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Il y a un projet d’assassinat en vue contre les dirigeants actuels du Mali, du Niger et du Burkina-Faso. En tout cas, les services secrets russes ont donné l’alerte depuis quelques jours, laissant penser que les jours d’Abderahmane Tiani, Ibrahima Traoré et Assimi Goïta sont comptés. Et si le coup réussissait, ces trois pays vont entrer dans une nouvelle ébullition.
La semaine écoulée, l’actuel homme fort de Niamey a fait un pied-de-nez non seulement à la CEDEAO, mais surtout à Patrice Talon. Sa visite à Lomé sanctionnée par des accords bilatéraux, n’a fait qu’embarrasser davantage le chef de l’Etat béninois roulé dans la farine par ses pairs de la CEDEAO. Aujourd’hui, le Bénin apparait comme le seul pays qui subit les affres des sanctions contre le Niger. Et comme si cela ne suffisait pas, le Togo en profite pour arracher des contrats au profit du port de Lomé. Remarquez bien que pendant que le Niger est sous sanction, Faure Gnassingbé ne s’est pas embarrassé pour recevoir le général Tiani avec tous les honneurs d’un chef d’Etat. Et mieux, ce dimanche, lors du sommet des chefs d’Etat de la CEDEAO, le même Faure s’est arrangé pour se retrouver dans le trio choisi par l’institution pour servir de médiateur de la même CEDEAO avec les nouvelles autorités de Niamey, au même titre que Patrice Talon et Julius Maada Bio de la Sierra-Leone. J’appelle ça du grand art ! Faure a beau être le dictateur sanguinaire qu’on connait, en matière de géostratégie, il a une très grande longueur d’avance sur ses pairs de la sous-région. Il sait simplement où se trouvent les intérêts de son pays.
Le résultat c’est qu’actuellement le port de Cotonou enregistre une baisse drastique de son trafic. Les autorités portuaires de Cotonou ont cru participer à la lutte anti-Niger en décidant unilatéralement de ne plus traiter les marchandises allant à Niamey. Une connerie historique ! Voilà que Faure a décidé de tirer les larrons du feu, raflant toute la mise jusqu’à se positionner dans la médiation à la CEDEAO. Vous allez faire quoi maintenant ? Vous suicider ? Allez-y seulement.
En fait, le Bénin est victime de la décision prise par Talon dès le début de son premier mandat de fermer la plupart des ambassades du Bénin. Seule une petite dizaine a trouvé grâce à ses yeux, là où il a positionné des parents et amis. Tout le reste a été fermé. Par exemple, l’ambassade de Niamey a été fermée, les locaux abandonnés dans un état lamentable. Lorsque le projet de pipeline Niger-Bénin a pris corps, l’on s’est ravisé. L’ex-député Gildas Agonkan a été nommé mais n’a jamais eu le temps de s’installer, avant les événements du 26 juillet dernier. La conséquence immédiate, c’est que le chef de l’Etat n’a pas pu écouter les avis des diplomates en poste à Niamey sur la situation réelle de nos intérêts là-bas avant de sauter dans le premier avion venu pour aller annoncer au pied de Tinubu fraichement venu au pouvoir, que le Bénin et la CEDEAO feront tout ce qu’il faut pour déloger les putschistes. Je répète que Patrice Talon a un profond mépris pour les diplomates et que même s’ils lui avaient demandé de tempérer ses ardeurs, il les aurait probablement ignorés. Qu’à cela ne tienne, ce qui s’est passé encore hier à Abuja, montre qu’il a en face de lui des chefs d’Etat qui sont de véritables artistes en géostratégie, pendant que le Bénin joue encore à la crèche en cette matière.
Et pourtant, de tous les pays de la CEDEAO, le Bénin est le seulfondé à dire et clamer partout qu’une fermeture des frontières avec le Niger est un danger pour toute son économie. Même en dépit des sanctions de la CEDEAO, le Bénin devrait ouvrir unilatéralement les frontières et se proposer comme médiateur dès qu’il était devenu clair que l’armée française se retirait du Niger. Mieux, qu’est-ce que cela coûte au gouvernement d’organiser les têtes de pont de la communauté nigérienne au Bénin pour aller plaider la cause de notre pays auprès des hommes forts de Niamey ? Avec l’accord de Lomé la semaine dernière, seule la mort de Tiani pourrait faire revenir Niamey au port de Cotonou.
Je ne vois aucune stratégie visible du Bénin dans la crise nigérienne. On se laisse mener en bateau.
Olivier ALLOCHEME