique internationale marquée par la baisse drastique de l’aide au développement. Selon un rapport de la Banque mondiale publié seulement avant-hier, on n’apprend que les 0,7% de leurs PIB promis par les pays riches aux plus pauvres n’ont jamais été aussi impossibles à réaliser. En dehors des  cinq pays scandinaves qui font des efforts pour atteindre ce ratio, les autres n’ont de cesse de reculer. De sorte que les flux financiers en direction des pays pauvres sont au plus bas. Globalement, les capitaux privés sont pourtant  les plus touchés atteignant en 2008 une baisse d’environ 40%, du fait de la crise économique tentaculaire.
Dans ces conditions, il ne faut pas vraiment s’attendre  à la manne venue d’Occident. Elle risque de s’amenuiser pour le Bénin et donc de sonner le glas d’une politique budgétaire axée sur la générosité présidentielle vis-à-vis de la forte demande sociale. Recevant mercredi les syndicats des enseignants du supérieur, Boni Yayi a été clair. L’Etat-Providence qui octroyait primes et subventions risque d’être bientôt étouffée, asphyxiée par la masse salariale qui enfle pendant que  les recettes intérieures et extérieures  s’amenuisent. C’est une véritable quadrature du cercle qui se pose au gouvernement d’autant que les grèves perlées en cours dans tous les secteurs font rage.
Le choix récent effectué par le Chef de l’Etat en face des exigences des enseignants du supérieur est une illustration de l’étau dans lequel il s’est retrouvé. Attendant une mission d’évaluation du FMI dans deux mois, Boni Yayi a proposé aux enseignants d’attendre jusqu’à cette échéance afin qu’il soumette leurs doléances à ces partenaires. Les mains liées derrière le dos, il attendra sagement la décision des experts du Fonds qui, il ne faut pas en douter, ne lui laisseront qu’un choix : dire non. C’est pourquoi, l’entourloupette imaginée par le Chef de l’Etat pour se sortir provisoirement de ce guêpier est finalement bien trouvée. Elle offrira au Président de la République un refuge de taille quand il sera obligé de dire vraiment non. Dans le même temps, il aura réussi à sauver une année académique finalement en lambeaux. Preuve que parfois, le banditisme budgétaire peut avoir du bon…
Dans tous les cas, la générosité présidentielle de ces trois dernières années s’est muée en une gigantesque impuissance face à la fronde sociale. Les acteurs sociaux n’ont vraiment cure des difficultés budgétaires d’aujourd’hui. D’autant que le Palais de la présidence transformée en une géante machine à nommer offre la massive preuve d’une gouvernance sans scrupule ayant sacrifié totalement aux exigences politiques la  pure décence d’une gestion rationnelle des deniers de l’Etat. En plein XXIè siècle,  voilà notre Etat acculé à la clochardisation du budget.

 Olivier ALLOCHEME

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2 thoughts on “EDITORIAL: Le gangstérisme budgétaire

  1. Professeur Andoche AMEGNISSE

    C’est la gouvernance scabreuse d’un docteur sans doctorat. Triste bénin!!!!!!!!!!

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