Editorial: La  vraie bataille commence

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Dès le départ, Assan Séibou savait que sa proposition de loi n’allait pas passer. Comme je l’ai dit, cela signifie clairement que les objectifs étaient ailleurs. Et que probablement certains députés sont tombés dans le panneau. Mais les sept députés de la mouvance qui ont voté contre ont eu l’intelligence de ne pas développer un discours anti-Talon. Lorsque j’entends les justifications d’un Malick Gomina endossant les habits d’opposant, il me rappelle un courroux gigantesque de Patrice Talon qui précisément l’a empêché d’être ministre. Volonté de vengeance ? Sans doute oui. Il n’y a pas d’autres explications.  S’il n’avait pas un appui conséquent derrière, ce type d’outrecuidance serait presque un arrêt de mort politique pour lui. Et quand on observe tous les sept, ce sont des pro-Boco.

C’est en cela que le coup de la tentative de révision peut et va semer une cassure. Elle est faite pour identifier clairement ceux qui peuvent être des traitres. Sur ce chapitre, le coup est parfaitement réussi. Bien que le chef de l’Etat ait fait tout ce qu’il a pu pour que  la révision soit acquise, bien qu’un parti comme le BR ait fait signer un accord en bonne et due forme à ses députés afin qu’ils votent pour, certains ont pris la liberté d’aller contre leur propre signature. Ils ont montré leur vrai visage et cela comptera beaucoup pour 2026.  Auréolés de leur succès, ces députés traitres à la mouvance ne s’arrêteront pas en si bon chemin. Il est bien possible qu’ils s’associent pour créer un nouveau parti politique au nom de leur leader, Olivier Boco. C’est du moins les bruits de coulisse que j’entends depuis quelque temps.

Là encore, il ne faut pas sous-estimer la sagacité du chef de l’Etat. Patrice Talon peut visser davantage les conditions de candidature, s’il le veut.  D’autant plus qu’il veut avoir la quasi-certitude que n’importe qui ne sortira pas d’on ne sait où pour être candidat. Et plus encore, que même si les jeux d’argent devraient entrer en ligne de compte, ils auront un impact limité sur les élus capables de monnayer leurs parrainages. Et à ce sujet, Olivier Boco a besoin d’un jeu suffisamment ouvert. Il ne lésinera pas sur les moyens pour imposer sa candidature à son ami qui ne veut surtout pas de lui. Patrice Talon est convaincu que les manœuvres actuelles de l’homme d’affaires sont les signes évidents qu’il ne peut compter sur lui pour assurer ses arrières. Le vote de vendredi a même montré qu’il est capable de monter une partie de l’hémicycle contre lui.

Ce mardi marque une étape importante dans la préparation de 2026. Ceux qui pensaient que le vote de vendredi constitue un échec pour le chef de l’Etat, ont vu le doigt au lieu de regarder la cible qu’il  désigne. J’ai vu les députés Démocrates entonner l’hymne national à l’Assemblée, un peu comme s’ils venaient de remporter la dure bataille d’Atchoukpa. Non ! Vous n’y êtes pas. C’est précisément parce que vous avez bloqué la révision de la constitution que la loi de la majorité vous sera appliquée ce mardi. Et cette fois-ci en réalité, les dispositions qui seront retouchées seront de nature à empêcher que vous ayez plus d’un candidat !

La véritable question est de savoir si Olivier Boco aura la baraka pour faire échec à cette manœuvre. Disons-le clairement : la guerre est ouverte entre les deux hommes. Et si l’enfant de Soclogbo l’emporte mardi, il va s’ouvrir la voie royale pour 2026. Ira-t-il jusqu’à mettre la main à la poche pour acheter des voix au sein du camp présidentiel ? D’abord, qu’est-ce qui vous dit qu’il ne l’a pas fait vendredi ? Tous les coups sont permis.

 Pour ma part, je reste convaincu que les chances de Olivier Boco restent intactes. Même s’il échoue demain, il n’aura aucun intérêt à sortir de l’appareil Talon. Il est vrai que pour lui la tentation est forte de s’allier à l’opposition, si ce n’est déjà fait.  Mais pour le moment, Patrice Talon a administré la preuve vendredi qu’il a encore la haute main sur sa majorité. Pire, ceux qui ont voté contre savent déjà qu’il y aura des représailles.

Olivier ALLOCHEME

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