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La situation actuelle que traverse le Bénin, ne laisse aucun acteur politique, comme religieux, indifférent. C’est le cas de député à l’Assemblée Nationale du Bénin, Natondé Aké qui dans cette interview appelle au consensus de la part de tous les acteurs politiques. L’intérêt de la nation devant être priorisé au détriment de celui personnel, le candidat de l’Union Progressiste dans la 24ème circonscription électorale a saisi l’occasion pour exposer les cas de figures à explorer pour que la démocratie et la paix continuent de perdurer au Bénin.
L’Evénement Précis : Honorable, avec la tension qui prévaut, ne pensez vous pas que les acteurs politiques ont besoin de s’entendre sur un certain nombre de points pour avancer dans le processus électoral en cours ?
He Natondé Aké : Votre question fait appel à la notion de consensus politique que nous allons d’abord essayer de d’expliquer. D’abord le mot consensus fait allusion déjà à une attente collective pour résoudre un problème. On peut dont dire qu’il y a consensus autour d’un sujet lorsque tout le monde globalement s’entend sur la manière de règlement d’un problème. En politique, dans notre pays, le mot consensus avait été utilisé à plusieurs reprises par le passé. A la Conférence nationale de forces vives de la Nation, c’est le consensus qui a prévalu. Juridiquement parlant également, en 2006, il y a eu une décision de la Cour constitutionnelle dirigée par feue Conceptia Houinsou qui a consacré la valeur constitutionnelle du consensus. C’était à l’occasion de l’annulation du vote pour la révision de la constitution émis par la quatrième législature en juillet 2006. C’est à cette occasion que, nous avons pour la première fois lu et entendu parler de la notion de consensus qui devrait prévaloir avant toute décision capitale à prendre et qui engage la vie politique nationale. Je peux donc dire qu’à l’époque, c’était une révision qui avait consisté à prolonger d’un an, le mandat des députés pour l’aligner avec les élections communales. Mais la haute juridiction est intervenue pour siffler la fin de la récréation en disant que le consensus qui a prévalu à la Conférence des forces vives de la Nations et qui a institué le mandat de 4 ans des députés ne devrait pas être rompu si tout le monde n’est d’accord pas d’accorder. Cela veut dire que s’il devrait avoir consensus, la classe politique puisse s’entendre. On n’a pas besoin de réorganiser une autre conférence nationale ou assise comme j’entends certains soutenir, avant de sortir le pays de l’impasse électorale. Mais plutôt une décision oùtout le monde tombe d’accord que c’est de cette manière que nous pouvons procéder pour régler le problème qui se pose. Le mot consensus apparait également dans le protocole additionnel de la Cedeao concernant la bonne gouvernance où il est dit que six mois avant les élections, on ne doit plus toucher aux lois électorales, sauf cas de consensus de la classe politique. Et dans notre corpus juridique au niveau national également, nous avons utilisé ce mot disant que le processus électoral, une fois engagée ne peut plus s’arrêter sauf cas de consensus et sur décision de la Cour constitutionnelle. Donc, on entend pas consensus politique, l’entend retrouver par toutes les composantes de la société qui décident de régler un problème qui se pose d’une certaine manière.
Vous confirmez donc que la meilleure manière de sortir de crise est le consensus ?
Bien sûr. Le consensus s’impose dans les décisions capitales parce que dans une démocratie, la voix de la majorité passe généralement. Quand nous sommes à l’Assemblée nationale pour les lois ordinaires, la majorité simple est requise, mais pour d’autres questions capitales, le consensus est requis.
Comment obtenir alors un consensus ?
Pour obtenir un consensus en politique, c’est aussi simple, comme compliqué. Il faut que les acteurs politiques se départissent de leurs égos avant qu’on ne parvienne à cela. Pour y arriver, il faut que l’on accepte de sacrifier des intérêts particuliers au nom de l’intérêt général du pays. C’est de dialoguer pour s’entendre. Il ne s’agit pas de s’injurier. Les injures sont devenues l’apanage de la classe politique béninoise. On injurie tout le monde à tort et à travers sans savoir que demain, on peut avoir besoin de s’asseoir autour de la même table pour régler des problèmes et c’est le cas actuellement. Vous savez que les députés de la majorité présidentielle ont été traités de tous les noms. Ils ont été traités de tous les mots qu’il y a dans le dictionnaire Larousse et le Petit Robert. Mais, heureusement aujourd’hui, on a besoin des mêmes personnes pour réaliser un consensus afin de régler le problème qui se pose actuellement. Donc j’invite toute la classe politique à savoir raison garder pour qu’au moment opportun, on puisse bien régler les divergences.
Votre appel à la classe politique
S’il y a consensus pour bâtir quelque chose au profit du pays, c’est l’intérêt général qui prévaut. En terme d’inconvénient, tout le monde doit sacrifier quelque chose pour permettre d’atteindre le résultat attendu. Tant que c’est pour l’intérêt de la Nation, ce n’est même plus un inconvénient. Nous devons nous unir pour relancer le processus électoral.
Réalisée par Emmanuel GBETO